mardi 21 janvier 2014 - par Michel DROUET

Des économies à foison !

Ce qu’il y a de bien avec certains élus, c’est qu’ils ne sont jamais avares de propositions d’économies dans les budgets publics, lorsqu’ils sont dans l’opposition, s’entend, car lorsqu’ils sont au pouvoir, ils se trouvent confrontés au principe de réalité, du dialogue social, et des futures échéances électorales, et là tout change !

Prenez ce bon Jean François COPE, par exemple, qui se découvre une envergure de chasseur d’économies dans les collectivités territoriales alors qu’on ne l’avait que peu entendu sur ce point lorsque son parti gouvernait.

Lui qui a eu beaucoup de mal à compter correctement les voix obtenues lors de son élection à la tête de l’UMP, découvre tout à coup qu’on peut faire 10 Milliards d’économies à terme dans les collectivités territoriales (étude réalisée par la fondation iFRAP) en supprimant tous les Départements en les fusionnant avec les Régions.

Chapeau l’artiste ! Sauf qu’une fois économisées les sommes relatives aux indemnités des élus qui n’existeraient plus ainsi que les charges inhérentes au fonctionnement des assemblées dissoutes (500 millions au total au grand maximum), il reste 9,5 milliards à trouver et c’est bien là la question qu’on aurait envie de poser à M. COPE, sachant que cette somme représente environ le salaire de 230 000 agents et que les Conseils Généraux emploient 290 000 salariés.

C’est donc un plan social massif d’agents publics que M. COPE appelle de ses vœux, sachant que les politiques qui sont menées par ces agents auraient sans doute vocation à disparaître ou au mieux à fortement diminuer. Sans doute a-t-il en arrière pensée la possibilité de faire exécuter un certain nombre de missions des conseils généraux (construction des routes et des collèges par exemple,…) par le biais de partenariats publics privés, c'est-à-dire ouvrir la boite de pandore et augmenter à terme les dépenses publiques, comme à chaque fois que l’on conclut ce genre de contrat.

Il évoque bien une solution pour transférer le RSA vers les communes ou vers l’Etat, mais il ne nous dit pas avec quels moyens ces missions seraient assurées. Autrement dit, la politique sociale a du mouron à se faire.

Conscient enfin de la difficulté de réaliser ce big bang, il précise que sa réforme devra s’inscrire dans le temps en tenant compte des départs en retraite et modifier le statut de fonctionnaire territorial pour les nouveaux emplois ( ?)

La logique de son discours est triple : diminuer la charge salariale (fonctionnement), contraindre les dépenses sociales et transférer le pilotage de l’investissement public au privé. Une politique libérale bon teint inspiré par l’iFRAP, « think tank dédié à l’analyse des politiques publiques, laboratoire d’idées innovantes ».

Nulle trace sur le site de cette fondation d’études consacrées à la critique des entreprises, à leurs politiques salariales, à l’équilibre entre distribution des dividendes aux actionnaires et investissement et encore moins d’études sur l’évasion fiscale ou les fermetures de sites industriels pour des raisons financières. Non, par contre, les lecteurs curieux pourront trouver des études telles que « Multiplier les délégations de service public », « Mettre notre fiscalité au service de la création de richesses », « Flexibiliser le code du travail » ou bien encore « Augmenter le travail des enseignants » et « Supprimer le SMIC mensuel et confier la négociation aux partenaires sociaux » : tout un programme inspirant pour M. COPE et la droite libérale.

Ceci étant, il ne faut pas écarter la nécessité de faire des réformes en vue de rationnaliser les dépenses publiques. La réforme du mille feuille territorial doit se faire, et pas seulement pour des raisons financières ni pour faire plaisir à la droite ou à l’IFRAP, mais pour que le citoyen s’y retrouve, que son pouvoir ne soir pas confisqué par des élus et qu’il intervienne dans le cours des décisions.

Pour conclure, trois exemples illustratifs des gestions publiques et privées :

  • La gestion des autoroutes confiée au privé a-t-elle été bénéfique aux automobilistes ?
  • La gestion de l’eau est-elle plus claire et moins chère pour l’usager lorsqu’elle est confiée au privé ou lorsqu’elle est exercée par des régies publiques ?
  • En l’absence de couverture sociale, certains américains ne se soignent plus. Certaines cliniques à « vocation sociale » organisent des tirages au sort chaque mois. Les gagnants peuvent se faire soigner gratuitement.

Alors, au-delà des effets de manche de M. COPE, essayons de décrypter les arrière-pensées et de mesurer les conséquences de la mise en œuvre de telles politiques.

 



1 réactions


  • Ruut Ruut 21 janvier 2014 17:18

    La décentralisation est un gaspillage de ressources et de moyens qui ne profite pas aux citoyens.

    La privatisation des services publiques est purement une trahison de la mission de l’état envers le peuple.

    Pourquoi ne pas simplement garder les maires et le président et ses ministres, le reste étant réattribués aux maires pour les aider a assurer leurs missions locales.
    Trop de chefs n’as jamais aidé.

    L’égalité pour tous.


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