mercredi 11 mars 2015 - par Michel DROUET

Fin de vie parlementaire…

Hasard du calendrier ou bien coïncidence fâcheuse ? Mardi l’Assemblée Nationale examinait deux textes qui auraient pu n’en faire qu’un : la réforme territoriale et la loi sur la fin de vie.

Je m’explique…

Le texte sur la réforme territoriale, enfin ce qu’il en reste, a été voté en première lecture par une assemblée nationale frappée par l’immobilisme et la perte de mémoire après avoir été vidée de son sens par le Sénat. Ce texte voté en première lecture repartira en seconde lecture au Sénat, lequel ne manquera pas d’annuler ce que les députés auront eu l’outrecuidance de rétablir mardi et qu’ils rétabliront à nouveau après le second passage au Sénat, etc…, etc,… Jusqu’à ce qu’un texte final revenant quasiment à la situation d’avant le projet de loi aboutisse dans quelques mois.

Ils est flagrant que nos parlementaires ont perdu toute notion du temps (puisque les compétences du conseil départemental ne seront pas connues avant les élections de fin mars), à défaut de la notion de l’espace qu’ils ont conservée puisqu’il s’agissait avant tout de préserver leurs territoires d’élections et ceux de leurs obligés, conseillers départementaux, régionaux, municipaux, syndicaux et communautaires qui font la caractéristique du paysage territorial français, de son inefficacité et de son coût.

Immobilisme, donc, mais aussi perte de mémoire

La perte de mémoire caractéristique de maladies dégénératives se traduit en l’espèce par un oubli total des intérêts du citoyen, une fois les élections passées. Ce symptôme est malheureusement quasiment irréversible et permanent, étant entendu que les élus s’accrochent à leurs mandats qu’ils cumulent allègrement jusqu’à des âges parfois avancés.

La perte de mémoire fait également des ravages saisonniers. C’est ainsi que des parlementaires UMP dont le parti s’était prononcé il y a quelques années pour la suppression des conseils généraux sont désormais contre. Faut-il y voir un comportement guidé par les prochaines élections départementales et l’espoir de pouvoir gagner quelques sièges ou quelques cumuls face à la déroute annoncée de la gauche ou bien faut-il parler de rémission saisonnière ? 

Ce qui caractérise le comportement de ces élus oublieux ou désorientés semble être la confusion des esprits et les études épidémiologiques démontrent que ces comportements erratiques frappent au sein même des partis en se manifestant par la menace de vote contre ou d’abstentions, parfois guidés par la volonté d’obtenir une nouvelle investiture, un nouveau poste, une mission bien payée, voire un ministère.

Une autre caractéristique majeure de la pathologie est la générosité sans borne de nos élus vis-à-vis du monde économique, à l’instar d’une Mme Bettencourt faisant profiter quelques solliciteurs de ses largesses financières, sans que pour autant ces largesses profitent au plus grand nombre et participent à l’amélioration de la situation économique du Pays.

Pour la fin de vie parlementaire…

Nous sommes déjà entrés dans l’ère de la médecine palliative en faveur des élus, mais de plus en plus d’électeurs refusent désormais de participer à des soins coûteux et inefficaces destinés à prolonger ces malades incurables et s’abstiennent lors des élections. Les départementales vont confirmer cette tendance et feront office, en quelque sorte, de directives anticipées.

Les élus ont souhaité répondre, sans doute inconsciemment, à ce risque et ont introduit dans la loi en discussion sur la fin de vie « un droit à dormir avant de mourir pour ne pas souffrir », comme l’a présenté M. Léonetti, rapporteur du projet.

Disposition inutile diront les plus caustiques, étant entendu que le « droit de dormir » est déjà largement appliqué à l’Assemblée Nationale et au Sénat et également dans les assemblées locales qui souffrent par ailleurs d’un absentéisme chronique.

Déboussolés, frappés par des absences constantes de mémoire, oublieux chroniques de leurs promesses (mais pas des avantages qu’ils retirent de leurs « métiers d’élus »), les parlementaires n’ont pas vu l’intérêt qu’il y avait à lier les deux textes en discussion (réforme territoriale et fin de vie).

Ils n’ont pas envisagé un seul moment qu’ils étaient en train d’euthanasier la démocratie en offrant un boulevard au FN qui sera à son tour contaminé, mais il sera trop tard.



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