Radio Enghien bâillonnée ?
Une des seules radios vraiment libres, c’est-à-dire fonctionnant dans l’esprit de 1981, située en région parisienne, devrait voir son rayonnement réduit à presque rien.
En novembre 2006, TDF a informé Radio Enghien, devenue Idfm (Ile-de-France FM), d’un projet de nouveau plan de fréquences de la région Ile-de-France. Ce projet comporte une réduction drastique de la puissance d’émission de la radio : 40 W (au lieu des 4 000 W actuels !) sur Paris et la banlieue sud : c’est-à-dire la perte de deux tiers des auditeurs de la station !
La mesure sera effective début septembre.
Jacques Berberides, son président, a écrit le 30 mai dernier à Michel
Boyon, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA, qui attribue et
régularise les fréquences) pour lui faire part de sa
« stupéfaction » : « Depuis 25 ans, explique-t-il, nous
faisons des efforts constants pour enrichir notre grille de programmes réalisée
à 95 % par nos animateurs. Grâce à ces programmes diversifiés nous avons conquis
et retenu de nombreux auditeurs. Fiers de ce succès et pour bénéficier d’une qualité d’écoute
supérieure, pour être mieux entendus aussi sur l’ouest et l’est de notre
département, nous vous avions demandé, il y a plus d’un an, de revoir
l’emplacement de notre antenne TDF, actuellement située à Sannois. »
Au lieu de cela, Radio Enghien va être éliminée de tout un territoire !
« Ainsi, la
banlieue peut être submergée par les radios parisiennes commerciales ou
associatives jusqu’aux confins des
champs de betteraves, par contre, les événements, la culture, les projets, les
informations de la banlieue n’intéressent pas Paris et n’ont rien à y faire ? Bâillonnée,
la banlieue ! »
Radio Idfm est une radio généraliste, d’information et interactive, émettant sur toute l’Ile-de-France. M. Berberides rappelle qu’elle accueille régulièrement sur son
antenne les auteurs-compositeurs-interprètes de chanson française de qualité
qui n’ont pas leur place ou très peu sur les “grandes” radios ; que chaque
mercredi des jeunes qui s’investissent dans la vie associative et l’humanitaire
y sont entendus ; qu’elle est la seule radio de la région à réaliser
depuis 25 ans trois émissions par semaine pour les Français d’origine grecque
ou chypriote. Pour la diaspora grecque, Radio idfm est la plus importante radio
grecque en France ; que sa programmation culturelle lui permet
d’entretenir des relations privilégiées
avec une centaine de théâtres parisiens et des banlieues environnantes ; sans
oublier la quarantaine d’étudiants des écoles de journalisme de Paris accueillis
et formés chaque année et les stagiaires venant des écoles ou des entreprises
régionales ; depuis 25 an, information sur le handicap avec réalisation
d’émissions quotidiennes ; et enfin, « citons les émissions de nuit, de
minuit à 6 h 00, la seule radio francilienne à s’investir autant dans
l’interactivité, offrant à ses auditeurs la possibilité de la libre parole et
l’écoute partagée. Emissions de nature délicate, souvent contrôlées par les
services du CTR. Et tout cela sans aucun reproche de dérive de la part du CSA
concernant le comportement des animateurs ».
« L’investissement énorme, permanent, total,
des dirigeants bénévoles, des 170 animateurs bénévoles, 6 salariés, ne se
justifie plus pour une écoute réduite à un mouchoir de poche. » C’est
pourquoi le président de Radio Idfm demande « instamment (au CSA) de bien
vouloir reconsidérer le plan de fréquence de notre radio et de nous autoriser, au nom de l’égalité de chances, à
être diffusé sur toute l’Ile-de-France comme par le passé et, pourquoi pas, à
améliorer notre puissance conformément aux avantages attribués aux autres
radios de l’Ile-de-France ou de Paris intra muros. »