Que faire des élus ?
La question mérite d’être posée à un double titre : en premier lieu parce que gauche et droite confondues ont fait preuve de leur incompétence à gérer les affaires du pays et ensuite parce qu’ils sont trop nombreux, qu’ils cumulent toujours et parce que leurs partis politiques considèrent les collectivités publiques comme une chasse gardée destinée à caser les jeunes pousses qui remplaceront un jour les vieux élus.
Le principe de Peter :
« Dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s'élever à son niveau d'incompétence » avec le corollaire « Avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d'en assumer la responsabilité ».
Considérons cependant que certains élus, et ils sont nombreux, exercent leurs mandats, locaux, en particulier, avec honnêteté et efficacité. Cela doit rendre encore plus amère la défaite aux dernières municipales de certains d’entre eux, qui n’avaient pas démérité, et qui ont été emportés par le rejet global du politique que ce soit par l’abstention ou bien par un vote de protestation.
Gageons que dans six ans, si rien ne change, le balancier repartira dans l’autre sens, avec en plus une abstention encore plus marquée. Le marqueur qui vaut aujourd’hui pour tous les scrutins, semble être l’incapacité des gouvernants à sortir le pays de la crise et le PS ou l’UMP en font ou en feront les frais à un moment ou à un autre. L’élu local est identifié par rapport à son parti, peut importe qu’il soit compétent.
Pourquoi deviendraient-ils incompétents lorsqu’ils accèdent à la gouvernance du pays ? La question mérite d’être posée parce que tous ne sont pas concernés par le principe de Peter et qu’il se trouve parmi des élus des gens compétents et capables.
Gérer une commune, un Département ou une Région ne présente pas les mêmes difficultés que gérer un Etat. Gérer la France oblige à se confronter à toutes sortes d’organismes supra nationaux, au secteur financier, à la mondialisation de l’économie et en interne à toutes sortes de lobbies, que ce soit les grands corps de l’Etat qui cherchent à durer et à se rendre indispensable quand ils ne cherchent pas à pantoufler dans le privé, ou bien encore au Medef qui veut bien prendre l’oseille sans rien consentir en échange...
Le cumul et l’efficacité
Même si la loi, (qui sera applicable plus tard…) limite le cumul des mandats de parlementaires avec celui d’un exécutif local, elle n’empêche pas de cumuler plusieurs fonctions locales, par exemple, Maire, Président d’une intercommunalité et conseiller général, ce qui représente une belle interprétation du conflit d’intérêt. Par ailleurs on peut se demander comment un seul homme peut remplir correctement ses fonctions cumulées, sauf à s’entourer, et c’est souvent le cas, d’un cabinet de « jeunes pousses » complaisamment fournies par le parti et payé par le contribuable.
Ajoutons à cela, que pour mieux tenir en mains le terrain, ce qui permettra un jour de briguer un mandat de député ou de sénateur, qu’il est possible pour ces cumulards locaux de détenir en plus quelques présidences de structures locales.
Le cas le plus représentatif du système et celui de Michel Delebarre, désavoué par les électeurs de Dunkerque, qui cumulait pas moins de 3 mandats et 26 fonctions dans des organismes divers et variés. A ce stade, il est permis de se demander si le principe de Peter n’a pas été masqué par une armada de collaborateurs émargeant au budget des collectivités concernées et qui tiraient les ficelles en coulisse.
550 000 élus !
…soit 1 pour 120 habitants en moyenne ! Est-ce le gage d’une bonne gouvernance nationale et locale ou bien est-ce un système inefficace qui se nourrit sur la bête au détriment de l’intérêt des citoyens ?
On vous dira bien sûr que la démocratie est à ce prix, argument qu’on aurait tendance à ne pas entendre compte tenu de l’augmentation constante de l’abstention à chaque scrutin et que l’on minimise en parlant de vote de rejet ou de vote d’adhésion.
Il y a trop d’élus, ce qui veut dire qu’il y a trop de structures, souvent dépendantes financièrement les unes des autres et qui masquent la gabegie financière que cela génère, les rentes de situations que cela induit et les obligés qui profitent du système.
Interrogeons-nous sur la gestion de l’eau par exemple, ou bien sur les grands travaux qui font la renommée de certains élus et financés par des Partenariats Publics Privés, véritables bombes à retardement financière pour les collectivités et donc les contribuables.
Interrogeons nous sur les départements qui modernisent le réseau routier qui conduit à la grande ville du Département, laquelle investit dans des dispositifs destinés à chasser la voiture des centres villes : incohérence politique totale et jackpot pour les goudronneurs à tous les coups !
Les choses vont-elles changer ?
On peut en douter, et les résultats électoraux du PS n’incitent pas à penser que ce parti proposera la disparition ou la fusion des départements, collectivités dans lesquelles il est encore majoritaire ou bien la fusion de Régions entre elles : ce serait accepter de voir disparaître de nouveaux mandats locaux, des Présidences et des postes de cabinets qui vont avec.
S’il prenait l’idée au gouvernement de reformer l’intercommunalité, il serait aussitôt taxé par l’UMP qui a gagné beaucoup de villes et donc va devenir majoritaire dans les structures intercommunales, d’être mauvais perdant. Un beau débat en perspective avec M. COPE en indigné dans tous les médias.
Alors, plutôt que de réformer pour rationnaliser la gouvernance locale, ce que les élus ne veulent pas (et ce sont les mêmes qui votent les textes au Parlement), la solution qui semble choisie est celle d’un petit dépoussiérage des compétences et surtout un grand coup de massue financier (10 Milliards d’euros en moins aux collectivités dans le cadre des économies programmées) qui mènera de fait à la disparition ou au regroupement de certaines structures locales sans recherche de cohérence globale.
A défaut de réformer pour ne pas froisser les élus, on ripoline à nouveau un édifice qui ne tient plus que par des multiples couches de peinture et on fait croire au citoyen que c’est la faute de l’Etat si les impôts locaux augmentent !