mercredi 2 avril 2008 - par brigit

Le lobby : une réalité bonne ou mauvaise ?

H. Constanty et V. Nouzille, deux journalistes indépendants enquêtent au sein de l’Assemblée nationale pour évaluer l’importance de l’implication des lobbies dans le vote de nos lois. Mon article se propose de rendre compte brièvement des résultats de cette recherche pour informer le lecteur et provoquer une prise de conscience individuelle : pour ou contre la présence des lobbies auprès de nos députés ?

Actuellement, aucun secteur d’activité de l’économie française n’échappe à la mainmise des lobbies.

Areva, numéro un du nucléaire mondial s’est lancé à la conquête du marché de l’énergie avec EDF, GDF, Suez et l’Ademe. L’Ania regroupe les industries alimentaires (Danone en est l’exemple le plus connu). EADS, Airbus et Ariane contrôlent la majorité des entreprises liées à l’armement, l’aéronautique et le spatial.

L’objectif des lobbies ne se limite pas uniquement à s’emparer de la totalité des initiatives du monde économique. Il s’agit aussi de communiquer et d’influencer les pouvoirs publics et les élus en cherchant à orienter tout projet ou toute proposition de loi en faveur des intérêts financiers des lobbyistes. Mme Laurence Parisot, présidente du Medef (75 000 entreprises) se dit « résolument engagée dans le lobbying parlementaire et politique ».

Comment et pourquoi ces groupes de pression prennent-ils part aux débats parlementaires ?

L’enquête « Députés sous influences » menée par deux journalistes indépendants (H. Constanty et V. Nouzille) à l’intérieur de l’Assemblée nationale montre que les lobbyistes rivalisent d’imagination pour séduire les députés et les gagner à leur cause.

Le groupe lobbyiste de conseil Altédia organise régulièrement des colloques à la Maison de la chimie à Paris. Il a invité Monsanto et le Crédit agricole à participer à des discussions parlementaires sur l’agriculture et le développement durable. Le laboratoire américain Pfizer a lui aussi été convié à un séminaire sur la maladie d’Alzheimer et, dans le même ordre d’idées, Abbot, Sanofi Adventis, Roche Pharma et Kraft ont assisté à des discussions concernant la lutte contre l’obésité.

Certains groupes d’études liés à la santé n’échappent pas, eux aussi, à l’influence des lobbies.

Claude Greff député UMP élue en 2002, interrogée par Hélène Constanty et Vincent Nouzille, déclare : « les membres du groupe d’études sur le Cancer ne parlent que de médicaments et de recherches. Ils oublient l’essentiel : le malade... »

Le Club Génération Entreprise revendique plus de 500 amendements qui ont permis des avancées culturelles et sociales attendues par le monde économique et les chefs d’entreprise. Son président est Olivier Dassault, l’Etat français lui achète des avions militaires et il a des appuis auprès de Michèle Alliot-Marie.

Jusqu’où le monde de l’industrie commerciale et pharmaceutique peut-il être représenté dans les débats politiques ? Nos députés sont-ils neutres et indépendants ou sont-ils corrompus par les groupes de pression qui se sont insinués à l’intérieur du palais Bourbon ? Pourquoi les articles 23 et 79 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale ne sont-ils pas appliqués ? (cités en fin de texte)

Le citoyen que nous représentons doit-il fermer les yeux sur de telles pratiques ou doit-il se positionner pour demander un débat national sur la transparence et la régulation du lobbying à l’Assemblée nationale ?

L’étranger pourrait nous apporter un éclairage nouveau et nous proposer des pistes de rénovation de l’image des lobbyistes et du lobbying en France.

Au Québec, un commissaire au Lobbyisme, indépendant de l’administration gouvernementale, désigné par l’Assemblée nationale, de par sa formation juridique, contrôle, surveille et fait évoluer la mise en œuvre de la loi sur la Transparence et l’éthique en matière de lobbyisme.

Des mesures disciplinaires et des sanctions pénales sont prévues pour les lobbyistes contrevenant à la loi.

Enfin, les renseignements concernant les activités des lobbyistes sont consignés dans un registre accessible au public.

Pour évoluer vers plus de démocratie ne devrions-nous pas nous inspirer de ces avancées mises en œuvre au Québec ?

Cher citoyen, acceptez-vous de faire confiance aux lobbies ou les considérez-vous comme une nouvelle forme de dictature et d’asservissement des temps modernes ?

Nos sources : Députés sous influences. H. Constanty, V. Nouzille. Fayard.

Manuel de lobbying. M. Clamen Dunod.

www.commissairelobby

Article 23 : « Est interdite à l’Assemblée nationale toute forme ou dénomination groupe de défense d’intérêts particuliers locaux ou professionnels... Est interdite à l’Assemblée nationale toute réunion de groupement ».

Article 79 : « Il est interdit à tout député sous les peines disciplinaires prévues aux articles 70 à 76 d’exciper ou de laisser user de sa qualité dans des entreprises financières, industrielles ou commerciales ou dans l’exercice de professions libérales ou autres et d’user de son titre pour d’autres motifs que pour l’exercice de son mandat. »



27 réactions


  • sisyphe sisyphe 2 avril 2008 14:26

    Pour évoluer vers plus de Démocratie ne devrions- nous pas nous inspirer de ces avancées mises en œuvre au Québec ?

    Cher citoyen, acceptez-vous de faire confiance aux lobbies ou les considérez-vous comme une nouvelle forme de Dictature et d’asservissement des Temps Modernes ?

     

    Les réponses sont dans ces 2 questions !

    Halte aux lobbies : application stricte des articles 23 et 79 : poursuite en justice contre les lobbies et leurs activités de pression, d’influence, de corruption des députés, et inéligibilité des députés ayant manifestement cédé à ces influences.


  • Ceri Ceri 2 avril 2008 14:28

    effectivement, le lobbying court circuite littéralement le processus démocratique.

    Les cas sont innombrables, AMI, REACH, réforme des retraites pronée par les compagnies d’assurance privée, OGM, graisses et sel dans l’agrolimentaire, campagnes de vaccination, nucléaire, guerres etc...

     

    je me permets, puisque que tu es dans l’éducation nationale, de mettre un lien vers un article qui parle du lobbying au niveau européen pour "réformer" l’école, c’est-à-dire la diparition programmée des enseignants et les bienfaits des logiciels, (la formation tout au long de la vie) et la privatisation complète du système éducatif. C’est écrit dans les rapports des lobbies et groupes d epression, et recopié tel quel dans les textes de la Commission...

     

    Les gens vont dire "oui mais les syndicats aussi ce’st des lobbies". Certes, mais comparé aux multinationales les syndicats n’ont aucun poids, ni nationalement, ni internationalement (sinon les choses se passeraient autrement).

     

    Tiens, un truc à savoir : Frederic Lefebvre, député UMP et membre de la commission sur l’avenir de l’audiovisuel public, a un cabinet de lobbying (pic conseil) dont sont clientes de grosses multis concernées par ce domaine (et d’autres , Suez, Bouygues, Alcatel, Sodexho, les casinos Lucien Barrière, le fabricant de rhum Bacardi, le cigarettier Altadis)
    Mais ce ’nest pas le seul.

    Mais ce qui se passe à l’Assemblée se passe dans toutes les institutions, nationales ou internationales, loin du regard des citoyens à qui on demande seulement de payer leurs impots et de se taire.


  • Francis, agnotologue JL 2 avril 2008 15:15

    Il n’y a pas que les députés qui sont sensibles aux lobbies, les sénateurs ...

     

     

    "Le 30 mars dernier, le député François Grosdidier, a envoyé à tous ses collègues de la majorité une lettre dans laquelle il explique pourquoi il est contre le projet de loi OGM et pourquoi il demande la liberté de vote, je cite :

    "Ensuite, je pense qu’il faut amender le projet du Gouvernement et, en tout état de cause, refuser le projet du Sénat, manifestement amendé sous l’influence des groupes voulant une mise en culture rapide et massive des OGM en France, au mépris de principes affichés."


    • ZEN ZEN 4 avril 2008 08:51

      Le Lobying fonctionne pratiquement sans contrôle au cosur des instances bruxelloises

      Il faut lire Jennar :"La trahison des élites" pour en avoir un idée

       

      "..Il dresse le tableau impitoyable d’une Commission européenne toute-puissante, entièrement au service non pas des citoyens, mais des lobbies d’affaires omniprésents à Bruxelles : « Il y a eu des progrès substantiels dans les nombreux domaines sur lesquels vous avez attiré notre attention , se félicite ainsi Pascal Lamy devant l’assemblée générale de l’un d’eux, le Trans Atlantic Business Dialogue (TABD), le 23 mai 2000. En conclusion, nous allons faire notre travail sur la base de vos Recommandations.  » Jennar souligne qu’« à la différence des membres du Parlement européen, qui ne disposent même pas des documents en discussion, les groupes de pression du monde des affaires ont un accès direct aux services de la Commission et au Comité 133 [chargé de faire le lien entre les Etats membres et la Commission ] ». La Commission invite sans cesse les milieux d’affaires à lui désigner les législations et les mécanismes de protection étatiques qui mettent un frein quelconque à leurs fantasmes de prédation, et qu’ils voudraient voir lever. Elle est incontestablement, dit Jennar, « l’outil politique des groupes de pression patronaux  » ; l’instrument par lequel ils peuvent imposer leur loi d’une manière dont ils n’oseraient même pas rêver s’ils avaient affaire aux seuls Etats ; un pur instrument de contournement de la démocratie, en somme. « Ce qui est bon pour les dividendes d’une entreprise privée est, du point de vue de la Commission , nécessairement bon pour la santé des consommateurs européens  », résume Jennar. Dernière illustration en date : le 19 mai 2004, la Commission a autorisé la commercialisation au sein de l’Union du maïs transgénique Bt-11 fabriqué par le géant de l’agroalimentaire suisse Syngenta, levant de facto le moratoire européen sur les importations d’OGM en vigueur depuis 1999. « Il n’existe sur le continent européen aucune autre institution qui se consacre, aussi servilement que la Commission , à satisfaire les exigences d’intérêts particuliers au mépris de l’intérêt général  », assène Jennar. Romano Prodi n’affiche-t-il pas ouvertement l’ambition de « faire de l’Europe la zone du monde où il est le plus aisé de faire des affaires  » ?

      Jennar montre aussi le rôle actif que joue l’Union européenne pour imposer au monde entier, dans le cadre de l’OMC, l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), parfaitement dévastateur, qui oblige chaque pays à livrer au marché mondial, de manière progressive et irréversible, tous les secteurs de services de son économie, y compris l’eau, l’énergie, les transports, l’éducation ou la culture. Quand il préparait les propositions qu’il comptait présenter au nom de l’Union lors des négociations sur l’AGCS, Pascal Lamy n’a consenti à communiquer les documents de travail aux parlementaires européens que sur l’insistance des élus de gauche : un exemplaire en a été déposé dans un local surveillé, « où un membre par groupe politique a été autorisé à le regarder, sans avoir le droit de prendre des notes et encore moins de faire des copies  » ! De toute façon, la nouvelle proposition de directive sur la libéralisation des services élaborée par Frits Bolkestein, le commissaire européen en charge du marché intérieur, réussit l’exploit d’aller encore plus loin que l’AGCS : « En l’état, explique Jennar, cette proposition de directive stipule qu’il faut « mettre fin au pouvoir discrétionnaire des autorités locales ». Or, les spécialistes du droit public ou de l’histoire des institutions le savent bien, avant que se constituent les Etats-nations, l’Europe était en quelque sorte une fédération de villes. La démocratie en Europe s’est construite, depuis Athènes, à partir du pouvoir communal. Et aujourd’hui, la Commission annonce froidement, noir sur blanc, qu’il faut mettre fin à ce pouvoir des autorités locales… .. »

      "


    • YVAN BACHAUD 9 avril 2008 09:37

      Bonjour,

      M. JENNAR passe son temps à critiquer le "système" mais ne propose jamais le seul outil qui permettrait de le changer. Cette critique c’est son fond de commerce qui lui permet de sefaire un nom..

      Il y a un moyen simple de efficace et démocratique de réduire à quasi rien l’influence des lobbies c’est de donner aux citoyens européens le droit d’abroger tout ou partie d’une directive et d’en proposer de nouvelles par la voie du référendum d’initiative citoyenne européen.( RICE)Tout cela est exposé sur www.ric-france.fr

      Un groupe peut " acheter" quelques membres de la commission ou un groupe ou quelques dizaines de députés mais il ne peut acheter quelques dizaines de millions de citoyens. Tout simplement parce que cela ne serait pas rentable et que cela ne pourrait être gardé secret.

      Ce RICE était inscrit dans le projet complet de Constitution européenne présenté en Juin 2000 par Alain JUPPE, Président de l’UMP à l’époque.

      Jamais on a entendu M. JENNAR mettre en avant cette proposition lors de la campagne contre le TCE en 2005 et pas plus depuis... smiley

      M. JENNAR ne veut pas que les citoyens européens puissent avoir la maitrise de leur destin en disposant du RICE. Je lui ai en vain proposé depuis de nombreuses années de militer pour instaurer la DEMOCRATIE en Europe. Il n’a jamais répondu.

      Pourquoi ne demande t il pas qu’un article soit inscrit dans le traité de Lisbonne prévoyant en substance :

      "La souveraineté européenne appartient aux citoyens qui l’exercent par leurs représentants elus aux suffrage universel direct et préférentiel et par la voie du référendum d’initiative citoyenne en toutes matières de la compétence de l’Union."

      M. JENNAR appelle à signer des pétititons mais ne demande jamais que ces pétitions puissent déboucher sur des référendums décisionnels comme cela existe notamment en Suisse, dans 50% des états des USA, en Italie pour abroger seulement etc.

      Est-ce bien cohérent ?

      Yvan Bachaud

       

       


    • YVAN BACHAUD 9 avril 2008 09:57

      Bonjour,

      C’est un faux problème.

      Il faut bien sûr d’abord encadrer le lobbying et sanctionner sévèrement les manquements.

      Mais ensuite et surtout il faut placer les décisions des élus  de tous les niveaux territoriaux sous le contrôle des citoyens par l’instauration du référendum d’initiative citoyenne  à tous les niveaux.

      Cela réduirait beaucoup l’intérêt du lobbying et de la corruption car je crois que la France est pas bien placée en la matière. En effet pourquoi payer pour une extension d’un hypermaché si les citoeysn peuvent remettre encause le permis de construire ? Soit le scitoyens sont POUR et cela ne sert a rien soit ils sont CONTRE et là c’est de l’argent perdu.

      Ce n’est pas que les citoyens sont plus vertueux que les politciens mais ce ne seraient pas rentables de les acheter et cela ne pourrait être gardé secret.

      Sur le site www.ric-france.fr on peut trouver pas mal d’informations et de propositions sur ce sujet fondamental car c’est en fait instaurer la Démocratie en France.

      Cordialement

      Yvan Bachaud

       


  • Yannick Harrel Yannick Harrel 2 avril 2008 15:20

    Bonjour,

    Merci pour votre et surtout cet air rafraîchissant venu du Québec. Il faut savoir que si en France l’on n’ose guère évoquer le pouvoir des lobbies, ceux-ci sont en revanche officiels aux Etats-Unis bien sûr mais aussi et surtout à Bruxelles.

    L’existence des lobbies et leur enregistrement me poserait moins de problème que l’hypocrisie actuelle, et éviterait les détestables découvertes quelques années plus tard de collusion entre les milieux d’affaires et tel groupe de députés qui, ô surprise, votait des lois favorables à un secteur d’activité précis. Là pour reprendre la vulgate libérale, la concurrence est faussée en ce sens qu’elle n’est pas transparente... La vérité c’est que les entreprises, en tant qu’acteurs économiques et sociaux du pays, ont aussi droit à la parole : le tout c’est que cette parole ne devienne pas évangile faute d’autre son de cloche...

    Quant à créer un poste de M. Lobbyisme à l’instar du Québec, moi je dis banco mais encore faut-il s’assurer de son impartialité ! Et à vrai dire je préfèrerais un collège de personnes tant la pression pourrait être lourde sur les épaules d’un seul défenseur de l’éthique politique. Ensuite resterait l’épineuse question de leur nomination...

    Cordialement


  • Zawgyi 3 avril 2008 10:20

    Avant de dénoncer le lobbying dans son ensemble, il faudrait avant tout définir ce que l’on entend par là. Trop souvent, l’image des lobbies est assimilée à celle de groupes de pressions financés par le "complexe militaro-industriel", comme on se plait à l’appeler, ou par des grands groupes. Ces "lobbies" ont sans doute amorcé le mouvement et sont certainement ceux dont on entend le plus parler, mais ils sont loin de représenter l’ensemble de l’activité de lobbying.

    Pour revenir un peu à l’origine du mot, le terme "lobby" qui signifie "hall" ou "couloir" en anglais, désigne cet espace public autour du parlement américain où les groupes d’intérêt ont l’habitude de venir chercher à agripper un député ou un sénateur au passage, pour tenter de les sensbiliser à une cause. Peu à peu, des entreprises se sont créées pour effectuer ce travail à plein temps au service de clients, le plus souvent de grandes entreprises. D’où l’image négative de groupes d’influence défendant les intérêts de la NRA, des fabricants de tabac ou d’armes, qui est dorénavant accolée aux lobbies.

    La réalité n’est pourtant pas aussi simple et il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Le lobbying n’est plus seulement l’apanage des grands groupes. Il est maintenant courant pour des associations, des ONG ou des syndicats de faire du lobbying. Les pressions réclamant un vote de sanctions contre la Chine à cause de la répression qu’elle mène au Tibet en est un exemple. Les associations réclamant des sanctions contre les sectes, les associations de consommateurs réclamant un contrôle des tarifs des opérateurs Internet, les manifestations de soutien à Ingrid Bétancourt, etc... Toutes ces actions montrent que le lobbying peut être mis au service d’une grande cause.

    Le mode de fonctionnement de l’Union Européenne est d’ailleurs extrêmement favorable au lobbies pour cette raison : il permet aux petites structures et aux minorités de s’exprimer librement, afin que les votent ou réglementations ne soient pas seulement le reflet des discours des plus grands. Les nouveaux entrants au sein de l’UE l’ont bien compris et sont massivement présents à Bruxelles. On les voit distribuer brochures et études démontrant les richesses ou les besoins de leurs territoires, afin d’obtenir des aides pour leur développement. Sans ces actions, combien de territoires ruraux isolés auraient pu se développer ? Il suffit pour cela de considérer l’augmentation des aides affectées aux territoires de montagne européens dans les nouvelles programmations. Ou encore la prochaine publication d’un Livre Vert sur la cohésion territoriale, prenant enfin en compte les services à la personne, l’aménagement du territoire, le développement durable, alors que seul le développement économique et l’urbanisme comptaient autrefois.

    Enfin, le lobbying a permis de faire naître un vaste mouvement de mise en réseau de petits acteurs, qui se rassemblent, pour des questions de masse critique, autour d’objectifs ou d’intérêts communs. Des associations européennes d’élus de montagne, d’îles méditerranéennes, d’agriculteurs biologiques, de petits opérateurs de proximité, etc. ont ainsi vu le jour. Ils ont permis de créer une réelle dynamique européenne au-delà des seules autorités et institutions politiques, au niveau des populations européennes. Cette union des Européens leur donne la force nécessaire pour contrer l’influence et le pouvoir des grands groupes internationaux, mais permet également de créer un sentiment d’appartenance à l’Union Européenne, de faciliter les échanges culturels et humains, et finalement de construire l’Europe des peuples dont rêvait Schumann.

    Je pense par conséquent que le lobbying est essentiel en ce qu’il permet un rééquilibrage des enjeux de pouvoirs, les grands groupes d’influence n’ayant nullement besoin de créer des lobbies pour être en mesure d’influencer les politiques. La corruption n’a-t-elle pas existé de tous temps ? Que resterait-il alors aux minorités et aux populations trop faibles pour faire valoir leurs droits ? De plus, un enradrement très stricte des activités de lobbying permettrait d’amener un peu de transparence dans les jeux de pouvoirs et de limiter également la corruption, les alliances secrètes et toutes ces affaires qui entachent la politique.

    Je crois qu’il est temps de combattre les clichés et les amalgammes simplificateurs résumant le mot "lobby" à celui de "grand méchant loup". Finalement, comme toujours, la réalité n’est pas aussi simple qu’on voudrait bien le croire et le monde n’est qu’un vaste dégradé de gris. Il est malheureux de voir la résistance culturelle de la France face au lobbying, activité pourtant adoptée gaiement par tous les autres pays européens qui y trouvent leur compte, alors que nosu accumulons notre retard. Pourquoi faudrait-il que la défense des intérêts de nos populations et de nos territoires soient le terrain de chasse gardée de nos élus ? Faut-il simplement limiter nos actions de lobbying aux visites présidentielles débouchant sur la vente d’Airbus, ou à la défense de la PAC par notre Ministre de l’Agriculture ? Il me semble qu’en la matière la meilleure solution se résume à ce vieil adage : "aide-toi et le ciel t’aidera" !


    • Voltaire Voltaire 3 avril 2008 12:03

      Je souscris largement à ce commentaire. Le "lobbying" est un phénomène normal dans toute démocratie. En s’associant, les citoyens, professionnels ou entreprises vont très logiquement défendre leurs intérêts à l’assemblée nationale. Bien évidemment, les lobbys ne se résument pas aux industriels : associations de patiens, d’automobilistes etc... font du lobbying, et c’est aussi le rôle des parlementaires que d’écouter les divers points de vue.

      Ce qui est en revanche indispensable, c’est la transparence du système, et la nécessité pour le(s) parlementaire(s) de recevoir et écouter les différentes parties impliquées. Ceci devrait faire partie de l’engagement de tout parlementaire, et la pratique du lobbying se doit d’être strictement encadrée. En particulier, un parlementaire se doit de refuser tout service, cadeau ou invitation qui pourrait être interprétée comme un avantage indu.


    • brigit brigit 3 avril 2008 22:57

      Dictionnaire du lobbying( éditions ems B Gosselin ) , je cite :"Peut-être considérée comme lobbyiste toute personne qui discute de sujets avec un représentant des Pouvoirs publics dans l’espoir d’influer une décision ou des débats législatifs. Si l’on reprend cette définition , tout citoyen ou tout membre d’organisation ou groupe d’intérêt qui débat avec un Parlementaire peut être considéré comme un lobbyiste."Cette citationpourrait aller dans le sens de toutes les actions que vous englobez dans "Aide - toi et le ciel t’aidera". Par contre si vous lisez le livre " Députés sous influences"de Constanty et de Nouzille cité en référence dans mon article ,en toute objectivité et sans polémique il semblerait que l’on soit plus dans "La loi du plus fort est toujours la meilleure" en dehors de toute considération manichéenne. C’est dans ce sens sans doute , qu’il faut parler de la nécessité d’une régulation et d’ une transparence des interventions des lobbyistes dans la vie politique et économique française . Merci pour votre témoignage ,Zawgyi . Cordialement.


  • Zawgyi 3 avril 2008 10:40

    Avant de dénoncer le lobbying dans son ensemble, il faudrait avant tout définir ce que l’on entend par là. Trop souvent, l’image des lobbies est assimilée à celle de groupes de pressions financés par le "complexe militaro-industriel", comme on se plait à l’appeler, ou par des grands groupes. Ces "lobbies" ont sans doute amorcé le mouvement et sont certainement ceux dont on entend le plus parler, mais ils sont loin de représenter l’ensemble de l’activité de lobbying.

    Pour revenir un peu à l’origine du mot, le terme "lobby" qui signifie "hall" ou "couloir" en anglais, désigne cet espace public autour du parlement américain où les groupes d’intérêt ont l’habitude de venir chercher à agripper un député ou un sénateur au passage, pour tenter de les sensbiliser à une cause. Peu à peu, des entreprises se sont créées pour effectuer ce travail à plein temps au service de clients, le plus souvent de grandes entreprises. D’où l’image négative de groupes d’influence défendant les intérêts de la NRA, des fabricants de tabac ou d’armes, qui est dorénavant accolée aux lobbies.

    La réalité n’est pourtant pas aussi simple et il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Le lobbying n’est plus seulement l’apanage des grands groupes. Il est maintenant courant pour des associations, des ONG ou des syndicats de faire du lobbying. Les pressions réclamant un vote de sanctions contre la Chine à cause de la répression qu’elle mène au Tibet en est un exemple. Les associations réclamant des sanctions contre les sectes, les associations de consommateurs réclamant un contrôle des tarifs des opérateurs Internet, les manifestations de soutien à Ingrid Bétancourt, etc... Toutes ces actions montrent que le lobbying peut être mis au service d’une grande cause.

    Le mode de fonctionnement de l’Union Européenne est d’ailleurs extrêmement favorable au lobbies pour cette raison : il permet aux petites structures et aux minorités de s’exprimer librement, afin que les votent ou réglementations ne soient pas seulement le reflet des discours des plus grands. Les nouveaux entrants au sein de l’UE l’ont bien compris et sont massivement présents à Bruxelles. On les voit distribuer brochures et études démontrant les richesses ou les besoins de leurs territoires, afin d’obtenir des aides pour leur développement. Sans ces actions, combien de territoires ruraux isolés auraient pu se développer ? Il suffit pour cela de considérer l’augmentation des aides affectées aux territoires de montagne européens dans les nouvelles programmations. Ou encore la prochaine publication d’un Livre Vert sur la cohésion territoriale, prenant enfin en compte les services à la personne, l’aménagement du territoire, le développement durable, alors que seul le développement économique et l’urbanisme comptaient autrefois.

    Enfin, le lobbying a permis de faire naître un vaste mouvement de mise en réseau de petits acteurs, qui se rassemblent, pour des questions de masse critique, autour d’objectifs ou d’intérêts communs. Des associations européennes d’élus de montagne, d’îles méditerranéennes, d’agriculteurs biologiques, de petits opérateurs de proximité, etc. ont ainsi vu le jour. Ils ont permis de créer une réelle dynamique européenne au-delà des seules autorités et institutions politiques, au niveau des populations européennes. Cette union des Européens leur donne la force nécessaire pour contrer l’influence et le pouvoir des grands groupes internationaux, mais permet également de créer un sentiment d’appartenance à l’Union Européenne, de faciliter les échanges culturels et humains, et finalement de construire l’Europe des peuples dont rêvait Schumann.

    Je pense par conséquent que le lobbying est essentiel en ce qu’il permet un rééquilibrage des enjeux de pouvoirs, les grands groupes d’influence n’ayant nullement besoin de créer des lobbies pour être en mesure d’influencer les politiques. La corruption n’a-t-elle pas existé de tous temps ? Que resterait-il alors aux minorités et aux populations trop faibles pour faire valoir leurs droits ? De plus, un enradrement très stricte des activités de lobbying permettrait d’amener un peu de transparence dans les jeux de pouvoirs et de limiter également la corruption, les alliances secrètes et toutes ces affaires qui entachent la politique.

    Je crois qu’il est temps de combattre les clichés et les amalgammes simplificateurs résumant le mot "lobby" à celui de "grand méchant loup". Finalement, comme toujours, la réalité n’est pas aussi simple qu’on voudrait bien le croire et le monde n’est qu’un vaste dégradé de gris. Il est malheureux de voir la résistance culturelle de la France face au lobbying, activité pourtant adoptée gaiement par tous les autres pays européens qui y trouvent leur compte, alors que nosu accumulons notre retard. Pourquoi faudrait-il que la défense des intérêts de nos populations et de nos territoires soient le terrain de chasse gardée de nos élus ? Faut-il simplement limiter nos actions de lobbying aux visites présidentielles débouchant sur la vente d’Airbus, ou à la défense de la PAC par notre Ministre de l’Agriculture ? Il me semble qu’en la matière la meilleure solution se résume à ce vieil adage : "aide-toi et le ciel t’aidera" !


  • L'enfoiré L’enfoiré 3 avril 2008 11:18

    @L’auteur,

     Un complément à cet article en URL


  • Ulcinie 3 avril 2008 12:13

    Les hommes n’étant pas des saints j’ai la vague impression que le lobbying est inévitable. Comme tout ce qui concerne le bien public il me semble que les contrôles doivent être plus développés. La presse n’ayant plus le rôle de contre pouvoir, le net me paraît une issue positive. J’ai l’image d’une scène de film avec Jean Gabin, le Président (à confirmer), ou il passait en revue chaque député en spécifiant le groupe pour lequel il oeuvrait. J’aimerais avoir ce genre d’information afin de savoir pour qui je vote.


  • aquad69 3 avril 2008 14:26

    Bonjour Brigit,

    sujet intéressant que le lobbying ; en effet, à étudier un peu l’origine des réformes et du développement des lois qui nous touchent et modifient nos vies quotidiennement, on constate qu’elles sont dues, soit à des catastrophes ou accidents qui ont amené les décideurs à prendre des mesures, soit, pour la majorité d’entre elles, à l’influence de lobbies qui ont "poussé" telle ou telle idée jusqu’à son application.

    Et je suis d’accord avec Zawgyi, non seulement il n’y a pas que les lobbies économiques, mais finalement les plus influents seraient plutôt idéologiques, sous la formes d’associations en tous genres, plus ou moins connues.

    Les gouvernements eux-mêmes ne font qu’accompagner la vague, pour prendre l’avantage politique : les programmes et promesses électorales sont avant tout de la nature d’une démarche commerciale : il ne s’agit en somme que de "vendre" un parti ou un futur gouvernant en piochant telle ou telle idée pour présenter à leur clientèles tel ou tel "avantage" et servir d’argument, mais ils sont rarement à l’origine des idées elles-même.

    D’où sont parties, par exemple, les lois anti-tabac, ainsi que les nouvelles mesures de sécurité routière de plus en plus draconiennes, et aussi l’idée de développer encore les contrôles automobiles ? Vous souvenez-vous d’avoir été consultés pour celà, y a-t-il eu référendum pour dégager une majorité là-dessus ? Celà ne vous a jamais étonné ? C’est peut-être là le résultat d’un travail souterrain d’associations que nous connaissons peu, et qui a pu durer des années, et de l’affinité qu’ont eu avec elles certains membres du Gouvernement.

    D’où part chaque année, autre exemple, l’idée de cette véritable chasse et au contrôle sur la route des magrébhins à l’occasion de leur fête du mouton, pour voir s’ils n’en ont pas tué un sans passer par un abattoir officiel ? Rendez-vous compte : on mobilise en grand nombre des forces policières et de gendarmeries pour ça ! Et celà a bien sûr un coût... Il se pourrait que celà soit la marque de l’influence caractéristique de certains milieux de défense des animaux, entre autres.

    Il ne s’agit là que de petits exemples qui me viennent à l’esprit car je les ai trouvé frappants et concrets, mais qui sont bien sûr sans réelle gravité en eux-même ; on peut même trouver ces mesures utiles, il ne s’agit pas de juger les causes et opinions de telle ou telle association. Il serait évidemment plus intéressant de rechercher les raisons réelles qui font pencher les budjets publics vers tel ou tel projet...

    C’est le principe qui est grave, car d’une part il n’est autre finalement que la reconnaissance du fait qu’il ne s’obtient rien chez nous autrement que par la manipulation, et d’autre part qu’il consacre le pouvoir que peuvent obtenir, dans ce genre de système, des gens en minorités parfois infimes mais décidés, organisés, tenaces et agressifs, militants en un mot, sur une majorité inconsciente et paisible.

    C’est le pire argument de réfutation qui puisse exister contre le principe de démocratie de nos pays : un système où les gouvernements ne gouvernent pas, ne sont pas au service de la majorité, mais ondulent en ménageant à droite et à gauche les groupes de pressions les plus actifs, parce qu’il dépendent d’eux. Et où les sources et les origines réelles des idées et des tendances responsables des évolutions et des influences que nous subissons nous sont inconnues, car issues des milieux les plus souterrains et les plus interlopes qui soient. Les USA en sont un cas d’école, bien sûr, mais celà se passe aussi chez nous.

    Et celà tendrait malheureusement à prouver que vos votes, Mesdames et Messieurs, ne servent rigoureusement à rien : car vous n’élisez pas ceux qui ont réellement le pouvoir, et qui sont à l’origine des changements et des orientations de notre société, ceux qui maîtrisent réellement les choses, mais seulement leurs portes-paroles, ceux qui sont chargés de mettre ces orientations en oeuvres.

    Cordialement Thierry

     


  • Lisa SION 2 Lisa SION 3 avril 2008 16:52

    Si les lois étaient appliquées par tous, il n’y aurait rien à craindre. Mais, si ceux même qui les votent ne les appliquent pas, c’est vous dire le pouvoir des lobbys. Pourquoi personne ne respecte la loi ? Parce que le profit immédiat l’emporte sur la morale et l’ethique. Et, se soumettre au profit, renforce les-dits lobbys, au point même que ceux-çi deviennent si puissants que même un Etat seul, ne peut lui faire face. 

    Le plus puissant de tous les lobbys set celui qui a acheté la justice et peut ainsi être garanti de gagner tous les pires procès ! Mais le secret de leur puissance réside dans le fait que nous ignorons que nous sommes, chacun d’entre nous, un maillon plus ou mons solide de la chaine qui nous relie à eux. Tous nos petits abonnements quotidiens multipliés par l’ensemble des consommateurs, cela représente des sommes considérables. Rien que l’Eglise, par exemple, pendant presque dix siècles, elle a vendu du vent. Son seul argument d vente, est ce temple extraordinaire qu’est cette cathédrale ! 


  • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 3 avril 2008 19:29

     

    En démocratie, les lois devraient être adoptées d’après la volonté exprimée par la majorité des citoyens. En attendant une démocratie future et hypothétique, c’est un fait qu’actuellement les lois sont proposées et adoptées selon ce qui est imposé ou subtilement suggéré par :

     

    – les activistes remuants, qui sont minoritaires mais souvent bien servis par les médias,

     

    – les sociétés de lobbying – payées par les groupes d’intérêts, souvent des groupes d’affaires, des entreprises, parfois des syndicats professionnels, etc. – qui savent influencer ceux qui écrivent les lois.

     

     

    Le journal français « 20 minutes » daté du 2 octobre 2006 signale que :

     

    – 50 organismes disposent d’un badge d’accès à l’Assemblée parlementaire française. Parmi eux : Air France, EDF, GDF, TotalFinaElf, le Medef, la FNSEA. 

     

    – 128 groupes d’études siègent à l’Assemblée parlementaire française : sur les biocarburants, l’industrie aéronautique, la presse, l’armement, …

     

    – une centaine d’assistants parlementaires travaillent également pour des cabinets de conseil.

     

     

    À Bruxelles, les lobbies sont déclarés à la Commission européenne (voir les notes en fin de l’article). La Commission européenne prétend que « ces lobbies sont la garantie que les lois écrites par la Commission sont démocratiques puisqu’elles reflètent les points de vue des groupes concernés par ces lois ». Les technocrates de la Commission font peut-être une confusion de signification entre « démocratie », « technocratie » et « oligarchie »…

     

     

    Ces quelques lignes sont extraites de l’article « Comment contrer les lobbies de toute sorte et comment aller vers la démocratie » qui a été publié par AgoraVox.

     

     

    Cet article, publié il y a quelques mois, rappelle les diverses corruptions engendrées par les lobbies (concernant par exemple le découpage et la privatisation d’EDF-GDF), dont la façon de dicter les lois est tout simplement antidémocratique.

     

     

    En attendant … dans les pays de l’Union européenne, nous sommes encore loin de la démocratie et peut-être même nous nous en éloignons malmenés par le processus de la globalisation.

     

     

    De nombreux articles et livres ont été écrits pour dénoncer le règne des groupes de pression au dépens de la démocratie. Concernant ce sujet comme concernant les autres questions qui relèvent des décisions politiques, les articles que l’on peut écrire, sur AgoraVox ou ailleurs, peuvent-ils amener les politiques qui sont au pouvoir à respecter les règles fondamentales de la démocratie véritable ? Quelles actions faut-il entreprendre pour obliger enfin les politiques au pouvoir à mettre en application la démocratie véritable, la démocratie dans laquelle chaque décision politique répond aux souhaits de la majorité des citoyens qui se sentent concernés par la décision ?

     

     

     


    • brigit brigit 3 avril 2008 22:16

      Il faudrait effectivement poser des actes pour permettre une avancée réelle sur le dossier du lobbying.D’abord Agoravox , car je suis convaincue que cette fondation peut ouvrir un accès aux hautes sphères journalistiques (radios , journaux , télévisions .Ensuite une action de grande envergure dans les mois à venir si tout va bien. Je suis déterminée , et le positionnement collectif citoyen fera le reste. L’espoir est permis pour ceux qui souhaitent le changement . Cordialement.


  • aquad69 4 avril 2008 12:21

    Bonjour Brigit,

    parmis les actions peut-être les plus efficaces, il pourrait y avoir une information systématique du public et un mise au grand jour des démarches de lobbiying et des groupes qui le pratiquent couramment.

    Le lobbiying a besoin, pour se développer et être efficace, de discrétion, d’obscurité et d’invisibilité. La transparence et la lumière sont ses pires ennemis.

    Ce devrait évidemment être le rôle d’une presse digne de ce nom, mais nous savons qu’elle n’existe plus. Il y a par contre encore de nombreux vrais journalistes, souvent frustrés et dégoûtés par ses compromissions, et qui pourraient profiter de tribunes comme Agoravox.

    Que le net se mette sur ce cheval de bataille, et soit en mesure de révéler et expliquer le fond de certains processus et de certaines "affaires", que certains sites réussissent à inspirer le même respect et la même confiance que le "Canard Enchaîné", par exemple, et il pourrait alors se drainer vers lui beaucoup d’informations de premières mains, et peut-être dans ce cas en viendrait-il à acquérir une influence qui permettrait de parler réellement de sixième pouvoir.

    Mais si vraiment une telle démarche se montait et qu’elle soit efficace, attendez-vous alors en retour à des réactions apocalyptiques de la part des pouvoirs que vous gêneriez, bien avant même de les menacer réellement.

    Souvenez-vous du "cas" Denis Robert et de ce qui lui est arrivé pour avoir simplement révélé au public ce qui était évidemment déjà connu dans tous les milieux des professions financières ; car s’il y a une choses que tous les milieux maffieux et corrompus n’ont jamais pardonné, c’est que l’on enfreigne la loi du silence.

    Finalement, la laïcité n’y change rien : Galilée continue encore aujourd’hui à se faire brûler sur son bûcher.

    Cordialement Thierry


    • brigit brigit 4 avril 2008 18:55

      Le devoir du "politique" est-il de donner entière satisfaction à l’opinion publique ?L’Etat est-il l’ennemi de la liberté d’entreprendre et du droit à la libre concurrence ?La Démocratie peut-elle refléter les intérêts de toutes les couches de la société ? Voilà les questions qui me viennent à l’esprit en lisant votre texte. Merci de votre contribution au débat. Cordialement.Brigit.


    • Lisa SION 2 Lisa SION 6 avril 2008 07:46

      Bonjour brigit,

      Le devoir du "politique" est-il de donner entière satisfaction à l’opinion publique ...avez vous écrit.

      Savez vous que Marie Monique Robin a effectué une projection à l’assemblée nationale de son documentaire sue " Le monde selon Monsanto " et que, à part le Modem et quelques verts, tous les socialistes et l’UMP ont boudés la projection... Et ceci alors que 80 % des français rejettent les O.G.M. .

      Il semble évident que l’Etat nous tourne le dos pour des intérêts lobbyistes flagrants, .


    • brigit brigit 6 avril 2008 15:20
      • De plus en plus de Députés dénoncent l’influence des lobbies à l’Assemblée Nationale.Voici une liste non exhaustive issue de mes recherches (l’ouvrage de référence est toujours le même) :Jacques Floch(PS Loire Atlantique) ,Michèle Rivasi (PS Drôme , fondatrice CRIIRAD , dénonce les mensonges de Tchernobyl ) , Geneviève Gaillard (PS Deux- Sèvres ,pour un statut des animaux dans le Code Civil) , Yves Bur (contre les lobbies des cigarettes , de l’alcool, du transport , mais paradoxalement pro industries pharmaceutiques ) , Muriel Marland Militeud ( contre les corridas et les combats de coq ) , Yves Cochet (Pétrole Apocalypse , toutes sespropositions ont été rejetées ) , Nathalie Kiosciusko Moriset (écolo de Droite , liée à Yves Cochet ; groupe d’études sur les pollutions industrielles historiques) , Jean Lassale , François Aubert , Claude Greff, Gérard Bapt. et Alexander Stubb pour la Finlande Il existe aussi une association des élus contre la corruption des élus (Séverine Tessier anticorp.wordpress.com). Faut-il demander à nos élus de se regrouper au delà des tendances politiques pour faire avancer la Démocratie ? Le Modem et les Verts ont montré l’exemple au sujet du péril Monsanto , comme vous le dites dans votre intervention ; que les "politiques " des autres tendances , se mobilisent collectivement sur ce grave Débat d’idées pour montrer autre chose que la désolation des disputes , des quêtes personnelles de Pouvoir . Cordialement .Brigit

    • brigit brigit 10 avril 2008 19:27
      • "Ce sont les lobbies qui sont au pouvoir , car les politiques se soumettent la plupart du temps à leurs demandes". L’absentéisme de certains Députés au moment du vote de l’amendement définissant les conditions d’organisation de mise en culture des OGM en France , la récente promotion de la secrétaire d’Etat à l’Ecologie comme Secrétaire Générale adjointe UMP , le fait qu’on lui interdise de participer à un voyage au Japon interpelle. Même si nous sommes" le quatrième pays du Monde à légiférer sur la nécessité du principe de précaution par rapport aux OGM " (Jean - Louis Borloo RTL) , il semblerait , comme le dit Monsieur Peiro "qu’aujourd’hui l’esprit du Grenelle de l’environnement est mort.. " Le ministre chargé de cette question au Gouvernement a-il une capacité réelle d’agir et d’innover face à la toute puissance des groupes de Pression ?Qu’en est-il de ce formidable élan qui a associé tant de signataires autour du Pacte écologique de Nicolas Hulot ? Même si l"incident est clos " (Jean- Louis Borloo ) , le citoyen peut se demander pourquoi Madame Kosciusko- Morizet semble menacée dans son attitude "trop proche des écologistes " ?( Elle est soutenue par Greenpeace et France Nature environnement : le Monde .fr ) Pour en finir , les lobbies sont bien la Loi du larché des Semences car le Droit d’inscription au Registre National des Semences s’élève à 7500 euros par variété et par an : la biodiversité résistera-t-elle au monde de l’argent ?

  • Dolores 4 avril 2008 15:06

    Ce sont les lobbies qui sont au pouvoir car les politiques se soumettent la plus part du temps à leurs demandes.

    On voit bien que les lois ne sont pas respectées.

    Rappelez-vous l’ESB et la "vache folle" : le lobby de la viande bovine anglaise a fait pression sur la commission européenne par l’intermédiaire d’un ministre anglais pour ne pas qu’elle révèle la maladie et empêche ainsi l’embargo.

    Dans cette histoire nous comprenons facilement que l’intérêt économique passe avant la santé,la contamination et la mort des personnes qui dans une histoire de "gros sous" ne comptent pour rien.

    L’argent domine la politique.


  • Lisa SION 2 Lisa SION 6 avril 2008 07:31

    On peut très bien observer le pouvoir des lobbys dans les domaines du cinéma et de la musique. Avant Internet, il ne suffisait pas d’avoir une belle voix, de composer de beaux morceaux avec de belles paroles bien d’actualité pour interresser le monde fermé du show bizz. Il vous choisissaient si vous faisiez déjàpartie de leur "famille" pour remplir un créneau libre et vous façonnaient à leur souhaits. 

    C’est ce Lobby du cinéma qui a réussi à faire croire que les requins étaient des animaux dangereux et prédateurs voraces. On apprend aujourd’hui que le requin n’aime pas la viande humaine, et qu’il ne fait que défendre son territoire. C’est également un fantasme qui fait croire à l’home que ses ailerons sont aphrodisiaques. On peut voir une vidéo de pècheurs qui coupent tous les ailerons d’un requin avant de le rejeter à l’eau vivant...

    Tout ça parce que les asiatiques sont complètement obsédés sexuels... ! Je ne vous livrerais pas le lien vers les cours d’éducation sexuelle que subissent les jeunes japonaises dans leur classes...Grave !

    Il est urgent de lutter contre tout puissant lobby, il en va de l’avenir de la démocratie.


    • brigit brigit 6 avril 2008 14:47

      .L’ARP , société civile des Auteurs - Réalisateurs - Producteurs défend les intérêts économiques et moraux de ses membres. Son action se traduit par sa présence dans l’organisation de manifestations culturelles en France (Les rencontres cinématographiques de Beaune , par e’xemple).Entre Décembre 2005 et juin 2006 , les Députés du Palais Bourbon ont subi les pressions des lobbies musicaux et cinématographiques .Leur ingérence démesurée au moment des discussions sur un nouvel article du Code de la propriété Intellectuelle a permis que le vote de Loi des Députés sanctionne de" trois ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende le fait d’éditer ,de mettre à la disposition ou de communiquer au public un dispositif non autorisé d’oeuvres ou d’objets protégés."(Ajout à l’article L.335-2 du Code de la Propriété intellectuelle)Alain Suguenot ardent défenseur de la liberté sur internet et ouvertement antilobbyiste s’est vu contraint d’annuler les Rencontres Cinématographiques de Beaune , qui se tenaient dans sa ville depuis quinze ans."Le Député affirme s’être retrouvé seul face à une demi- douzaine de professionnels dont Bertrand Tavernier , Jean- Jacques Annaud et Claude Zidi qui lui ont dit qu’ils se sentaient trahis par ses choix politiques."Alain Suguenot ne s’est pas gêné pour dire :"Les lobbies sont tabous en France.Arrêtons de nous cacher derrière notre petit doigt ! Jamais on ne les a vus autant qu’à l’occasion de ce Débat. Il est urgent de légiférer pour introduire davantage de transparence ."Que penser de la Fnac et de Virgin , qui soucieux" de protéger leurs ventes de CD et de DVD , ont fait une démonstration de lobbying à l’intérieur de l’ Assemblée Nationale , à l’invitation du Ministère de la Culture" ?Que penser de la présence" de Jacques Blache , Directeur des relations institutionnelles de la SACEM dans la salle des Quatre Colonnes réservée aux Députés , aux membres du Gouvernement et aux journalistes ( et , ce au moment des discussions au sujet de l’ AmendementL.335-2-1 ?"Que penser de la présence de cinéastes , de musiciens et de chanteurs connus , de dirigeants de la SACEM , de la FNAC et du SNEP , dans les Salons de la Présidence ,à l’ hôtel de Lassay , sur invitation de Jean- louis Debré ?L’enquête de Constanty et de Nouzille est une mine d’or de renseignements et elle peut vraiment changer la donne de la situation :de plus en plus de Députés ne supportent plus cette situation d’opacité .Quand à nous , citoyens , il ne nous reste qu’à espérer que le livre de Constanty et Nouzille pulverisera le record des ventes et suscitera une force capable de fissurer et d’ébranler les résistances et les obstacles qui freinent le renouveau tant attendu au niveau des institutions politiques Françaises , pour une sixième République , plus Juste et plus Citoyenne.Cordialement Brigit


  • Walid Haïdar 22 avril 2008 18:13

     Article utile, sujet crucial !

    Au passage je tiens à signaler à quel point ça fait du bien de lire un débat apaisé et courtois sur AgoraVox : merci à tous.

    Il a été dit plus haut que le lobbyisme était une activité normale en démocratie (à condition qu’elle soit transparente et suive un cadre législatif bien défini).

    Le lobbyisme permettrait en effet, entre autres, à certains groupes minoritaires et peu médiatisés de faire valoir leurs intérêts au près de ceux qui votent et proposent les lois.

    Je suis en désaccord radical avec tout ceci, et pourtant, je déteste les opinions dépourvues de nuances.

    Je suis en désaccord radical avec ces idées, pour plusieurs raisons :

     

    1/ Si l’on autorise le lobbying en France (c’est à dire si on révise la constitution), on l’autorisera à tous y compris aux gros. Or je m’excuse, mais je ne suis pas près à débattre du fait que les plus gros lobbyistes seront les plus influents : c’est une évidence. Je ne parle pas des plus gros financièrement. Je parle des plus gros tout court.

    Ceci met à mal l’idée selon laquelle le lobbyisme permettrait aux petits groupes de se faire entendre, puisqu’à chaque fois que leurs intérêts seront en conflit avec ceux de grs lobbyistes, ils ne seront pas écoutés. Ceci sera d’autant plus accentué que le lobbyisme sera de vigueur d’ailleurs.

     

    2/ Le lobbyisme est un système que je trouve absolument anti démocratique. Pour moi, la démocratie, ce n’est pas une campagne de pub. Or quand on défend ses intérêts auprès de qui que ce soit, on se fait de la pub. C’est vrai tout le temps : celui qui défend ses intérêts n’est pas objectif, la conjugaison des campagnes de pubs de tous les groupes d’intérêts ne donne pas la meilleur formule pour la défense des intérêts de la nation dans son ensemble : cette conjugaison favorise d’abord, ceux qui viennent défendre leurs intérêts, et parmi eux ceux qui sont les plus influents, et donc en général les plus gros. 

     

    3/ Finalement, le lobbyisme en démocratie participe d’une conception assez faiblement éthique, et peu ambitieuse. Le lobbyisme, à l’intérieur de la démocratie, démultiplie la démarche du citoyen, quand elle ne la court-circuite pas. C’est à dire que si l’on veut défendre ses intérêts et ceux de ses causes/entreprises/autres préférés, on est plus citoyen seulement, mais on est en plus membre de tel ou tel groupe d’intérêt citoyen. On pose un bulletin dans l’urne un certain nombre de fois au cours de sa vie, on participe à des débats avec ses concitoyens, et avec ses élus, mais ce n’est pas suffisant. Pour aider les élus à prendre des décisions qui tiennent compte de tous les groupes d’intérêts, ou d’un maximum, on va leur expliquer ce qu’il faut faire en essayant de les séduire dans les couloirs. Comment penser une seule seconde que le lobbyisme n’est pas une relation perverse, car mensongère, au même titre que la publicité ?

     

    Mais me dirons certains, qu’est-ce qu’on fait, pour que les politiques ouvrent les yeux sur tel ou tel sujet précis ? Si par exemple, je veux sensibiliser les décideurs au problème des conditions de vie dans les prisons françaises, ce serait pas mal que je puisse monter une asso et que je puisse venir les en informer à l’assemblée non ?

    Et ben non, ce serait pas bien. Parcequ’il n’y a pas QUE le problème des prisons, et parceque quoi qu’il arrive, et quel que soit le nombre de lobbyistes et de groupes de pressions présents à l’assemblée, les députés traiteront sans répit d’une multitude de sujet tout aussi importants.

    Peut-on croire une seconde, que la conjugaison des influences des lobbyies permet le meilleur éclairage possible sur les problèmes et les enjeux pour la nation ? Les élus sont des taupes qui ne voient pas le jour ? qui ne sont pas en contact avec la réalité ?

    Je ne le pense pas, et je ne pense pas que leur éclairage puisse être amélioré par des groupes d’intérêts. Les groupes d’intérêts, c’est foncièrement malhonnête, même si ça l’est plus ou moins.

    J’ai, et j’espère que d’autres avec moi, une idée autrement plus élevée de la démocratie.

    Aujourd’hui, nous bénéficions avec internet d’un outil extraordinaire pour faire circuler l’information. La démocratie doit s’approprier profondément cet outil (par un processus qui sera ou ne sera pas, mais que je me garderais bien de définir ici, même si j’ai quelques idées évidemment de choses à mettre en oeuvre pour aller dans ce sens).

    S’approprier profondément cet outil, c’est donc l’appropriation de l’information qui concerne soi-même, mais aussi les autres, ses concitoyens. Et lorsqu’on a une meilleure conscience, une conscience plus élargie de l’autre, de sa situation, des problématiques qui le concernent, on est plus à même, lors du débat démocratique, d’orienter les questions et les réponses de ce débat, dans le sens de l’intérêt de la nation.

    C’est ainsi que l’on vote pour un projet élaboré dans des conditions démocratique.

    De cette façon, la plus libre et plus intense circulation de l’information améliore le débat démocratique.

    Mais cette appropriation ne peut se réaliser correctement si les partis et les gouvernants ne s’y adaptent pas.

    Un parti, dans ce contexte, n’a pas de ligne de parti, mais plutôt des valeurs et des idéaux de parti. Le contenu de ce parti (sa démarche politique, ses propositions, ses idées, ses actions), doit être défini de façon dynamique et relative aux problèmes qui sont posés à tel endroit, dans tel domaine, et à tel instant.

    Un gouvernement, dans ce contexte, devra libérer tout l’espace décisionel pour lequel il n’est pas qualifié,ou pour lequel il n’est pas le mieux qualifié, à ceux qui sont les mieux qualifiés, ou en déclinant ce pouvoir décisionel sous une forme coopérative, avec ces derniers.

    Aux gouvernants, et avant eux, aux partis, doit revenir l’élaboration, à travers un débat démocratique des sympatisants et/ou des membres du parti, des stratégies à mettre en oeuvre pour défendre les intérêts de la nation/de l’europe/de la communauté humaine dans son ensemble.

    Finalement, c’est l’articulation pertinente de l’état, des partis et des citoyens qui fait une démocratie véritable et vivace.

    La publicité auprès des parlementaires, c’est d’une grossièreté sans bornes, et d’une efficacité négative (ou si rarement positive) pour l’intérêt général, positive pour les défenseurs les plus dterminés de leurs propres inétérêts, de leurs propres causes.


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