mardi 13 novembre 2012 - par Michel DROUET

Les collectivités territoriales communiquent

Un jour, dans la boîte aux lettres, le bulletin municipal, un autre, la revue du Conseil Général ou celle du Conseil Régional ou bien encore celle de l’intercommunalité : les collectivités territoriales communiquent !

Excepté le bulletin municipal qui, par les sujets de proximité qu’il traite, parle aux administrés, les autres publications, si elles se laissent feuilleter ne nous apprennent pas grand-chose des compétences exercées par les différents niveaux ou bien alors il faut avoir les clés pour décoder.

Outre l’incontournable éditorial du Président que l’on trouve immédiatement en page 3, le reste de ces publications est souvent destiné à mettre en valeur des acteurs locaux ou des citoyens et vise également à promouvoir un espace territorial auprès des touristes ou des investisseurs, sans oublier bien évidemment les articles à la gloire de la majorité en place ainsi que la demie page destinée à l’opposition.

Le citoyen, s’il veut s’informer plus avant sur le fonctionnement des collectivités pourra se connecter sur les sites internet des différentes collectivités pour y trouver quelques développements sur la vie de chacune d’entre elles (réunions, délibérations, services administratifs,…).

Il peut aussi assister aux séances des différentes assemblées ouvertes au public et parfois fréquenter des espaces citoyens où il découvrira des expositions sur les projets en cours ou des guichets ouverts à des publics particuliers (jeunes, personnes âgées, entreprises,…).

Les collectivités qui souhaitent un contact plus direct avec les citoyens mettront en place des réunions territoriales (quartiers ou cantons…), des conseils de quartiers, des forums citoyens ou bien encore des directions administratives et techniques de quartier ou de territoire pour recueillir la parole des administrés et éventuellement mettre en œuvre leurs demandes.

En matière de communication, n’oublions pas non plus les cérémonies de remise de médailles, trophées et objets promotionnels divers et variés qui nous font de très belles photos dans la presse locale et valorisent les élus, de même que les inaugurations ou poses de premières pierres qui poursuivent les mêmes objectifs.

Enfin, les collectivités les plus en pointe réaliseront des enquêtes. Celles-ci peuvent être ciblées (efficacité des services par exemple) ou avoir trait à l’image de la collectivité dans un espace donné ou bien encore être plus générales et s’attacher à demander au sondé ce qu’il pense des services proposés par la collectivité et à recueillir ses attentes.

Ces enquêtes ne traiteront jamais de l’opportunité de supprimer un niveau de gouvernance locale, bien entendu.

Pourquoi communiquer ?

Derrière l’ensemble de ces dispositifs destinés à informer le citoyen et à créer du lien se cachent d’autres objectifs plus politiques ceux-là : valoriser les élus et inciter à revoter pour les équipes en place d’une part et affirmer la place « essentielle » de chaque niveau de collectivité dans le mille feuille territorial.

Bref, ces dispositifs qui devraient donner du sens à l’action locale et éduquer le citoyen se transforment d’une part en outils de concurrence entre différents niveaux de collectivité et de propagande électorale, le tout payé par le contribuable.

La communication poursuit actuellement un autre but qui est de chercher à valoriser des niveaux de collectivité qui veulent continuer à exister ou à étendre leurs compétences face au débat actuel sur la nouvelle étape de la décentralisation voulue par le pouvoir actuel : les départements qui ont un peu de plomb dans l’aile commencent à communiquer et à sonder les citoyens afin de « sauver leur peau ».

Enfin, la communication répond à des cycles qui sont ceux des élections et on voit fort opportunément se multiplier des initiatives vers la fin des mandats.

Est-ce que ça marche ?

On peut en douter lorsqu’on constate l’érosion de la participation aux différents scrutins (excepté peut-être le scrutin municipal). Il n’est que de constater le taux de 60 % d’abstentions aux élections cantonales (le conseil général) pour avoir des doutes sur l’utilité des sommes dépensées en communication.

On a l’impression que la communication institutionnelle des collectivités ne touche pas ou peu le citoyen de base qui ne comprend plus rien à l’organisation territoriale et à la répartition des compétences entre elles.

C’est le sens d’un sondage publié récemment qui indique que plus des deux tiers des Français (69 %) estiment qu'il y a trop d'échelons politiques et administratifs en France, selon un sondage CSA paru jeudi 1er novembre dans Le « cri du contribuable ».

Pourquoi supprimer un échelon ?

La justification financière est souvent avancée et elle risque de trouver à s’appliquer face à la réduction drastique des dotations de l’Etat aux collectivités territoriales et autres Etablissements de coopération intercommunale. Elle sera donc contrainte, là où l’ambition de mieux associer et informer les citoyens dans un dispositif compréhensible pout tous devrait être la ligne de conduite.

Mais cela supposerait une diminution du nombre d’élus et donc moins de cumul des mandats ainsi qu’une atténuation du rôle des partis politiques dans la gouvernance locale. Autant dire que les débats à venir sur la décentralisation seront davantage marqués par ces éléments « corporatistes » que par la rénovation de nos institutions locales et que la communication des collectivités va passer prochainement à la vitesse supérieure.



3 réactions


  • ZenZoe ZenZoe 13 novembre 2012 12:06

    En parlant de communication, je suis à chaque fois sidérée par le gaspillage insensé de toutes ces brochures - qui sont à peine lues (peu de choses intéressantes dedans) et vont direct à la poubelle.
    Efficacité ? J’en doute.
    Gabegie ? Ca c’est clair.


  • Jagermaster Jagermaster 13 novembre 2012 12:37

    Bien d’accord avec vous, je me permet d’ajouter que ce sont ces même politiques qui nous parlent de « rigueur ». Le faites ce que je dis pas ce que je fais.

    L’évolution des comptes publics de la maison France- Etat et Collectivités territoriales- au cours des 30 années écoulées, en fait depuis la décentralisation bâclée de 1981, montre que, malgré l’explosion de la dette publique ( elle est passée de 22% du PIB en 1980 à 90% actuellement !), la réduction dramatique des investissements publics résulte de l’augmentation des dépenses de fonctionnement, du gaspillage de l’argent public dans une structure administrative millefeuillesque dont la complexité et l’inefficacité sont dénoncées en vain par la Cour des Comptes.

    Si, en pourcentage du PIB, nous ramenions progressivement nos dépenses de fonctionnement à celui de l’Allemagne, notre principal partenaire et concurrent, c’est 150 milliards d’euros environ qui seraient économisés.

    Or, il en suffirait de moins de 100 pour que nos comptes soient équilibrés. De quoi en plus bouché le trou de la sécu !

    Le remède est clair : il faut restructurer, pour la rationaliser, notre structure administrative territoriale, et réduire en conséquence le nombre de nos élus.


    Montesquieu soulignait que la démocratie exigeait la vertu politique, définie comme un renoncement à soi même. Avec une telle exigence, la démocratie survivra-t-elle à la démagogie ?


  • quelle collectivité LOCALE N A PAS ENCORE SON JOURNAL COULEUR..
    NE SOYEZ PAS LES DERNIERS A DEMANDER UN BON CHEQUE A VOTRE DEPUTE OU SENATEUR... (caisse noire)

    OU ON VA CEST LA GABEGIE..BYZANCE

    650000 ELUS LOCAUX 36600 journaux Communaux idem pour leurs communautes...le departement...le pays...la region..le pays des regions...les députés et senateurs....peuvent toujours demander des chèques aux lobbies...ca ...ils savent LE FAIRE

    650000 ELUS LOCAUX AUTANT QUE LES 26 AUTRES PAYS DE LA CEE..ENSEMBLE


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