L’informatique aide à mieux cerner les incivilités quotidiennes.
Vous ne savez peut-être pas ce qu’est "une "main courante", pour n’avoir jamais eu à en faire usage. Tant mieux pour vous !
La main courante est un cahier à disposition dans les commissariats pour enregister les plaintes de tous les jours, celles qui reportent les invicilités commises par certains, les petits vols, les dégradations, les tapages nocturnes, les différends familiaux ou au sein des couples, les ivresses sur la voie publique, les bagarres, les incendies de véhicules ou de poubelles... toutes ces incivilités, plus ou moins graves, mais qui empoisonnent la vie des uns et des autres.
Jusqu’ici, ces mains courantes en étaient restées au stade du cahier manuscrit, et ne permettaient pas d’avoir une vision globale et précise, à l’échelle du pays, de l’ampleur de cette petite délinquance, de sa localisation, de ses pratiques les plus traumatisantes, du profil des victimes, ni de son évolution dans le temps. De plus, elles n’entraient pas dans les statistiques de police, ce qui fait que la violence quotidienne était mal connue, sous-estimée des Francais, des forces de police et des hommes politiques. Et, donc, aucune lutte contre cette forme de délinquance ne pouvait être organisée.
Ce temps va peut être changer, car on vient d’automatiser cette fameuse main courante. Ou plutôt, on a commencé à saisir les plaintes ou actes repréhensibles sur informatique, en codant chacun de ces actes, de manière à pouvoir ensuite établir des statistiques sur leur fréquence et leur importance.
Quelques chiffres, donc, de cette main courante automatisée. Tous les mois, 210 000 faits délictuels sont enregistrés par la police, qui se subdivisent en un quart de crimes et délits, un quart de nuisances, 15 pct d’accidents, 15 pct de différends, 15 pct de divers et 15 pct d’appels fantaisistes. Le hit parade est constitué par les différends entre époux, à raison de 9000/mois, les tapages nocturnes à raison de 7300 /mois , les différends familiaux ou de voisinage pour 12 000/mois, les ivresses, rixes sur la voie publique et incendies de véhicules ou poubelles pour 3000/mois chacun.
Le contenu de la main courante peut être très différent d’un quartier à l’autre ; elle reflète l’habitat et la sociologie du quartier. Elle permet à la police, par la consultation du matin, de "sentir" l’atmosphère du quartier et son degré de tension", et de pouvoir juger de leur évolution sur une longue période. Son informatisation a aussi permis de se rendre compte qu’un peu plus de 6 pct des incivilités n’étaient pas précédemment répertoriées, parce que les victimes, par peur, ou parce qu’elle ne croyaient pas à l’efficacité du dépôt de plainte, renonçaient à en déposer.
Un grand pas en avant, pour combattre la petite délinquance, donc. Il reste à la faire baisser.