Jan Bohmerman, et la liberté d’expression en procès en Allemagne
La liberté d'expression, on en parle beaucoup en France avec Charlie Hebdo et Dieudonné, mais il faut savoir qu'elle est aussi mise à mal dans d'autres pays comme l'Allemagne.
Jan Bohmermann, humoriste allemand, a récité un poème nommé Shmahkritik le 31 mars 2016 sur la chaine allemande ZDF. Dans ce poème, il est question de satire envers le président turc, Recep Tayip Erdogan qui ne cesse d'attaquer les minorités kurdes. Certains termes humoristiques ont été insérés dans le poème, comme le fait qu'Erdogan serait un zoophile et un pédophile. Le président turc l'a mal pris et a directement décidé d'attaquer celui-ci en justice pour diffamation.
Le hic est ici : ce brave Jan Bohmermann jouit de liberté d'expression dans un pays démocratique comme l'Allemagne. Mais des dirigeants d'autres pays où la liberté d'expression est mise à mal chaque jour, voire même lynchée, se permettent de venir faire taire les humoristes. La Merkel avait le choix : laisser continuer l'affaire en justice ou directement la stopper. Elle a pris le parti d'Erdogan et du fascisme et a décidé de laisser l'affaire aller en justice.
La Turquie nie encore aujourd'hui le génocide des arméniens, araméens et grecs pontiques perpetré par les jeunes turcs. Hrant Dink, chef de l'hebdomadaire turco-arménien a été lachement assassiné en 2007. Poètes et journalistes sont quotidiennement emprisonnés. Voici quelques noms : Ragip et Deniz Zarakoglu, Aziz Tunc, Ayse Berktay, Mulazim Ozcan, Busra Ersanli, Pinar Selek, et tellement d'autres ont été condamnés par l'Etat turc alors que ces personnes sont des universitaires qui tentent de faire évoluer le savoir. Deniz Zarakoglu a par exemple été arrêté pendant une conférence sur la poétique d'Aristote...
La question est la suivante : jusqu'à où va aller l'autoritarisme imposé par la Turquie dans ses frontières et en dehors ? La réponse à cette question fera, hélas, sans doute couler plus de liquide vermeil que d'encre bleue...