vendredi 4 décembre 2015 - par Michel DROUET

Le roi de la synthèse…

Souvenez-vous, lorsqu’il était premier secrétaire du PS, Hollande était reconnu pour ses capacités à réaliser la synthèse entre les différentes motions lors des congrès du parti, en glissant la poussière sous le tapis.

Aujourd’hui, le Président de la République, ne dirigerait-il pas le pays comme il le faisait jadis avec le PS, au risque de l’affaiblir, lui aussi ?

Une lente évolution vers la droite

Entre le discours du Bourget, résolument à gauche avec ses envolées lyriques sur « son ennemi, la finance », Hollande avait placé la barre très haut, ce qui lui a permis de remporter l’élection présidentielle et d’avoir une majorité à l’Assemblée Nationale.

Pouvait-il avoir alors un autre discours ? Non, bien entendu, sinon Sarkozy aurait été reconduit, mais on a rapidement mesuré l’écart existant entre le discours de campagne et la réalité des actes, même si l’épisode Ayrault Premier Ministre a pu donner le change pendant un certain temps.

Aujourd’hui, avec Valls comme chef du gouvernement, le doute n’est plus permis, c’est un glissement constant vers une politique libérale à laquelle nous assistons, avec notamment le pacte de responsabilité et ses milliards versés aux entreprises qui ont « juste reconstitué leurs marges » et « oublient » d’en affecter ne serait-ce qu’une infime partie à la création d’emplois.

C’est bien évidemment la conséquence de cette politique mortifère de l’offre dont on voit qu’elle ne marchera jamais tant que le pouvoir d’achat des français sera en berne.

L’actualité au secours du Président

Les actualités tragiques des 7 janvier et 13 novembre ont permis à Hollande d’acquérir une dimension de « chef » qui lui était contestée depuis longtemps.

Son positionnement de « chef de guerre » est aujourd’hui reconnu et ni sa présence lors des évènements ni ses actions n’ont été semble-t-il contestées, comme le prouve sa cote de popularité actuelle.

Défiance en ce qui concerne la politique économique, mais confiance s’agissant de la gestion de crise, voilà le paradoxe actuel. Sentant une ouverture politique et en bon politique habitué aux synthèses, Hollande pousse son avantage en recherchant le consensus politique, allant même proposer des mesures que ne renieraient pas le Front National en matière de sécurité (contrôle des frontières, déchéance de nationalité), même si ces actions sont avant tout de l’ordre du cosmétique et destinées à rassurer les français.

Hollande peut-il capitaliser à court terme sur cette séquence ?

Le verdict viendra des urnes lors des régionales. Le fait de chasser sur les terres du FN surtout pour bloquer le parti de Sarkozy, redonnera-t-il confiance aux électeurs dont on sait déjà qu’ils seront à peine un sur deux à aller voter (et moins à s’exprimer compte tenu du vote blanc ou nul) ?

La nationalisation d’un vote local est-elle une bonne chose ? Certainement pas ! Tous les débats actuels tournent autour de la sécurité dont on sait qu’elle ne fait pas partie des compétences régionales et on parie sur l’ignorance des électeurs pour gagner des sièges locaux : tout le contraire de ce qu’il faut faire. Ou alors, puisque l’habitude semble prise de politiser chaque scrutin local pour lui donner une dimension politique nationale, autant prévoir un renouvellement global des mandats électifs des collectivités territoriales à date fixe. On gagnerait du temps, et de l’argent !

Le mythe de l’union nationale

C’est dans ce climat délétère que l’hebdomadaire « Marianne » publie un sondage sur le gouvernement attendu des français qui nous indique en particulier les quatre personnalités qu’ils attendent de voir rentrer dans un gouvernement d’union nationale (Juppé – Le Pen – Bayrou – Hulot) et fait la part belle aux « idées pour se réunir dans la République ».

Dont acte… Ainsi les sympathisants du FN sondés sont-ils à 72% favorables à cette union, ce qui s’explique « par le désir de voir Marine Le Pen accéder aux affaires fut-ce en partageant les responsabilités ».

Passons sur les autres motivations des sondés pour cette union nationale et interrogeons-nous sur ce curieux attelage allant du PS au FN en passant par le centre et « les républicains » avec une dose de personnalités civiles.

La situation de crise dans laquelle se trouve le pays, et ce, depuis au moins deux décennies résulte davantage des renoncements successifs à leurs idées de ceux qui ont gouverné le pays qu’à une union nationale rêvée.

L’addition d’échecs passés (gauche et droite) et à venir (FN) ne donnera jamais, une politique cohérente capable de redresser le pays, compte tenu par ailleurs des concessions que les uns et les autres devront faire quitte à braquer leurs électeurs.

Cette envie de gouvernement d’union nationale relève donc d’une grande lassitude populaire amplifiée par les évènements du 13 novembre et ses répliques probables à venir. Pire, il donne une idée de l’impuissance des politiques face aux défis économiques actuels et à la toute-puissance du pouvoir économique et financier.

Le désir d’union que véhicule ce sondage ne doit pas faire illusion. Il est par ailleurs désastreux pour la classe politique dans sa totalité en donnant l’image de cette classe qui se partage le pouvoir et les avantages qui vont avec.

Il donne aussi l’illusion que les électeurs n’ont plus besoin de se déplacer et que les élections doivent désormais être considérées comme une formalité sur laquelle on peut s’asseoir comme on l’a fait lors du référendum de 2005 sur la constitution européenne.

Laissez-nous faire : voilà en quelque sorte le message principal de ce que nous vivons actuellement et l’état d’urgence n’en n’est que la partie visible. Le reste viendra.



14 réactions


  • Clark Kent M de Sourcessure 4 décembre 2015 08:29

    Votre article renforce l’idée que vous prétendez dénoncer : il contribue à investir les stars parisiennes du monopole des clés de compréhension.


    Les commentateurs politiques sont souvent comme les présentateurs météo : ce qui compte, c’est le temps qu’il fait à Paris.

    Et si on retournait les propositions ?

    Le PS n’a-t-il pas eu en Hollande la parangon de ce qui le caractérise ? Une capacité infinie à l’hypocrisie, la duplicité et le mensonge ? Il était très représentatif. Il n’a pas usurpé son poste de premier secrétaire : c’était l’homme de la situation.

    Aujourd’hui, il est l’homme de la situation pour les adhérents au MEDEF et les petits rentiers : ceux qui votent. Les électeurs ? Ils sont bernés, manipulés, sidérés, mais au bout du compte, ils n’ont que ce qu’ils méritent.. enfin, ceux qui votent, parce que les autres, allez savoir ce qui se passe dans leur tête !



  • Michel DROUET Michel DROUET 4 décembre 2015 09:11

    Bonjour M de Sourcessure
    Entièrement d’accord avec les deux derniers paragraphes de votre commentaire.
    Pour le début, je vous conseille d’aller lire mes articles sur les collectivités territoriales. Vous y constaterez que j’investis largement dans la critique des baronnets locaux, le rejet des coteries locales et leur accointances avec le Medef local.
    En lisant mes articles sur la réforme territoriale récente vous comprendrez sans doute pourquoi je n’irai pas voter dimanche et vous saurez ainsi ce qui se passe dans ma tête.
    Bonne lecture !


    • Clark Kent M de Sourcessure 4 décembre 2015 10:30

      @Michel DROUET

      Vous fâchez pas !
      Je vous taquinais un peu, c’est tout !
      Moi non plus je ne voterai pas dimanche.
      Je n’ai jamais eu de tendances sodomites passives.

  • Le p’tit Charles 4 décembre 2015 09:48

    Paris..capitale du PS...le parti qui tourne en rond étant incapable de tracer une ligne... !


  • leypanou 4 décembre 2015 12:09

    " La situation de crise dans laquelle se trouve le pays, et ce, depuis au moins deux décennies résulte davantage des renoncements successifs à leurs idées de ceux qui ont gouverné le pays qu’à une union nationale rêvée. «  : le PS, de droite complexée, a renoncé à leurs idées dans leur programme mais la droite non complexée, le LR, n’a pas du tout renoncé à ses idées.

    Les »halte à l’assistanat" de Laurent Wauquiez et autre déchéance de nationalité des Eric Ciotti, ainsi que mettre la dégressivité pour les allocations chômage ne sont pas que des mots : le LR est prêt à mettre en oeuvre ce qui ne le sera pas par la droite complexée en 2017.

    De toute façon, l’idéal de M Valls est de faire comme en Allemagne : CDU - SPD dans un même gouvernement, donc les Bayrou et autre Bockel ont toujours des supporters.


    • Michel DROUET Michel DROUET 4 décembre 2015 13:41

      @leypanou
      Ce qui est vrai, c’est que le LR, issu de l’UMP et se revendiquant du Gaullisme glisse marche à grand pas vers le FN.


  • soi même 4 décembre 2015 18:27

  • troletbuse troletbuse 5 décembre 2015 00:11

    Hollande, chef de guerre ? Vous rigolez. Si Hollande n’avait pas lancé notre armée en Syrie pour faire tomber Assad, attendant un susucre des Etats-Unis, nous n’en serions pas là. Encore aujourd’hui, il a été faire le guignol sur le Charles de Gaulle, tout cela n’étant que des buts électoralistes, rien de plus. Inutile de chercher ailleurs.


  • zygzornifle zygzornifle 5 décembre 2015 14:09

    la il a fait la « thèse des seins » entre Ségolène, Valérie et Julie ......


  • julius 1ER 5 décembre 2015 16:39

    Pire, il donne une idée de l’impuissance des politiques face aux défis économiques actuels et à la toute-puissance du pouvoir économique et financier

    @l’auteur, 
    cela résume l’article et l’équation qu’il faut soumettre aux français.....

    et ce n’est pas l’union nationale qui va régler quoique ce soit, c’est juste une illusion de plus ...... car tous ces partis cités dans une vaste union nationale n’ont quoique ce soit dans leur programme pour changer de paradigmes économiques .... et c’est bien de cela qu’il s’agit !!!

  • Dom66 Dom66 5 décembre 2015 21:23

     

    "M de Sourcessure et Michel Drouet" vous avez raison sur la synthèse, et l’incompétence de nos dirigeants, mais voila ..

     

    Ceux qui ne votent pas, peuvent commenter uniquement. Merci….

     

    Car effectivement on peu aussi supprimer les élections….oui uniquement si …..Révolutions…. la vraie 

     

    Le club des « y avait qu’à » « fallait que » est ouvert, les abstentions/blancs,et nuls ;  sont une aubaine, cela veut dire, mesdames messieurs les politiques vous pouvez faire ce que vous voulez, on s’en branle, ont ne vous aiment pas mais ont s’en branle

     

    Un pour tous, tous pourris

     

    Partant de là, la France est dans la merde et le restera pour longtemps.

     

    Bonnet blanc et blanc bonnet Duclos avait raison.

     

    Ecoutez ça et dites moi ;  Que faire, la révolution ? Ou allez voter 

     

    https://www.youtube.com/watch?v=9KyPJfYUXZc


    • Michel DROUET Michel DROUET 5 décembre 2015 22:18

      @Dom66
      On sent bien que mes commentaires sur un autre article vous ont déplu....


    • Dom66 Dom66 5 décembre 2015 23:38

      @Michel DROUET

      Non pas du tout, d’ailleurs en général j’aime vos articles et à 99,9% je vous pluss.

      Et entre autre je vous ai fait une réponse.

      (AV sert à débattre)

       

      Nous n’avons pas le même point de vue sur la méthode a appliquer pour enfin arriver à une vraie démocratie, et que l’on en finisse avec cette carte blanche que l’on donne aux élus.

      Je suis d’accord avec vous par rapport à ce que vous pensez des politiciens, nous sommes en république bananière hélas, perso je suis complètement écœuré, et comme vous aucun partis ne m’enchante, mais je reste persuadé qu’il faut donner un coup de pied dans ce panier de crabes, et la seule possibilité qui s’offre à moi est : le vote.

      Même si comme vous dites un paquet de cons « Fetti » Fetti ? Fetti ?

      C’est un Corse ??


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