mardi 6 janvier 2015 - par Herve.C

Canalisations : la fuite en avant !

En Mars dernier, 60 millions de consommateurs révélait déjà que plus de 20% de notre eau était perdue dans les fuites de canalisations, en raison de la vétusté du réseau. Une étude officielle cette fois-ci, réalisée par l’Onema, confirme ce constat, qui pourrait toutefois être sous-évalué. « Le taux officiel est déjà largement sous-estimé par les collectivités locales. D’après nos observations sur le terrain, aujourd’hui, on perd plutôt en moyenne 40% de l’eau distribuée », confie aux Échos Alain Grizaud, qui représente des entreprises de canalisation. Certaines villes comme Bar-Le-Duc cumulent des pertes de 48%, Nîmes perd 37% de son eau, Tulle en gaspille 36% et Digne les bains bat tout les records avec 57% de déperdition. On sait par ailleurs que les communes de moins de 1 000 habitants sont les plus touchées avec un taux officiel de 30% de fuites, probablement lui aussi sous-estimé.

Bilan environnemental et économique

Malgré la situation critique, le taux de renouvellement des canalisations continue de baisser, avec une diminution de 2,01% entre 2009 et 2011. Les entreprises de l’eau estiment que pour 2014, la situation empire au vu de la diminution de leur chiffre d’affaires et des baisses de dotations accordées aux collectivités territoriales. Au rythme actuel, il faudrait 160 ans pour renouveler le réseau, alors même qu’une canalisation a une durée de vie de 30 à 80 ans.

En réalité, les gestionnaires publics et privés de l’eau ont souvent considéré que ces fuites n’étaient pas un problème prioritaire : ils nous ont longtemps expliqué que cette eau n’était pas vraiment perdue, puisqu’elle s’infiltrait dans les sols comme le fait l’eau de pluie. Un argument étrange quand ces derniers investissent dans de grandes compagnes de communication autour du développement durable…

Et un raisonnement qui passe sous silence le bilan environnemental de chaque litre d’eau gaspillé. Selon l’Ademe, les services publics d’eau et d’assainissement représentent 20% des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’échelle d’une collectivité. On pourrait donc diminuer de 20% à 40% les pollutions de nos collectivités locales, si le taux de fuite était sous-contrôle ! Une aberration écologique quand on sait que ces collectivités territoriales produisent pas moins de 12% des gaz à émission de serre nationales : ce sont donc 12 millions à 24 millions de tonnes de CO2 relâchées dans l’air qui pourraient être évitées…

Quel bilan économique ?

Par ailleurs, ce gaspillage environnemental cache aussi un gâchis économique. En effet, commenous l’avions écrit en avril dernier, la dégradation du réseau semble tout à fait rentable pour les gestionnaires d’eau, puisque l’eau gaspillée est répercutée sur la facture du consommateur. « Cela coûte plus cher d’éviter des fuites que de produire de l’eau  » résumait un représentant de la fédération des professionnels de l’eau, sur le site good planet.info.

D’autant plus que la réparation des fuites contraindraient probablement les gestionnaires à baisser le prix de l’eau pour le consommateur. Pour exemple, en s’engageant à rénover son réseau pour diviser par deux son taux de fuites, la ville du Touquet a annoncé une baisse de 11% le prix du mètre cube d’eau pour l’année prochaine. Une démarche qui va à contre-pied de la tendance actuelle dans un contexte où collectivités territoriales subissent une baisse de leur budget pour cause de rigueur budgétaire. En attendant, gestionnaires privés et publics s’accommodent très bien des surfacturations infligées aux consommateurs, alors même que ces surcoûts augmentent au fur et à mesure que le réseau se dégrade. Une stratégie de fuite en avant d’autant plus dommageable, que la baisse de la qualité du réseau pourrait un jour impacter la qualité même de l’eau du robinet…



13 réactions


  • zygzornifle zygzornifle 6 janvier 2015 18:00

    en tout cas le champagne lui n’est pas perdu à l’Elysée ....


  • Auxi 6 janvier 2015 20:47
    Merci pour cet éclairage, même si je ne suis pas surpris.
    L’eau, c’est la vie, voilà simplement pourquoi ça ne peut pas se vendre comme des paires de tongs.

    • izarn izarn 7 janvier 2015 06:14

      Ben alors méfies toi de l’Ademe ! Ils sont la pour ça !
      T’imagines pas qu’on invente un organisme d’Etat, Régional, Mafieusal, pour proteger la vie !
      C’est pour la vendre, naif !


  • eau-du-robinet eau-du-robinet 6 janvier 2015 23:04

    Bonjour Herve,
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    Actuellement l’approvisionnement en eau dans le monde entier, est à 80% sous régie public. L’exception française veut que la tendance est à l’opposé du reste du monde, 75 % de l’eau du robinet est sous régie privé à travers des « partenariats public-privé » (PPP).
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    Même aux États Unis pays connu pour sa politique ultra-libérale seulement 20% de l’eau est géré par le prive ! En Suisse 100% de l’eau sont sous régie public !
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    On reproche aux sociétés privées l´opacité, la mauvaise qualité de l´eau,  des fuites d’eau très élevées due à une insuffisance d’entretien des canalisation, ceci pour maximaliser les profits des actionnaires, une augmentation continue des prix et l’abus de leur situation de monopole. Les usagers ont des difficultés pour contrôler si les prix facturés correspondent bien au « service » fournie. Confier la gestion de l’eau à des sociétés multinationales n’est pas dans l’intérêt des usagers, comme démontre, avec des nombreuses preuves à l’appui, le documentaire « Water Makes Money  » ou « Comment transformer l’eau en agent ». Les auteurs du filme ont volontairement choisi un titre « anglosaxon », je pense que vous avait compris pourquoi…
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    Jean-Luc Touly donne des arguments de poids : « En régie municipale, le prix du service d’eau est inférieur de 20 à 45 %. » Il rappelle aussi qu’en cas de retour en régie, le personnel est repris et surtout que les comptes deviennent plus clairs.
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    En ce qui concerne l’entretien des canalisation le constat est sans équivoque :  Quand l’entretien est effectué sous régie public la perte de l’eau par de fuites s’élève entre 3% – 12% hors en gestion privé les fuites présentent entre 17% – 27%.
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    Sur mon site internet vous trouverais plus d’informations :
    http://www.eau-du-robinet.fr
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    eau-du-robinet


  • Doume65 7 janvier 2015 00:41

    « Selon l’Ademe, les services publics d’eau et d’assainissement représentent 20% des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’échelle d’une collectivité. On pourrait donc diminuer de 20% à 40% les pollutions de nos collectivités locales, si le taux de fuite était sous-contrôle ! »

    Erreur, mon ami. L’assainissement, ce n’est pas que dans la collecte, mais surtout dans le retraitement de l’eau usée. L’eau perdue n’est pas retraitée. Donc, ne pas la perdre ne changerait pas grand chose au bilan.


    • izarn izarn 7 janvier 2015 05:58

      Les émissions de gaz à effet de serre ! Mais qu’on arrete de raconter de telles conneries ! Hahahha !
      Avec du CO2 qui est 400 PPM soit 0,00004 sur terre !!!!
      Il n’y a pas d’effet de serre ! Ca n’existe pas !
      Un gaz, air, chauffe dans une boite isolée, oui et alors ?
      Le climat est plus complexe que cette bétise Gore.
      Assez ! Assez ! De bétises intergalactiques !
      Assez de ces connards qui vont se pavaner à Paris en 2015 !
      Allez vous faire foutre charlatans !


  • izarn izarn 7 janvier 2015 06:03

    L’eau fuite, et alors ? Les memes tarés viennent nous faire chier quand il y a des inondations.
    Si des malfrats te font payer l’eau tu sonnes le député-sénateur- maire du coin qui te l’as mise profond en rétro commissions des multinationales.
    C’est tout. C’est simple ?


  • Le Rocher 7 janvier 2015 10:24

     Le bilan environnemental évoqué dans l’article est totalement faux ! Comme l’a mentionné Doume65 il faudrait des chiffres qui excluent le retraitement de l’eau usée.
    Le captage, l’adduction, le traitement et la distribution de l’eau potable, s’ils exigent tant soit peu d’énergie, c’est bien de l’énergie électrique qu’il s’agit. Alors à moins de la faire avec des matériaux combustibles elle ne crée pas de CO2.
    A propos des fuites,le prix payé par les consommateurs est celui de leur consommation donc ils ne payent pas directement l’eau perdue. Fuites ou pas la somme de cette consommation facturée reste la même et c’est elle qui détermine le prix de l’eau. Le consommateur NE paie QUE les frais engendrés par la production d’eau potable non facturée, donc son traitement et les frais de pompage.
    Les investissements à consentir pour éliminer en grande partie les pertes sont tellement grand que l’on ne pourrait baisser le prix de l’eau au consommateur. Le prix de l’eau doit être calculé de manière à couvrir les frais d’exploitations, les intérêts de la dette et l’amortissement. Il DEVRAIT aussi permettre d’alimenter un fond de renouvellement des installations, y compris les conduites de distributions. Et c’est là que le bât blesse parce que ces fonds n’existent pas.


    • Doume65 7 janvier 2015 15:35

      « Et c’est là que le bât blesse parce que ces fonds n’existent pas. »

      Et n’existeront pas tant que cette « industrie » sera privée : Pourquoi un industriel travaillerait-il pour l’industriel ou la régie qui reprendra la concession plus tard ?


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