jeudi 14 mai 2009 - par Michel Santi

Après la crise, la morosité…

La Récession, responsable de tant de souffrances, de questionnements et de controverses est-elle terminée ? « Pas encore, mais prochainement », nous affirment les voix les plus optimistes, un peu comme pour s’en convaincre elles-mêmes. Il est vrai que l’espoir est comme un baume - ou comme un anesthésiant - dans le contexte spectaculairement dramatique prévalant depuis Septembre 2008.

Il est vrai aussi que seule une petite portion du stimulus Gouvernemental Américain massif a été à ce jour injectée dans une économie US dont le redémarrage prochain éventuel - et pour le moment hypothétique - serait entièrement redevable à la générosité et aux mesures extrêmement énergiques d’un Gouvernement Américain ayant pratiquement épuisé la capacité opérationnelle de sa planche à billets...

Le taux des Fed Funds, c’est-à-dire le taux d’intérêt appliqué aux prêts au jour le jour interbancaires, étant effectivement passé de 5.25% depuis Août 2007 à 0.25% aujourd’hui, les responsables Américains peuvent ainsi se targuer d’avoir sauvé le système bancaire de leur pays, après que celui-ci ait pratiquement réussi à se saborder ! Dans nos économies de marché, les mesures expansionnistes restent la seule réponse appropriée susceptible de faire redémarrer des économies qui, à l’instar d’un moteur à explosion, ont désespérément besoin d’Oxygène pour leur allumage. C’est pourquoi ces stimuli, qui ont été appliqués par toutes les nations développées frappées par la crise, s’ils ne sont en rien synonymes de sortie de récession, permettront tout au moins aux entreprises et aux industries d’écouler leurs inventaires actuels autorisant ainsi un renouvellement au moins partiel des stocks avec, à la clé, une embellie sur le front du chômage.

L’ampleur de la récession actuelle modifiera-t-elle le comportement du consommateur et de l’investisseur Américains ? Leur frénésie légendaire repartira-t-elle de plus belle après un temps d’arrêt ? Les ménages US ont certes - et par la force des choses - freiné leurs dépenses, ceux qui en ont les moyens consacrant leurs revenus à rembourser leurs dettes en investissant un peu plus prudemment. Néanmoins, l’euphorie boursière de ces dernières semaines autorise le doute quant à un éventuel changement d’habitudes de l’investisseur US traditionnel misant sur des marchés boursiers dont l’appréciation lui avait permis jusque là de compenser les déficiences de son système de protection sociale et de prévoyance retraite. C’est du reste précisément pour cette raison que, si la récession touchait réellement à sa fin, la hausse des marchés boursiers serait un phénomène capable de persister jusqu’à la fin de cette année car, comme d’habitude et n’ayant rien appris des tourmentes actuelles, l’investisseur Américain moyen, voire pauvre, en sera réduit à courir après la courbe haussière afin de n’en pas perdre une miette...

Ainsi, et parce que les grands cycles boursiers sont foncièrement dépendants de phénomènes à long terme comme la croissance du P.I.B. et des profits des entreprises, il y a fort à craindre que l’euphorie boursière d’aujourd’hui et de demain ne soit - une fois de plus - complètement en décalage par rapport aux fondamentaux de l’économie Américaine. Les croissances à 5 et à 6% ayant prévalu aux Etats-Unis il y a moins d’une dizaine d’années appartiennent bel et bien à un passé qui ne se répètera plus de sitôt : Attendons-nous à des croissances molles de l’ordre de 2% aux Etats-Unis pour 2010 et pour 2011 avec des reprises plus qu’anémiques en Europe et au Japon.
 


8 réactions


  • EXPAT456 14 mai 2009 14:45

    @ l’auteur,
    je suis curieux de connaitre vos sources distinguant la qualite des investisseurs sur les marches boursiers americains !
    Vous dites : « l’investisseur Américain moyen, voire pauvre, en sera réduit à courir après la courbe haussière afin de n’en pas perdre une miette... »
    Pour ma part, j’avais plutot l’impression que les mouvements speculatifs de ces dernieres semaines etaient plutot le fait de « gros faiseurs » (hedge funds en tete), en mal de se refaire apres la chute qu’ils ont subit depuis mi 2007.
    Je n’ai pas du tout l’impression que l’americain moyen soit dans la boucle ...


    • Michel Santi Michel Santi 14 mai 2009 14:52

      Vous devriez mieux me lire : Ou ai-je dit que la hausse de ces dernières semaines était due à l’investisseur moyen ?


  • plancherDesVaches 14 mai 2009 15:41

    Monsieur Santi : vous êtes en retard de plusieurs phases du petit phénomène actuel, si je puis me permettre.
    « L’ampleur de la récession actuelle modifiera-t-elle le comportement du consommateur et de l’investisseur Américains  »
    Elle l’a déjà fait.
    Il suffisait d’avoir capté l’information que le taux d’épargne chez eux était passé de 1% en septembre 2008 à 2,4% en décembre 2008.
    Mais leur handicap de 140% d’endettement des ménages ne leur permettra pas d’éviter le deuxième choc qui commence à pointer : cette fois, ce sont les crédits à la consommation qui vont tuer les banques. Ajouté aux défaillances des endettés solvables d’accession à la propriété, on comprend mieux pourquoi les US ont fait des « crash test » aux 13 plus grandes banques.
    Tests biaisés, pragmatisme oblige.
    Il serait hypothétique d’obliger une banque à faire preuve de transparence : c’est mauvais pour l’image smiley

    Sinon : ça va, en Suisse ?


  • Tzecoatl Tzecoatl 14 mai 2009 15:52

    Très certainement, la relance procédant de la mise en place d’un buzuc plus appétent au bout de l’hameçon pour gogo-poissons, comprenez la baisse des taux est une illusion.

    La volonté politique anti-dumping mise sur la table des congressistes américains, face à une Chine entêtée, est l’unique voie de sortie de cette crise :

    http://www.lesechos.fr/info/inter/afp_00148016-la-chine-repousse-les-critiques-de-parlementaires-americains-sur-sa-monnaie.htm


  • TALL 14 mai 2009 18:17

    Personnellement, je viens de revendre mes actions bancaires. J’attends la prériode des résultats du 2e trimestre, et de voir aussi comment va évoluer cette grippe porcine qui se développe comme un feu de brousse.


  • Tzecoatl Tzecoatl 15 mai 2009 01:40

    M’enfin, une crise économique peut laisser place à autre chose qu’un volontarisme économique axphyxiant pour la vie de tout un chacun, non ?

    La guerre militaire n’étant pas une fatalité, la guerre économique, sans trop de souffrance je l’espère, non plus. Il en irait de même de guerres idéologiques. Mais chaque fin de guerre doit-il finir en progressisme ? Où doit-on assumer notre progressisme qu’au travers de guerres ? 




  • maharadh maharadh 15 mai 2009 14:35

    Pas étonnant que les financiers nous aient entraînés dans le caca, vous êtes payé par qui pour laisser entendre qu’il n’y a pas le feu au lac ?

    Non seulement il y a le feu au lac mais aussi à la banquise.

    Nous ne sommes qu’au début de la grande déflation.

    Top d’optimiste tue l’optimisme ainsi que le péssimisme mais vu votre CV celà m’étonne que vous écriviez celà.


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