mardi 22 novembre 2011 - par Patrick Samba

Un premier bilan de l’occupation de La Défense

Jour après jour depuis le vendredi 4 novembre, des Indigné(e)s occupent nuit et jour l’esplanade de La Défense. Au pied de l’imposante Grande Arche dont le gouvernement leur interdit l’accès, et surtout quand il pleut… Aujourd’hui cela fait donc un peu plus de deux semaines qu’ils l’occupent. Une occupation non-violente. Nuit et jour, malgré le froid, la pluie (seulement fifine jusqu’à présent), et le harcèlement de la Police. Une Police au départ extrêmement agressive. Mais sa violence n’est pas parvenue à entamer leur détermination. Malgré aussi l’impossibilité de s'abriter dans une tente ou sous une bâche ou même sous un carton, puisqu’elle tente souvent violemment de les déposséder du moindre carton pouvant leur servir de pancarte. De la violence pour un carton !... Ils dorment à même le sol ; quand ils dorment.

Et de plus en plus de gens ont connaissance de cette situation. Et pas seulement les riverains et employés des multinationales de la Finance et de l’Industrie. Car aujourd’hui un verrou a sauté : les média français commencent à parler de leurs compatriotes indignés. Pas toujours en des termes qui leur conviennent, mais l’essentiel est là, ils en parlent. Et phénomène encore plus essentiel, leur parole se délie.

Les analyses, ou plutôt les absences d’analyse des média.

Manquant encore d’imagination, de saine curiosité professionnelle, certains d'entre eux en sont encore à poser la question récurrente : « Pourquoi le mouvement des Indignés ne prend-il pas en France ? ». Pratiquement pas un journal, pas une radio, pas une télé qui n’ait posé la question. A laquelle en général ils ne tentent même pas de répondre. Et quand ils le font, la réponse est toujours la même.

La situation en France, selon eux, ne serait pas la même qu’ailleurs. Heureusement que nos experts en lapalissades sont là pour nous le faire savoir !... Mais alors que l’on pourrait s’attendre à ce qu’au moins ils nous précisent les différences chez nous des effets de la crise, leur traduction de la situation va dans un tout autre sens. Se gargarisant d’une autosatisfaction bien française, une des sources de l’arrogance nationale moquée de par le monde, ils avancent que la protection sociale y serait plus étoffée qu’ailleurs, offrant un airbag permettant d’amortir efficacement les divers chocs de la crise. Outre évidemment qu’il est un moyen de rassurer le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur, et donc de l’encourager à se satisfaire de son sort, l’argument tombe à l’eau. Pour la bonne raison que les effets de la crise, même s’ils peuvent être anticipés, chez nous dans l’immédiat ne sont pas encore perceptibles de manière massivement rigoureuse. Sauf si l’on possédait des actions. Mais peut-on alors parlé de rigueur, ou au contraire tout au plus d’amincissement, même s’il y a effectivement épreuve psychologique ? Et c’est bien cela qui fait la différence. A l’inverse de l’Espagne et des USA où les fameuses sub-primes, dépossédant nombre de propriétaires de leur logement, ont jeté un nombre important de familles à la rue. Ceci expliquant cela, à savoir une rage chez eux déferlant sur le pavé.

Accompagnant cette question, dont personne n’aura ignoré la dimension perfide, accourt systématiquement ce constat selon lequel les Indigné(e)s à La Défense seraient bien peu nombreux. On pourrait en effet avec eux en être confondu. Mais pas dans le sens où les média satisfaits de leur pertinente observation pourraient s’y attendre. Car encore une fois elle ne démontre que leur myopie. S’ils venaient sur place constater la réalité, ils s’apercevraient en effet qu’en dehors d’un noyau plus ou moins constant, un roulement très important y a lieu. Et 100 dormeurs par jour pendant 15 jours ne font pas 100 personnes mais plus d’un millier, près à se retrouver là au moindre trafalgar. Et il ne s’agit là que du nombre de dormeurs. Le Ministère de l’Intérieur, lui, est parfaitement au courant, qui filme en permanence …

Si on a la chance de pouvoir interroger un professionnel de l’information ailleurs que sur le parvis de La Défense, sur la raison de sa difficulté à quitter la chaleur cotonneuse de son bureau non encore fortement irradié, il arrive qu’on vous réponde : « Vous voyez le monde à travers le prisme des indignés. Mais le monde ne tourne pas autour de vos préoccupations. Le journalisme est avant tout une affaire de relativisme : on hiérarchise les infos, on établit des priorités, on essaie de rendre compte de la marche du monde, non pas à travers l'un de ses aspects, mais à travers plusieurs d'entre eux. On fait des choix. Alors certes, ceux-ci peuvent être discutés. On peut aussi considérer que ce qui vous parait à vous essentiel est certes intéressant, mais peut-être pas au premier plan dans la période actuelle ». Certes, mais qui a parlé de premier plan ? Ce dont, indigné, on parlait alors, c’était tout simplement d’une… totale absence de plan.

Et les Indigné(e)s, eux, ils en pensent quoi ?

Pour les Indigné(e)s les choses sont très simples. Pour eux qui vivent les évènements en direct, la cause de l’absence de « prise » dans la population est double.

Elle est objectivement liée au silence des média et à la répression policière. Cette dernière étant la seule jusqu’à ces jours récents à avoir été - et parcimonieusement - relatée par ces mêmes média (et quand elle ne le fut pas alors de manière tronquée) décourageant de fait un peu plus, et cette fois-ci par la peur, toute velléité de mobilisation. Tout le monde le sait, c’est une chose de ne parler que de la violence policière et une autre d’en parler au cœur d’une information plus globale, et ainsi de la relativiser.

La répression policière ne doit surtout pas être minimisée sous prétexte d’une comparaison avec celle qu’ont subi nos concitoyens du monde arabe. Si elle n’a rien de comparable, il n’en reste pas moins que les charges violentes, les coups de matraque et autres coups, les jets de gaz lacrymogène directement dans les yeux, un coup de pied dans le visage (la jeune grecque Nikki), une luxation d’épaule (Antonio), un hématome sous-dermique abdominal (Michel), entre autres (et je ne parle pas de mon propre cas), sont totalement intolérables dans des pays européens dits civilisés dans lesquels la liberté d’expression est un des piliers de la démocratie et un droit inaliénable garanti par la Constitution, qui plus est quand on en use de manière non-violente.

Il va falloir que ça s’arrête, et les journalistes dans l’affaire ont un rôle à jouer. S’ils avaient été plus nombreux à faire leur travail, bien des abus auraient été évités du seul fait de leur présence. Il va falloir que ça s’arrête parce que je ne veux pas, et aucun démocrate ne le veut, apprendre la mort de l’un d’entre nous. Et en l’occurrence de Max menacé de mort mercredi 16/11 à La Défense par un policier qui ne restera pas anonyme. Lequel lui aurait affirmé qu’« ils étaient plusieurs à vouloir lui faire la peau, mais que c’est lui qui le tuerait ». Sa faute, sa « provocation » ? Avoir chanté pendant des heures à la sortie du métro de La Défense : « Travaille, consomme, et ferme ta bouche », sa version soft du slogan préféré des Indigné(e)s français, lequel se hurle en ces termes : « Travaille, consomme, et ferme ta gueule ! » ?

Le silence des média et la répression policière, certes, mais n’y a-t-il rien d’autre ?

Et la résignation ? Ne faut-il pas interroger cette résignation profonde très brutalement fixée en chacun d’entre nous au lendemain de l’échec cuisant de la contestation massive de la réforme des retraites ? Sinon comment peut-on comprendre le rejet par les Indigné(e)s français(es) des institutions politiques et syndicales (et non pas de leurs militants), alors qu’à l’inverse des espagnols se mesurant eux en multitude, ils ne peuvent compter que sur un faible nombre de mobilisés effectifs ?

Et cette résignation est redoutable. On ne la lève pas d’un simple claquement de doigt. Mais en revanche quand elle sera levée…Et il vaudrait mieux qu’elle ne le soit que de manière progressive. Car elle le sera, inexorablement. Le processus actuel n’est pas mondial par hasard. La tentation pour le gouvernement serait de chercher à l’étouffer « dans l’œuf » comme il l’a déjà dit. On a vu le résultat. Or la coquille des œufs est déjà brisée, et le retour en arrière est désormais impossible. Il suffit pour s’en convaincre d’observer le crédit de sympathie dont bénéficie le Mouvement. Les policiers rasent le camp de La Défense ? Dès les premières heures de la journée la solidarité a déjà fait son œuvre et les stocks renouvelés. Quel plus grand plaisir y-a-t-il après une nuit passée dans le froid et le vent, avec parfois un peu de pluie, sans la protection d’un toit de fortune, que de se réveiller en trouvant du café chaud offert par les habitants proches de La Défense, ainsi que des croissants et pains au chocolat encore chauds, déposés en général par des femmes, parfois habillées de tailleur qu’elles n’ont manifestement pas acheté à Prisunic, et cela avant de rejoindre leur bureau bien chauffé mais glacé de La Défense ?

Et il n’est question là que de la sympathie du quartier…

Et ne parlons pas de celle de certains gendarmes et policiers. On leur parle. On la connait. Regardez les vidéos et le nombre de ceux, conscients des termes de la Constitution, qui retiennent leurs collègues voulant bouffer de l’Indigné(e). Mais ils ne disent pas encore « non », et notamment aux atteintes à la liberté d'expression, et contrairement à certains je n’irai pas prôner l’estime pour l’ensemble d’entre eux sans aucune distinction.

 

Une libération de la parole et de l’indignation.

L’impact psychologique et politique de l’occupation de La défense ne requiert pas forcément un grand nombre d’Indigné(e)s très déterminés. Car elle se veut avant tout un acte de résistance symbolique. Un acte dans la réalité de relations physiques, conviviales (ce qui ne veut pas dire sans conflit), voire charnelles, les pieds sur la terre d’un espace public libre, avec échange de regards, et pas seulement une action virtuelle derrière un écran d’ordinateur. Et un symbole est parfois bien plus dur qu’une matraque et plus puissant qu’un bataillon de CRS. Un symbole c’est un fil rouge et blanc auquel sont accrochés des ballons de baudruches colorés tenus par quatre clowns remontant à reculons les marches de La Défense et faisant reculer trente policiers « revêtus d’uniforme de brutalité »… (cf le début de la vidéo)

Quand les brigands sont vêtus d'uniformes de brutalité - Paris - YouTube

Et cette sympathie commence désormais à s’afficher dans les médias.

LCI De quel droit la police... ? 16_11on Occupy France - live streaming video powered by Livestream

Il y a quelques jours quatre magazines et reportage télé ont offert une place aux indignés :
La Nouvelle Edition - CANALPLUS.FR

Les indignés - ARTE
Videos - C à vous - France5 (à 16 min 57)

Émission Face à l'actu

 Cette sympathie est née du sentiment que le courage et la détermination des Indigné(e)s de La Défense, l’affirmation de leur dignité, sont en train de laver l’affront, l’humiliation qu’ont vécu les manifestants de l’automne 2010 de la part des thuriféraires de l’oligarchie financière, des patrons d’industrie et des idéologues ultralibéraux à la pensée cupide matinée de fascisme larvé. Une parmi les multiples atteintes à notre dignité. Mais pas la moindre. Parce que, oui, aujourd’hui la coupe étant plus que pleine, et son contenu fortement irradié, elle déborde. Et nous « ON JOUE PLUS » !

Si ce mouvement ne devait parvenir qu’à libérer la parole et permettre à l’indignation collective de s’exprimer, il aura déjà atteint là un but essentiel.

Mais soyons en sûr ils ne se laisseront pas faire. Ils en ont les moyens. Ils paieront des porte-parole éloquents s’affichant indignés pour se répandre sur les plateaux télé ou radio afin de discréditer le mouvement par des propos outranciers ou scandaleux. Sans compter ceux qu’il ne sera même pas nécessaire de payer. Et cela d’autant plus facilement que les Indigné(e)s n’ont pas de porte-paroles officiels, de leaders patentés. Comme tout le monde sera susceptible de pouvoir prendre la parole, non pas au nom des Indigné(e)s, mais au nom de la dignité, des journalistes à l’éthique chancelante ou corrompue ne manqueront pas d’ouvrir leur micro aux manipulateurs. Mais les mensonges et les manipulations ne porteront plus, car si les auditeurs et les téléspectateurs ne pourront distinguer à la voix ou à l’apparence entre un vrai indigné et un manipulateur, ils feront vite la différence entre les mots du mensonge assénés depuis tant d’années et ceux de l’indignation.

 

SOUVENT QUAND L’ARGENT PARLE, LA VERITE SE TAIT.

SOUS LES PAVES, LE POTAGER !

PAS DE FUKU SHEZ MOI !

LE NUCLEAIRE TUE, ET D’ABORD LA DEMOCRATIE !

ARRET DE LA CONSTRUCTION DE L’EPR DE FLAMANVILLE !

EVA JOLY, INDIGNE-TOI !



30 réactions


  • Annie 22 novembre 2011 15:39

    Bonjour Patrick,
    Je suis ravie que l’on commence enfin à parler de ce mouvement en France. Ravie aussi qu’AV lui accorde une si large tribune.
    Ce qui devient le plus intéressant maintenant est la réaction des pouvoirs publics face à un mouvement qui est aussi difficile à saisir. Le gouvernement britannique a déjà un projet de loi pour interdire toute manifestation pendant les jeux olympiques l’année prochaine. Face à une opposition pacifique, les pouvoirs publics s’apprêtent à limiter le droit à la liberté d’expression. D’après l’avis d’un spécialiste, c’est la recette idéale pour provoquer d’autres manifestations.
    Ce mouvement aura déjà servi à montrer à quel point les pouvoirs publics sont démunis face aux Indignés puisque leur seule réaction est de recourir à la violence, mais aussi à montrer la partialité des médias dont le silence a été assourdissant. 
    Je suis de tout coeur avec vous sur les escaliers de la défense. Et comme vous, je souhaite qu’il n’y ait pas de violences policières.


    • Patrick Samba Patrick Samba 22 novembre 2011 17:43

      Bonjour Annie,

      on peut effectivement se satisfaire de l’encore timide levée de la résignation chez quelques journalistes. Il reste à espérer qu’elle ne soit pas comme un soufflet qui retombe au premier rappel à l’ordre. En France depuis le début du Mouvement il nous a bien trop souvent été donné d’observer l’apparition du « syndrome du feu de Bengale ». On s’enflamme et puis pffftt plus rien. Mais désormais, et la ténacité des Indigné(e) de La Défense le démontre, le syndrome semble appartenir au passé. il nous reste à souffler sur les braises....

      Oui, comme je l’ai écrit dans l’article de ce jour de Camille-indignée, Agora Vox va peut-être devenir un des agora bouillonnante des Indigné(e)s !

      Quant à l’atteinte à la liberté d’expression, en France nous avons un gouvernement qui se passe volontiers de modifier la loi : s’emparer y compris par la violence du moindre bout de carton, ce n’est pas avant tout pour aggraver l’inconfort des dormeurs de l’esplanade (un carton protège guère de la pluie), mais bien pour empêcher les passants et les objectifs de caméra de pouvoir fixer des slogans qui dérangent. 


  • beo111 beo111 22 novembre 2011 16:21

    Chapeau aux indignés.

    On sent le mouvement fragile, mais c’est le seul qui est encore porteur d’espoir.


  • wesson wesson 22 novembre 2011 18:50

    Bonjour aux indignés et tout mon soutient. Vous au moins vous essayez quelque chose !


  • CATP 22 novembre 2011 22:53

    pourquoi aller à la défense ? plantez vos tentes devant tf1 ou canal + et vous verrez que les médias s’intéresseront à vous


  • Jonathan Moadab Holly_Crapp 23 novembre 2011 12:54

    Patrick Samba,

    Vous avez une vision très idyllique du mouvement. 

    A chaque fois que je passe sur le campement, je repars déçu... 

    Il suffit de voir l’état d’avancement des Révolutions en Espagne, Royaume-Uni, Italie, Etats-Unis... pour se rendre compte que la tactique du campement, du consensus, du mode sans leader, ne mène nul part. 

    Nous avons attiré le faisceau médiatique quelques jours, fait quelques plateaux télés, et personne n’a su s’affirmer pour imposer à l’agenda médiatique nos problématiques. 

    Les grecs, eux, commencent à comprendre que la lutte ne serait se limiter à quelques tentes et slogans...

    Il suffit de regarder dans les bouquins d’histoire pour se rendre compte que cette méthode ne peut pas déboucher sur quelque chose de concret. 

    Imaginez Robespierre campant devant Versailles avec Saint Just et l’Abbé Grégoire ! Louis XVI se gausserait, tout comme le pouvoir se gausse de nous. 

    Je reste profondément convaincu qu’il faut radicaliser le mouvement. Organiser des blocages de gares, d’autoroute, périphériques, aéroports, ports, tisser des liens avec les syndicats...

    Voilà comment nous arriverons à établir un dialogue avec le pouvoir ! 

    Mais avant cela, il faut nous mettre d’accord sur ce que nous demandons. Tous les projets et propositions que nous faisons semblent si difficiles à mettre en place qu’il est nécessaire de passer par un autre chemin. 

    Déjà parce que nous n’avons aucune légitimité à faire des propositions pour l’ensemble de la population (nous sommes les 0,01%...), et ensuite parce qu’on ne sait pas où on va.

    Demander la tenue d’une Assemblée Constituante via un référendum d’initiative populaire me semble la seule voie possible. Réformons les institutions, purgeons le monde politique, le changement suivra.

    Alors cessons de rêver, mettons-nous au boulot, structurons-nous en petits groupes d’activistes autonomes, et jetons ces ploutocrates dehors ! 


    • Jonathan Moadab Holly_Crapp 23 novembre 2011 13:00

      Mon message est assez négatif, car j’ai tendance à davantage voir le côté sombre des choses... 


    • Patrick Samba Patrick Samba 23 novembre 2011 14:04

      Holly_Crapp,

      non, pas du tout idyllique. Pragmatique. Et, je pense, tout à fait réaliste.
      Ce qui ne signifie pas que je pense que les choses doivent demeurer à l’identique.

      Depuis le début de la marche, elles évoluent en fonction des initiatives lancées par les uns ou les autres, l’une reprise par un groupe, tandis qu’une autre est suivie par un autre groupe. L’imagination n’est jamais bridée et ça me semble parfait. Dans la mesure où tout le monde est d’accord sur trois principes : la dénonciation d’une oligarchie cupide et suicidaire, la non-violence opposée à ses forces de répression et le non-accaparement du pouvoir dans le mouvement que ce soit sur place ou dans les média . Après chacun brode selon ses priorités.

      Pour moi l’essentiel est de montrer l’exemple du courage et de la détermination, afin que la résignation, que le Pouvoir a installé à force de mensonges, de manipulation et donc d’atteintes graves au Sens et à la dignité, se lève progressivement chez un maximum de concitoyens.

      Il ne faut pas croire qu’on est seul. Et que les Indignés de la Défense représente tous les Indignés. Pour moi, après ce qu’elle vient de réaliser, Eva Joly par exemple s’affirme comme une réelle Indignée. Et derrière elle, il y a une vrai organisation... Peut-être lui a-t-on donné en partie l’envie de continuer, qui sait ?
      Comme les faucons israéliens dont nous a parlé Morice, et qui ont peut-être puisé leur incroyable audace dans le constat de l’indignation de leurs concitoyens...

      L’exemple HC, l’exemple !


      Et rappelle toi ce que tu écrivais en aout : "Car soyons clairs, les marcheurs s’accordent sur un fait : peu ont un réel espoir que les choses changeront le 8 octobre à Bruxelles, par contre, ce qui est important, c’est de semer des graines le long de leur chemin, de marquer le territoire par leur passage. Aller à la rencontre des gens, leur parler, les écouter…"

      Et oui, ça n’a pas changé dans le fond. Dans la forme un peu tout de même.... 


    • Jonathan Moadab Holly_Crapp 23 novembre 2011 14:10

      Oui, bien sûr Patrick (d’ailleurs, on doit se connaître ?), je ne regrette aucunement ce que j’ai écris. 

      Juste que... lorsque je vois la droite passer avec une telle majorité en Espagne, cela prouve que le mouvement des Indignés va dans la mauvaise direction. Celle-ci a été initiée par les Espagnols, maintenant qu’ils ont démontré leur incapacité à mobiliser par les moyens utilisés, on peut (on doit ?) se permettre d’innover...

      Enfin, on en parle ce soir à l’AG :) 

      Merci pour ton article ! 


    • Patrick Samba Patrick Samba 23 novembre 2011 14:56

      je n’ai pas encore bien étudié ce qui s’est passé et se passe actuellement en Espagne. Donc je ne ferai pas de commentaire.

      En revanche ce que je peux observer c’est que par exemple malgré tous les déboires rencontrés à Bruxelles, et ils n’étaient pas minces, nous sommes toujours parvenus, dans un chaos parfois assez hallucinant, à rebondir dans la bonne direction.

      Sérendipité ?


  • Vipère Vipère 23 novembre 2011 13:09

    Pas du tout Holly, juste réaliste. Vous ne gênez personne, à camper sur le pavé, si ce d’altérer votre santé, une initiative qui a des limites, physiques, les vôtres et qui n’interpellent pas les esprits sur vos reventdications qui seraient diverses et variées.


  • Vipère Vipère 23 novembre 2011 13:15

    Dans les fait, vous n’occupez rien ! quelles les actions dont pourraient parler la presse ?


  • Elisabeth P Elisabeth P 23 novembre 2011 13:30

    Bravo aux indignés de la Défense !

    Leur message est beaucoup trop complexe pour les médias et trop nouveau. Ceux-ci veulent du binaire « droite/gauche » et surtout pas d’idées compliquées. J’ai fait un tour à la Défense hier. J’ai croisé Gandhi à côté de Coluche smiley Vous imaginez un débat politique où il serait question de ces deux hommes ?

    Stéphane Hessel lui-même est une marionnette aux mains des médias, qui ne retiennent de lui que la victime de la seconde guerre mondiale, sa participation à la déclaration des droits de l’homme et le titre de son livre « Indignez-vous » (mais pas son contenu). Lui-même a l’air complètement dépassé par le mouvement des indignés et préfère dire aux médias « votez pour EELV » plutôt que « Allez voir à la Défense ce que réclament les indignés ». Cette résignation fait vraiment mal au coeur. smiley

    C’est tout juste s’il ne dit pas qu’il faut s’indigner dans le monde mais se résigner en France parce qu’il y a des partis de gauche qui portent l’indignation. Quand on voit le fiasco PS-EELV sur le nucléaire ou que l’on voit que les débats politiques ne concernent que les parachutages pour les législatives, il y a de quoi s’indigner, non ? smiley


  • PtitLudo PtitLudo 23 novembre 2011 14:09

    Nouveau dicton espagnol : Indignés en mai, droite en novembre.
    En France ça va être Indignés en novembre, Sarkozy en avril.


  • Jean-paul 24 novembre 2011 10:34

    Constat : les intervenants sur Agoravoz a propros des indignes seraient peu nombreux.
    L’auteur s’indigne du commentaire de Marc Gelone ,mais nous parle de debats ( entre indignes seulement j’imagine ).
    A propos des medias ,pourquoi si peu de commentaires sur les articles au sujet des indignes quand on lit les milliers de commentaires quand il s’agit de l’affaire DSK .
    Je suppose que ma question doit avoir une dimension perfide et arrogante .Dans ce cas j’aurais du eviter de poser cette question .
    Elle est belle la liberte d’expression .


    • Patrick Samba Patrick Samba 24 novembre 2011 11:17

      Ne mélangeons pas tout, Jean-paul. Vous vous exprimez, il n’y a donc pas d’atteinte à cette liberté. Et chacun est libre de répondre ou pas.
      Comme vous associez Marc Gelone à votre commentaire et que vous interrogez la dimension perfide et arrogante de votre question, faut-il comprendre que vous jugez de cette manière le sien ?

      Mais je vais vous répondre : avez-vous remarqué qu’il y a eu 6 articles en relation avec le mouvement des Indignés sur AV le 22/11 ? Ca fait beaucoup non ? Et vous êtes particulièrement bien placé (vous avez été le 1er informé !!) pour savoir que mon article est sorti le dernier et tardivement dans la journée.
      Quant à la comparaison que vous faites avec les articles sur DSK, pourquoi ne pas donner vous-même votre propre interprétation ? 


  • Jean-paul 24 novembre 2011 13:16

    6 articles avec tres peu d’intervenants .
    Mon interpretation est la meme que Marc Gelone.Des gamineries aussi bavardes qu’irrealistes .
    Que veulent les indignes de France ?Des debats ?
    Nous sommes en periode d’elections .EnEspagne a la Puerta del Sol ils etaient des milliers et pourtant aux elections la droite est passee .
    Quant aux mots perfide et arrogant ce sont les mots que vous employez dans votre article .


    • Elisabeth P Elisabeth P 24 novembre 2011 13:31

      Les indignés (du moins ceux que j’ai rencontrés) ne sont ni de droite ni de gauche.

      Est-ce que la droite espagnole fera des choses réellement différentes de ce qu’a fait la gauche ? Imaginez une simulation informatique où vous changeriez la tête des gouvernements européens ? Est-ce que ça changerait quelque chose à la crise financière ? Un AAA à la place d’un AA ? Une action qui monte avant de redescendre ?

      La marionnette à la tête d’un pays n’a qu’un peu plus de pouvoir que Miss France. Elle sert juste à faire passer certaines pilules ou à donner des coups de bâtons.


  • Jean-paul 24 novembre 2011 15:48

    Hessel demande a voter Hollande .


  • Patrick Samba Patrick Samba 26 novembre 2011 12:33

    Un peu d’humour et de créativité :
    brouckenvrac

    les blablas de la Blanche

    John Pike, le policier américain anti-« Indignés », star du Web | Rue89

    et aujourd’hui on fête le 21ème jour d’occupation de la Défense :
    Bienvenue - Occupons la Défense


  • easy easy 27 novembre 2011 19:15

    Une Révolution, ça survient lorsque des gens réclament quelque chose de légitime (et d’illégal, bien entendu), que cette chose a des arguments entendables de façon universelle, et que ces gens soient nombreux (encore que les diverses révolutions françaises se sont accomplies sans ras-de-marrée consensuel, loin de là).
     
    Or la problématique Wall Street, si elle nous envoie bel et bien dans le mur résulte d’une réclamation amont et plus ancienne qui allait à exiger pour tous, le droit d’emprunter.


    J’explicite :
    Quand on exige le droit de participer à la gestion de l’Etat, qui semble ne pouvoir se réaliser que par petit nombre d’opérateurs aux commandes, cette demande, si elle n’est pas légale, peut sembler légitime à bien des gens sur la Planète (à toute époque)
    Les princes et leurs bâtards s’étant toujours disputé légitimement le pouvoir, il peut sembler légitime à un gueux de disputer le pouvoir pourvu qu’il sache lire et écrire un peu.
    Cette réclamation peut coaguler beaucoup de gens.

    De plus, une révolution ne portant que sur le droit de participer au gouvernement, si elle chamboule fortement les situations antérieures, elle ne renverse pas spécialement l’ordre naturel des choses qui veut que pour obtenir un bien matériel, il faille le produire.


    Il se trouve, hélas, que nos révolutions, si elles ont réussi (mais il avait fallu remettre le couvert plusieurs fois, 1789, 1792, 1830, 1848), si elles ont semblé motivées par une réclamation sur le point du droit de chacun de participer au gouvernement, se sont faites contre des maîtres riches. Du coup, elles ont également été motivée mais de manière bien plus sourde, par une envie de chacun de renverser l’ordre des choses du point de vue des possessions de biens.

    Dans un premier temps, on sera allé à spolier les biens des aristocrates et de l’église pour les refiler soit à l’Etat soit à des roturiers riches et opportunistes. Dans un second temps, on sera allé à dire que n’importe qui (même les anciens aristos) avait le droit d’accéder à la richesse des biens.


    Soudain des millions de Français se sont mis à fantasmer de devenir riches alors que leurs parents n’y avaient même pas rêvé. Les parents paysans se satisfaisaient de continuer, leurs enfants scolarisés fantasmaient de changer le monde et d’abord le leur.

    Si ce désir d’enrichissement, ce droit d’être riche s’était formalisé lentement ça n’aurait sans doute pas posé de problèmes fondamentaux. Mais va savoir pourquoi, chacun est devenu très pressé d’avoir des valets et des demeures énormes comme les anciens aristos qui eux, n’étaient riches qu’au fil des générations.

    Le crédit ouvert à tous les pressés a alors explosé.
    Chacun réclamait le droit d’avoir un crédit. Seul biais légal pour s’enrichir très vite. Moyennant quoi des tailleurs sont devenus banquiers et milliardaires.

    Car ici, contrairement en terre d’islam, le taux zéro était mort avec la chrétienté. Ici, le prêt avec intérêts était considéré comme sain (pourvu seulement qu’ils ne dépassassent pas par exemple 60% par an)

    En 1860, il poussait des banques comme des champignons en automne. Jamais dans le Monde antérieur, alors que l’argent existait, alors que le prêt existait, il n’y avait eu une telle explosion du métier de banquier. Avec le jeu de la masse et de la concurrence, les taux ont été très bas par rapport aux taux de 100% par an qui s’étaient pratiqués à Venise du temps de sa gloire.
    Sans cette incroyable démocratisation du crédit, sans ce principe devenu inconstestable du taux X par an, pas de Canal de Suez ni de Panama, pas d’industrie, pas d’autoroutes, pas de Boeing, pas de bourse, pas de Titanic, pas de commerce délirant à travers les océans.

    Sans devenir jamais un droit (donc inconditionnel), le crédit à taux X (sous conditions) est devenu très accessible à tous et les taux sont restés faibles. La machine folle du consumérisme était lancée et les crises économiques ont alors surgi. Une moindre variation du taux bas faisait tout tomber en dominos.

    Ces crises furent tout juste résolues par des guerres. Chaque fois que les trésoriers disaient à Napoléon que les caisses étaient trop vides pour faire la guerre, il répondait « Raison de plus pour la gagner ». Hitler itou. Eisenhower itou

    A côté des guerres qui devinrent nécessaires pour résoudre les crises économiques dues au consumérisme naissant, le colonialisme devint lui aussi indispensable.
    Ces solutions en guerre et en colonialisme allaient forcément avouer un jour au l’autre leur stupidité.
    Mais il s’est ajouté un autre révélateur de cette absurdité, celui de l’épuisement des ressources.

    Le bilan du taux X accessible à tous et du quasi droit de chacun de l’obtenir c’est la catastrophe actuelle.



    Alors le mouvement occupy WS, que vise-t-il de légitime (qui ne serait donc pas légal) qui plairait à tous ou à beaucoup et qui serait une alternative au crash contre le mur actuel ?

    Rien.

    Ce que réclame Occupy WS est essentiellement le non consumérisme. Ce qui serait très clairement une bonne chose. Mais cette réclamation n’est qu’une excellente chose (pour le monde entier), elle n’est pas une légitimité individuelle comme l’était le droit de chacun de participer au gouvernement ou le droit de chacun de s’enrichir très vite par le crédit.


    Au contraire, la réclamation d’Occupy WS est une non légitimité individuelle.
    C’est, je le répète une excellente chose que de sortir du consumérisme, c’est à la rigueur légitime pour la Terre, c’est salavateur pour tous mais ce n’’est pas légitime pour chaque individu, pour l’individualisme (et encore moins pour les individus du Monde qui sont pauvres et n’ont jamais consommé comme des fous)

    Disons, pour rester très politique, que le renoncement au consumérisme, qui est indispensable à la Terre et à l’Humanité, doit entraîner avec lui le renoncement à l’individualisme qui était né en 1789. Occupy WS nous oblige a beaucoup de communisme (ou de mise au pot commun) et il est donc incompatible avec le libéralisme, avec le fantasme de chacun de devenir le maître du monde.

    D’où son insuccès.

    Sortir du consumérisme est la seule solution viable pour l’Humanité mais les individus qui croient encore en leur chance de posséder un jour une Ferrari n’en veulent pas.


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