mardi 26 octobre 2010 - par Michel Santi

Autisme et mesquinerie au menu du G 20 !

On peut ne pas partager leurs priorités mais comment ne pas comprendre les investisseurs d’aujourd’hui complètement tétanisés par les politiques ultra expansionnistes de notre pauvre Occident qui ne parvient plus à tourner que par la grâce de ses planches à billets ! Les protestations néo populistes - en tout cas cent pour cent opportunistes - de nos dirigeants qui ne cessent de stigmatiser la spéculation ne parviennent plus à masquer la réalité. C’est en fait nos pays et gouvernements qui se sont aujourd’hui transformés en maîtres absolus en spéculation car ils se complaisent à détruire à petit peu la valeur de nos monnaies fiduciaires tout forçant les investisseurs et spéculateurs traditionnels à se trouver d’autres débouchés... Comment s’étonner dans un tel contexte des flambées des matières premières et autres denrées dont le renchérissement résulte logiquement des baisses de taux quantitatives ? 

Qu’il est facile par ailleurs de clouer au pilori la Chine et sa monnaie "sur évaluée" afin de détourner l’attention de nos propres carences. Et tant pis si la Chine a eu la mauvaise idée d’indexer sa devise sur une monnaie condamnée à péricliter d’avance et qui ne cesse de perdre de sa valeur... Car l’appréciation du Yuan pourrait être obtenue assez facilement par les autorités US pour peu qu’elles cessent enfin leurs manipulations monétaires. 

Triste spectacle en effet que ce G 20 en Corée qui permit de saisir la plénitude de l’autisme Américain : Pendant que le Ministre Allemand de l’économie (Rainer Bruederle) les mettait en garde vis-à-vis de leurs mauvaises options de relance de la croissance via la dépréciation de leur dollar tout en les taxant ouvertement de "manipulateurs", les Américains (par la voix de leur Secrétaire au Trésor Geithner) persévéraient dans leur comédie burlesque en assurant "continuer à tenter de renforcer la croissance"... Traduction : Préparez-vous à être inondés car nous émettrons très prochainement 1’500 milliards de dollars. Les marchés émergents peuvent donc remercier les Etats-Unis pour l’activation frénétique de leur planche à billets qui les submerge de capitaux avec, à la clé, la formation puis l’implosion programmée de bulles spéculatives ponctuées d’inflation ! 

Voilà pourquoi le Brésil et la Corée ont mis en place des mesures visant à freiner l’influx de capitaux. Voilà qui explique le front commun formé lors de ce G 20 par le Brésil et par ... l’Allemagne qui se sont rebellés contre l’hypocrisie Américaine qui proposait des limitations formelles des excédents commerciaux des membres du G 20 à 4% du P.I.B.. Balayé d’un revers de main par le Japon, par le Brésil et par l’Allemagne, cette suggestion Américaine émise par Geithner lors de ce sommet en Corée est d’autant plus ridicule qu’elle avait été violemment rejetée par eux-mêmes il y a 66 ans ! C’est en effet les Etats-Unis qui avaient en son temps saboté un projet consistant à taxer celles des nations entretenant des excédents commerciaux tout en les obligeant à procéder à l’appréciation de leur monnaie nationale. Cette proposition - formulée en son temps par un certain John Maynard Keynes - ayant été logiquement refusée à Bretton Woods par les Américains qui étaient - à l’époque - une nation à excédents... et persuadée de le rester ! 

C’est donc en toute logique qu’ils s’attaquent aujourd’hui à la Chine menacée de voir sa monnaie devoir s’apprécier via des interventions sur les marchés des Changes. L’économiste Bergsten n’a-t-il effectivement pas suggéré à sa banque centrale de vendre des dollars en échange de Yuans ... sans toutefois préciser comment les Américains pourraient bien se procurer des Yuans qui sont, comme chacun le sait, exclusivement fournis par la Chine... ? La période est donc propice à toutes les suggestions les plus fantaisistes, y compris celle consistant à empêcher la Chine d’acquérir les Bons du Trésor Américains sachant que les Etats-Unis n’auront à l’évidence jamais le cran de se lancer dans une telle entreprise synonyme pour eux de mort subite au vu des quantités gigantesques de papiers-valeurs US détenus par la Chine. 

En conclusion, si l’impact des cours de change est certainement essentiel pour les balances commerciales via la promotion des exportations (et réciproquement), les monnaies ne sauraient représenter la solution globale autorisant de régler les problématiques fondamentales des déséquilibres structurels. Pourquoi les Etats-Unis ne mettent-ils ainsi pas à profit une partie des énergies déployées à dévaluer leur monnaie afin d’améliorer également leur propre épargne ? Les monnaies ne peuvent supporter à elles seules le poids gigantesque des ajustements nécessaires à nos économies.



18 réactions


  • Francis, agnotologue JL 26 octobre 2010 10:58

    Vous allez nous faire pleurer !

    Vous écruivez : « nos pays et gouvernements qui se sont aujourd’hui transformés en maîtres absolus en spéculation car ils se complaisent à détruire à petit feu la valeur de nos monnaies fiduciaires tout en forçant les investisseurs et spéculateurs traditionnels à se trouver d’autres débouchés... Comment s’étonner dans un tel contexte des flambées des matières premières et autres denrées dont le renchérissement résulte logiquement des baisses de taux quantitatives ? »

    C’est moi qui souligne. Je note que vous ne faites aucune différence entre investisseurs et spéculateurs. Rappelez-moi qui a dit que l’amalgame est l’arme des fascistes ?


    • Michel Santi Michel Santi 26 octobre 2010 11:31

      Vous faites fort là mon brave JL en me traitant de fasciste.

      Donc, selon vos critères, écrire sur Agoravox depuis 3 ans et dénoncer au travers de centaines d’articles les dérives du système et les excès des financiers serait fasciste ? 

      Ne serait-ce pas votre violence verbale et vos propres excès qui pueraient plutôt ? 

      Effectivement, allez pleurer dans votre coin, c’est encore ce que vous avez de mieux à faire.


    • Francis, agnotologue JL 26 octobre 2010 11:44

      Désolé mon brave Michel Santi, mais convenez que l’amalgame entre les spéculateurs qui affament des millions, des milliards de pauvres hères et les investisseurs qui sont censés faire marcher l’économie, ça a de quoi énervez. Et si vous me répondiez sur ce point ?

      Quant à l’association amalgame = fasciste, désolé, elle est de Nicolas Sarkozy lui-même, un qui s’y connait en la matière.


    • Francis, agnotologue JL 26 octobre 2010 11:52

      Ma violence verbale n’est que la réponse du berger à la bergère ! Cette idée que ce sont les gouvernants qui obligent les pauvres spéculateurs à se retourner vers les marchés des matières premières plutôt que sur les devises est d’une violence inouie à coté de laquelle ma violence verbale est tout juste bonne à effrayer les bisounours.


    • Michel Santi Michel Santi 26 octobre 2010 12:02

      c’est bien pour plaire à ces « investisseurs » que, pour conserver leurs notations, nos pays adoptent tous ces plans d’austérité et licenciements ?

      c’est bien ces « investisseurs » qui - via leurs capitaux - dictent leur loi (= celle du profit) à nos vies quotidiennes ?

      c’est bien ces « investisseurs » qui ont en 2007 précipité la crise des subprimes car, croyez-moi, ce n’est PAS le petit spéculateur qui investissait dans des titres (bidons) notés AAA et adossés sur des crédits dont on sait qu’ils étaient insolvables...

      Comprenez-le : la limite entre le spéculateur et l’investisseur est très ténue, variable en fonction du placement, de sa limite dans le temps et de sa rentabilité.
      Les deux mènent strictement le même combat. Simplement, ils sont à des postes différents.


    • Francis, agnotologue JL 26 octobre 2010 12:12

      « Comprenez-le : la limite entre le spéculateur et l’investisseur est très ténue » (Michel Santi)

      Dans ce cas, je veux bien de votre amalgame, mais alors je propose de nous débarrasser des uns et des autres.

      Vous demandez si « c’est bien pour plaire à ces »investisseurs« que, pour conserver leurs notations, nos pays adoptent tous ces plans d’austérité et licenciements ? etc. »

      Puique vous êtes si bien informé, répondez donc à ces questions que vous posez là !


    • Francis, agnotologue JL 26 octobre 2010 12:14

      Et dites nous surtout, quel combat commun selon vous, les investisseurs et les spéculateurs mènent si bien, et quels sont les « postes » respectifs ! Voilà qui serait bougrement passionnant !


    • Francis, agnotologue JL 26 octobre 2010 12:23

      Et puisque j’y suis : il n’y a pas une seule cause à la faim dans le monde, il y en a deux !

      La première est directement liée à la destruction des agricultures et des pêches vivrières, résultat d’investissements colossaux.

      La seconde est, je l’ai dit, due à la spéculation sur les produits de première nécessité.


    • Francis, agnotologue JL 26 octobre 2010 12:25

      Si bien que l’on peut dire sans se tromper que les combats que mènenet les investisseurs et les spéculateurs, et que vous soutenez, sont des combats contre les hommes !

      Qui est violent ? Qui pue ?!

       smiley


  • Waldgänger 26 octobre 2010 12:10

    Ah, le mot d’autisme est encore employé un peu à toutes les sauces, je ne sais pas mais je le vois tout le temps employé ces derniers temps. Pas grave après tout.


    • voxagora voxagora 26 octobre 2010 12:43

      Oui. Sans mesure ni précaution, les mots de la pathologie,

      de la plus bénigne à la plus grave, sont non seulement employés
      n’importe comment, à toutes les sauces sans discernement
      mais les utilisateurs réussissent à les tordre dans leur sens contraire,
      pourvu que ça frappe les esprits

    • alberto alberto 26 octobre 2010 13:16

      Le mot « fasciste », mériterait lui aussi un peu plus de précaution dans son utilisation ?

      Mais attendons l’attitude « pavlovienne » !

      Bien à vous.


  • Francis, agnotologue JL 26 octobre 2010 16:18

    « Le mot »fasciste« , mériterait lui aussi un peu plus de précaution dans son utilisation  » ’Alberto)

    Oui, en effet.


    « À travers les âges, avec leurs manigances, les hommes rusés ont fait de l’argent un outil pour parvenir à leurs vils objectifs.
    Avec l’apparition de l’entreprise privée, l’argent utilisé comme moyen de repousser les limites du troc a permis au tricheur d’exploiter l’honnête homme qui, pour se protéger, a fait appel à la protection du gouvernement, mais a vite découvert qu’il faisait face à deux voleurs : le courtier et le pilleur politique qui travaillaient main dans la main contre lui. » (E.C. Reigel, théoricien monétaire et défenseur des consommateurs)





    « Cette ignorance et surtout la volonté de la cacher grâce à certains médias dénotent un pourrissement du débat et de l’intelligence, par le fait d’intérêts particuliers souvent liés à l’argent. Des intérêts qui souhaitent que l’ordre économique actuel, qui fonctionne à leur avantage, perdure tel qu’il est. Parmi eux se trouvent en particulier les multinationales qui sont les principales bénéficiaires, avec les milieux boursiers et bancaires, d’un mécanisme économique qui les enrichit, tandis qu’il appauvrit la majorité de la population française mais aussi mondiale.

    Question clé : quelle est la liberté véritable des grands médias ? Je parle de leur liberté par rapport au monde de la finance tout autant qu’aux sphères de la politique.

    Deuxième question : qui détient de la sorte le pouvoir de décider qu’un expert est ou non autorisé à exprimer un libre commentaire dans la presse ?

    Dernière question : pourquoi les causes de la crise telles qu’elles sont présentées aux Français par ces personnalités invitées sont-elles souvent le signe d’une profonde incompréhension de la réalité économique ? S’agit-il seulement de leur part d’ignorance ? C’est possible pour un certain nombre d’entre eux, mais pas pour tous. Ceux qui détiennent ce pouvoir de décision nous laissent le choix entre écouter des ignorants ou des trompeurs. » (Maurice Allais. Prix Nobel d’Economie)


  • Tzecoatl Claude Simon 26 octobre 2010 17:08

    Michel Santi,


    Je ne comprends pas que vous défendiez la parité fixe qu’impose la Chine. Si les américains font tourner outre-mesure la planche à billets (d’ailleurs, celle-ci a surtout été utilisée pour rester dans le monde financier et non pour servir l’économie réelle), cela ne se traduit pas forcément par relance par les exportations, mais également par de l’inflation des prix.

    Et je ne comprends pas qu’un membre du World Economic Forum ne défende plutôt une monnaie chinoise flottante, librement négociable au Forex.

    Regardons notre situation plutôt : si l’on s’amuse du spectacle des manipulations auxquelles procèdent chinois et américains effectuent sur leurs monnaies respectives, à la baisse, l’euro tend à devenir trop fort. Autant adopter une parité fixe avec le yuan, non ?

    • Michel Santi Michel Santi 26 octobre 2010 17:13

      Je suis contre toutes les manipulations : celle de la Chine est assez récente... les USA, eux, ont un très long passif en cette matière


    • Tzecoatl Claude Simon 26 octobre 2010 19:05

      Si vous êtes absolument contre toutes les manipulations monétaires, il faudrait alors nous expliquer exactement ce que vous concevez comme système monétaire sans manipulation.


      Et plus généralement, vos articles sont des attaques, et nous souhaiterions avoir une idée du système monétaire et financier qu’il vous semble le plus juste à vos yeux.

      Que l’Allemagne concentre tout les meilleurs bilans d’Europe et l’OMC défende toutes les fuites de capitaux vers les paradis fiscaux, laissant toutes les dettes en Europe, je trouve absolument moral, stabilisateur, bref salvateur que la BCE fasse du quantitative easing envers les dettes nationales les plus attaquées par les spéculateurs.


      Quoiqu’il en soit, je trouve appréciable que vous répondiez aux messages aujourd’hui, dommage que ce soit pour une polémique fort peu féconde.

    • Tzecoatl Claude Simon 26 octobre 2010 19:10

      Par ailleurs, si les deux plus gros blocs partenaires économiques (Chine et US) font de la manipulation monétaire à la baisse, hormis faire sa Sainte-Blandine ou du protectionnisme, l’Europe va devoir s’y mettre. Keynes, le tueur des rentiers, applaudira de là-haut.


    • Michel Santi Michel Santi 28 octobre 2010 10:18

      Ce n’est pas par mauvaise volonté que je ne réponds pas aux messages, c’est simplement par manque de temps.
      Il est vrai que, là, j’ai réagi mais cela me fait frémir d’être traité de « fasciste », moi qui suis aux antipodes ...


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