La fable des investissements publics
Le Président de la République veut que la capitale organise les Jeux Olympiques et que la France accueille une exposition universelle.
De leur côté, les élus locaux effrayés par les conséquences d’une réforme territoriale qui diminuerait le nombre de collectivités territoriales et de mandats, rappellent que 70 % de l’investissement public en France est le fait de ces collectivités.
Enfin, le lobby du BTP propose des pistes pour relancer l’investissement public, de manière désintéressée, bien sûr.
Ils veulent notre bien, évidemment…
C’est bon pour l’emploi, clament-ils en cœur. A voir, car si un investissement, tel qu’on le conçoit aujourd’hui, peut avoir un quelconque effet, c’est actuellement sur le nombre d’emplois conservés et beaucoup plus rarement sur les emplois nets créés. L’investissement créé rarement d’emplois, mais il créé des charges qui se retrouvent sur nos feuilles d’impôts.
L’investissement dont on parle aujourd’hui concerne principalement la construction de bâtiments publics (bâtiments administratifs, établissements scolaires, équipements sportifs,…) l’aménagement du réseau routier (avec les inévitables ronds-points et les aménagements urbains, et autres ralentisseurs,…), ou encore la fontaine sur la place publique, bref, tout ce qui valorise les élus, alors que les crédits consacrés à l’investissement environnemental productif (rénovation des habitations, développement des transports collectifs,…) sont encore soumis à la portion congrue.
La face cachée de l’investissement
C’est le fonctionnement des équipements ainsi créés : coûts de maintenance (travaux d’entretien de l’ouvrage) et coûts d’exploitation (entretien, personnel,…) représentent en moyenne 10% par an du coût initial d’investissement (2 Millions d’euros investis génèrent 200 000 € de fonctionnement par an).
A ce rythme-là, les budgets de fonctionnement des communes, conseils généraux et régionaux qui ont massivement investi depuis la décentralisation ont grimpé en flèche et atteignent des niveaux qui limitent drastiquement l’autofinancement, d’où le recours à l’emprunt qui augmente les charges et les impôts locaux.
Ce n’est pas grave, il y a des solutions…
C’est le lobby du BTP qui l’affirme en proposant des pistes pour relancer l’investissement des collectivités et il nous propose de recourir aux Partenariats publics privés qui permettent aux opérateurs de construire et d’entretenir un ouvrage public pendant 20 à 30 ans, en mettant en veilleuse le coût global pour les collectivités et les scandales qui éclaboussent ce type de contrat (Hôpitaux, stades de foot,…).
La seconde solution, c’est pour le BTP le recours à l’emprunt que les contribuables déjà le couteau sous la gorge s’empresseront bien sûr de rembourser en acceptant de voir augmenter leurs impôts.
La dernière solution, c’est la recherche d’économies dans les collectivités. Sur ce point on ne peut qu’être d’accord, à condition que les économies n’aillent pas exclusivement dans les poches des actionnaires du BTP.
Stop au système !
L’argent public doit être utilisé à bon escient, à savoir pour des investissements vraiment utiles à la collectivité (développement durable, transport, éducation,…) et non pour maintenir un niveau d’activité artificiel, pour répondre aux idées de grandeur de tel ou tel élu ou pour remplir les poches d’organisations internationales (Comité Olympique, FIFA, entreprises multinationales).
Du pain et des jeux ? Non, mais des investissements utiles pour les citoyens et non pour des élus en quête d’amour dans l’opinion publique pour favoriser leur réélection.