L’équité selon les partis mafieux
Les élections sont désormais officiellement pipées.
Il serait grand temps de retirer le doux mot d’égalité de nos frontons et de nos belles institutions, prises d’assauts par des gens n’ayant plus aucun respect pour notre belle devise républicaine. Les dignes représentants des mafias majoritaires qui gouvernent à tour de rôle ce pays ont décidé de fausser le débat démocratique un peu plus encore. Non contents de s’attribuer indûment des ressources financières bien supérieures à leurs couleurs, ces éminents démocrates en cravate et complet-veston viennent de porter un coup fatal aux petits candidats, ceux-là mêmes qui, par un étrange miracle, étaient parvenus à remplir des conditions de candidature de plus en plus dans l’entre-soi.
Pour continuer de mentir en rond, d’endormir le bon peuple et de préserver des places si confortables, les factieux qui siègent au parlement s’arrogent désormais le droit d’assommer les petits candidats de leurs propos lénifiants, s’accordant un temps de parole bien supérieur à celui de ces êtres sans importance. Finie l’égalité du temps de débat durant la campagne officielle : les élections présidentielles sont bien trop sérieuses pour perdre son temps avec une parole libre et sincère. C’est la même tambouille qui doit être servie aux électeurs pour continuer de vivre copieusement sur la bête.
Non seulement la farce des primaires leur octroie des heures d’antenne mais ces charmants guignols veulent désormais tout le temps de parole de la campagne officielle. Leur appétit est inversement proportionnel à leur sens éthique. Quant à la morale, ils n’en ont jamais été dotés ; c’est ainsi que l’on réussit dans la boutique ! Ces gens-là ne méritent plus notre confiance ; ils vont pourtant continuer de s’accrocher au pouvoir en bâillonnant la société civile.
Pour cette forfaiture légale, ils usent du terme d’équité ! La belle affaire. Au nom de quel principe disposeraient-ils d’un temps d’antenne supérieur à celui de leurs adversaires ? Ils ont déjà des ressources dix mille fois supérieures, ils bénéficient de la complicité des grands médias, ils ont encore tout l’appareil d’État et institutionnel mais cela ne leur suffit pas. Il leur faut encore changer la règle du jeu. Tout est parfait dans cette république bananière dans laquelle la classe politique met bien plus d'ingéniosité à trouver des subterfuges pour durer que pour changer la situation économique.
L’équité, messieurs les hypocrites, serait d’offrir un temps de parole bien supérieur aux candidats qui n'appartiennent pas à votre mafia. L’équité consisterait à donner une enveloppe financière égale pour chaque candidat. L’équité serait encore d’exiger des journalistes d’interroger les petits candidats avec la même complaisance qu’ils ont pour les favoris. L’équité c’est exactement l’inverse de ce que vous manigancez par cette honteuse manœuvre et ce devrait être le principe même d’une gouvernance qui rétablirait un tant soit peu l’équilibre des chances : une notion qui vous est proprement insupportable.
Mais rien de tout ça ne sera et la représentation parlementaire a encore le front de fausser un peu plus la règle du jeu, d’imposer par la loi une domination électorale qu’elle n’est plus certaine d’asseoir sur la réalité. Plus ça va et plus la joyeuse bande des partis de gouvernement ne représente plus personne dans le pays mais grâce à des magouilles, des ficelles de plus en plus grossières, elle continue de garder le pouvoir par des manœuvres de plus en plus séditieuses.
Peut-on continuer ainsi ? Il est clair que le vote n’est plus de nature à apporter le changement. Les cartes sont faussées, le débat tronqué et exclusivement limité au choix des têtes de gondole. Nous avons l’impression d’assister à un concours de miss : c’est le physique qui l’emporte faute de véritable réflexion sur les programmes. D’ailleurs, pourquoi ennuyer l’électeur puisque les candidats ont tous les mêmes recettes, le même référentiel libéral, la même doctrine politique et le même culte de l’argent ?
Nous constatons, une fois encore, que nous sommes sous le joug d’une dictature des élites. Non seulement le pouvoir est entre leurs mains mais elles disposent encore des médias dans une société où les contre-pouvoirs ont été balayés. La rue est incapable de répondre aux agressions de cette classe politique honteuse, indigne et fasciste. Seul le vent de la grande révolte peut balayer cette bande de margoulins sans honneur ni dignité.
Le respect de la démocratie n’est qu’une façade ; nous l’avons bien vu à nos dépens au moment du dernier référendum de l’histoire de la cinquième République. Leur rêve : abolir le peuple ! Qu’ils prennent garde : c’est justement devenu le souhait du peuple que d’abolir ce ramassis de petits barons à la solde des lobbies, cette caste détestable, méprisante et insensible à la détresse des petites gens. L’iniquité de cette République n’a que trop duré !
Subversivement leur.