vendredi 9 mars 2007 - par karpediem

Handicap et campagne electorale (2)

Insatisfactions et demandes des personnes handicapées dans cette double campagne

Il n’y a qu’à suivre les toutes dernières émissions politiques et les débats sur les médias « grand public » ; deux années après le vote de la « Loi Handicap », les Français atteint d’un handicap attendent beaucoup de cette double campagne électorale d’abord présidentielle ensuite législative.

Que demandent ces personnes handicapées en 2007 ?

Questions majeures à quelques jours du premier tour des présidentielles du simple fait qu’elles se comptent entre 3 et 5 millions de personnes, donc de familles. Questions incontournables du fait du vieillissement de la population, donc de sa pyramide des âges dont le sommet s’associe souvent à l’invalidité. Questions cruciales pour les partis et les candidats de 2007 qui seront ensuite confrontés aux législatives.

Exprimer les attentes des personnes handicapées relève d’un véritable challenge. Leurs demandes sont tout aussi spécifiques que leurs typologies propres. Leurs revendications se différencient du tout au tout au travers de chaque personnalité. On en trouvera mille différentes en tapant « handicap » comme mot clé sur n’importe quel moteur de recherche Internet. Tel individu exige une présence constante à ses côtés. Afin de se reposer et de s’occuper davantage des autres membres de la fratrie, tout en prenant du recul, tel parent isolé souhaite pouvoir confier son enfant quelques jours dans un institut spécialisé. Telle famille attend de l’école ou du collège de son quartier qu’elle se décide à appliquer la nouvelle loi et à gérer la scolarisation de leur enfant avec ou sans intégration dans l’établissement proprement-dit. Tel jeune se désespère de suivre la formation professionnelle qu’il désire faute d’un simple problème d’accessibilité technique. Tel jeune adulte attend de la Fonction Publique qu’elle s’applique à elle-même l’obligation d’emploi à hauteur des 6%. Tel autre professionnel demandera des horaires mieux adaptés voire des périodes libres d’arrêt de travail compensées par une forme de ressources différenciée qui lui laisse toutes portes ouvertes pour son avenir. Telle fédération de petits commerçants demande à celle des Maires de France une réelle coopération en matière de transports, de voirie et d’access. Dans les départements ruraux, on s’impatiente d’ententes intelligentes entre compagnies de transports privées, concessions régionales et régies municipales y compris le week-end ou le soir. Telle association se bat davantage sur la formation des aidants et des auxiliaires de vie, ou vis-à-vis de la recherche scientifique et médicale spécifique, ou de la lutte contre la souffrance, ou sur les moyens de limiter l’isolement ou de rendre plus agréables et plus vivants les foyers de vie, ou sur la formation et l’emploi, sur le maintien des entreprises adaptées (E.A. soient les ateliers et centres de travail) soumis à une féroce concurrence, à la loi du marché et aux taux d’efficiences de leurs travailleurs. D’autres associations militent pour les loisirs et la culture, les échanges internationaux, l’adaptation du logement, toutes les formes d’aides techniques et la recherche de leurs financements, ou encore pour la réflexion et le soutien aux personnes handicapées en milieu rural, et - dans une large mesure - pour les formules les mieux adaptées aux souhaits de nos aînés à chaque étape de leur maturité devenant crépusculaire.

On trouvera donc des milliers de demandes dont les décrets d’application de la loi du 11 février 2005 commencent à couvrir le champ. Obtenus parfois au forceps (600 amendements lors de la seconde lecture du projet en décembre 2004) chacun des articles de cette loi a été âprement négocié par un collectif inter-associatif (« le comité d’entente ») par devers les deux chambres du Parlement et parfois frontalement contre le Gouvernement.

Les associations pouvaient attendre beaucoup plus de cette loi « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » mais elle a du moins le mérite d’exister et de renouveler son aïeule de 1975. Ses trois grands axes ont pour ambition de « garantir aux personnes handicapées le libre choix de leur projet de vie », de « promouvoir leur participation effective et entière à la vie sociale », et de mettre ces personnes « au centre des dispositifs qui les concernent » selon l’expression de Madame Marie-Anne Montchamp alors Secrétaire d’Etat.

A cet effet, trois volets ont été acquis : l’institution d’une « prestation de compensation intégrale du handicap » d’une part ; l’amélioration (à venir d’ici 2015) de l’accessibilité non seulement technique ou physique mais tout autant socio-culturelle [ selon le voeu d’un « accès à tout pour tous » ] d’autre part ; la mise en place - enfin - des guichets uniques dénommés « maisons départementales des personnes handicapées » (MDPH).

Toutefois la négociation s’est complexifiée avec chacun des décrets d’application dont les tenants et les aboutissants se heurtent encore avec les intérêts de tel Cabinet ministériel, de tel Corps de la Fonction Publique, de telle chambre patronale ou syndicale, de tel regroupement de communes, d’offices HLM, de professionnels en transports de voyageurs et « autocaristes », de groupuscules d’enseignants, d’organisateurs de vacances ... dont le lobbying est impressionnant auprès de leurs élus ou de leurs tutelles.

Décrets pour l’essentiel parus au Journal Officiel mais en outre dont les interprétations divergent d’un Ministère à l’autre, d’une Direction à l’autre, d’un Département à l’autre ... ce qui porte déjà à croire qu’une structuration Régionale eut été nettement plus cohérente et efficace.

En somme, deux années plus tard, la loi se met à peine en place — de manière divergente, et parfois contradictoire — avec des moyens financiers restreints qui, pour la partie « compensation », reposent essentiellement sur une agence de l’Etat - la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) - dont le budget d’environ 14 milliards d’euros est loin de s’apparenter avec une cinquième branche ( « à risques ») de Sécurité Sociale, gérée par tous les partenaires sociaux, à enveloppe ouverte.

Ces balivernes et cette complexité contre l’Intérêt Général s’en ressentent tout particulièrement au sein des familles et des couples concernés par le handicap grave.

Il faut d’abord reconnaître que certaines personnes handicapées peuvent garder la tête hors de l’eau. Il s’agit d’une part des accidentés de la route ou du travail [ ainsi que des victimes d’un tiers dans le cadre de conflits ou d’attentats et des traumatismes du sport et des loisirs par ex. ] qui - au terme d’une procédure souvent fastidieuse - obtiendront tout de même l’équivalent d’une assurance-vie [ voire d’un solde de leurs crédits ], de la part de leurs assureurs et de leurs mutuelles. Il s’agit d’autre part des salariés et des les travailleurs ayant cotisé au moins dix années qui obtiendront un pourcentage de leur salaire dans le cadre de la Pension d’Invalidité. Toutefois, pour les salariés au SMIC, ce versement qui s’avère très insuffisant car inférieur aux derniers salaires permet à peine de faire face à l’indispensable et à l’urgence. Il s’agit, d’autre part aussi — et tant mieux pour elles — des personnes atteintes d’un handicap mais qui peuvent tout de même travailler à temps complet ou à temps partiel et qui reprennent ou poursuivent une carrière avec ou sans cumuls de droits. Il s’agit enfin des retraités prudents qui ont pu cumuler plusieurs formes d’épargnes, de pensions et de ressources pour eux-mêmes, leur conjoint et leur famille.

Mais — de loin — ceux-ci ne constituent certainement pas la majorité de la population concernée par le handicap grave qui passe son temps et son énergie à ne point sombrer.

A ne pas sombrer dans l’écœurement pour celles et ceux des adultes vivant en établissement et en foyer - durant trente à quarante-cinq ans de leur vie ! - avec moins de 130 euros/mois : un « reste à vivre »[1] qui les oblige à choisir entre s’habiller, fumer, s’abonner à un bouquet satellite TV ou accéder à l’Internet encore bien souvent au bas débit ...

A ne pas sombrer dans la colère pour les travailleurs des Entreprises Adaptées (EA) dont les salaires varient entre 65 et 85% du SMIC pour leur majorité.

A ne pas sombrer financièrement car les jeunes, les jeunes adultes et les adultes atteints de maladies graves (trisomies, myopathies, diabètes, scléroses, cécité, mucoviscidoses, rhumatismes, fibromyalgies, ostéoporoses, péri et polyarthrites, maladies mentales ou psychiques, maladies rares, neuro-dégénératives ou des conséquences du travail (charbon, amiante, chimie) cancers ou sida en phases critiques) ne pouvant exercer d’activité salariée : tous quasiment vivent au seuil de pauvreté avec l’Allocation Adultes Handicapés de 621,27 euros auxquels se complètent parfois 99,40 euros de « complément d’AAH » ou 179,31 euros de « complément de ressources ».

Pécuniairement encore, à ne pas sombrer pour les victimes d’accidents et de traumatismes n’ayant pu travailler dix années minimum et qui vivent sous le seuil de pauvreté avec des Pensions d’Invalidité minimales de 255,30 euros complétées de secours (dénommé FSI) d’un montant semblable. 626 euros mensuels pour un cadre de la Fonction Publique, par exemple, accidenté à la 8° année de sa carrière[2] !

Encore, à ne pas sombrer pour les couples dont les revenus de celui qui est valide pénalisent les montants de son conjoint et dont le salaire diminue les taux d’AAH ou de Pension d’Invalidité de l’autre.

A ne pas sombrer dans le désespoir pour cause d’isolement - seul, en couple ou en famille - sans trouver moyens d’apporter de la vie, de la lumière, des sorties, des centres d’intérêt et un univers autre que celui de la dépendance.

A ne pas sombrer lorsqu’un foyer ou une famille - dont un membre et notamment un enfant est handicapé — ne parvient pas à obtenir suffisamment d’assistance (en heures ou en financements indirects) humaines pour soutenir la présence permanente du parent ou de la fratrie à l’aide quotidienne, à l’assistance, à la surveillance, aux conduites et déplacements, aux repas, aux toilettes, aux couchers, aux loisirs etc etc ....

A ne pas sombrer dans le repli sur soi lorsqu’un jeune adulte est contraint de vivre en foyer ou en établissement protégé faute de logements sociaux adaptés et accessibles en nombre suffisant sur sa commune.

A ne point sombrer dans l’assistanat perpétuel lorsque — compte-tenu de statistiques (inter)nationales, de diagnostics médicaux, de ressources ou de garanties - et en dépit des conventions qui se succèdent, l’on n’obtient pas la moindre aide à la création d’entreprise[3], pas le moindre accord de crédit, pas le moindre accès à l’emprunt.

A ne pas sombrer psychologiquement lorsque le ou les parents d’un enfant gravement handicapé veulent bénéficier d’un temps de répit pour se retrouver eux-mêmes, ressouder leur couple et s’occuper des autres enfants. ... mais qu’ils cherchent en vain des auxiliaires de vie à domicile pour une couverture de 24 h/24 ou un établissement spécialisé qui puisse accueillir leur progéniture pendant quelques heures ou quelques jours.

A ne pas sombrer lorsque l’inverse se produit et que les enfants prennent la charge de leurs parents grabataires ou très vieillissants avec les séquelles mentales et physiologiques du grand âge et qu’ils aiment au point de ne pas vouloir les laisser partir en établissement si ce n’est à l’hôpital[4].

En réalité, on ne trouvera pas une seule des personnes citées ci-dessus qui ne s’en sortirait sans l’aide de sa famille ou de ses proches. Et malheur à qui n’en n’a plus !

Autant d’embûches, autant d’impasses, qui font de la vie de beaucoup de ces personnes et de leur entourage un cauchemar. Ne serait-ce qu’en moyens techniques (domicile, couloirs, portes, salle de bain, chambre, lit, mobiliers et fauteuils, matériels, véhicule, mode de courses et de cuisine, mode d’investissement dans la culture, le culte, la politique et les loisirs, accès à la communication et à l’information ....) le coût de la vie d’une personne handicapée moteur monte très vite au double, au triple parfois, des besoins de son jumeau valide. La « compensation du handicap » acquise par la loi se met à peine en place dans le domaine des aides humaines.

L’un des départements les plus riches de France, le Var en l’occurrence - tout en conservant curieusement ses anciennes structures au Conseil général à Toulon et à Draguignan (donc les postes et les salaires ad-hoc) - vient de mettre en route sa MDPH parmi les dernières de Provence/Rhône-Alpes. Avec - coïncidence ? - une récente inauguration [ où l’on comptait moins de dix personnes handicapées d’invitées ] expédiée en veille de meeting politique majoritaire sur Toulon. Or, sans que l’Ordre ni les syndicats de médecins ne s’en plaignent à ce jour, dans ce "guichet unique" en périphérie d’agglomération — où travaillent soixante salariés ! — rien n’a encore été étudié ni débloqué en matière de ces aides techniques ; aménagement du logement et de la voiture, maintenance ou achat de fauteuil roulant, domotique, orthèses, outils de la communication .. ! Rien ! Visites et expertises à domicile. Rien ! Aides animalières... rien non plus.

Sait-on, en outre, que 65 à 70% des personnes atteintes d’un handicap « seulement » moteur placées en établissement et/ou foyer de vie sont jugées "incapables majeurs" et vivent sous statut de tutelle ou de curatelle alors qu’elles ne sont atteintes d’aucun déficit mental, comportemental ni psychique ? Outre le regard porté sur ces "incapables" — et la considération qui va avec — ; outre le jugement que ces personnes peuvent avoir d’elles-mêmes ; outre l’abandon familial pressenti là-derrière ; ce ne sont plus 130 euros/mois qui sont cédés à « ces incapables », mais des montants de l’ordre de 80 à 100 euros.

Un tout nouveau texte de loi portant "réforme de la protection juridique des majeurs" vient d’être promulgué. Le nouveau dispositif [ supposé recentrer les tutelles sur les seules personnes atteintes d’une altération mentale en privilégiant la tutelle familiale et en limitant au strict nécessaire la mise sous protection judiciaire ] se mettra en place aux frais des départements une fois de plus ; on attendra pour les décrets .... en attendant, les familles se trouvant de fait déjà absentes ou indisponibles, qui se préoccupe de la dignité de ces exclus ?

Alors ?

Alors les personnes handicapées « capables » et les candidats « plus ou moins incapables » eux-mêmes sinon de promettre de raser gratis alors que les fonds ne sont pas là et que l’avenir économique n’est pas franchement garanti à l’optimisme pur pour l’Europe de demain finiront-ils par se rencontrer et par se comprendre ?

Handicap et campagne électorale : tout en espérant des améliorations, et selon certains un déplacement à l’échelle de la Région, le dialogue ne doit-il pas d’abord se reposer sur le texte ?

La loi existe certes et devrait pouvoir régler beaucoup de ces fondamentaux mais (après ceux des ex-COTOREP et des ex-CDES[5]) les retards s’accumulent déjà. Bien souvent, les attentes de cet électorat s’expriment essentiellement en terme d’impatience quant à l’application juste des décrets, la répartition « au cas par cas » des moyens que cette loi a mis en œuvre, le soutien individualisé à chacun en le laissant au cœur de son projet de vie. Lorsque l’on se noie, le retard devient vite injustice et l’injustice mortelle.

Quoique partageant son analyse sur la charité, et sans vouloir peiner la grande Simone Weil, nous n’en sommes plus au temps de la seule bienveillance. Le Destin et l’Histoire font qu’en France, nous sommes en pays de droit, où la pitié, les quémandes, les quêtes, les négociations ou encore les mises en demeure et les procédures ne devraient plus être mises en avant. Hélas, par trop, tout ceci demeure ....

La loi existe certes, mais ces électeurs n’en peuvent plus d’une administration bien plus souvent sourde et muette que sociale qui se décharge fallacieusement de ses responsabilités sur les tiers associatifs, sur le bénévolat, la parenté ou le néant.

La loi existe certes, mais cet électorat attend de ses futurs élus qu’ils la découvrent, qu’ils s’en imprègnent, et qu’ils imposent le respect du Service Public et du Bien Commun fusse au détriment de l’administration, des corporations d’intérêts économiques ou financiers, des nouveaux business de la dépendance favorisés mais non contrôlés par certaines lois comme celles de Mr Borloo sans consolider d’éthique, de chartes, ni d’enseignes, i.e. en laissant libre la seule règle du marché avec ses possibles déviances et ses modes d’inhumanité supplémentaires.

Durant deux années, les associations de défense et de représentation des personnes handicapées se sont battues becs et ongles au sein du « comité d’entente » pour obtenir cette loi du 11 février 2005. Deux années plus tard encore, au minimum, leurs usagers et adhérents en demandent-ils dorénavant l’application juste sinon généreuse selon la lettre tout autant que selon l’esprit !

Eux, sauront-ils battre leur fer tant qu’il est chaud ?

Quant à la 5° puissance économique mondiale ; capable de trouver et de prêter des milliards pour des objectifs parfois confus, parfois perdus, parfois (re)vendus ; donneuse de leçons à la terre entière ... la France, fière patrie des Droits de l’Homme et du Citoyen, se rendra-t-elle concrètement sensible à la détresse des 3 à 5 millions de citoyens, ainsi qu’à leurs familles, qui n’attendent que la justice et le droit individualisé au cœur de leur existence ?

NOTA :

Restent quelques semaines pour se faire comprendre

de leurs candidats 2007 et obtenir des garanties :

comment pourraient-elles s’y prendre ? Quels sont les

atouts des personnes handicapées ? Peuvent-elles constituer

des groupes de pression et de réelles forces de propositions ?

Ont-elles leur place dans le débat et saisiront-elles leur chance ?

Tel sera le sujet de notre 3° et dernier article.



[1] Est-ce seulement imaginable en 2007 ? Et, pour le coup, qui s’en préoccupe ?

[3] http://www.sarkozy.fr/video/index.php?intChannelId=19&intVideoId=320

[4] cf. le "Plan Hôpital 2007" passant à " Hôpital 2012" : http://www.ontuelesvieux.com/presentation_livre.htm

[5] Commission Technique d’Orientation et de REclassement Professionnel

et Commission Départementale de l’Education Spéciale (pour les enfants et leurs familles)

qui, à leurs dissolutions, ont légué aux nouvelles MDPH des millions de dossiers "vivants" .

 



25 réactions


  • Martine (---.---.140.66) 9 mars 2007 18:20

    Bonjour DFDA, beaucoup de courage pour écrire un article que l’on sait d’avance ne captera pas l’interêt des internautes qui ont d’autres sources d’interêts avec la politique , la religion et autres ..., pour celà merci. la France, fière patrie des Droits de l’Homme et du Citoyen, se rendra-t-elle concrètement sensible à la détresse des 3 à 5 millions de citoyens, ainsi qu’à leurs familles, qui n’attendent que la justice et le droit individualisé au cœur de leur existence ? A ces quelques lignes j’ajouterai la france , fière patrie « auto-proclamée » des Droits de l’homme et du Citoyen. Ce qui m’a le plus choqué à ce jour « 25 années passées à me déplacer en fauteuil roulant » ce n’est pas uniquement des questions d’argent pour pouvoir vivre dignement, ni le regard des autres mais l’infifférence de nos institutions vis a vis du handicap. Ce qui m’a le plus choqué c’est d’être rester en bas des marches d’un palais de justice alors que l’on jugeait l’assassin de mon fils de 22 ans en tant que maman je ne l’oublierai jamais, l’accès aux bâtiments publics en tant qu’être humain est le plus important à mes yeux. Asseyez vous une journée complète dans un fauteuil roulant et essayez d’effectuer ce que vous faites d’habitude, vous déplacer pour aller travailler,retirer de l’argent a des GAB, restez planté devant trois marches pour accéder à n’importe quoi alors qu’il y a tant de solutions simples et non couteuses que les trois quarts des pays Européens et notemment du Nord de l’Europe ont réussis à mettre en place alors pourquoi notre pays est tellement en retard dans tous ces domaines ?

    Dans notre pays même les animaux sont mieux considérés ? Est-ce normal pour une société qui se prétend civilisée ?


    • karpediem (---.---.67.80) 9 mars 2007 19:11

       smiley La route est longue, bien vrai : sur pieds ou en fauteuil, nous ne sommes pas arrivés au bout de nos chemins et avons encore tellement à oeuvrer pour faire entendre la voix des sans-voix, des plus faibles, des fragiles d’entre nous et de nos aînés abandonnés .... Ce que vous écrivez là est aussi beau que triste et las : merci à vous pour ce témoignage si personnel ! DFDA, en effet.  smiley


    • monix (---.---.62.229) 10 mars 2007 00:27

      Je suis allée en Allemagne à BUCHLOE en 2003 et là j’ai eu la surprise de constater que dans cette ville tout était conçu et obligatoire pour les handicapés : accès par rampe dans les immeubles avec porte d’entrée adaptée et accès facile aux ascenseurs. Idem dans les édifices publics, cinémas, toilettes, églises etc.

      Pourquoi tant de réticenses et difficultés en France. Nous sommes les derniers à nous occuper de nos concitoyens handicapés. Il n’y a aucune excuse à cela. J’en suis vraiment révoltée.

      En Espagne également l’handicapé trouve plus de sollicitude et regards sympathiques. Il fait plus partie de la même vie que les autres. Ils est plus entouré et choyé.

      Il faut rattraper un retard choquant et honteux de la part d’un pays qui se veut civilisé. Chaque français peut devenir handicapé par accidents etc...

      Il faudrait peut-être organiser une énorme envoi d’e-mail ou courriers à une date et une heure précise auprès du ministre chargé des handicapés pour lui montrer la force que représentent ces handicapés et leurs amis et familles, afin de l’obliger à prendre des mesures et voter des lois tout simplement par égalité et fraternité.


    • karpediem (---.---.238.8) 10 mars 2007 17:37

      merci monix !  smiley organiser une énorme envoi d’e-mail ou de courriers à une date et une heure précise auprès du ministre chargé des handicapés pour lui montrer la force que représentent ces handicapés et leurs amis et familles, afin de l’obliger à prendre des mesures tout simplement par égalité et fraternité.

      LES ABREUVER DE MAILS ET SATURER LEURS BOITES DURANT 48 heures = BONNE IDEE : vous avez raison ?... je vais y réfléchir et en parler autour de moi + à diverses associations

      >> Mr X. BERTRAND ministre de la santé >> Mr Ph. BAS, ministre des PH >> Mr P. GOHET, délégué interministériel


  • joelletib (---.---.7.185) 9 mars 2007 20:15

    La route est longue et difficile c’est vrai d’autant qu’on est juste au début puisqu’elle commence seulement à s’ouvrir. J’aime à penser : tout comme les pionniers ont construits l’Amérique, on arrivera à faire entendre notre voix puisqu’on est de plus en plus à « l’ouvrir » à bon escient ! Le but on l’atteindra ça ne peux pas en être autrement. De plus en plus de bonnes et grandes volontés se mobilisent, engoufrons nous derrière et faisons ce que nous devons faire. Montrer à tous qu’on est des citoyens à part entière et point final !


  • martine (---.---.140.66) 9 mars 2007 21:05

    @joelletib, Je pense comme vous qu’il ne nous faut jamais « cautionner » par principe ce qui se dit ici et les infos ou enseignements, si intéressants ou beaux soient ils par contre je demande d’exercer notre discernement et notre libre arbitre ainsi je réaffirme mes remerciements à Mr DFDA, l’ingratitude ne fait pas partie de ma vie. Et le fait qu’ils viennent des Grands Maîtres ou des anges ne les accréditent pas davantage. Je pense personnellement que nous sommes entourés d’une escouade spéciale en ce moment, et que de La Haut.... on nous cause tous azimuths. Mais les personnes humaines qui reçoivent ces messages sont bel et bien des personnes humaines avec toutes leurs limites et avec leur tempérament propre. Beaucoup sont d’ailleurs fort peu évoluées spirituellement, si j’en crois ce que je puis lire sur certains sites. Il y a donc « nécessairement » interprétation personnelle des messages reçus et les messages des Maîtres se trouvent déjà un peu déformés à la base . Il me parait incontestable aussi que l’ensemble des Messages que l’on peut trouver reflète une certaine mode ou une certaine tendance socio culturelle. Le procédé est correct.... tapez sur le même clou.... et il s’enfonce plus vite. Mais cela veut dire aussi : mon voisin tape sur ce clou là... c’est donc en ce sens que je dois comprendre les paroles que je reçois.

    Je ne parle même pas ici des charlatans qui exploitent une mine ’porteuse’, ni des gens dont le psychisme un peu névrosé brouille un peu les pistes..... ni hélas, des gens « accrédités » comme réellement porteurs d’infos ou d’instructions... mais qui finissent par se prendre tellement au sérieux que leur parole veut avoir force de loi. Ou encore des Esprits d’Ailleurs.. qui n’aiment pas nécessairementtous la Lumière

    Pourtant, j’avoue que je lis avec beaucoup d’intérêt ces messages , et le plus souvent je sens en mon coeur quelque chose qui les « reçoit » et qui en fait sa nourriture. Je prends... ou je ne prends pas, c’est mon libre arbitre.

    Je donne ou je ne donne pas de même, quand je donne c’est sans arrière pensée. Amicalement.


  • alain leseine (---.---.102.41) 10 mars 2007 07:00

    mail poste aux principaux candidats a l election presidentielle, a ce jour aucune reponse !!

    combien y a t il d handicapes reels qui ne sont pas reconnus par le systeme, car pas dans les statuts de ce systeme....

    donc des handicapes qui n ont aucune sorte de droit !! je suis pour ma part handicape depuis 20 ans par la fibromyalgie et a ce jour je suis en arret travail ALD chronique, apres assedic plus de 10 ans ASS... et j ai pour seul revenu 13 Euros/jours, aucun statut, aucune aide sociale ou si peu... la rue menace plus fort tous les jours !! et a la rue avec cette maladie a son stade grave c est la Mort assuree !! alors on vit sans chauffage, sans manger, sans.... sans tout.. sans les medicaments Dérembourses...et la maladie ne peut que s aggraver... exclure de tout avenir...

    il y a les handicapes repertories qui ont deja d enormes difficultes et ... les autres... que l on ne veut pas voir : la Fibromyalgie en fait partie et peut handicaper tres lourdement et exclure de toute vie sociale, familiale, travail etc

    voila ci dessous le mail adresse aux differents candidats

    bien chaleureusement

    alain leseine president association Federation FibromyalgieSOS

    «  »"bonjour Monsieur,

    président association http://www.FibromyalgieSOS.com

    la Fibromyalgie n est toujours pas prise en compte d une facon generale ( 2 000 000 de malades) et encore moins pour les cas graves handicapants ( 200 000 handicapes non reconnus= aucun statut, aucun droit, aucun revenu AAH ni Invalidite)

    l association a depose une plainte recue a la HALDE et qui sera jugee avant les elections

    quelle est votre position au sujet de ces citoyens qui ne le sont quasi plus, puisqu ignores de tous et particulierement du Gouvernement ??

    avec les respects et les cris des malades, qui attentedent depuis des annees...

    je vous prie de recevoir, Monsieur, l expression de ma plus haute consideration

    alain leseine president association federation 1901 FibromyalgieSOS«  »"


    • lahsen (---.---.214.53) 6 avril 2007 19:26

      une association des handicapes qui veut tout genres d aides.


  • kris (---.---.119.59) 10 mars 2007 07:03

    Bonjour,

    Pour une amie qui m’est chére et qui a su me mobiliser et me sensibiliser.

    OUI pour une sensibilisation et des prises de positions et de décisions dans la campagne presidentielle . DROITE ou GAUCHE engagez vous !

    KRIS


  • Natalia Perrin (---.---.43.228) 10 mars 2007 13:41

    Il me semble urgent et indispensable de promouvoir la cause (actuellement "zappée dans la campagne électorale:celle des personnes handicapées ).Trop peu médiatisée,une frange imprortante de la population française n’est ni comprise, ni représentée dans les projets électoraux.Ses droits les plus élémentaires sont systématiquement bafoués,dans l’indifférence prèsque générale.Il est grand temps que ça change.Cela suppose l’existence d’une large tribune médiatique déstinée à nous informer de la situation réelle des handicapés.Merci pour votre article.


    • karpediem karpediem 11 mars 2007 10:51

       smiley Merci pour vos compliments à chacun et notamment le vôtre madame. « C’est dans ma faiblesse que je me sens fort ! »

      Mon 1er article apparaissait mal = manque hélas une syllabe en fin de chaque ligne. J’y exprimais le handicap et les faiblesses de trop de personnes âgées et handicapées qui ne trouvent pas assez d’appui ( à titre individuel ou collectif ).

      Je veux y revenir enfin dans une 3° partie : comment convaincre notamment les Ordres et Syndicats de médecins comme d’infirmiers et des métiers du para-médical de communiquer davantage avec nous et de nous protéger autant physiologiquement que socialement et administrativement ?

      Pourquoi nous sortir des grandes lésions médullaires ou neuronales, des grands traumatismes ou des amputations, des greffes les plus lourdes, du coma, d’un état quasi-létal .../... si c’est ensuite pour nous larguer à la périphérie d’une société si dure dont médecins et infirmiers en connaissent eux-mêmes tout autant les conditions dramatiques de survie au quotidien ? Combien s’en lavent alors les mains ?

      Avez-vous vu ce commandant de gendarmerie du GIGN sur France 3 il y a huit jours : « nous nous entraînons à être forts pour sauver les plus faibles » ?!!

      Voilà pourquoi je cherche à accrocher mon lecteur idéal en dehors des circuits et des revues du handicap «  »brut«  » ; à m’exprimer hors de nos chapelles et de nos assoces trop spécifiques : i.e. pour faire entendre au «  »grand public«  » et donc aux dirigeants politiques de demain la cause des personnes les plus gravement handicapées, des plus âgées et isolées, des fragiles d’entre les fragiles.

      Quoiqu’être une voix pour sans-voix .... n’est-ce-pas s’engager dans une voie sans issue ? smiley


  • martine (---.---.164.138) 11 mars 2007 20:25

    Personnellement, ces témoignages m’ont confirmée la nécessité d’utiliser au maximum les différents moyens mis à disposition pour faire en sorte que le web ne soit pas limité, alors même que la notion d’accessibilité est inscrite dans la loi (je ne me souviens plus quand, mais cette notion est relativement « ancienne »). Ce n’est pas un hobby, de faire de l’accessible, mais bien un devoir. Bilan décevant ? Continuons le combat ! Faisons entendre nos voix au sens propre comme au figuré , que l’Etat commence par donner l’exemple en appliquant la loi car il ne le fait pas notamment dans le domaine des obligations d’emplois de personnes handicapées ainsi que d’ailleurs nos Entreprises .


  • bocace bocace 12 mars 2007 16:56

    En 1977 j’ai effectué un voyage d« étude au Québec, province du Canada avec pour thème »Insertion du handicapé par le travail". A cette époque, j’ai constaté le retard important de notre pays sur le problème du handicap dans son ensemble.

    Toutes proportions gardées 30 ans après les choses n’ont pas beaucoup évolué : toujours beaucoup de beaux discours, de lenteurs et en prime une loi dont je ne vois pas les éffets.

    Pour la première fois, je réfléchis au fait de m"abstenir.


  • chmoll chmoll 16 mars 2007 18:06

    une question,les employeurs payent une subvention a L’AGEFIPH,ce qui ne leur donne pas l’obligation d’embaucher

    alors (un ex) l’employeur me paye une formation,via L’AGEFIPH,très bien j’ai fini ma formation je vais chez cet employeur pour une embauche,il me répond ha non je paye une subvention à L’AGEFIPH, qui te paye une formation,mais qui me le droit de pas t’embaucher

    c’est pas du mord moi l’noeud ça ?,et y en a des exemples !!


  • Emmanuel GERARD (---.---.207.27) 2 avril 2007 03:13

    Il y a six ans maintenant, alors que je promenais mon chien sur le trottoir à hauteur d’un petit carrefour, un chauffard qui roulait trop vite mais n’avait pas bu, n’ a pas vu le panneau stop au carrefour et la grande bande blanche au sol . En grillant le stop, il a percuté une voiture qui montait sur l’autre rue et avait donc priorité . Le choc fut violent, la voiture prioritaire fut envoyée en tête à queue à plusieurs mètres . Quant au chauffard, il termina sa course ... sur moi, m’expédiant contre un mur et tuant mon chien, le pauvre est mort d’une hémorragie interne, sans moi à ses côtés car de tout cela, je ne me souviens de rien . Je me suis réveillé à l’hôpital, me demandant au départ si je revais, mais c’était la réalité . Ma mère et mon frère arrivèrent et me dirent ce qu’il s’était passé sous un facheux concours de circonstances d’ailleurs ... En effet, le seul jour de ma vie où je devais être là à cette heure là, en prenant ce chemin là, le drame se produisit, pas une seconde avant, ni une seconde après . La destinée est parfois terrifiante . Il m’aura fallu trois ans pour croire de nouveau en Dieu, s’il existe, en apprenant que le mal au sens démoniaque existe et que Dieu n’y est pour rien là dedans . De tout cela, j’attends de voir, et si c’est vrai, je réglerai mes comptes . Enfin, se réveiller à l’hôpital après un accident, c’est normal mais voilà, j’ai appris bien vite que j’étais paraplégique . Je passe les dures mois de rééducation, le personnel qui n’a pas le droit de montrer une trace d’amour et d’amitié, les semaines où l’on revient chez soi, confronté au miroir de ce qu’on est et de tout ce qu’on ne peut plus faire chez soi . On imagine ensuite l’extérieur, le travail qui me reprenait malgré tout et fut mon soutien car il est aussi ma passion, et puis ce jour où l’on pense à la sexualité, où plus rien ne va, plus d’érection, plus de sensation, plus d’éjaculation, plus de plaisir . On se demande si on est encore un homme dans cette société où le sexe tient une place de premier plan . Et puis la dépression, l’abîme où plus rien ne compte, même plus vos frères et soeurs . Ma mère avait trop souffert dans savie, c’est la seule choe qui m’empêcha d’en finir, je ne voulais pas qu’elle souffre encore plus de la perte d’un fils de 31 ans, atteignant enfin la pleine réussite sociale à défaut de l’amour, mis de côté . D’ailleurs, qu’est ce que j’ai pu être bête à ce point car quoi qu’en dise les bien pensant, ceux qui veulent croire qu’on est resté dans la norme, il existe plus d’handicapés seuls, célibataires ne trouvant jamais personne, mariés qui se retrouvent tout seul, ça existe aussi, que d’handicapés qui trouvent l’amour avec une personne valide cela va de soi dans cette expression . Pourquoi d’ailleurs un handicapé devrait aller avec une handicapée en mal d’amour elle aussi ? La marge entre les deux monde est elle si grande ? Où est ce la sexualité perdue qui repousse les femmes ? Je parle de ceux dans mon cas, car certains traumatisés de la colonne peuvent encore avoir une sexualité “normale”" ou presque .

    Maintenant, après plusieurs années de recul, je continue à le dire, malgré mon niveau de vie confortable : j’aurai préféré mourir que de vivre comme ça . Pourquoi l’autre n’a t il pas fait son boulot jusqu’au bout avec sa bagnole ... Je souffre depuis de douleurs neurologiques et antalgiques sérieuses, pourrissant ma vie et mes rares instants de plaisir . Je suis un traitement lourd, aux doses maximum, avec morphine et rivotrile . Quand j’en vois sur des forums se plaindre de leurs 5 gouttes par jour de ce dernier médicament .... moi j’en suis à 45-50 gouttes par jour . Oui je tiens encore debout mais mes après midi sont gagnées par le sommeil . Ah le sommeil, seul moment où mon corps ne me fait plus mal, où je n’ai plus ces sensations de crampes du genoux au bas de la colonne ... Ne cherchez pas : on ne peut rien faire . Même le centre anti douleur est dépité ... Seul dernier remède : augmenter la morphine, mais là, il faut que j’accepte de devenir un “mort vivant”, moi qui m’endort déjà sans le sentir dans mon fauteuil, devant la télé, ou devant mon assiète certains jours ...

    Aussi je le dis bien haut et je ne vois pas pour quels idéaux farfelus non fondés sur du sérieux, ou des pensées religieuses qui ne repose sur rien, sinon la croyance et si on ne croit en rien ? ! Oui, je le dis bien haut, à tous nos médecins, nos psychiatres sépcialistes des anti dépresseurs (j’en prends de deux sortes d’ailleurs), et à nos politiciens qui n’ont pas à décider à la place de leurs électeurs, ... je suis pour l’euthanasie active tant qu’elle est décidée par la personne concernée . Je ne parle pas de soins palliatifs . Je pense que, lorsqu’on considère qu’on n’a plus rien à faire ici et que cette Terre et populasse n’a plus rien à nous apporter, on devrait avoir le droit de demander l’euthanasie, quelque soit notre âge, et notre état de santé . Préférez vous quelqu’un qui se jette sous le métro, ou quelqu’un qui s’endorme paisblement dans un lit ? Je sais que vais déranger, faire sauter au plafond les défenseurs de la vie . Oui, mais de quelle vie ? Qu’appelez vous vivre ? Moi à l’instant, d’après MA définition de la VIE, je vis à 15 ou 20 % donc, pour pas grand chose . J’aimerais être rassuré que, lorsque j’aurai décidé d’en finir, je sois sûr de ma fin, plutôt de ne tenter je ne sais quoi pour me retrouver encore plus handicapé . J’ai encore des choses à faire selon vous ? Et si ce n’était pas cette idée que je dois faire accepter et germer ? Je sais, il y a des dépressions qui s’en vont et la joie qui revient mais chez qui ? Chez les valides ? Soit, faisons exception pour eux, quoique je ne partage pas l’idée que les autres viennent nous dire comment vivre, et au nom de quoi ? de qui ? Du ridicule ? de croyances que vous ne pouvez même pas fonder ? Ne venez pas me donner de leçon de morale, à 38 ans, je n’ai plus l’âge d’en recevoir . J’ai vêcu et vis des choses que vous n’osez imaginer vivre un jour . Même une personne de 80 ans ne vis pas ce que je vis, sauf cas rares qui doivent penser comme moi . J’ai décidé de continuer la route pour l’heure avec toutes les souffrances que cela implique . Je veux juste vivre l’esprit reposé en pensant qu’au moment de ma mort, je ne souffrirai pas d’avantage . On pique un chien pour abréger ses souffrances et on n’est même pas capable d’avoir la même compassion pour un être humain . Vos larmes d’après seraient elles plus dures à supporter que les souffrances d’avant pour ceux que vous dites aimer ? N’est on pas plutôt égoïste lorsqu’on refuse la mort d’un proche et qui plus est lorsque ce proche en aurait fait une demande officielle et décidée en pleine conscience ? Je n’ai plus peur de mourir, je me fiche de ce qu’il y a après . Je crois en Dieu mais s’il n’existe pas, et bien, je n’aurai pas le temps de m’en rendre compte ! J’en ai marre de souffrir, chaque jour, chaque heure, et même la nuit quand ça me réveille . Ce que je veux, c’est être sûr de ne pas souffrir plus encore pour trépasser, être drogué sur un lit d’hopital à moitié comateux et entendre les médecins dire ironiquement : vous voyez bien, il ne peut même pas parler . Si c’est cela que vous voulez “vivre” avant de partir, vous avez bien du courage, mais vous ne devez pas savoir ce qu’est la souffrance . Ma vie n’ a pas trouvé bon de me laisser me fabriquer une façade, en faisant du sport, des sorties, plein d’occupations, qui me fassent oublier mon handicap, pour un temps, car je sais bien que ces handicapés “heureux” et “courageux” dont les médias se régalent pour montrer que le handicap n’est pas horrible, oui je sais que leur façade craque lorsqu’il se retrouvent seuls, face à des obstacles que les valides passeraient ou ne connaissent pas . J’en ai connu des parents handicapés, même mariés à un ou une valide, et qui périodiquement attendent le moment pour chialer seuls afin de ne pas inquiter conjoint(e) et enfants ! Non, le handicap n’est pas une sinécure . On ne peut pas le combattre puisqu’il gagnera toujours l Il ne régresse pas, il ne se soigne pas, ne disparaît pas et quant aux traitements .... On n’est même pas fichu de vous sortir un médicament qui supprime ces fameuses douleurs neurologiques, ou ces “courts circuits” entre les axones des nerfs qui repoussent anarchiquement . Seriez vous heureux de recevoir toute une nuit des décharges électriques tellement fortes qu’elles sont comme des coups d’aiguilles à travers à vos membres, toutes les 30 secondes, et ce durant toute une nuit ? Ce n’est plus un handicap, c’est de la torture . Quel être humain peut être heureux en étant ainsi torturé par son corps périodiquement à tel point que ça l’empêche de pratiquer toute activité physique . Car le mal est pervers ... il vous laissent vous éclater en fauteuil, mais il vous fait payer votre bonheur par une journée d’une crise si douloureuse que vous en gémissez, et que vous finissez par craquer nerveusement, par chialer . Je n’exagère rien . C’est ce que je vis . Qu’on ne viennent pas me dire comment mener cette vie où une bonne partie de moi même est déjà morte et sans espoir de renaître . Pitié, ne ditez pas que la sience avance ! Vous n’en savez rien et même si on trouve quelque chose, je serai certainement mort de vieillesse avant qu’on le pratique à grande échelle ! Non, tous les handicapés ne peuvent pas vivre dans l’illusion du bonheur et de la force, je voulais aujourd’hui parler au nom de ceux à qui les médias ne donnent pas la parole .... trop déprimant sans doute ! Vous, valides bien portant, taxis qui n’acceptez pas de prendre des handicapés dans votre voiture, comme je l’ai appris cette semaine, dites vous bien qu’un jour, en vieillissant, vous serez peut être comme nous . C’est une de mes grandes consolations ...


    • karpediem (---.---.13.29) 2 avril 2007 11:46

      Un peu de noblesse et d’orgueil Emmanuel : restons des hommes et assumons notre destin ! Relisez les Stoïciens : regardez autour de vous : oubliez votre karma : au lieu de sombrer dans l’égoïsme et le masochisme - donnons un peu de nous même à ceux et celles qui se retrouvent infiniment plus fragilisés que nous !  smiley

      N’oublions pas que 15000 personnes meurent de faim et de soif chaque jour. N’oublions pas les centaines de millions de personnes handicapées dans les pays les plus pauvres de la planète. Même en France, n’oublions pas les milliers enfants atteints de maladie orphelines ou handicaps rares éloignés de leurs parents car ne pouvant vivre qu’en établissements médicalisés... avec une espérance de vie à moins de 20 ans.  smiley

      Pâques approche : demandez la force de transformer votre cri de souffrance en acte de foi, de don et d’action ! Courage cher Emmanuel !


    • Sylvain Etiret 4 avril 2007 00:38

      A Emmanuel,

      Quoi de plus respectable que cette souffrance que vous exprimez aussi nettement et aussi honnêtement ? Et qui oserait vous reprendre en quoi que ce soit sur votre parcours et votre vécu ?

      Cependant, vous dîtes être pour une euthanasie active alors que ce que vous décrivez est un fait votre exigence du respect, le moment venu, de votre choix, à ce moment là, de ne pas vous voir imposer de soins allant contre vos souhaits. C’est exactement le sens de la loi de 2005 sur les droits des patients et la fin de vie, dite loi Léonetti. Même si elle n’introduit pas un droit du patient à réclamer qu’un autre engage pour lui un processus de fin de vie, elle reconnait désormais à chacun le droit que personne ne vienne agir contre ses décisions et ses actes en matière de soins et de fin de vie, ce qui est en soit une avancée considérable.

      Il s’agit d’une précision qui a son importance dans le cadre du débat sur l’euthanasie, même si elle n’ôte bien sûr rien à la force de votre témoignage quant au poids de souffrance et de courage que peut représenter la survenue d’un handicap comme le votre.


    • karpediem karpediem 4 avril 2007 10:47

      @au Dc Etiret : afin d’éviter toute polémique, et de garder à ce site tout son intérêt dans le respect de chacun et le dialogue véritable .../... permettez-moi de vous dire que nous nous sommes expliqué et mieux compris avec « Emmanuel » et que des Mails directs nous ont bien éclairé l’un et l’autre. L’objet de son intervention était plus orienté pour « les valides » qui ne devinent rien de nos conditions de vie .... et son moral remonte avec Pâques !

      On ne trouve pas votre CV mais vos propres articles sont enrichissants. Voulez-vous que nous dialoguions directement Docteur ? [email protected]  smiley


    • karpediem karpediem 4 avril 2007 11:33

      @ l’anonyme « Docteur » Etiret dont on espère n’avoir nulle raison de douter de ses qualifications : afin d’éviter toute polémique, et de garder à ce site tout son intérêt dans le respect de chacun et le dialogue véritable et constructif .../... permettez-moi de vous dire que nous nous sommes expliqué et mieux compris avec « Emmanuel » et que des Mails directs nous ont bien éclairé l’un et l’autre.

      L’objet de son intervention était plus orienté pour « les valides » qui ne soupçonnent rien de nos conditions de vie ... mais en même temps qui reconnaît combien sa vie en fauteuil eût pu être bien pire .... et dont moral remonte avec Pâques !

      On ne trouve pas votre CV mais vos propres articles sont enrichissants. Voulez-vous que nous dialoguions directement ? [email protected]  smiley


    • karpediem karpediem 4 avril 2007 19:56

      @ l’anonyme « Docteur » Etiret dont on espère n’avoir nulle raison de douter de ses qualifications : afin d’éviter toute polémique, et de garder à ce site tout son intérêt dans le respect de chacun et le dialogue véritable et constructif .../... permettez-moi de vous dire que nous nous sommes expliqué et mieux compris avec « Emmanuel » et que des Mails directs nous ont bien éclairé l’un et l’autre.

      L’objet de son intervention était plus orienté pour « les valides » qui ne soupçonnent rien de nos conditions de vie ... mais en même temps qui reconnaît combien sa vie en fauteuil eût pu être bien pire .... et dont moral remonte avec Pâques !

      On ne trouve pas votre CV mais vos propres articles sont enrichissants. Voulez-vous que nous dialoguions directement ? [email protected]  smiley


    • karpediem (---.---.67.247) 5 avril 2007 10:37

      @ l’anonyme « Docteur » Etiret dont on espère n’avoir nulle raison de douter de ses qualifications : afin d’éviter toute polémique, et de garder à ce site tout son intérêt dans le respect de chacun et le dialogue véritable et constructif .../... permettez-moi de vous dire que nous nous sommes expliqué et mieux compris avec « Emmanuel » et que des Mails directs nous ont bien éclairé l’un et l’autre.

      L’objet de son intervention était plus orienté pour « les valides » qui ne soupçonnent rien de nos conditions de vie ... mais en même temps qui reconnaît combien sa vie en fauteuil eût pu être bien pire .... et dont moral remonte avec Pâques !

      On ne trouve pas votre CV mais vos propres articles sont enrichissants. Voulez-vous que nous dialoguions directement ? [email protected]  smiley


    • karpediem karpediem 5 avril 2007 19:14

      @ l’anonyme « Docteur » Etiret dont on espère n’avoir nulle raison de douter de ses qualifications : afin d’éviter toute polémique, et de garder à ce site tout son intérêt dans le respect de chacun et le dialogue véritable et constructif .../... permettez-moi de vous dire que nous nous sommes expliqué et mieux compris avec « Emmanuel » et que des Mails directs nous ont bien éclairé l’un et l’autre.

      L’objet de son intervention était plus orienté pour « les valides » qui ne soupçonnent rien de nos conditions de vie ... mais en même temps qui reconnaît combien sa vie en fauteuil eût pu être bien pire .... qui en admet certaines facilités .... et dont moral remonte avec Pâques !

      On ne trouve pas votre CV mais vos propres articles sont enrichissants. Voulez-vous que nous dialoguions directement ? [email protected]  smiley


    • karpediem karpediem 5 avril 2007 19:18

      @ l’anonyme « Docteur » Sylvain Etiret dont on espère n’avoir nulle raison de douter de ses qualifications : afin d’éviter toute polémique, et de garder à ce site tout son intérêt dans le respect de chacun et le dialogue véritable et constructif .../... permettez-moi de vous dire que nous nous sommes expliqué et mieux compris avec « Emmanuel » et que des Mails directs nous ont bien éclairé l’un et l’autre.

      L’objet de son intervention était plus orienté pour « les valides » qui ne soupçonnent rien de nos conditions de vie ... mais en même temps qui reconnaît combien sa vie en fauteuil eût pu être bien pire .... qui en admet certaines facilités malgré les abandons et l’isolement .... et dont le moral remonte avec Pâques !

      On ne trouve pas votre CV mais vos propres articles sont enrichissants. Voulez-vous que nous dialoguions directement ? [email protected]  smiley


    • karpediem karpediem 6 avril 2007 10:49

      @ l’anonyme « Docteur » Sylvain Etiret dont on espère n’avoir nulle raison de douter de ses qualifications : afin d’éviter toute polémique, et de garder à ce site tout son intérêt dans le respect de chacun et le dialogue véritable et constructif .../... permettez-moi de vous dire que nous nous sommes expliqué et mieux compris avec « Emmanuel » et que des Mails directs nous ont bien éclairé l’un et l’autre.

      L’objet de son intervention était plus orienté pour « les valides » qui ne soupçonnent rien de nos conditions de vie ... mais en même temps qui reconnaît combien sa vie en fauteuil eût pu être bien pire .... qui en admet certaines facilités malgré les abandons et l’isolement .... et dont le moral remonte avec Pâques !

      On ne trouve pas votre CV mais vos propres articles sont enrichissants. Voulez-vous que nous dialoguions directement ? [email protected]

       smiley


    • karpediem karpediem 28 avril 2007 18:27

      @ l’anonyme « Docteur » S. Etiret dont on espère les qualifications aussi réelles que ses compétences et sa foi en l’homme : De retour d’hosto, un mot (d’auteur) pour me permettre de vous remercier pour votre application à défendre la cause des services en soins palliatifs ainsi que cette Loi leonetti, hélas si mal mise en place. Mon échange avec Emmanuel s’est poursuivi « en direct » hors de ce blog afin de mieux se découvrir et se comprendre ; ce qui a été aisément le cas !.. en dépit de son isolement et de ses difficultés. Emmanuel sait aussi quelle est sa chance. Vos propres interventions sur Avox sont intéressantes : voulez-vous que nous prolongions ce débat « hors antenne » i.e. directement par mail ?

      Un grand merci. Bien à vous.  smiley


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