mercredi 19 octobre 2005 - par ÇaDérange

CalPers : un fond de pension qui marche.

Parmi les sujets tabous dont il est incorrect de parler en France, figurent les fonds de pension. Il est vrai qu’ils ont été présentés initialement comme devant se substituer au système de retraite par répartition, cher au coeur de tous les Français. Par la suite, des tentatives pour les autoriser en France dans un cadre juridique bien défini ont été engagées à diverses reprises, et sous différentes dénominations. En particulier, chaque fois que nos gouvernants, de droite ou de gauche, s’apercevaient de l’utilité d’un actionnariat populaire pour garder le contrôle de nos entreprises lorsque celles-ci étaient attaquées.

Il est vrai que l’électorat très majoritairement représenté à l’Assemblée nationale, je veux parler de la fonction publique, n’en a pas vraiment besoin, puisque ses retraites sont garanties par l’État à un très haut niveau, et qu’en plus, il est les seul à bénéficier d’un tel fond avec la Préfon, qui fait de la publicité sur les ondes en ce moment. Incidemment,pourquoi la Préfon -et donc les salariés de la fonction publique- ne sont ils pas venus à la rescousse de Danone menacée, dans un élan de patriotisme économique ?

Quant aux salariés du privé, les dernières informations sur les résultats des réformes récentes montrent que le problème n’est pas encore réglé. Et que, comme le niveau de leurs retraites futures sera faible, il est important pour eux de se constituer une troisième couche de retraite surcomplémentaire, au-delà de celles de la Sécu et de l’ARRCO/AGIRC.

Il m’a donc semblé intéressant de vous dire quels sont les objectifs et les performances du fond de pension le plus célèbre et le plus dynamique au monde, CalPERS, fond de pension des employés de Californie. CalPERS gère les fonds déposés par ses assurés pour un montant global de 190 milliards de dollars, qu’il investit dans un cocktail d’actions, d’obligations, d’un peu d’immobilier et de liquidités. Gestion prudente, et sur le long terme, puisque les fonds versés le sont à échéance d’une carrière, néanmoins efficace puisque, dans une évaluation d’un organisme, indépendant des 134 fonds de pension américains, CalPERS a été classé comme le plus performant sur les cinq dernières années.L’objectif de répartition des fonds qui lui sont confiés entre les différents produits financiers, à l’heure actuelle, est de 66 pct d’action dont 20 pct à l’international, de 26 pct d’obligations et de 8 pct d’immobilier. A partir de ces fonds et de leurs revenus, CalPERS verse annuellement 7.6 milliards de dollars à ses retraités.

Mais ce qui me paraît le plus intéressant, c’est que CalPERS place ses fonds en respectant une charte d’éthique et de bonne gouvernance. Pour mériter un investissement de CalPERS, il faut que les sociétés respectent la loi Sarbanes-Oxley américaine, très contraignante, et également qu’elles respectent les droits de l’Homme,qu’elles aient des administrateurs indépendants, et, depuis peu, qu’elle publient leurs émissions en CO2 et aient une politique de respect de l’environnement. CalpERS milite aussi activement contre les rémunérations excessives de dirigeants. Elle publie une liste tous les ans (Focus List) des sociétés qui satisfont aux exigences éthiques et de celles qui dérapent !

Enfin CalPERS n’investit à l’étranger que dans des pays dont elle considère qu’ils sont suffisamment sûrs et responsables. La Chine, la Russie et le Soudan, par exemple, sont bannis de cette liste faute d’avoir satisfait à l’évaluation par CalPERS de leurs pratiques dans le domaine du respect du Droit du travail et des Droits de l’Homme.

En y regardant de plus près, ce sont quand même des conditions particulièrement courageuses. Et comme, en plus, ils ont des résultats de gestion excellents...




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