mercredi 29 avril 2009 - par Michel DROUET

Les citoyens manipulés et méprisés

Le recours à la violence et aux séquestrations comme moyen de dialogue social fait actuellement l’objet de nombreux débats dans les médias. Dune manière générale, les partis de gauche et les syndicats, interpelés par des intervenants plutôt conservateurs, sont « sommés » de dénoncer ces actions et de s’en désolidariser publiquement.

Le droit national au secours de l’ordre mondial
 
Parmi ces derniers, les « constitutionnalistes » en appellent aux grands principes comme celui du droit de libre circulation des personnes ou bien de la propriété qui seraient bafoués par quelques individus. Les seconds, les tenants de l’ordre, adoptent des postures martiales pour bien faire savoir qu’ils ne sont pas responsables de la crise « qui est mondiale », et se retranchent derrière la force publique et la justice, derniers remparts d’un état qui a déserté le champ de la régulation économique pour s’en remettre exclusivement à la loi du marché.
 
Tous suent à grosses gouttes et prient en silence pour que la crise se termine rapidement et que chacun recommence à spéculer tranquillement sur le dos du citoyen et à l’exploiter, quel que soit son pays, pourvu qu’il y ait des marges financières à la clef.
 
Ces bonnes âmes dissertent sur l’irresponsabilité de ceux qui comprennent les violences et qui les excusent. Ils attribuent ces actions à quelques individus extrémistes pour effrayer le bon peuple et ainsi sans doute essayer de dissuader les personnes « raisonnables » de basculer dans le radicalisme.
 
On n’est pas loin des thématiques de la théorie du complot et de de la lutte des classes, si pratiques en temps de crise, et qui permettent de stigmatiser les extrêmes, voire d’embastiller un ou deux lampistes, pour l’exemple, après avoir fait voter dans l’urgence quelques lois sécuritaires qui seront appliquées par les forces de l’ordre économique.
 
La main moite du marché
 
Selon ces parangons de l’ordre économique mondial moribond, personne n’est responsable de la crise. C’est la main invisible du marché, censée nous guider vers des lendemains qui chantent, qui a déclenché ce cataclysme planétaire, et nous devons serrer les rangs pour nous sortir collectivement du marasme, oui, vous lisez bien : collectivement, les erreurs de quelques uns devant être expiées par tous.
Et c’est bien cela qui pose problème : cette main insaisissable et invisible qui vient de s’abattre sur notre gueule et dont on voudrait nous faire croire qu’elle échappe à toute règle puisque l’économie est mondialisée, qu’elle est au dessus de toute gouvernance démocratique et surtout qu’elle se doit de continuer à considérer le travailleur lambda comme une simple variable d’ajustement pour prospérer.
 
Le marché de dupes
 
Le problème c’est que l’on voudrait nous obliger à partager l’analyse, en demandant à ceux qui subissent directement les effets de la crise, de faire encore un peu plus d’efforts que d’habitude, en vue de nous aligner sans doute sur le revenu moyen annuel d’un chinois.
Hier, en période de croissance, on aurait aimé que ces bonnes âmes partagent un peu plus au lieu de spéculer sur les marchés financiers, ou de placer leur argent bien à l’abri du fisc dans des paradis fiscaux qui continueront à exister malgré les rodomontades de nos gouvernants. On aurait aimé de ceux ci qu’ils nous proposent un autre mode de vie que celui qui consiste à vivre à crédit, qu’il y ait un peu plus d’éthique, de dialogue nord sud, de morale dans les affaires et les rapports sociaux. Mais on ne se refait pas, et une fois la crise passée, ces indécrottables recommenceront comme avant. Ont-ils seulement changé de comportement depuis le début de la crise ? La réponse est bien entendu négative tant pour les gouvernants économiques que les gouvernants politiques qui servent de faire valoir aux premiers et qui mettent à leur disposition nos deniers milliards financés par l’impôt pour tenter de boucher les gouffres financiers creusés par ces incapables et ces tricheurs.
 
Lendemains de fête
 
C’est vrai que nous n’avons pas été raisonnables, que nous votons régulièrement pour des partis politiques, si peu influents soient-ils, qui ne jurent que par l’économie de marché, le libéralisme, conseillés par des gourous, des pseudo économistes, des ignorants, au mieux des lobbyistes appointés par des intérêts privés en mal de privatisation d’activités du secteur public.
 
Nous nous sommes laissés bercer par la douce illusion entretenue selon laquelle le système était le meilleur, qu’il nous assurerait indéfiniment la prospérité, et que les quelques laissés pour compte trouveraient leur salut dans les amortisseurs sociaux.
C’était avant, avant le mépris. Les banques nous faisaient crédit, nos enfants avaient encore quelques perspectives d’emplois, mal payé, certes, mais quand même, les franchises médicales et la grande distribution n’avaient pas encore entamé notre pouvoir d’achat, on ne nous avait pas encore parlé des 40 heures payées 35 pour sauver l’emploi, pas proposé un emploi en Roumanie payé 350 euros parce que le notre était supprimé en France, on n’envisageait pas de nous faire travailler le dimanche, ni d’attendre 65 ou 70 ans pour toucher une retraite minable, on n’avait pas fermé l’hôpital à côté de chez nous ni le bureau de poste, on ne payait pas des loyers exorbitants pour des taudis, les riches n’avaient pas l’indécence de dire qu’on avait raté sa vie si on n’avait pas une montre de prestige à 50 ans, certains patrons ne touchaient pas 300 fois le SMIC, des stock options en pagaille, des indemnités de départ faramineuses même lorsqu’ils avaient failli, des retraites démesurées, les services publics n’avaient pas été privatisés et leur coût pour l’usager multiplié, nos universités ne périclitaient pas au profit des écoles et autres instituts privés à vocation commerciale, nos parlementaires qui ne servent plus à grand chose n’avaient pas encore déserté les bancs des assemblées, on ne changeait pas de trottoir si l’on voyait arriver un patrouille des forces de l’ordre, on n’aurait pas imaginé qu’on puisse nous vendre un jour une plaquette de beurre de 235 g pour le même prix qu’une de 250, on ne pensait pas que l’on traiterait les étrangers de Calais de manière indigne, que la politique avec le tiers monde se résumerait au nombre d’expulsions...etc, etc...
 
L’arrogance des ignorants
 
Voilà, tout cela pour dire que ceux qui dénoncent les actions violentes et les séquestrations pour les imputer aux quelques boucs émissaires habituels, camelots du grand soir et des lendemains qui chantent, n’ont rien compris à ce qui se passe ou ne veulent pas comprendre. Leur analyse sur le sujet est tout aussi minable que celle qu’ils font du monde merveilleux dans lequel ils pensent que nous vivons. Obnubilés par la pensée économique unique, aveuglés par les discours ultra libéraux, ils perdent tout sens critique jettent aux orties les quelques valeurs morales qui leur restaient et crient au loup dès qu’un délégué syndical élève la voix. C’est la peur de perdre leurs petits pouvoirs et leurs privilèges qui les guide.
 
Ils se voilent la face et agitent le spectre de la radicalisation en brandissant l’épouvantail bien pratique de l’extrême ou de l’ultra gauche comme si la peur de la violence pouvait inciter le bon peuple, qui doute de plus en plus, à rester bien sage. Ils passent leur temps à trouver des responsables à quelques débordements au lieu de s’en prendre à ceux qui nous ont mis dans la panade et qui continuent à se dorer au soleil de leurs lingots d’or.
 
Un contexte particulièrement délicat
 
Le monde a changé, pas en bien. Ceux qui subissent la situation vivent les choses de manière abrupte, avec les difficultés qui s’accumulent, les traites impayées, les découverts bancaires, les réponses négatives aux demandes d’emploi, le climat familial qui se détériore. Ils sont de plus en plus nombreux à vivre ce quotidien, y compris parmi ceux qui ont eu la naïveté de croire les promesses électorales de la dernière élection présidentielle.
 
Il ne serait pas étonnant, si la situation sociale devait se dégrader, les actions radicales se multiplier, que les professionnels de l’agitation, de « l’accompagnement du mouvement social », les syndicats et les partis politiques d’opposition n’en soient pas à l’origine, ne maîtrisent rien et soient totalement débordés par la situation.
Si cela devait se produire, il s’agirait alors d’un mouvement de fond, au schéma incontrôlable, provoqué par le rejet profond du modèle de société qu’on nous impose depuis trente ans et de ses élites.
 
Il serait temps de retrouver certains fondamentaux, de relire la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, par exemple, et pas uniquement dans le sens restrictif de ceux qui craignent pour la pérennité de leurs privilèges, mais dans sa globalité et dans son esprit.


22 réactions


  • bulu 29 avril 2009 11:38

    Bonjour,

    Ce que dit l’auteur est bien vrai mais le mouvement de fond, "au schéma incontrôlable, provoqué par le rejet profond du modèle de société qu’on nous impose depuis trente ans et de ses élites." n’est pas là.

    Il ne faut pas oublier que la crise actuelle est due à une bulle immobilière deraisonable qui a entrainé une bulle du crédit. Cette bulle immobilière, bien qu’initiée par les lobbies a quand même été gonflée par le peuple : sa volonté d’acheter maintenant pour revendre plus tard à son homologue mais bien plus cher, sa volonté de faire du fric sur le dos des autres, son esprit moutonier, sa faiblesse à accepter des prix décorellés de tout fondamental.
    Je ne crois pas que cette bulle immobilière eut été possible s’il y avait vraiment un rejet profond du modèle de société actuel.


    • Michel DROUET Michel DROUET 29 avril 2009 16:35

      Nous avons connu plusieurs bulles (NTIC, immobilière, matières premières...). Les bulles sont faites pour attirer les investisseurs « moutonniers » attirés par des gains faciles et rapides au besoin en s’endettant auprès des banques. Lorsque ces bulles explosaient, la déflagration était limitée à l’activité et les dégats limités à ceux qui avaient spéculé. Ce qui change aujourd’hui, c’est que c’est le coeur même du système, la finance, qui est touché et les effets se diffusent dans l’ensemble de l’économie, et touche tout le monde. C’est en cela que les choses ont changé, ce qui fait très peur à nos « élites » 


    • Marc Bruxman 29 avril 2009 19:57


      Je ne crois pas que cette bulle immobilière eut été possible s’il y avait vraiment un rejet profond du modèle de société actuel.

      Sans compter que ceux qui n’ont pas acheté se disent que c’est le moment de le faire. Ils n’attendent que cela. Le modèle est en fait très ancré.

      Et ce qui fait peur aux pseudo-élites politiques c’est qu’ils savent très bien que les syndicats, le déficit public bref tout ce à quoi ils sont habitués sont dépendents d’une bulle de crédit. Bulle qui s’est dégonflé.

      Regardez quand même le comble avec le syndicat UAW qui va se retrouver majoritaire de Chrysler. Et qui demande à ses salariès de renoncer aux grêves ! Les syndicats ne vont pas tarder à se comporter comme des kapos dans les entreprises. Maintenant que les bénéfices vont être pour eux, on va bien se marrer...


  • zeus_90 29 avril 2009 12:10

    Ah enfin, voilà un texte que j’attendais depuis longtemps. Enfin un humaniste éclairé mais lucide.

    A la lumière de tous ces évènements, nous constatons, 20 ans après la chute du Communisme, que notre système est en fin de course et au pied du mur.

    Ce système, sensé , être meilleur, économiquement et humainement, que le Communisme, est dévoyé depuis des décennies. Spéculation et exploitation sont les maitres mots, quand au facteur humain il n’existe plus.

    Merci pour cette analyse lucide de notre « monde » actuel. Il serait grand temps que les gens bougent et que la grogne se fasse entendre dans la rue. Levons nous et faisons comprendre a ces potentats que le peuple est maître de son destin.


  • plancherDesVaches 29 avril 2009 12:25

    Oui.

    Et contenir sous la pression de la culpabilité finit par l’explosion. J’ai déjà trop vécu ce que j’appelle : le mouvement de balancier....

    Cela va donc exploser. Et plusieurs solutions s’offrent à nous.
    - révolution aux US. Ce qui va devenir possible avec le chômage grandissant et le clash des cartes de crédit à venir.
    - révolution dans un pays du G20, entrainant des aliances avec des pays opposés aux US. La suite est une guerre mondiale.
    - élection d’un dictateur dans un de ces mêmes pays. Et le résultat final est le même.


  • Marianne Marianne 29 avril 2009 12:43
    "Il ne serait pas étonnant, si la situation sociale devait se dégrader, les actions radicales se multiplier, que les professionnels de l’agitation, de « l’accompagnement du mouvement social », les syndicats et les partis politiques d’opposition n’en soient pas à l’origine, ne maîtrisent rien et soient totalement débordés par la situation.
    Si cela devait se produire, il s’agirait alors d’un mouvement de fond, au schéma incontrôlable, provoqué par le rejet profond du modèle de société qu’on nous impose depuis trente ans et de ses élites.« 

    @ Michel Drouet,

    Je suis d’accord avec l’analyse que vous faîtes de la tentative de diabolisation des luttes actuelles (parfois désespérées) par le gouvernement et les tenants du libéralisme - ce mot n’est-il pas d’ailleurs un synonyme de capitalisme ?, car il faut appeler un chat un chat.

    Mais les conflits qui éclatent un peu partout actuellement tant dans le secteur public que privé ne me semblent pas déconnectés de l’action des syndicats au point où vous le dîtes. Dans de nombreuses entreprises, les travailleurs s’organisent et se font entendre grâce à la subsistance d’une ou plusieurs organisations syndicales en leur sein.

    Peut-être peut-on en effet regretter qu’il n’y ait que 7% de syndiqués en France.

    Quant aux partis politiques de gauche, que peut-on attendre d’un PS depuis trop longtemps conquis par les thèses libérales et au sein duquel le débat est pratiquemment inexistant (en tout cas au niveau de la base) sur toutes ces questions ?

    Une tentative de recomposer une vraie gauche en France, avec des propositions en rupture avec le modèle que vous dénoncez, est en train d’émerger avec le Front de gauche et sa campagne pour le scrutin européen du 7 juin. Campagne fortement relayée par de simples citoyens et travailleurs partout en France.

    Espérons que les français y verront la possibilité d’un renouveau à gauche et d’une alternative démocratique à l’argent-roi en France et en Europe. Car pour éviter un embrasement » non contrôlé" comme vous dîtes et surtout sans perspective politique réelle, il faut que les citoyens s’en mêlent et débattent abondamment.

    Cela aussi pourrait être le visage d’un mouvement de fond qui ajouterait à la colère légitime du peuple, réflexions et solutions pour sortir de l’impasse et qui substituerait à la violence stérile, une intelligence collective non moins violente pour les responsables du désastre mais porteuse de vrais changements.

    • Michel DROUET Michel DROUET 29 avril 2009 16:47

      Oui, les syndicats sont encore présents, mais dans les exemples récents de séquestration, ils étaient dans un rôle classique de modération face à des salariés décidés à en découdre et ce sont ces derniers qui ont pris (temporairement ?) le dessus dans le déroulement des actions radicales.
      Par ailleurs, sommes nous en capacité de recomposer le paysage politique par la voix démocratique ? Je le souhaite, mais je n’en suis pas certain. Il en faudra des débats, des discussions, des réflexions...
      J’ai le sentiment que les dirigeants politiques du G20 espèrent que nous sortirons rapidement de la crise et que les choses reprendront comme avant. C’est le pire des scénarios que j’imagine.


    • Fergus fergus 29 avril 2009 17:44

      @ Marianne.

      Ce chiffre de 7% de syndiqués est régulièrement mis en avant, mais c’est un trompe-l’oeil car il est souvent comparé avec les chiffres de pays où l’adhésion syndicale est obligatoire ou de pays qui offrent des bons d’achats (ou de réduction) en échange de la carte.

      Les seuls chiffres qui ont réllement du sens sont ceux du nombre des votants aux élections professionnelles. Exactement comme pour les politiques. Juge-t-on l’efficacité du PS ou celle de l’UMP au nombre de leurs adhérents ?

      Cela dit, d’accord avec la tonalité générale de l’article.


    • Marc Bruxman 29 avril 2009 20:23

      Adhérez à la CGT ! Pour une carte achetée, un gorbatchev en latex de 17cm de haut est offert !


    • Michel DROUET Michel DROUET 3 mai 2009 19:05

      Très classe, M. Bruxman !!!


  • bob 29 avril 2009 13:42

    Article remarquable et fonde qui me laisse a penser que votre service a beaucoup perdu lorsque vous etes partis a la retraite.


  • Le péripate Le péripate 29 avril 2009 13:59

    C’est une idée ça ! A quand la séquestration de quelques inspecteurs des finances pour protester contre l’impôt ? A quand la séquestration d’un conseil communal pour protester contre le manque de terrain à bâtir ? A quand la séquestration de quelques syndicalistes pour protester contre les réglementations abusives qui briment l’emploi ? Vous savez que vous pourriez donner des idées à quelques uns.


  • Caturix 29 avril 2009 14:08

    Je n’attends rien du PS, de l’UMP ou du Modem, cela fait trop longtemps qu’ils ont cessé de me représenter. Car ces bonnes gens devraient prendre conscience que nous ne sommes pas là pour les servir, mais bien le contraire.
    Mais comment peuvent ils me servir sans me connaître, sans partager mes idéaux, mes opinions ? Veulent ils me connaître d’ailleurs ? Je ne le pense pas, je ne le pense plus.
    D’ailleurs, ne trouvez vous pas étonnant que ces gens qui soit disant aiment notre société, veulent la défendre et la faire évoluer, que ces gens désirant soit-disant nous servir n’aient jamais ô non jamais fait quelque action bénévole, que ce soit avant, pendant ou après leur mandat ?

    Peut être est-ce cela le changement : pouvoir voter pour des gens qui servent la communauté.


    • Marc Bruxman 29 avril 2009 20:42


      il y a un moment la crise éclate pour montrer aux dominants, qu’il n’y a pas qu’eux, qui sont dieu

      Non non, au moment d’une crise c’est plutot le moment ou l’on s’apperçoit de qui était faible et de qui était fort. Vous voyez General Motors couler et Apple monter en cette période. Le changement de société se fait maintenant. Mais la réalité était déja valable en 2007. De même pour les banques. Il y a ceux qui mangent et ceux qui se font manger.

      et là c’est soit la franchise, soit les armes

      Y’en a un nombre qui a des fantasmes sur la révolution en ce moment ;) Fear !

       


  • Marc Bruxman 29 avril 2009 19:53

    Vous êtes en retraite. Mais le monde a changé. Et vos observations sont exagérées. C’est vrai que la société étato-industrielle est morte. Son déclin a commencé dans les années 70 cela ne date pas d’hier. Et la crise économique et sociale que nous vivons depuis l’an 2000 marque le tournant, le passage vers une autre société, différente. Dans laquelle les anciens repères n’ont plus cours. Les jeunes qui ont entre 20 et 30 ans n’ont pas connu votre société idéale. Mais ils conaissent une nouvelle société qui est juste différente et qui sait offrir de bons salaires, des opportunités. Ils ne se font plus d’illusion sur le fait de toucher une retraite qu’ils savent non financée et non financables. Ils sont parfois juste un peu frustrés que des vieux cons leur imposent tantot des lois hygiénistes, tantot des lois fascistes comme hadopisse, tantot qu’ils projettent leurs peurs sur la société.

    Il n’est pas étonnant que cette nouvelle société paraisse incompréhensible aux plus anciens et qu’elle fasse peur. Après tout, elle n’a rien à voir avec l’ancienne. Car pas grand monde finalement ne peut prévoir qui aura le pouvoir après ce changement. Alors il faut attendre que tout cela se décante. Et la démographie ne nous aides pas.

    Mais au fond, le monde a changé oui. Et je me sens étrangers dans de plus en plus de vos beaux discours. Mais ne croyez pas qu’en séquestrant, brulant et cassant vous aurez gain de cause. La violence et l’arme du faible. Celui qui l’emploi est déja un looser et le fait en croyant venger sa loositude. Ce faisant, il emploie mal son énergie et reste un looser. Parce qu’au fond qu’est ce qu’ils attendent une piéce de la part du capitaliste qui les as viré ?

    C’est finalement le dernier clou qui manquait au cercueil. En demandant du fric à tout bout de champ, les associations de gauche ont finalement accepté le modèle capitaliste. Elles en devienne un rouage intégré alors même que les classes populaires ont déja accréditées cette idée. Regardez en banlieue, il n’y a pas meilleur capitaliste dans la mentalité que ces jeunes. Ils n’ont juste pas encore compris pour certains que la violence n’était pas le moyen de réussir. Mais à part ca, ils ont très bien compris comment cela marche.

    Tout cela, couplé à un endettement d’état massif et irrésorbable va conduire petit à petit à un nouveau monde. Et cela ne peut s’arrêter. Il n’y a ni révolution ni contestation qui stoppera ce mouvement.


    • Michel DROUET Michel DROUET 30 avril 2009 09:28

      Mes observations couvrent précisémment les évolutions depuis les années 1970, que j’ai vécues et auxquelles je me suis adapté. Je ne vis pas dans un monde figé, j’utilise les NTIC mais je sais aussi regarder au-delà de mon écran et je pense que la loi HADOPI est une erreur politique (le facisme, c’est autre chose...). Les années 70 n’étaient pas forcement idéales comme vous sembler le croire, mais au moins on ressentait moins le mépris que je constate aujourd’hui avec le capitalisme exacerbé. C’est cela qui me fait dire que le risque de radicalisation existe (je ne la justifie pas comme vous semblez le penser) et que la seule issue consiste à relire et à repenser nos fondamentaux démocratiques. Je crois à l’évolution de l’économie et non à la théorie imbécile de la « destruction créatrice » de Schumpeter .
      C’est le « vivre ensemble » qui nous sortira de l’impasse actuelle et non pas les clivages « looser contre winner » « et »jeune dynamique contre vieux con" qui émanent de votre propos (ceci étant, je suis d’accord pour dire que la gérontocracie au pouvoir - politique mais aussi économique - doit céder sa place à des plus jeunes).
      Enfin, l’exemple sur la mentalité des jeunes de banlieue me laisse pantois : cela voudrait-il dire que le capitalisme justifierait l’économie parallèle ? Il y a des exemples qu’il vaut mieux éviter.


    • Marc Bruxman 30 avril 2009 11:02

      Les années 70 n’étaient pas forcement idéales comme vous sembler le croire, mais au moins on ressentait moins le mépris que je constate aujourd’hui avec le capitalisme exacerbé.

      Ah j’ai jamais dit que c’était idéal les seventies ;) A part pour le Rock qui a produit durant ces années ses plus beaux groupes ;)

      Pour ce qui est du mépris il y a un clivage visiblement parce que ni moi ni mes camarades ne nous sentons méprisés. Il est vrai qu’on a eu la chance d’être formés a ce qui est demandé aujourd’hui par les entreprises et qu’il en sera peut être différamment demain.

      C’est cela qui me fait dire que le risque de radicalisation existe (je ne la justifie pas comme vous semblez le penser) et que la seule issue consiste à relire et à repenser nos fondamentaux démocratiques. Je crois à l’évolution de l’économie et non à la théorie imbécile de la « destruction créatrice » de Schumpeter .

      A pourtant la destruction créatrice, on est en plein dedans. A moins que ce ne soit plutot la création destructive. Mais quand bien meme la société change trop vite, il y a des choses qui deviennent « irrelevant » pour le systéme économique comme disent les américains. (Ce mot dont je ne connais pas de bonne traduction française signfie grosso modo que quelque chose ne compte plus, n’a plus d’importance ou plus exactement devient invisible). Et c’est la que s’installe ce que vous appelez le mépris. Alors bien sur, on tolére quand ce sont les autres auquels cela arrive, pas quand c’est de soi même.

      Mais il arrive finalement la même chose aux maisons de disques ou à certaines industries. Si ce n’est la vitesse qui a été beaucoup plus rapide pour les maisons de disque. Et quand ca arrive, tous les moyens semblent bon pour sauver le secteur. Alors que tout le monde s’en moque désormais.


      C’est le « vivre ensemble » qui nous sortira de l’impasse actuelle et non pas les clivages « looser contre winner » « et »jeune dynamique contre vieux con" qui émanent de votre propos (ceci étant, je suis d’accord pour dire que la gérontocracie au pouvoir - politique mais aussi économique - doit céder sa place à des plus jeunes).

      Ben le « vieux con » n’avait pas pour but d’être généralisé. Mais comme vous le dites, il y a une gérontocratie au pouvoir qui prend plein de lois débiles. Quand j’entends parler à tire larigot de De Gaulle qui n’évoques rien pour moi si ce n’est des statues dans Paname, d’une guerre de 39-45 très loin, et que tout ca sert par le biais d’une grande nostalgie a sauver la cohésion sociale d’un pays qui l’a perdue cela me gonfle. 

      Quand on utilise des luttes passées, que l’on crée des « grenelles » cela ne s’adresse pas à ma génération. Quand on s’y adresse c’est pour la rendre misérable avec des aides pour les looser alors que l’on surtaxe les jeunes encore célibataires.

      Quand à la terminologie winner, looser c’est malheureusement la vie. Chaque système a ses gagnants et ses perdants et il en sera toujours ainsi. Aucun système n’a que des gagnants. Après des fois, on peut dire, « nan t’es pas une loose, tu va faire la révolution » mais ce n’est que de la poudre aux yeux ! Bien utile c’est vrai.

      Enfin, l’exemple sur la mentalité des jeunes de banlieue me laisse pantois : cela voudrait-il dire que le capitalisme justifierait l’économie parallèle ? Il y a des exemples qu’il vaut mieux éviter.

      Non je n’ai pas dit ca. Mais les jeunes de banlieue aspirent à quoi ? A plus de fric. Et ce rêve suscite parfois d’énormes débordements comme ceux que vous citez et bien d’autres. Avant la classe populaire révait d’autre chose. Mais si elle se met à rêver de fric quelque part, il y a convergence des luttes. 

      Et cela dit, je connais plusieurs jeunes issus de la banlieue qui ont brillamment réussis et pas dans l’économie souterraine. Ils sont ingénieurs comme moi, issus de la même école et avec le même diplôme. Mais ils ont quelque chose en plus. En dehors du fait de parler l’Arabe, ils ont une volonté que peu de Français « de souche » (je n’aimes pas cette expression mais bon...) ont. C’est pour cela qu’ils réussissent.


  • Marc Bruxman 29 avril 2009 20:14

    Oui, les syndicats sont encore présents, mais dans les exemples récents de séquestration, ils étaient dans un rôle classique de modération face à des salariés décidés à en découdre et ce sont ces derniers qui ont pris (temporairement ?) le dessus dans le déroulement des actions radicales.

    Non mais ils sont pas débiles les syndicats. Ils gérent des milliards grâce au paritarisme qui finissent toujours dans les bonnes poches. Tu crois qu’ils vont changer ca et risquer une répression violente du gouvernement pour sauver quelques salariés licenciés ?

    Bien sur, ils modérent et c’est même pour cela que le gouvernement leur a donné un statut spécial. Et c’est pour cela que le gouvernement les soigne. Le gouvernement veut un modérateur. Parfois, le gouvernement veut un défilé pour relacher la soupape. Les syndicats sont dans ce role. Et ils ont trop à perdre à tenter de changer de rôle.

    Vous vous souvenez de l’affaire de l’UIMM qui a été étouffée pour ne pas dire quelles organisations de salariés avaient accepté du fric ? Et bien, il y en a des dizaines comme cela. Tout aussi pourries. Et c’est illégal qui plus est. Le jour ou un syndicat est trop génant, il sera écrasé comme un cafard par des révélations les plus glauqeus sur ses agissements. Tout a été organisé pour qu’il y ait un autocontrôle.

    Par ailleurs, sommes nous en capacité de recomposer le paysage politique par la voix démocratique ? Je le souhaite, mais je n’en suis pas certain. Il en faudra des débats, des discussions, des réflexions...

    Vous pouvez aussi tenter de créer de vrais choses plutôt que de faire de la politique. Vous voyez depuis des lustres des mecs se battent contre la censure. Et cela n’a pas servi à grand chose. Mais des gens ont fait d’internet une réalité et la censure est devenu impossible. Ces gens la ont fait plus pour la liberté que tous les politiques.

    La politique, le débat démocratique, c’est juste un grand cirque. La société s’auto-organise, la politique ne sert qu’à faire accepter un état de fait. Et à chaque fois que l’on est sorti de ce role pour la politique ce fut un désastre. Et si vous me répondez que dans les 30 glorieuses les politiques agissaient, je vous répondrai que cela arrangait bien l’industrie. L’état fort que vous avez connu était une création de la société industrielle.

    J’ai le sentiment que les dirigeants politiques du G20 espèrent que nous sortirons rapidement de la crise et que les choses reprendront comme avant. C’est le pire des scénarios que j’imagine.

    Non non le pire des scénarios vous allez le connaître à l’automne prochain quand le second round de la crise bancaire lié aux prêts Alt-A va frapper. Cela sera un choc. Pas une crisounette comme on en connait actuellement. L’état sera appelé à la rescousse et ira. Il y en aura besoin pour contenir cet immense bordel crée par les états qui ont joués à laisser des taux d’intérêts à des niveaux très faibles pour assurer la ré-élection de Bush. Mais ce qui est sur c’est que le crédit crunch qui s’ensuivra sera complétement incompatible avec le maintient des anciennes structures.


    • Michel DROUET Michel DROUET 3 mai 2009 19:31

      Copier/coller et commenter...c’est une technique « défensive » pour répondre, mais qui ne fait pas émerger beaucoup d’idées nouvelles...et qui prend beaucoup de place, ce qui n’incite pas à la lecture.


  • logo22 29 avril 2009 21:47

    terriblement politiquement correct
    et terriblement juste
    malheureusement


  • Canine Canine 29 avril 2009 23:19

    "A la lumière de tous ces évènements, nous constatons, 20 ans après la chute du Communisme, que notre système est en fin de course et au pied du mur.« 

    A cette nuance prêt que le communisme, on savait à l’unanimité par quoi le remplacer. Là, le »système" actuel (qui soit dit en passant, est d’une actualité qui dure depuis un moment), chacun à bien une idée sur comment le modifier ou le remplacer, mais pour se mettre d’accord, c’est un autre problème. Du coup, je pense qu’il va rester.


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