lundi 31 octobre 2005 - par Michel Monette

La pollution migre vers le Sud

L’ONG Basel Action Network (BAN) vient de « révéler » que plus de 500 conteneurs d’ordinateurs, de postes de télévision et de téléphones cellulaires usagés arrivent au Nigéria chaque mois. Déjà, en 2003, Ingénieurs sans frontières dénonçait l’exportation des déchets informatiques du Nord vers le Sud. Ce phénomène est symptomatique du développement sauvage qui dégrade à la fois les systèmes écologiques et la santé des populations du Sud.

L’accusation de BAN est grave. Bien que ces conteneurs contiennent des appareils usagés donnés par leurs propriétaires pour une bonne cause, plus de trois appareils usagés sur quatre ne sont pas récupérables. Ils sont tout simplement enfouis ou incinérés dans les pays qui reçoivent ces généreux dons du Nord..

Du plomb peut s’infiltrer dans la nappe phréatique et « certains matériaux des cartes de circuits imprimés peuvent dégager des substances cancérigènes lorsqu’ils sont brûlés. »

Prenons un vieil ordinateur, par exemple. Celui que vous possédez pèse environ 32 kg. Que contient-il exactement ? D’après BAN (Basel Action Network, ONG basée à Seattle) :
* du plomb - 1.725 kg
* mercure, arsenic, chrome, cobalt, béryllium, cadmium, ... - 50 g par élément
* du plastique - 6.35 kg
* or, argent, platine... 40 g par élément

ISF. Rapport sur la « fin de vie » des ordinateurs.

Le problème est d’autant plus grave que « e-waste, is now recognized as the fastest growing waste stream in the industrialized world », vient d’ajouter BAN.

Cette pollution informatique n’est que la pointe émergée de l’iceberg du désastre écologique qu’entraîne dans son sillon le développement économique.

Pour le Centre Europe - Tiers monde (CETIM), les sociétés transnationales, plus connues sous le nom de multinationales, ont une responsabilité considérable dans ce désastre.

...l’état des lieux est accablant : exploitation abusive des ressources naturelles et de main d’œuvre, pollution des eaux, des sols et de l’air, catastrophes écologiques, soutien à des conflits armés, à des répressions sanglantes, à des coups d’État, corruption, fuites de capitaux, criminalité financière.

La responsabilité des sociétés transnationales dans les violations des droits humains.

La pollution détruit des écosystèmes et rend malades des millions d’individus. Mais il est vrai que rien de cela ne paraît sur les étalages des Wal-Mart de ce monde.

La pollution, un fléau plein d’avenir, écrit Béatrice Mathieu pour qui « tous les ingrédients sont réunis pour que le rattrapage économique des pays pauvres dans les prochaines décennies se fasse au détriment de l’environnement ».

Les émissions d’oxyde d’azote ou de monoxyde de carbone vont diminuer dans les pays développés, mais augmenter considérablement dans les pays en voie de développement. Cela vous inquiète ? Sachez alors qu’en plus « la progression de la pollution organique de l’eau devrait être huit fois plus importante dans les pays du Sud qu’au Nord d’ici à 2020 ».

Pourrons-nous encore longtemps jouer à l’autruche ?

Poser la question, c’est y répondre.




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