L’Autre Campagne : une nouvelle empreinte citoyenne de la politique en France

L’Autre Campagne : symbole du renouveau politique

La campagne présidentielle bat son plein. Les candidats empilent les promesses sur un air de déjà vu et entendu. Pour un peu la célèbre chanson « Si j’étais Président de la République » reviendrait à la mode. Pourtant le petit train-train ronronnant de la campagne connaît quelques perturbations. Pas de quoi dérailler, mais la ligne empruntée n’est plus toute droite et les nouveaux virages font tanguer les wagons de la locomotive politique dans laquelle sont confortablement installés nos représentants prétendants au pouvoir. Là, réside la nouveauté de cette campagne qui se veut innovante par l’intermédiaire de la démocratie participative : les citoyens sont appelés à s’exprimer pour participer au débat, et proposer de nouvelles pistes d’exploration. L’Autre Campagne s’inscrit dans cette volonté : « De nombreuses initiatives sont en cours pour fédérer, organiser et faire exister dans le débat public le renouveau politique, l’objectif de l’Autre Campagne est d’être l’une d’entre elles. »
L’Autre Campagne a pour particularité de rassembler un panel d’individualités très hétéroclite qui va du militant associatif, syndical ou culturel, au chercheur expert d’une question spécifique ou d’un domaine particulier. (l’histoire, l’économie, la philosophie, la sociologie, etc.) Cette diversité se retrouve dans les différentes organisations contributrices du projet. Parmi elles se trouve notamment la confédération paysanne, le Cran (Conseil Représentatif des Associations Noires de France), ATTAC, la fondation Copernic, le DAL (Droit au logement) le mouvement Sauvons La Recherche, le syndicat étudiant de l’Unef, celui de la magistrature, ou encore des avocats de France.

Une résistance citoyenne contre l’ordre établi

L’Autre Campagne entend proposer une politique de gauche réellement alternative face à « une droite qui ressasse les recettes les plus éculées du maintien d’un ordre économique et social et une gauche assoupie aux protestations molles, feignant l’indignation pour mieux dissimuler l’indigence de ses propositions et son ralliement au conservatisme néo-libéral. » Les initiateurs du projet veulent faire entendre leurs voix sur des questions qu’ils considèrent absentes du débat ou abordées de manière trop superficielle. Un ouvrage collectif paru aux éditions La Découverte regroupe leurs « 80 propositions à débattre d’urgence ». L’initiative a reçu le soutien de Lucie et Raymond Aubrac. Dans la préface du livre, le couple de résistants définit le projet comme « une démarche citoyenne », « une utopie réaliste » exprimant « la possibilité de résister à l’ordre établi », « à l’implantation solide dans notre pays de forces politiques, sociales et financières qui ont grand intérêt à ce que rien ne change. »
Les propositions disponibles également sur le site Internet www.lautrecampagne.org embrassent un large champ d’actions axées sur 4 pôles : la politique internationale, l’économie et le social, la culture et l’éducation, et enfin la citoyenneté et les institutions.

Un programme politique étoffé

Au niveau international, l’Autre Campagne préconise notamment une cour mondiale des Droits de l’Homme, une nouvelle constitution du monde fondée sur la démocratie mondiale, et l’annulation de la dette extérieure publique des pays du Tiers-monde.
Le volet économique et social est associé à de nombreuses thématiques telles que l’écologie et le développement durable, l’urbanisme et l’environnement, la santé, le service public, le logement ou encore le travail. Il prescrit une croissance économique corrélée aux exigences écologiques, une mixité sociale au sein du milieu urbain, et la reconstruction d’un tissu rural vivant. En matière de santé est recommandé entre autre une meilleure prise en considération de la place des handicapés dans notre société, une revalorisation de l’hôpital public, la dépénalisation de la consommation de cannabis et une politique massive de maintien à domicile des personnes âgées.
Sur la question du logement, hormis le droit au logement opposable, l’Autre Campagne propose une réforme du système de l’hébergement consistant pour les services municipaux à « louer des logements dans le privé, au prix du marché, puis les sous louer aux personnes à la rue. »
Pour l’emploi, une des propositions qui est faite est de : « Travailler un peu plus longtemps pour sauver les retraites mais travailler beaucoup moins chaque semaine ou chaque année pour casser le chômage. » Quelle est la solution avancée pour parvenir à cet objectif ? La semaine de 4 jours qui aurait été déjà expérimentée avec succès dans de nombreuses entreprises.
Dans le domaine éducatif et culturel est proposé notamment : des classes moins surchargées en effectifs et en heures de cours, l’enseignement des sciences sociales et humaines dès l’école primaire, une ouverture plus large de l’enseignement universitaire, et une allocation d’autonomie universelle pour les jeunes en formation ou en insertion.
Les Institutions n’échappent pas à l’initiative qui préconise la suppression de l’élection présidentielle au suffrage universel et la fin du cumul des mandats. Le candidat de l’UMP à l’élection présidentielle entendra t-il le message ?