jeudi 9 mai 2013 - par Daniel Hervouet

Le mensonge est-il une nécessité ? Une impossible vertu républicaine ?

« La véracité n’a jamais figuré au nombre des vertus politiques, et le mensonge a toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié dans les affaires politiques ».

Hannah Arendt : Du mensonge à la violence : essais de politique contemporaine ; Éditions Agora, 1971.

Le succès dans l’action dépend, pour une bonne partie, de la connaissance de la vérité des choses. L’origine d’une maladie, les raisons qui conduisent un élève à l’échec, le malaise qui ronge une population et la conduit à la révolte, le besoin d’un marché qui appelle de nouveaux produits, la menace qui pèse sur une nation, un continent, et risque de l’entraîner dans le malheur.

L’effort, largement justifié, consenti par nombre de pays dans le domaine du renseignement économique et scientifique, de défense et de sécurité, confirme cette affirmation. Les États-Unis, par exemple, y ont consacré plus de 75 milliards de dollars en 2012, toutes agences confondues. Si l’énormité du chiffre ne garantit pas pour autant l’efficacité du système, il est néanmoins un signe. La France, elle-même, accroît de manière significative son effort dans ce domaine sans toutefois s’approcher de ces chiffres astronomiques (environ 2 milliards d’euros et entre 13 000 et 14 000 fonctionnaires pour l’ensemble des services de renseignement : DGSE, DRM, DPSD, DCRI, DNRED, Tracfin).

Place de la vérité dans la conduite de l’action

Passé ce constat sommaire, il convient de modérer aussitôt l’intérêt porté à la vérité dans la vie publique. Les dirigeants sont, en effet, constamment déchirés entre la nécessité de décider avec courage et la tentation de gouverner pour plaire. Gerhard Schröder n’a-t-il pas souligné que « les réformes redressent les pays, mais font perdre les élections ». Churchill et bien d’autres l’avaient découvert avant lui tandis qu’Hannah Arendt le théorisait en 1971 dans Du mensonge à la violence. Les faits démontrent également qu’aux heures graves le courage vient parfois à manquer, moins, toutefois, qu’en vitesse de croisière où l’abandon sonne comme de la bonhomie. Souvenons-nous de la fameuse cagnotte fiscale qui aurait pu contribuer au désendettement de la France. Ne pas la distribuer aurait imposé d’avouer la réalité de notre situation financière. Les dirigeants détestent le rôle de briseur de rêve. Aussi longtemps que la chose n’est pas dite, on se plaît à rêver qu’elle n’existe pas.

Il est vrai que l’adage populaire, repris de Beaumarchais, veut que toute vérité ne soit pas bonne à dire. N’est pas Churchill qui veut. Plutôt que d’annoncer du sang et des larmes à quinze jours d’une élection présidentielle, la tendance est plutôt à promettre des postes et des subventions, quitte à engendrer, plus tard, un violent retour de boomerang. Le mensonge, dont le Larousse nous dit qu’il est l’action de déguiser ou d’altérer la vérité a cependant ses vertus. Laissons de côté celles qui se rapportent à la vie privée et concentrons-nous sur son usage dans les affaires publiques.

Le mensonge est un ingrédient majeur du stratagème, donc un outil du stratège. Sun Tzu nous a laissé en ce domaine un héritage souvent négligé. Il nous a notamment enseigné dans L’Art de la guerre que « toute guerre est fondée sur la tromperie ». Circonvenir l’adversaire pour le vaincre avec un minimum de pertes, voilà l’objectif. À ce titre, l’indignation affichée ici ou là devant la mise en œuvre de la Taqiya (dissimulation autorisée par la Charia) par les islamistes radicaux laisse transparaître une certaine nostalgie de la naïveté chevaleresque illustrée par la guerre en dentelles.

La ruse, l’imprévisibilité, la déception, l’habileté stratégique, l’action psychologique reposent sur une manipulation de la vérité. Sans quoi nombre de conflits gagnés sur le terrain ne se seraient pas traduits par des défaites politiques. Mentir est donc le rideau de fumée derrière lequel le stratège dissimule ses intentions et ses manœuvres. Souvenons-nous de l’opération Fortitude qui en est un magnifique et tragique exemple.

Il est compréhensible que ces pratiques issues de l’art de la guerre aient trouvé un certain succès sur le terrain économique où l’hyperconcurrence conduit à dissimuler aussi longtemps que possible une OPA ou l’approche d’un marché sensible. L’affaire devient plus délicate lorsque le mensonge stratégique régresse au niveau d’une combine pour dissimuler les défauts ou les dangers d’un produit. L’industrie pharmaceutique ou celle du tabac en donnent de tragiques exemples.

Le passage du mensonge utile à la tromperie néfaste n’est pas exclusif des acteurs économiques peu scrupuleux. L’histoire en est remplie. Habiller les accords de Munich en sauvetage de la paix autant qu’appeler l’Union soviétique « patrie des travailleurs » au moment où y régnait le pire État totalitaire en sont des points d’orgue. Ce sont la lâcheté, l’aveuglement idéologique et la poursuite d’intérêts particuliers qui engendrent le travestissement du réel et au bout du compte le malheur des peuples.

Ces grandes impostures nourrissent l’activité des historiens et l’indignation, a posteriori, de leurs lecteurs, mais ne modifie en rien les comportements. Toutefois, ce qui ne provoquait jadis que la gouaille populaire ou la désapprobation sourde engendre aujourd’hui la dérision et la perte de crédit des élites, amplifiées par la caisse de résonance des réseaux sociaux et d’Internet. Au bout du compte, il ne reste que la disqualification des dirigeants et la contestation durable de leur autorité.

On pourrait imaginer un retournement de situation à l’occasion d’un changement d’équipe. Auquel cas, il suffirait d’attendre que le bon sens l’emporte. Illusion ! Outre le fait que nombre de dirigeants ne sont pas soumis aux cycles électoraux, il faut admettre que le recours au mensonge est un travers récurent dont l’ampleur s’est accrue au cours d’un long processus jalonné de lâchetés cumulatives.

La première lâcheté a revêtu les habits d’un glissement sémantique. On n’a plus eu le cancer mais une longue maladie, les balayeurs sont devenus techniciens de surface, l’escroquerie a cédé la place à la titrisation des créances non recouvrables, la démagogie a été remplacée par des promesses difficilement tenables, la guerre par des Opex, les morts au combat par des décès sur les théâtres extérieurs.

La deuxième lâcheté s’est appuyée sur la renonciation à analyser les faits dans leur crudité pour leur préférer un concept idéalisé : l’effet de relance des subprimes, à leur heure de gloire, plutôt que les risques systémiques sous-jacents, la réduction du temps de travail, plutôt que l’accroissement de son coût, le maintien de la paix, plutôt que l’humiliation vécue par les soldats de l’interposition face à des milices auxquelles on laissait les mains libres. À ce titre, Hannah Arendt nous rappelle que « les spécialistes de la solution des problèmes ont quelque chose en commun avec les menteurs purs et simples : ils s’efforcent de se débarrasser des faits et sont persuadés que la chose est possible du fait qu’il s’agit de réalités contingentes ».

La troisième est celle de la dilution de la responsabilité et du refus du risque qui soumet nombre de dirigeants à la dictature de la complaisance envers leurs commanditaires ou ceux dont dépend leur carrière. Au mieux, les énergies se diluent dans des procédures parapluie chronophages en lieu et place du cœur de métier. Au pire, c’est l’immobilisme par inhibition. Surtout, ne pas attirer un jugement négatif qui puisse entacher un beau parcours alors que l’audace et la créativité sont indispensables pour ouvrir des perspectives nouvelles. Rien de neuf sous le soleil, mais la complexité et l’interpénétration croissante des structures, neutralisées par des précautions excessives, dissout un peu plus la capacité à regarder la réalité en face, à appeler un chat un chat et à le fouetter lorsque c’est nécessaire.

La dernière lâcheté est la conséquence d’un phénomène dont ont sans doute rêvé les États totalitaires et qui conduit à s’enfermer volontairement dans le carcan du politiquement correct. L’arme suprême est ici la réécriture du réel pour le rendre conforme à une vision commune préétablie. Au-delà de la ligne rouge définie par l’idéologie dominante, on accuse, on réduit au silence et finalement, on excommunie. Pour autant, même si on éprouve des réticences à les nommer, ceux qui décapitent au couteau pour en diffuser les images sur Internet, ceux qui lapi- dent, ceux qui coupent la main d’une petite fille qui se met du vernis à ongle ou tirent sur celles qui veulent aller à l’école, ne sont-ils pas, pour autant, une grave menace pour le genre humain dès lors que leur nombre et leur action vont croissants ? Plus le jargon des décideurs est truffé de références à la doxa dominante, plus il est à craindre qu’ils essaient de faire passer des vessies pour des lanternes.

La confusion guette

Brouiller ainsi les pistes conduit à la confusion. Celle des familles de nos soldats morts à Uzbeen qui se lancent dans des procédures juridiques, comme s’il s’agissait d’accidents du travail consécutifs au non-respect des mesures de prévention. La guerre n’étant pas nommée, il reste à des parents dans la douleur le dérisoire espoir que des responsables pourraient être identifiés. Cette fiction reporte sur les chefs de terrain la responsabilité première alors qu’elle n’appartient qu’au poli- tique qui décide, seul, d’engager nos forces et, par là même, risque leur vie.

Confusion également qui, faute d’expliquer la réalité de la vie économique, les enjeux de l’entreprise, la globalisation, nourrit une vision utopique des droits économiques qui volent en éclat sous les coups de boutoir de la concurrence qui n’a cure des droits acquis.

Confusion qui conduit à entretenir la suspicion envers l’entrepreneur, nécessairement riche, donc coupable, dont on attend néanmoins qu’il crée des emplois. L’État entrepreneur était-il si efficace dans ce rôle alors que les risques pris étaient épongés par l’impôt à l’inverse du risque privé ? Au cœur de la bataille économique, faut-il dénigrer les capitaines d’industrie ?

Confusion encore, au sein de ces entreprises qui exigent des performances immédiates des employés auxquels elles ne veulent pas se lier, pour satisfaire des actionnaires lointains. L’effort n’est-il pas un investissement consenti pour bâtir l’avenir ? Si on ne propose pas d’avenir, qui peut avoir envie d’être performant ? À l’inverse, l’entreprise loyale n’a-t-elle pas droit à de la reconnaissance pour les richesses et les emplois qu’elle crée ?

La liste est longue de ces confusions qui reposent sur le fait que l’on sub- stitue, dans l’équation de départ, une vision fabriquée, aux données réelles. Dans ces conditions, comment la résoudre ? On se moque des adolescents incapables de sortir de leur monde virtuel et de quitter leurs « amis » de Facebook pour s’en faire de réel. Peut-être reproduisent-ils sur un mode électronique ce que leurs aînés pratiquent depuis longtemps déjà.

L’école du réel

Agir collectivement impose de voir la réalité en face, de nommer les phénomènes qu’il va falloir affronter inéluctablement. Mais la pratique est souvent éloignée de cet impératif. La sortie de La France Orange Mécanique, le livre de Laurent Obertone, percute de plein fouet les statistiques officielles sur la criminalité. Depuis des années, les chiffres annoncés attestent de la réduction des crimes et délits, en contradiction avec l’expérience des citoyens. La réalité rattrape ici les virtuoses du contrôle de gestion et des indicateurs de performance.

Au résultat, les dirigeants comme Guignol se font rosser par les événements sous les sarcasmes tristes de citoyens désabusés. Face aux défis, il arrive que le bon sens populaire compense le fait de ne pas avoir usé ses fonds de culottes sur les bancs des grandes écoles. Quand les bornes de la cécité sont franchies, la rumeur monte et se traduit en révolte ou en désespoir. Le sondage Ipsos du 31 janvier 2013, entre autres, montre que la France oscille entre pessimisme et défiance généralisée, que la tension monte à l’encontre des étrangers (70 % les considéreraient comme un danger), que les politiques sont perçus comme corrompus et n’agissant que dans leur intérêt personnel (plus de 60 % des personnes interrogées). Syndrome obsi- dional de citoyens abandonnés à eux-mêmes ? Certes, ce ne sont que des sondages et on ne peut se fier à une humeur que l’on sait changeante. Sauf que la tendance ne fait que s’accentuer depuis des années. Paradoxalement, en parallèle de cette vision sombre, les Français s’avouent majoritairement optimistes concernant leur avenir personnel. Lorsqu’ils connaissent les facteurs de leur avenir, même peu favorables, ils savent qu’il y a un chemin.

L’école du courage et de la décision

Ceci est la clef de la résolution des défis qui jalonnent la vie publique. Si l’on connaît l’ampleur des difficultés à affronter, passé un moment d’abattement, l’instinct de survie l’emporte et les solutions émergent. Le soldat est familier de cette démarche, lui qui choisit la perspective du combat. Tout chef militaire qui a commandé sur le terrain sait qu’il ne peut mentir à ceux qui mettent leur vie entre ses mains. Une vision réaliste de la situation, aussi rude soit-elle, aide au contraire à se préparer. Ce n’est qu’à distance des réalités que l’on s’imagine pouvoir les tra- vestir. L’humour en fait ses choux gras mais la République en pâtit. Retenir le parti pris d’une éternelle manipulation des faits, c’est considérer que la versatilité de l’opinion doit constituer le principal repère du décideur. Ce qui revient à nier le principe de base de la démocratie en ravalant les citoyens au rang d’une populace méprisable, indigne de confiance et inapte à la gravité. L’exemple de nos soldats en Afghanistan, au Mali, en Somalie et ailleurs incite pourtant les décideurs politiques et économiques de la nation à être à leur hauteur en démontrant leur capacité à faire face avec dignité et courage.

L’école du commandement, qui prépare les jeunes chefs militaires à prendre des décisions avec lucidité, mérite d’être considérée, à ce titre, comme une source d’inspiration. Non qu’elle mette à l’abri de la tentation de travestir la vérité. Tout corps social a sa part de carriéristes calculateurs. Mais au demeurant, en faisant du courage décisionnel l’impératif du chef, elle en légitime le rôle. Mieux, elle en fait une valeur, plus qu’une nécessité, une référence éthique qui donne à la parole un sens qui vaut contrat. Ne disait-on pas autrefois : « Je vous donne ma parole d’officier ». Un engagement qui ne se donnait pas à la légère.

Ce ne sont pas les quelques chaires éthiques des grandes écoles et des universités qui suffiront à infléchir les choses. L’observation de la vie publique rappelle que la principale règle à appliquer est de réussir sans se faire prendre. Dans le cas contraire, la seconde règle est de ne pas oublier qu’un moment de honte est vite passé.

Dans un contexte qui oppose volontiers un individualisme libertaire et suffisant à la virtus républicaine assimilée à de l’ordre moral, le combat semble perdu d’avance. Quelle issue dans ces conditions ? Il n’y a certainement pas grand-chose à attendre d’un grand redressement collectif. D’autant que ceux qui se présentent comme des redresseurs ne sont souvent qu’une nouvelle espèce d’affabulateurs.

De la confiance comme chemin

Dans ces conditions, où trouver des repères et des exemples à suivre ? L’histoire, parfois, nous susurre quelques idées. L’année 1917, pour éloignée qu’elle soit, est emblématique d’une crise due à la perte de confiance envers les dirigeants. Un manque d’imagination stratégique et une obstination doctrinale ont conduit aux hécatombes de fantassins et à la grève des héros. Nombre de soldats rustiques et pugnaces qui avaient fait la démonstration de leur bravoure pendant trois longues années refusaient de continuer de mettre leur vie au service de chefs obnubilés par les communiqués parisiens. Le gouffre n’était pas loin. La situation a été sauvée par l’adoption d’un style de commandement plus proche des hommes, soucieux de leurs efforts, de leurs sacrifices, et en faisant prévaloir des opérations limitées, bien préparées, pour engranger des victoires, sans doute modestes, mais propices au renouveau. En restaurant la confiance entre la troupe et le commandement, c’est la victoire que l’on dessinait.

Que faire aujourd’hui pour restaurer la confiance ? À l’image de ces petites victoires de 1917, nous pourrions parier sur la création d’îlots de résistance, de pôles d’excellence dans lesquels chacun renoncerait à ces rancœurs catégorielles stimulées par des discours démagogiques pour redécouvrir le plaisir de travailler en équipe au service de l’efficacité collective. De nombreuses unités militaires connaissent cet esprit de corps enrichi du rôle social de l’officier qui se transmet de génération en génération sans être érodé par l’air du temps. Lyautey, après beaucoup d’autres nous en a rappelé les points clefs repris depuis sans relâche dans les écoles militaires. Belle leçon d’humanisme face aux théories éphémères nourries de sigles absconds.

Le monde économique a également ses îlots de résistance donnant la part belle à une honnêteté managériale soucieuse des hommes autant que de la création de richesse. Les dirigeants de PME, comme les capitaines d’une armée en campagne, en première ligne, sont souvent d’autant plus exemplaires qu’ils ne bénéficient pas des protections dont jouissent les grandes entreprises. Coutumiers d’une galère quotidienne, ils se battent souvent jusqu’à l’extrême sur tous les fronts, blessés de voir combien ceux qui sont censés reconnaître leurs mérites les exposent. Ceux-là sont les héros que nous devrions aduler et soutenir, créateurs de richesse et d’emploi, ils ne trouvent qu’en eux-mêmes les raisons de survivre et de progresser dans cet environnement hostile. Leur combat est exemplaire.

Que dire du monde politique qui ne cesse de nous donner un spectacle auquel nous préférerions ne pas assister ? Nous ne pouvons ici que formuler des vœux. L’histoire tend à nous confirmer que parler vrai n’est pas la meilleure carte pour réussir une carrière. Alors revenons-en au constat. Faute d’un goût spontané pour l’intérêt général, reste l’utilitarisme. Nous attendons une prise de conscience des effets dévastateurs du mensonge.

De l’intérêt général comme vertu

Enfin, pour réussir face à un enjeu de l’ampleur de celui qui s’impose à nous, tous les acteurs doivent être sollicités, y compris ceux qui à un poste modeste doivent accomplir leur part de la mission. En démocratie tout le monde est responsable. Pour qu’il y ait démagogie, il faut des démagogues, mais aussi un peuple crédule. Les citoyens, les employés doivent être au cœur des préoccupations des dirigeants, mais eux également doivent affronter la réalité sans voile. La dignité de tout travailleur passe par sa contribution à l’intérêt collectif. L’individualisme comme repère unique est un ferment de guerre sociale car la jalousie marche dans ses pas. À l’inverse, la fierté du métier, l’amour du travail bien fait sont les meilleurs titres de noblesse des humbles. Il ne faut pas les leur retirer, mieux, nous devons créer les conditions de leur épanouissement.

Est-on certain que ces valeurs sont encore enseignées dans nos écoles ? Sont-elles évoquées au sein des comités exécutifs ? En est-il fait mention dans les think tanks politiques ? Il est banal de mesurer le fossé existant entre la revendication des droits et la connaissance des devoirs. Est-on conscient du fait que mener un enfant à l’âge adulte ce n’est pas en faire un consommateur ? Qu’a-t-on fait de Montesquieu qui nous enseigne les vertus républicaines ?

Les solutions sont à portée de main, moins compliquées qu’on l’imagine, nichées quelque part dans le cœur des Hommes, prêtes à surgir. Encore faut-il accepter de les voir.

Distribuer du pain et des jeux est le meilleur signe du mépris que l’on porte aux gens. Même si la voie de la facilité est tentante, il est du devoir de tout responsable, de tout éducateur de réaffirmer l’exigence de responsabilité individuelle qu’impose la démocratie. Faute de quoi, le peuple devient la plèbe, les dirigeants des profiteurs et il ne reste pas longtemps pour que l’empire s’effondre.

 



10 réactions


  • Phi ka Sō Nathael Dunevy 9 mai 2013 12:13

    « En politique, le mensonge est un tic. »


  • filo... 9 mai 2013 16:35

    Le mensonge est probablement une vertu typiquement occidentale.


  • jean 9 mai 2013 19:44

    Merci de votre article, vous citez Hannah, avez vous vû le film sorti récemment ?


  • Philippe VERGNES 11 mai 2013 17:46

    Bonjour l’auteur,

    C’est l’un des plaidoyers (si ce n’est LE plaidoyer) parmi les plus pertinents qu’il m’ait été donné de lire au sujet de la vérité et du parler vrai sans pour autant « radicaliser » le mensonge à l’excès.

    Je m’apprête à soumettre un article qui, lui, parle des « gens du mensonge » sous le titre « La « novlangue » des psychopathes ». Vous introduisez votre thèse par un constat paradoxal auquel un « paradoxaliste » tel que moi ne saurait être insensible (cf. l’article sur « Le “pouvoir” », les “crises”, la communication paradoxale et “l’effort pour rendre l’autre fou” »).

    Vos propos évoquent une inquiétude plus que légitime en cette période « pré-apocalyptique » (s’il semble que j’exagère le trait, c’est tout simplement que je ne reconnais pas au terme « apocalypse » le sens commun que l’on y donne qui est une transgression de cette expression ayant pour finalité l’asservissement des populations, car étymologiquement ce mot traduit du grec ancien signifie : « La révélation de Jésus-Christ ») et vous attendez (espérez ?) « une prise de conscience des effets dévastateurs du mensonge » de la part de nos dirigeants politiques.

    C’est sur cette dernière que je souhaiterais insister.

    Si vous nous donnez un très bel exemple historique d’une prise de conscience qui permit de mener notre pays à la victoire, les conditions dans lesquelles s’exercent actuellement « l’obstination doctrinale » sont, à mes yeux, encore plus confuses et difficiles à démêler que par le passé, car elle touche une problématique que nous nous refusons à voir et qui, au fil du temps, s’est complexifiée pour aboutir à un « Léviathan » que l’on ne peut correctement analyser qu’à la seule et unique condition d’en observer le processus.

    En cela, les études sont rares.

    Frédéric LORDON, invité à l’émission radio de Daniel MERMET « Là-bas si j’y suis » du vendredi 16 septembre 2011 (un extrait ici), déclara en préambule au sujet de la crise actuelle : « … Lorsque l’on est confronté à des phénomènes sociaux bizarres, il faut se rendre aux hypothèses psychiatriques en tout dernier ressort. Quand on a épuisé toutes les autres, mais malgré tout il faut bien dire que toute cette affaire à tous les aspects d’une histoire de fous, et très honnêtement, je ne sais pas comment l’expliquer autrement. […] si vous voulez, il y a de la part de la politique économique, une persévérance dans l’erreur qu’une ancienne maxime latine, dans son temps, avait qualifiée de diabolique : on fait un premier plan de secours, on serre la vis comme c’est pas possible et évidemment il se passe l’exact contraire de ce que l’on attendait. C’est-à-dire que la récession est tellement violente que les recettes se contractent plus vite qu’on ne coupe les dépenses et donc les déficits continuent d’augmenter et les dettes d’exploser… »

    Or, nous devons nous rendre à l’évidence que les problèmes que nous rencontrons aujourd’hui sont d’ordre psychiatrique et sans cette prise de conscience, aucune solution, je dis bien et j’insiste sur ce fait-là, AUCUNE SOLUTION ne verra le jour tant que nous ne serons pas au fond du gouffre dont nous « pressentons » tous les jours de plus en plus l’inéluctabilité, mais ignorons la « profondeur ».

    Il n’y a malheureusement que bien trop peu d’auteurs, chercheurs, ou scientifiques compétents qui se sont intéressés au problème et lorsqu’ils l’ont fait, leur théorie a connu les affres de la médisance, de la calomnie, de la diffamation et de la disqualification lorsque ce n’était pas pire encore sous certains régimes.

    Cependant, il y a un intérêt à lire certains auteurs qui ont échappés à la barbarie des systèmes totalitaires : ils possèdent une acuité perceptive décuplée du fait d’un phénomène « d’hypervigilance » qu’ils ont du développer en raison du fait que leur vie était en jeu. Phénomène que vous n’ignorez probablement pas si vous tirez votre enseignement du monde de l’extrême.

    En tout état de cause, un grand merci pour cet article auquel je ne manquerais pas de faire référence.


  • ecolittoral ecolittoral 12 mai 2013 12:54

    « ... l’amour du travail bien fait sont les meilleurs titres de noblesse des humbles. » mais pas des autres ?

    « Distribuer du pain et des jeux est le meilleur signe du mépris que l’on porte aux gens. ». On en est plus là, puisque le « pain » vient à manquer !!!
    « nous pourrions parier sur la création d’îlots de résistance... pour redécouvrir le plaisir de travailler... au service de l’efficacité collective. ». Ils existent et ont toujours existé mais ne sont pas médiatiques et pour cause, ils sont pratiqués par de petites unités disséminées un peu partout. C’est la constance humaine, la réserve cachée, un « trésor public ».

    Pour reprendre le côté militaire que vous abordez, je dirai que les unités existent et fonctionnent. Les lieutenants (entrepreneurs) ne demandent qu’à reprendre le combat. Il y a surement quelques colonels(politiciens, économistes etc) qui sont prêts à relever le défit, mais pas de généraux dignes de ce nom à l’horizon...pour le moment.
    Pour ce qui est du pain, s’il n’y a pas de popote, il n’y a pas d’armée.

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  • mais mr hervouet@ VOUS ETIEZ DONC UN PROF DE MENSONGE


  • eric 30 mars 2014 09:57

    Bonjour
    J’accompagnai hier soir mes enfants au bal de la prepa de St Cyr l’école. J’ai pense a regarder ce que j’écrivais sur cette formation avant que mon fils ne soit pris du virus et de la vocation, et je suis retombe sur votre commentaire http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/39-40-et-saint-cyr-jugements-74776. Si a l’occasion vous aviez un moment...
    Dans la mesure du possible, je fais rencontrer a mon fils mes amis qui sont susceptibles de lui faire toucher du doigt les réalités du métier. Delort laval, Berger, etc.. mais il me semble que vous offrez un bon exemple de quelqu’un qui a sut mettre son expérience au profit d’une reconversion hors institution. Vu l’État de nos armées, ce sont des questions qui se poseront sans doute a la plupart des jeunes qui se préparent actuellement. Si a l’occasion vous aviez un moment....


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