LE PROBLEME DU FN
Les deux raisons pour lesquelles l'UMPS ne craint absolument pas le FN.
Il y a deux raison assez simples pour lesquelles les partis de gouvernement ne craignent pas vraiment le FN.
Une raison électorale :
Les apparatchiks professionnels qui dirigent ces partis, ont perdu, depuis longtemps, non seulement le sens de l’intérêt général, mais même toute vision générale. Ils ne voient pas plus loin que le cul du prochain scrutin. Et en analysant par scrutin, le FN n’a aucune raison de faire peur à l’establishment.
MUNICIPALES :
Combien de mairies mon Général ? Au pire(ou au mieux suivant où on se situe) 10 de plus de 15000 habitants, 2 de plus de 50000, 1 de plus de 100000. En comptant que chacun, au mieux, n’aurait pu en viser que la moitié, le risque de perte d’une municipalité pour le PS ou l’UMP est quasi nul. Le fait que l’ensemble des Français vote massivement FN aux municipales n’y change rien. Ils s’en foutent. Ce qui les intéresse, ce sont les mandats, pas les intentions. Il faut comprendre que ces gens-là, du PS ou de l’UMP, sauteraient de joie sur un brasier, si tant est qu’ils en seraient l’élu. Au contraire, un fort vote FN leur permettra de faire des effets de manche, tremolos dans la voix, regards pathétiques, en appelant au vote utile.
EUROPEENNES :
Combien de députés ? Une dizaine ? Pas grave, aucun impact sur la direction de l’UE, et accaparement d’à peine une poignée de mandats pouvant revenir à l’UMPS. Postes dévolus de toute manière, aux recalés du suffrage direct, apparatchiks généralement craints, haïs et ou méprisés dans leur propre parti. Un fort vote FN aura le même effet « bénéfique » que pour les municipales.
CANTONALES :
Combien de conseillers par département ? Un, deux ? Aucun problème, les départements restent sous contrôle. Et toujours l'effet "bénéfique".
REGIONALES :
Idem. Si l’UMP maintient sa discipline anti-FN, aucune région ne sera FN. Si l’UMP fait alliance avec le FN, alors tout le discours « hors parti » du FN s’effondre et il peut s’attendre à une mobilisation efficace contre lui. Le desperado de l’extrême droite, du centre ou de la gauche, peut envisager de voter pour un FN « coup de balai », pas pour un simple « Harki » de l’UMP.
PRESIDENTIELLES :
Presque aucune chance. Et au cas où le candidat FN passe président, son espace de décision sera nul sans majorité parlementaire et celui d’opposition, presque nul, surtout depuis la réforme constitutionnelle Sarkozy qui soumet l’organisation du référendum à un vote majoritaire préalable de l’Assemblée. Et oui, le référendum comme outil de souveraineté populaire à même de passer outre les clabauderies parlementaires, c’est fini.
Législatives :
Avec 18% des voix, le FN a deux députés. Il n’y a donc pas péril en la demeure.
Une raison fonctionnelle.
Des votants pour prendre le pouvoir, c’est nécessaire mais pas suffisant.
A moins d’avoir une très longue tradition comme notre UMPS, un parti aspirant doit avoir une doctrine solide. Sans cette clarification, le vote et la militance sont aussi stable que de la poussière dans le vent. C’est la raison pour laquelle Bayrou, par exemple, a échoué. Se basant lui aussi sur une coalition des « non », il n’a jamais su établir un socle doctrinaire solide dans la crainte de ne fâcher ni la chèvre en colère, ni le choux mécontent. Moralité, il a perdu les deux. Si MLP garde en héritage de Papa sa base facho, atlantiste, catho tradi, islamophobe et raciste, elle progresse aussi grâce à une coalition des non. Ceci ne fait pas un programme. Il suffit d’aller lire celui du FN pour s’en convaincre. Plutôt qu’une orientation claire, on a un agrégat de propositions où l’on cherche la cohérence. C’est plutôt : « tu aimes le poulet ? tu aimes la chantilly ? Alors vote pour moi, t’auras du poulet à la chantilly ». Sans cette doctrine, le FN sera contraint aux alliances avec la droite classique. Et elle y perdra ses choux ou ses chèvres ou les deux.
Ensuite, et c’est probablement le plus tragique pour le FN, un parti doit avoir des militants et des cadres. Partout, prêts à prendre chaque mandat. Quand on voit le niveau local des prétendants FN… quand on voit que sur une ville de 150 000 habitants ou 30 000 personnes votent pour eux, ils ont du mal à présenter cinq assesseurs dans 130 bureaux de vote, on est en droit d’estimer qu’ils n’ont aucune chance de prendre le pouvoir où que ce soit. Mussolini disposait de centaines de milliers de militants déclarés, Hitler plus d’un million. Orban en Hongrie a récupéré ceux de la droite mais la Hongrie est excusable, elle n’a que 20 ans de tradition démocratique économiquement horrible sous l'égide de leur UMPS locale. La ligue du Nord Italienne peut compter sur une multitude de militants déterminés, et en Grèce, les néonazis s’affichent par dizaines de milliers. En France, on vote FN en douce, en famille ou entre copains mais peu sont les électeurs qui viennent proposer leur énergie et offrir leur réputation. Avec ce genre d’électeurs furtifs, le FN n’a aucune chance d’accéder au pouvoir. Quand on connait, de plus, la capacité des quelques nouveaux notbles FN à se faire racheter par l’UMP ou autre , ça en dit long sur la probité et la discipline de ces gens qui se font élire en prônant l’ordre, la loyauté et l’honnêteté.
L’UMPS ne craint nullement le FN.