mercredi 24 avril 2013 - par Denis Thomas

Après l’ANI, le droit de grève bientôt soumis à la question ?

Le droit social français connaît des heures difficiles. Alors que le Conseil constitutionnel va plancher sur la loi du Mariage pour tous, il se pourrait bien qu’au train où vont les choses les sages de la rue de Montpensier se retrouvent un jour prochain à examiner le droit de grève.

Celui-ci, comme le code du Travail avec l’ANI, risque de devenir, si ce n’est la bête à abattre (il ne faut pas que cela soit trop visible), en tout cas un animal à dépecer. Un mammouth à dégraisser, comme diraient certains.

Déjà, des signes avant coureurs apparaissent ici et là. Mardi 24 avril, la grève a été pointée un temps par la direction de Peugeot comme la responsable d’une décision que le constructeur automobile pourrait prendre la mort dans l’âme : la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-bois.

L’action des salariés de l’usine « pourrait nous obliger » à fermer le site cette année et non l’an prochain comme Peugeot l’avait promis, a susurré de façon liminaire le directeur financier, Jean-Baptiste de Chatillon. Et ceci est « le fait » d’un « petit nombre de personnes (qui) continue à perturber notre usine ». Depuis quinze semaines.

Après les patrons voyous : les syndicats et la grève de voyous, en quelque sorte.

A peine lancée aux journalistes, la phrase assassine fait l’objet d’un rétropédalage de la part de la direction de Peugeot qui affirme qu’elle entend maintenir le calendrier initial de fermeture du site.

Peu importe, l’important est que Peugeot utilise la grève scélérate comme autant d’éléments de langage à destination non seulement du patronat dans son ensemble et des salariés français qui doivent comprendre ce qui arrive en pareil cas. Le politique doit également tendre une nouvelle fois l’oreille.

Rassurons-nous : le gouvernement a le pavillon très élastique, nous l’avons vu et compris avec l’Accord national interprofessionnel (ANI), dit de « flexisécurité » (la deuxième partie de ce mot-valise étant des plus relatives).

De plus, nul n’était besoin pour Peugeot de remettre la mort annoncée de ce site industriel sur le tapis de la communication : le sort d’Aulnay est scellé depuis belle lurette.

L’usine est maudite pour la famille Peugeot et les actionnaires depuis 1982 : les ouvriers immigrés se battent alors, notamment, pour la … liberté syndicale. Après une longue saga de conflits sociaux, notamment celui de 2007 en pleine campagne présidentielle, en 2011 un document interne évoque la fermeture du site. En 2012 : l’arrêt de mort devient officiel, la C3 n’y sera plus produite.

Pourtant, bien avant la crise qui touche la construction automobile et les erreurs stratégiques commerciales de Peugeot mettant l’entreprise à genoux, Aulnay marchait très bien. En 2004, l'usine avait connu un record de production et de productivité (418.000 véhicules par 5.000 salariés).

Autre indice précurseur d’une attaque en règle contre le droit syndical : Alain Vidalies, ministre en charge des relations avec le Parlement a déclaré sur France Info que le gouvernement sera défavorable à l’amnistie des délits commis lors de mouvements sociaux.

Le tout bien que la proposition de loi communiste en ce sens ait été déjà adoptée au Sénat. Pudique, en plein affaire Cahuzac, Vidalies tient à ajouter que son gouvernement n’est pas favorable « à cette amnistie, ni à aucune autre ».

Nous attendons donc avec impatience, la terrible sentence qui va frapper l’ancien ministre du Budget fraudeur fiscal à grande échelle. Elle viendra de la Cour de Justice de la République (si le dossier va jusque là, d’ici deux-trois ans) réputée pour l’extrème rigueur de ses décisions… (voir http://www.agoravox.fr/tribune/article/du-sang-contamine-a-bettencourt-133819 )

En pleine crise économique, les leviers dont disposent les représentants du personnels pour faire valoir les droits de leurs mandants, non seulement en matière de conditions de salaires et de travail mais surtout en ce qui concerne le maintien de l’emploi, se réduisent comme peau de chagrin.

Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que les ménages qui ont déjà le plus grand mal à boucler des fins de mois commençant le 15 (dans le meilleur des cas) regardent à deux fois avant de cesser le travail pour motifs revendicatifs.

Cette loi d’amnistie sociale, pour aussi débattue qu’elle pourrait l’être, a néanmoins sa légitimité. Les actions "musclées" des militants syndicaux n’ont été jusqu’ici mus que par des objectifs personnels.

Ensuite, on ne peut qu’espérer que notre gouvernement très attentif aux desideratas du Medef lors de l’écriture de l’ANI, n’écornera pas plus avant le droit des salariés à « valeur constitutionnelle » et figurant par ailleurs dans « La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ».

 



31 réactions


  • taktak 24 avril 2013 14:16

    « La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ».

    Si l’UE empèche de nationaliser par exemple, elle ne protège jamais en rien les travailleurs.
    L’UE est un outil façonnée à la main du patronat européen.


  • Denis Thomas Denis Thomas 24 avril 2013 14:20

    Vous avez raison ! Mais inscrit dans les textes européens, le droit de grève, si il est bafoué, peut être défendu dans les instances communautaires. Ce n’est pas grand chose, mais c’est quelque chose !


    • kemilein 25 avril 2013 10:17

      non
      car tu peux grèver et manifester comme au japon
      c’est a dire travailler a ton poste sans être payer avec un brassard. c’est conforme au droit européen.


  • Franckledrapeaurouge Franckledrapeaurouge 24 avril 2013 16:01

    Bonjour,


    Pour PSA et les origines des fermeture d’usine en France,

    il y a une autre info très importante, c’est la soumission de la France 

    Vis a vis des USA.

    Voyez cette article du point, ou il est clairement indiqué que lorsque

    Général motors a pris des parts dans Peugeot, il a fallut arrêté de commercer

    Avec l’Iran, hors Peugeot y réaliser un CA très important.

    Une fois de plus nous avons du faire allégeance aux USA,

    Même si cela mettez à la rue nos salarier,

    je n’ai qu’un mot pour résumer ces agissements,

    Trahison.


    Cordialement

    Franck

  • vesjem vesjem 24 avril 2013 16:08

    y’a pas pire que des curés « défroqués »


  • babeuf babeuf 24 avril 2013 17:26

    hollande doit allez vite , très vite , il n ait pas si mou avec les libéraux ,donc je disais hollandréou
    prépare la voie au grand marché transatlantique ou les usa serons chez eux avec leurs marchandises de merde , il faut qu il liquide le reste des acquis sociaux


    • BOBW BOBW 25 avril 2013 09:43

      Et ces « faux culs » au nom de la sécurité alimentaire interdisent le Camembert normand au lait cru,non pasteurisé(le meilleur au goût)... !


  • Richard Schneider Richard Schneider 24 avril 2013 17:51

    On voit bien à la lecture de cet excellent article que les Français ne se sentent pas concernés par ce véritable hold-up sur notre droit du travail, qu’est l’ANI. Ils préfèrent s’étriper sur la question du mariage homo ...

    On ne peut qu’amèrement le regretter.

    • Croa Croa 24 avril 2013 22:27

      Normal, le mariage homo fait la une des médias. L’ANI de son coté n’existe pas ou si peu, il y a même des syndicats qui approuvent et il ne semble pas utile de présenter les arguments polémiques à ce sujet, forcément secondaire ! 


    • Aldous Aldous 25 avril 2013 08:22

      Ce qu’on voit surtout c’est que le Parti Sociétal a cocufié le Front de Gauche en les faisant manifester pour le mariage homo tout en zappant l’amnistie des syndicalistes.


      Enculade pour tous !

    • COLLIN 25 avril 2013 12:20

      Un bien bel écran de fumée que ce « mariage pour tous »,qui constituait,on s’en doute,la priorité de premier choix pour un gouvernement de « gauche » dans un pays ravagé par le chomage,la misère sociale,et le dépeçage de son tissu industriel par la finance internationale prédatrice.

      Un « sacrée » priorité... !!


  • babeuf babeuf 24 avril 2013 17:56

    la fin des libertés ne viendra pas de droite , mais des solfériniens


  • babeuf babeuf 24 avril 2013 18:45

    les français s enchainent


  • babeuf babeuf 24 avril 2013 18:53

    ils nous reste les congés payés , à moins que vincent peillon , lui, va peu être faire travailler
    les profs en aout ?


    • Croa Croa 24 avril 2013 22:31

      Normal, les congés ça fait marcher le commerce !

      (Sinon il y a longtemps qu’on n’en parlerait plus smiley  !)


  • Le péripate Le péripate 24 avril 2013 22:36

    Ah la liberté syndicale.... de syndicats qui se passent d’adhérents, et pour cause, ils vivent grassement de l’onction gouvernementale.


    Il est où le rapport Perruchot ?

  • Wendigo Wendigo 25 avril 2013 08:45

    Complétons le tableau par une petite info passée inaperçue et qui va tous vous réjouir et expliquer beaucoup , accrochez vous à vos bretelles :

    http://www.express.be/business/fr/economy/merkel-les-membres-de-la-zone-euro-doivent-se-tenir-prets-a-ceder-leur-souverainete/189437.htm

     

    Une chose de sur, c’est quand ce sera fait , si ce n’est déjà le cas, la presstitution d’état ne vous touchera mot .


    • BOBW BOBW 25 avril 2013 09:52

       smiley  Arbeit macht frei   : « Ein Volk, Ein ReichEin Merkel-Führer  »


  • eric 25 avril 2013 09:27

    « Les actions »musclées« des militants syndicaux n’ont été jusqu’ici mus que par des objectifs personnels. » On ne vous le fait pas dire
    Il est donc légitime qu’ils en répondent à titre personnel. Liberté, égalité, mariage des « tous » !
    Mais avec le syndicat de la magistrature, pas trop d’inquiétude à avoir cependant ; Une chance sur trois de bénéficier de la « justice de classe ». Plus en choisissant le bon juge. C’est donc essentiellement une satisfaction symbolique dont le gouvernement prive ses supplétifs préférés.
    Cela lui donne a bon compte l’image d’être sèrieux.


  • Le421... Refuznik !! Le421 26 avril 2013 19:11

    Ah !! Je suis heureux qu’un gouvernement de gauche soit au pouvoir !!
    Tu parles Charles !!
    C’est sûr qu’avec ces zozos là, à gauche (les vrais je veux dire) on passe pour des drôles de cons...
    Solférino, c’est pas la gauche, je le dis depuis le début. C’est d’ailleurs pour ça que Hollande est passé. Les français votent à droite traditionnellement. Et ceux qui n’ont pas un radis en poche, à l’extrême droite. Même si le FN s’en défend, c’est l’extrême droite. Et pi c’est tout !!
    Les pôvres imbéciles comme moi, réellement de gauche, on se fait traiter de « clowns », comme l’a fait Cahuzac à Mélenchon...
    Et vous y comprenez quelque chose, vous ?? Moi, pas.
    Hier soir, le même Mélenchon a cloué le bec à Attali en citant des écrits de ... François Langlet !!
    La meilleure...


  • Captain Marlo Pilou Camomille 28 avril 2013 08:47

    Pour croire que l’UE des banksters va défendre le syndicalisme, il faut vraiment que la propagande européiste ait pénétré profondément dans les cerveaux.... et que personne n’ait lu les Traités.

    Pour défendre les salariés et l’intérêt général, il faudrait en priorité des syndicats puissants et indépendants.

    Pourquoi ne dite- vous pas que les principaux syndicats français sont affiliés à la Confédération européenne des syndicats, qui est financée par Bruxelles ?

    Que la CES a approuvé le Traité de Maastricht et qu’elle est pour un assainissement des finances publiques ? C’est ça une politique de défense des syndicats et des salariés ?

    Mais il n’y a pas que la situation des syndicats qui pose problème...

    Les Traités européens ne permettent plus aux Gouvernements européens, de protéger ni les entreprises, ni les salariés, ni l’intérêt général, puisque tout ce qui est important se décide ailleurs, au FMI, à la BCE, à Bruxelles...

    Ce ne sont plus que des marionnettes chargées d’appliquer les décisions des multinationales et des lobbys qui font la pluie et le beau temps à Bruxelles.

    Exemple, l’article 63 du Traité de fonctionnement de l’UE, qui interdit tout contrôle des capitaux :

    « Toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre Etats membres et avec le reste du monde sont interdites. »

    Si les entreprises peuvent délocaliser, c’est grâce à l’article 63.

    Si Mittal a pu acheter Arcelor, si les fonds de pension s’insinuent partout, si le Qatar s’offre ce qu’il veut, c’est grâce à l’article 63.

    Comment c’était avant ? Tous les mouvements de capitaux étaient contrôlés par la Direction de Bercy et le Ministre des finances, qui donnaient, ou pas, le feu vert à la sortie ou à l’entrée de capitaux, en fonction des intérêts du pays.

    Mais ça, c’était avant...

    Vidéos de François Asselineau sur le site de l’ UPR :
    * « Qui gouverne la France et l’ Europe ? »
    * « Mais où est passée la République française ? »
    * « Pourquoi l’ Europe est comme elle est ? »
    * « Les 10 raisons de sortir de l’ Europe »


  • ricoxy ricoxy 28 avril 2013 11:02

    Avec ANI, droits des travailleurs ANNIHILÉS


  • Norton Norton 28 avril 2013 11:39

     Pour ce sujet,comme pour les autres, tant que nous serons menotés par des traités figés pour l’éternité,toute réaction démocratique interne,qu’elle soit d’ordre syndical,monaitaire,militaire,structurel,ou tout ce que vous voudrez,sera obsolète,comme les réactions grecques ou espagnoles.



     DANS L’EUROPE DES 27,ON FERME SA GUEULLE OU ON LA QUITTE !...

  • Norton Norton 28 avril 2013 11:41

    Aussi longtemps que nous serons menotés par des traités figés pour l’éternité,toute réaction démocratique interne,qu’elle soit d’ordre syndical,monaitaire,militaire,structurel,ou tout ce que vous voudrez,sera obsolète,comme les réactions grecques ou espagnoles.



     DANS L’EUROPE DES 27,ON FERME SA GUEULLE OU ON LA QUITTE !...


  • Dzan 1er mai 2013 10:49

    La CFDT a son stylo tout prèt, à signer l’abandon de tout moyen de pression des salariés.


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