La démocratie en un coup
La démocratie en un coup.
Le droit de vote ne sert plus à grand’ chose (*).
On sait que la politique française n’est plus « déterminable » par les institutions de la République (*). Puisqu’elle est fixée dans des traités par lesquels quelques politiciens (*) ont fait le choix de transférer le pouvoir de décision aux dirigeants de l’industrie bancaire et des professions qui y sont liées. Et puisque les mêmes ont enchaîné l’avenir de la France aux intérêts conjoncturels de l’ami américain (*).
Ce qui implique que lorsque les citoyens votent, ils ne font que désigner des individus qui (qu’ils soient labellisés UMP / les Républicains, ou qu’ils soient étiquetés socialistes), feront la même chose. Parce ces derniers y sont obligés par le texte desdits traités. En plus du fait que ça plait à ceux qui tiennent le haut du pavé et que ça rapporte à certains.
Il y a cependant une faille dans la terrible mécanique (*) à la construction de laquelle MM. Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand, Sarkozy et Hollande ont mis la main (*) .
La faille c’est (ô paradoxe ! )… le président de la République.
Pourquoi ?
Parce que dans le cadre juridique français actuel, le président de la République a la maîtrise des engagements de la France : « le président de la République négocie et ratifie les traités » (article 52 de la constitution).
Ce qui lui permet, TOUT SEUL, sans avoir besoin d’une majorité parlementaire ou de l’accord préalable de qui que ce soit, de sortir (1) la France du traquenard dans lequel on l’a faite tomber.
Surtout si (2) les dirigeants politiques d’à côté préfèrent continuer à priver leurs peuples de l’exercice de leurs droits souverains. S’ils refusent encore de travailler à la construction d’une Europe politique et démocratique (qui se substituerait à l’actuelle association de libre échange au fonctionnement de laquelle il est interdit aux peuples de se mêler, y compris et surtout lorsqu’ils en souffrent). Et s’ils préfèrent toujours que le vieux continent s’enfonce sans cesse plus dans un statut de colonie américaine (*) .
Ce qui fait que la partie n’est pas jouée. Quoi qu’en disent ceux qui menacent les peuples de catastrophes (indéterminées) si on leur casse leur jouet, leur jeu et … leur gagne pain.
Et qu’elle est jouable, ainsi qu’il vient d’être dit, en un coup. Sans qu’il y ait besoin ni d’attendre ou de préparer un grand soir, ni d’espérer un miracle.
Les candidats à l’élection présidentielle qui veulent rendre ce service feraient bien de renoncer, chacun en ce qui le concerne, au plaisir de se faire imprimer des bulletins de vote.
Pour s’entendre sur un nom, l’un des leurs ou celui d’un autre, susceptible d’additionner les voix des citoyens qui ont fini par comprendre que l’on se moquait d’eux et qu’ils n’étaient pas forcés de l’accepter. Au lieu de les éparpiller (3).
Citoyens qui, pour recouvrer leurs droits et comme lorsqu’il s’agit de renouer avec la vie, seraient alors incités à ne regarder, pour une fois, et ne serait-ce qu’une fois, ni la tête, ni la couleur des chaussettes du médecin.
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités,
docteur d’Etat en droit.
( *) pour les explications détaillées et les références, v. nos précédents articles sur « Agoravox », notamment : « pouvoir économique et pouvoir politique : pour une séparation des pouvoirs » ; « la souveraineté nationale appartient … au peuple ». Pour un commentaire des dispositions de la constitution, v. « Textes et documents constitutionnels depuis 1958. Analyses et commentaires ». Dalloz-Armand Colin.
(1) à moins qu’il ne passe (« opportunément » vu les sommes colossales en jeu) de vie à trépas.
(2) hypothèse invraisemblable (v. notamment les données économiques) après que le président de la République française aura annoncé sa décision.
(3) Alors que dans le même temps, les « primaires » organisées au sein de l’UMP/LR et du PS ont pour fonction de réduire à deux les candidats à la continuation du système. L’un de ces derniers pouvant être amené, pour boucler l’affaire, à se désister pour l’autre au deuxième tour.