Etats Généraux de la Femme, quelle image 40 ans après ?
Une de ces journées où l’on se dit : c’était bien d’y être ! Une de ces manifestations où l’on est fière d’être une femme, d’être entourée par d’autre femmes présentes pour la même cause : faire entendre les voix féminines pour défendre nos intérêts ! Pas de féminisme dur pour autant mais des coups de gueule, des constats et des propositions !
Le magazine Elle relançait, 40 ans après ses premiers Etats Généraux de la Femme de 1970, la seconde édition de cet ambitieux projet. Des Etats Généraux ouverts sous la présidence d’une grande dame emblématique du combat des femmes ces 40 dernières années : Simone Veil, acclamée, que dis-je - ovationnée par l’assemblée à majorité féminine bien sûr, ce vendredi 7 mai dans l’enceinte de Sciences-Po Paris. Des Etats Généraux qui ont consisté, pendant 6 mois, à recueillir les témoignages de femmes dans plusieurs villes de France, à travailler sur des thématiques comme le travail, la famille, la maternité, la sexualité, l’éducation, la formation, la situation économique de la Femme française. En s’appuyant également sur des associations, des chercheuses, des expertes métiers, la rédaction de Elle a finalement réalisé un livre blanc contenant 24 propositions remis en mains propres au Premier Ministre François Fillon et sur lequel il s’est engagé, à répondre dans le prochain n° du magazine féminin ! (bon coup marketing au passage pour le magazine..)
Au cours de cette journée, des femmes reconnues (Anne Lauvergeon présidente du directoire d’Areva, Cécile Duflot, porte-parole du parti politique des Verts, Nathalie Kosciusco-Morizet, secrétaire d’Etat à la prospective et à l’économie numérique, Claude Halmos, pédo-psychologue réputée, Anne Parisot, présidente du Medef, Juliette Abécassis, écrivain, Brigitte Grésy auteur du petit traité contre le sexisme ordinaire....etc) se sont exprimées lors de tables rondes sur des thématiques diverses telles que les femmes et le pouvoir, de nouvelles formes de travail, la maternité et la sexualité, la violence, ou encore les stéréotypes encore trop présents dans la société française.
On peut reprocher toutefois à cette journée de ne pas être rentrée davantage dans le vif du sujet de certaines des thématiques abordées, en posant concrètement les faits tels que les nouvelles formes de travail, les disparités économiques hommes/femmes, l’émergence de femmes créatrices d’entreprises,
les réseaux sociaux féminins ou toutes les formes de solidarité existante et en expansion qui auraient permis de brosser un profil de la nouvelle femme de 2010.
Car de 1970 à 2010, les choses ont heureusement évolué (quelques grandes dates marquantes à la fin du post sur la femme dans tous ses états sur jobetmaman), les manières d’envisager sa vie de femme et - le cas échéant - de mère, ont beaucoup changé, les mentalités également...avec un frémissement d’intérêt grandissant depuis 2/3 ans pour les questions de parentalité et de parité homme/femme ….avec la conscience générale que les femmes ont un rôle à jouer dans les sphères économiques, politiques, artistiques, etc (n’en déplaise aux vieux machos conformistes)…..et pourtant tant de choses restent encore à faire !!
Je reste cependant un peu perplexe quant au discours un tantinet trop misérabiliste invoqué quelquefois au cours de cette journée notamment avec Juliette Abécassis qui a brossé un tableau déprimant de la femme d’aujourd’hui (bonne à tout faire et tellement submergée, malgré ses efforts pour tout gérer, et par ses enfants, qu’elle se fait plaquer et surnage dans les difficultés en tous genres mais en gardant la tête haute)...tableau certes réaliste mais pas universel heureusement . La femme d’aujourd’hui a des combats à mener... mais elle est nettement plus autonome, affranchie et épanouie qu’auparavant !!
Enfin, l’image de la femme séductrice véhiculée par les médias et dont Elle se fait largement l’écho, contribue à imposer encore aujourd’hui des stéréotypes machos (justement combattus et défendus par une invitée de Elle, Brigitte Grésy de la commission de Michèle Reiser sur l’image des femmes dans les médias) franchement antinomyques avec le positionnement libératoire de la Femme affiché dans ces Etats Généraux... Dommage qu’un média de cette ampleur continue de dévoiler la femme sous ses aspects séducteurs essentiellement en omettant le plus souvent de la montrer comme une femme active, cultivée, curieuse, autonome financièrement, et avec un cerveau ! Eh oui je sais que ça en étonnera quelques-uns mais la femme pense et réfléchit !
Néanmoins, je suis ressortie de cette journée ragaillardie, boostée, en me disant que -au moins pendant quelques jours- la presse allait parler de notre cas, à nous les nanas !