mardi 9 mai 2017 - par C’est Nabum

Les charretiers sont de retour

La langue en guise de fouet

Des bas et rien que des bas...

Une harengère, un soir, croisa un jeune premier avec le dessein de lui faire perdre la tête. Le jeune homme, bien sous tous rapports et indubitablement propre sur lui, dut se contenir tant qu’il put pour supporter les assauts de la vieille rombière. Les mots orduriers qui sortaient sans cesse de la bouche de notre harpie avaient de quoi horrifier n’importe quel daron, eût-il le cuir tanné et la langue bien pendue, ce qui était loin d’être le cas du gentil contradicteur. Le blanc-bec resta coi, ne sachant que rétorquer contre ce flot d’insanités.

La mégère rendue plus furieuse encore par la passivité de sa cible, se mit à baver de haine, à déverser des tombereaux d’injures, des torrents de lave déliquescente sur la face fardée de ce gentil muscadin. L’héritière était bien-née et nous servait à son tour l’intolérable morgue de son géniteur. En matière de formules à l’emporte-pièce, elle était bien pourvue ,quoiqu’elle fût en manque des calembours alambiqués, si chers à son délectable père. Les mots arrivaient en flots impétueux ; ils étaient aussi gros que vulgaires, aboyés plus qu’articulés, pour noyer, sous le coup de ces attaques sournoises, le malheureux vis-à-vis qui ne savait que répondre.

La dame éruptive, si on peut encore évoquer la féminité en pareille circonstance, perdit alors tout contrôle et, durant plus de deux heures, se livra à une attaque en règle, non de son insipide locuteur, mais de la langue française, de la courtoisie et de la dignité. Deux témoins, parfaitement inaudibles, se contentaient de lever les yeux au ciel, incapables qu’ils étaient de couper court à cette honte, à cette diablesse qui éructait sans mesure ni parcimonie.

La fange sortait de cette harpie, poissonnière étalant une marchandise pas fraîche : des relents nauséeux parvenaient jusqu’à nos oreilles affligées, car le drame - à moins que ce ne soit le déshonneur – voulut que nous fussions des millions à partager ce moment de grand déballage de flétrissures et d’injures.

Les horions pleuvaient sur le pantin de cire ; il bafouillait parfois quelques ripostes de même facture, comme s’il était nécessaire de se mettre au niveau de la commère pour exister. Il faisait, ce me semble, un bien mauvais calcul, s’abaissant au lieu de s’élever ; lui qui avait eu la prétention déplacée d’accepter le duel contre une adversaire qui ne connaît aucune règle et ne dispose pas de la plus petite parcelle d’honneur.

Les mots fusaient comme autant de traits qui marquaient l’absence d’esprit, la disparition de l’intelligence et de la délicatesse. Les aspérités devenaient des gouffres, des failles, des abysses dans cette bataille de rue, ce combat de chiffonniers qui eût indigné le pauvre abbé Pierre. On se serait cru dans une arrière-salle d’un bouge quelconque. La mère maquerelle voulait déniaiser le jeune puceau qu’on lui avait refilé entre les pattes. Le gamin, incertain tout d’abord, débanda bien vite et se retira, la queue entre les jambes. Il ne pouvait se mesurer à la chose ; jamais dans les grandes écoles qu’il avait fréquentées, les cercles distingués où il évoluait habituellement, il n’avait croisé pareille furie.

Le débat tourna court, l'algarade vira au fiasco pour la donzelle. Si elle avait la langue bien leste, seuls des gros mots jaillissaient de ses lèvres. Elle brandissait son discours comme d’autres donnaient autrefois du battoir, et tapait sur ce naïf qui avait pensé qu’elle pouvait être de bonne compagnie. Le linge étant fort sale dans la famille de la luronne, le jus qui coulait de ses lèvres entacha durablement la campagne et la rivière avoisinante.

Médusés, interloqués, navrés, dépités, scandalisés, les braves gens coupèrent, un à un, leur poste ou leur radio pour échapper à la démonstration d’insignifiance crasse de la lavandière des bouges. Il n’était plus rien à espérer de ce combat de charretiers ; le jeune homme lisse et bien sur lui, ayant fini par être sali par les éclaboussures de cette folle.

On se demande encore comment pareil déballage d’insanités a pu se dérouler sans qu’un témoin ne vienne couper la chose, mettre un terme à ce pugilat verbal. La France qui, jadis, s’honorait d’être la nation du discours, de la littérature et des beaux mots, se signala, ce soir-là, au monde entier, par les remugles d’un égout qui réclamait, à cor et à cris, une épuration générale. J’avais honte ; et c’est avec une langue bien chargée, la gueule de bois et la tête comme une lessiveuse, que je tentai vainement de m’endormir après ce pancrace d’un autre temps.

Ordurièrement sien

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12 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 9 mai 2017 17:47

    « On se demande encore comment pareil déballage d’insanités a pu se dérouler sans qu’un témoin ne vienne couper la chose, mettre un terme à ce pugilat verbal. »


    Ne serait-ca pas le rôle des présentateurs-animateurs ?

    Madame Saint-Cricq qui avait fait des étincelles à l’occasion de la suuperproduction « terrorisme à Charlie Hebdo » en déclarant cette énormité gravée aujourd’hui au fronton du temple de la bêtise humaine : « ceux qui ne sont pas Charlie seront repérés et traités », cette dame avait manifestement ce soir-là des problèmes de transit intestinal, et son voisin qui devrait s’efforcer de rester anonyme brillait dans le rôle des abonnés absents.

    En fait, tout s’est passé comme si la pièce avait été écrite et les comédiens choisis après un casting très clair. MLP a joué son rôle préféré de repoussoir, c’est tout. Mais elle devient un peu cabot et en fait trop, comme Michel Serrault dans « la cage aux folles ».

  • marmor 9 mai 2017 18:05
    Les mots orduriers
    Vous n’avez rien à envier à Mdme Le Pen en matière d’ordure. Il n’est pas nécéssaire de prendre des tournures livresques pour épandre votre haine merdique. De la diarrhée verbale, même pas un étron, qui lui a une consistance, mais bien liquide et malodorante.
    La caricature est un art qui, visiblement, vous est inconnu. Ce que vous entachez, vous, c’est le peu d’honneur qu’il vous reste.
    Je ne vous salue pas, narcisse, et vous pouvez en réferer à la modé, rien à foutre.

    • C'est Nabum C’est Nabum 9 mai 2017 19:39

      @marmor

      Votre passion pour la dame ne devrait pas vous rendre sourd


    • C'est Nabum C’est Nabum 9 mai 2017 20:12

      @Sharpshooter - Snoopy86

      Je n’ai aucun talent et je vous remercie de me le rappeler ainsi


    • marmor 9 mai 2017 22:37
      @Sharpshooter - Snoopy86
      Comme tout bon homme de gauche et de la fonction publique, le bien pensant Nabum , bel exemple de charretier ordurier, ne tient pas le haut du pavé, il marche donc dans la fange et il s’aigrit, comme une vieille pomme flétrie.

    • marmor 9 mai 2017 22:46
      @C’est Nabum
      Aucune passion pour les politiques, mais votre pamphlet est sans conteste, le pire texte fasciste que j’ai pu lire. Vous transpirez la haine et la suffisance, vous êtes un fat.

  • Sergio Sergio 9 mai 2017 21:34
    Nabum

    La mère maquerelle voulait déniaiser le jeune puceau qu’on lui avait refilé entre les pattes’

    Il me semblerait que dorénavant ce soit lui le Président de la République, et que pour un déniaisé, il aura bien caché son jeu. Et puis sachez bien qu’il n’est pas à une couguar près, et tant qu’à choisir, il ait préféré la France.
    Remettez vous donc, je suis sur que vous allez trouver d’autres combats.

  • Samson Samson 10 mai 2017 01:38

    Qu’importe leur opinion, j’éprouve toujours plaisir à lire ou écouter « les gens » qui ont du vocabulaire ! Merci donc pour le « muscadin ».

    En matière d’art oratoire, cette campagne aura au moins eu le mérite de révéler aux « gens » tant l’intelligence du programme de la France Insoumise que l’incontestable talent de tribun de son candidat. Superbe prestation et chapeau l’artiste : il méritait sans conteste le prix du public et, si vous l’avez manqué, çà vaut toujours le détour !

    En vous présentant mes cordiales salutations ! smiley


    • C'est Nabum C’est Nabum 10 mai 2017 07:26

      @Samson

      Merci l’ami
      Il ne fait pas bon être en désaccord avec d’autres en ce moment
      La fracture idéologique ressemble désormais à un gouffre dans lequel va sombrer le lien social


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