Qui veut la peau des services publics ?
La publication du projet gouvernemental en matière de budget fait apparaître en contrepoint le vrai but du gouvernement.
Sur le thème de « va falloir se serrer la ceinture », vu que ses prédécesseurs auraient trop dépensé, Barnier vient de pondre un projet qui, a priori, vise à améliorer la situation financière du pays... mais qu’en est-il réellement ?
À première vue, le projet est louable, car le paquebot France est en train de prendre l’eau de tous cotés, et « pratiquer une parole de vérité, quitte à se rendre impopulaire », comme l’affirme le premier ministre… ressemble finalement plus à un enfumage en règle...
Car à seconde vue, il y a une partie de l’iceberg qui n’apparaît pas tout de suite, et pourtant.
Il faut se remettre en mémoire la parole de Georges Orwell qui écrivait : « le discours politique est destiné à donner aux mensonges l’accent de la vérité, à rendre le meurtre respectable, et à donner l’apparence de la solidarité à un simple courant d’air »…
la posture du 1er ministre en est la parfaite illustration.
il y a 13 ans déjà, l’auteur Jacques Costa avait abordé la question par rapport aux services publics, lesquels sont de plus en plus menacés par les gouvernements successifs, de gauche comme de droite…
Dans un ouvrage publié en 2011 il s’interrogeait pertinemment sur ces attaques de plus en plus dommageables dont les services publics sont l'objet. lien
Comme l’écrivait fort pertinement l’auteur : « Hôpitaux, écoles, postes, gares, commissariats, tribunaux, services sociaux...dans quel état les gouvernements successifs, de droite ou de gauche, ont-il mis nos services publics ? Quelles en sont les conséquences dans notre vie quotidienne et pour les 36 000 communes françaises ? (…) l’administration française est-elle vouée à tomber dans le privé ?... ».
La question est posée, et au vu du projet gouvernemental sur le chapitre du budget, il semble bien que l’œuvre de destruction des services publics continue de plus belle.
En effet, (en ne prenant que le chapitre de la santé), en diminuant la part de la Sécu sur le remboursement des soins, l’état ne fait que privatiser un peu plus cet organisme, car les mutuelles sont encouragées à prendre à leur part la différence...privatisant ainsi un peu plus les services privés.
Finalement Barnier continue l’œuvre menée par ses prédécesseurs qui consiste à jeter le service public dans les bras du privé.
Mais alors que faudrait-il faire pour remettre l’État sur les bons rails ?
Le NFP (Nouveau Front Populaire) a fait des propositions :.
8 milliards d’€ pourraient entrer dans les caisses de l’état, si celui-ci mettait fin aux exonérations patronales, d’autant que les 200 milliards d’aides et de subventions versés aux entreprises n’ont pas prouvé une réelle efficacité.
La disparition du crédit « impôt recherche » représenterait 3 milliards d’€, d’autant que cette mesure n’a pas atteint ses objectifs, et qu’elle est surtout utilisée comme un outil « d’optimisation fiscale ».
Le rétablissement de l’ISF concernant ceux dont le patrimoine est supérieur à 1 million d’euros rapporterait à lui seul 15 milliards d’euros.
7 milliards d’€ s’ajouteraient dans les caisses de l’état s’il opérait une nouveau système d’imposition sur les héritages dorés, celui ci étant affaibli par des exonérations qui réduisent la progressivité de l’impôt.
Sachant que le PFU (Prélèvement Forfaitaire Unique) favorise les revenus du capital, lesquels sont moins taxés que les revenus du travail, sa suppression économiserait 2,5 milliards
Une réforme de l’exit tax rapporterait 3,5 milliards d’€. lien
une simple taxe sur les profits et les superdividendes ferait rentrer dans les caisses de l’état 5 milliards d’€
une taxe sur les transactions financières rapporterait 2 milliards d’€
Mettre fin au privilèges de l’aérien en introduisant une taxe sur les utilisateurs de jets privés, représentent 1,5 milliards d’€
afin d’offrir aux collectivités en fixant un taux de 0,35 (au lieu des 0,05 actuels) feraient un bonus de 3 milliards d’€.
Le rétablissement de la CVAE correspond à 3 milliards d’€. lien
En quelques mesures cohérentes et justes, lesquelles ne pénaliseraient pas les français les plus modestes, les 53 milliards d’€ sont dépassés.
Alors qu’en haut lieu on prétend être sur « un chemin d’équilibre », la réalité du projet Barnier consiste à prendre 15€ dans la poche des retraités qui perçoivent 1500 € mensuels...à baisser sa contribution à la sécurité sociale...laissant planer un gros flou d’incertitude sur la transition écologique...et quand il y a un flou, il y a un loup, comme chacun sait. lien
Alors que Barnier affirme que les petites et moyennes entreprises ne seront pas touchées par les mesures prises, il oublie discrètement que les mesures qui touchent l’apprentissage les impacteront fatalement, puisqu’en réduisant les aides au recrutement, leur charge fiscale sera alourdie. lien
D’ailleurs des économistes se sont penchés sur les effets pervers des mesures envisagées, et ils sont nombreux à estimer qu’elles freineront la croissance, jugeant que la prévision de croissance de 1,1 % est trop optimiste, ajoutant que certaines mesures seront inefficaces. lien
au-delà de ces propositions alternatives au projet du gouvernement, il y a une réalité qu’il ne faudrait pas perdre de vue…
Des milliards sont jetés par les fenêtres pour des projets dont la cohérence est plus que discutable : quid des plus de 30 milliards destinés à faire le projet ferroviaire Lyon-Turin, alors que la ligne existe déjà ?… quid des 35 milliards prévus pour la relance du nucléaire, alors que le premier EPR est une catastrophe économique prévisible ?… quid des plus de 2 milliards d’€ destinés au Canal Seine-Nord Europe ?...des 840 millions qui pourraient être consacrés aux « méga-bassines » ?...des milliards dévolus aux J.O. de Paris ?...sans parler d’autres projets, comme l’A69...en voilà des milliards à économiser : plus de 70 milliards au bas mot. lien
hélas ce n’est pas tout : On l’a vu, il manque pas mal de milliards dans les comptes publics...une soixantaine d’après les experts du gouvernement Barnier...or, depuis quelques années (7 ans environ) de nombreux cadeaux ont été distribué aux entreprises...environ 50 milliards : 16 milliards de baisse d’impôt sur les sociétés, 19 milliards de baisse d’impôt de production, 6 milliards d’extension du CICE, 2 milliards de suppression de l’ISF, 1,7 milliards de baisse de la taxe sur la taxe sur le capital, 4 milliards de défiscalisation, (en réduisant les cotisation concernant les heures supplémentaires), voilà déjà 50 milliards de cadeaux qui ont été faits aux entreprises...pour quels résultats ?
La nouvelle secrétaire de la CGT, Sophie Binet, va plus loin, affirmant que ce sont 73 milliards de cadeaux qui ont été offerts aux plus riches. lien
Qui croire ?
Comme dit mon vieil ami africain : « le mensonge peut courir un an, la vérité le rattrape en un jour ».
Le dessin illustrant l’article est de Thibaut Soulcié
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
Articles anciens
un gouvernement de « champions »
en juin, la vérité fait son chemin
dans agriculture il y a « agri »
bonjour les robots, adieu les humains
Le travail est mort, vive la paresse