mardi 17 janvier 2006 - par ÇaDérange

Colonisation et économie

Le débat fait rage sur les "crimes" que les colonisateurs auraient commis lors de leurs colonisations, et au contraire sur les choses positives que les mêmes colonisateurs auraient apportées aux colonisés.On parle de mauvais traitements, voire d’esclavagisme dans un sens, on parle d’aménagement des territoires, d’éducation, de justice et d’organisation dans l’autre.

Je laisserai les historiens, à supposer qu’ils ne soient pas trop partiaux, accumuler les recherches pour que le temps et l’histoire en décident un jour. Probablement d’ailleurs que, le temps aidant, les opinions en deviendront plus balancées que ce que nous pouvons constater dans les médias d’aujourd’hui.

Je suis étonné néanmoins que dans ce débat, on ne nous parle jamais de l’apport des ex-colonisateurs en termes de développement économique, et de croissance autrement qu’en termes d’exploitation des richesses de ces pays.Parce que sans développement économique, malheureusement, rien -ou très peu- ne peut se passer.

Car enfin, il y a maintenant plus de cinquante ans que toutes nos ex-colonies sont devenues libres et majeures. Or, si vous allez aujourd’hui dans ces pays, vous vous apercevrez que sur le plan économique, industriel et d’aménagement du territoire, la totalité de ces ex-colonies sont dans un état déplorable, avec des infrastructures proches de l’effondrement, des équipements publics d’une saleté repoussante, des routes pleines de trous énormes, des réseaux électriques endommagés,des approvisionnements en électricité à éclipses, de l’eau boueuse, des tas d’immondices, etc. Bien sûr, certains d’entre eux n’ont que peu de ressources naturelles, mais pas tous.

Je vais vous citer quelques noms d’ex-colonies que vous pouvez utilement aller visiter pour vous faire une idée : l’Algérie, la Mauritanie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry, le Togo, le Burkina Faso, le Mali, le Cameroun, le Tchad, la République centrafricaine, le Congo, le Gabon, Madagascar, le Niger, le Vietnam, etc. Si vous allez voir l’Afrique anglophone, rien n’est bien différent, malheureusement.

Au-delà de cinquante ans, peut-être pourrait-on considérer que la responsabilité des "colonisateurs" dans l’état de l’ex-colonie n’est plus totalement engagée, d’autant plus que, dans l’intervalle de temps, nous n’avons cessé de subventionner lourdement lesdits pays ?

Ce constat n’enlève rien, néanmoins, à la responsabilité que nous avons pu avoir à l’époque de la colonisation.



22 réactions


  • Tavio (---.---.8.73) 17 janvier 2006 11:44

    Je suis Africain du Togo et plutôt déçu par le point de vue que tu as sur la colonisation. Il faut savoir que dès le départ, la colonisation était organisée dans le but de faire l’acquisition des « biens » et des ressources de la terre qui sont restées inexploitées dans ces régions du monde et ceci au non de la civilisation. L’apport économique, si on peut en parler n’était que des restes des infrastructures qui servaient les colonisateurs et jamais créées dans le but d’aider ces pays. Les conséquences du passage des colons est beaucoup plus tragique qu’on ne peut l’imaginer. Aujourd’hui encore ces pays sont socialement et économiquement désorganisés et recherchent une certaine stabilité. J’irai même jusqu’à dire que la France exerce encore un pouvoir sur les gouvernants de ses anciennes colonies pour préserver ses intérêts. C’est ainsi qu’au Togo, un dictateur meurt en laissant la place à son fils avec l’aval de la France (Chirac a dit devant tout le monde qu’il était ami personnel du défunt dictateur). Comment fait-on pour être ami d’un homme qui pillent et fait souffrir son peuple ? Enfin, je n’en dirai pas plus mais je te demande de mieux apprendre ton histoire. Et sans aucune rancoeur...


    • (---.---.188.5) 20 janvier 2006 20:13

      Réponse de CaDerange :

      Merci de ton commentaire et de sa modération. Je savais en abordant ce sujet qu’il allait susciter une avalanche de commentaires qui n’ont pas nécessairement été fait sur la base de ce qui a été écrit. J’avais pris la précaution de dire que je ne niais absolument pas tous les actes qui ont accompagnés cette période et qui sont pour beaucoup peu glorieux,mais que je laissais aux historiens le soin de faire la lumière sur cette période.

      Je voulais simplement attirer l’attention sur le fait que pour des raisons diverses qui demanderaient analyses plus approfondies,la condition de tous les pays Africains sur le plan de leur développement économique et de leur aménagement, n’a fait que se dégrader durant 50ans de souverainété nationale dans tous ces pays. On peut dire en effet qu’il y a une rémanence de l’effet colonial, que les « blancs »(de moins en moins) sont toujours là et que Chirac tire les ficelles dans l’arrière plan d’Eyadema, mais n’est ce pas vouloir échapper ainsi à reconnaitre des comportements et des méthodes de gestion tout à fait discutables ?

      Le phénomène de la corruption qui est un cancer de beaucoup de ces pays, peut il être décemment attribué à une histoire qui date d’il y a plus de 50ans ? Sur le plan industriel, la déconfiture des sociétés d’électricité locale, partout en Afrique, est il encore un reste de colonisation ou bien une absence totale d’entretien sur les dernières decades, un détournement systématique des recettes au profit de... etc etc fait par les directions nationales de ces sociétés ?

      Quant à l’état déplorable du réseau routier, les trous énormes que l’on peut constater partout ne datent pas de 50 ans ? C’est le résultat d’absence d’entretien, d’un climat difficile certes, de passe droits permanents sur les Poids Total Roulants des camions et d’investissements nuls ou détournés.

      Quant à la pratique de la Justice, qui ne nécessite aucun investissement, ce serait encore la faute de la colonisation ?

      Toi qui connais bien la situation locale, peux tu me dire les yeux dans les yeux que tout ce que je viens de dire est encore et toujours de la faute du colon ?

      J’aime l’Afrique mais tant qu’elle ne voudra pas reconnaitre,aussi, sa situation et ses méthodes, elle ne pourra pas avancer.

      Amitiés


  • Ludovic Charpentier (---.---.68.100) 17 janvier 2006 14:08

    Il faut sortir un peu de l’image ’Tintin au Congo’, mon gars... Les premiers colonisateurs n’avaient qu’un seul but : trouver des esclaves, et des ressources. Heureusement, à leur côté, certaines personnes ont défendu les populations locales, et soutenu l’Afrique comme le Dr Livingstone par exemple. Mais pendant ce temps-là, l’esclavagisme étant défendu en Europe et en Amérique sous couvert « d’inégalité des races ». Ainsi un sénateur Sudiste s’était exprimé en pleine guerre de Sécession que « L’esclavagisme est une juste chose dans la mesure où Dieu a créé une race inférieure spécialement pour ce propos ».

    Au siècle dernier, les populations n’étaient plus exploitées, mais les ressources si. Il suffit de voir comment (un exemple parmi tant d’autres) les diamantaires du groupe De Beer ont fermé les yeux et sur l’Apartheid Sud-Africain, et sur le coup d’Etat du général Mobutu... Cessez de croire que la colonisation n’a été que positive ! Des Livingstone ont permis que son bilan ne soit pas que négatif, mais malheureusement il n’y avait pas que des humanitaires chez les colons !


    • (---.---.188.5) 20 janvier 2006 20:16

      Réponse de CaDerange :

      Relisez mon article ;ce n’est pas de ce sujet que je parlais.


  • (---.---.101.8) 17 janvier 2006 14:52

    Personne ne dit ici que la colonisation n’a été que positive, bien au contraire, par contre, il s’agit de dire qu’elle n’a pas été que négative.

    J’irai plus loin : je pense que si les colonisateurs ne s’étaient pas mal comportés, il auraient mieux fait de rester plus longtemps, ce qui aurait permis une transition progressive et harmonieuse. Si les ex-colonisés vont si mal aujourd’hui, c’est que cette transition n’a pas eu lieu.

    Pas facile de refaire l’histoire après coup, mais en tous les cas, il faut éviter les simplifications abusives. Celle qui était à la mode ces dernières décennies, c’était la diabolisation du grand Satan occidental. La contre-réaction actuelle est sans doute inadaptée, mais elle était prévisible.


  • BB (---.---.139.70) 17 janvier 2006 15:01

    Je crois que vous connaissez mal les « ex » dont vous parlez, en tout cas pour le Togo.

    De plus vous confondez économie et infrastructures...

    Le Togo est une bande de terre de 60 à 80 km de large sur 800km de long, du golfe de Guinée au désert, 52 ethnies y sont présentes, ces frontières sont entièrement artificielles. Cette bande de terre restait inoccupée par la colonisation entre le Ghana et le Bénin. C’est un général Allemand qui en pris possession, le premier village rencontré s’appelait « Togo » il fut rebaptisé aussitôt en « Togoville » et la bande de terre devint un pays le « Togo ». Pas mal non ? Il y a plus grave : les peuples de ces régions étaient établis par strates horizontales de la mer jusqu’au désert avec des coutumes des cultures, des langues différentes, on retrouve donc le même hachage des population dans les deux pays voisins cités plus haut.

    Après l’indépendance, cette structuration à montré à quel point elle était mauvaise, impossible de s’entendre, qui pourrait prétendre gouverner ce territoire si bigarré et faire en même temps le pas vers un système démocratique ?

    Ce pari impossible à abouti à un bain de sang, la France qui avait récupéré ce pays après l’Allemagne avait plié bagages, c’est l’armée qui logiquement prit le pouvoir en la personne du général Yassibé EYADEMA.

    Ce dictateur créât le RPT (rassemblement du peuple togolais) le seul parti autorisé au Togo et entièrement dédié à sa gloire. Il fit disparaître tous les opposants ou intellectuels du pays et régna sur cette fausse démocratie jusqu’à sa mort.

    C’est cet homme le grand ami de M. Chirac .

    Seul effet bénéfique de ces années de dictature : la stabilité politique, le Togo possède une activité économique importante, de nombreuses entreprises sont implantées dans ce pays (comme dans la plupart des pays de l’Afrique de l’ouest) et pas seulement françaises, pour exemple les plantations effectués par les Allemands sont toujours exploitées, le grand marché de Lomé est un des plus important d’Afrique de l’ouest, les Nanas Benzs y vendent des conténaires de tissus dont les motifs originaux sont déposés ... Le Togo ne souffre pas du manque d’économie mais de la non redistribution des richesses, de l’absence de démocratie. Effectivement les infrastructures manques sauvent, bien que à Lomé, ville de 2 millions d’habitants, l’eau courante soit parfaitement potable, les égouts tout à fait opérationnels, et l’électricité très stable. Une preuve ? J’ai vendu du matériel informatique dans ce pays pour une société qui avait démarré dans la régulation de courrant est s’était reconvertie dans l’informatique faute de besoin.

    Mais au Togo, comme dans de nombreux pays d’Afrique, l’école n’est ni laïque, ni gratuite, ni obligatoire...

    Donc M. ÇaDérange, oui la responsabilité du colonisateur est encore totalement engagé cinquante ans après d’autant que pendant cinquante ans nous n’avons cessé de soutenir les dictatures dans ces pays et de financer une petite élite richissime, pensez vous que plus de 10% des sommes FMI allouées au développement de ces pays aillent réellement à destination.

    Votre vision de l’Afrique ruinée, sale, sous équipée, est heureusement beaucoup trop généraliste pour être exacte, sachez que ces pays pour être moins riches que les pays occidentaux n’en sont pas moins dignes.

    Pendant le temps que j’ai vécu au Togo je n’ai jamais été agressé ni physiquement ni verbalement, j’ai vécu entouré de gens d’une rare gentillesse qui échangent volontiers, même avec un inconnu, j’ai trouvé un pays ou la joie de vivre est monnaie courante, même si l’ont ne possède presque rien ...

    Imaginez le choc lorsque l’on se retrouve dans le métro après çà, personne ne vous parle, personne ne vous regarde, tout le monde fait la gueule, chacun pour soit !

    Des leçons nous en avons peut-être plus à recevoir qu’à donner à ces peuples.

    Sur ce :

    « Yovo yovo bonsoir ça vat bien ? merci »

    Comprenne qui pourra.


    • sophie (---.---.102.222) 17 janvier 2006 18:08

      vous êtes en train de vous faire coloniser par les Chinois... Méfiez vous ca va être bien pire !

      et oui les francais et les américains continuent de piller l’Afrique car l’afrique est très riche.

      Mais il est un fait aussi c que sans colonisateurs, l’afrique serait dans le même état, car les africains sont incapables de gérer leurs richesses. C’est ainsi.

      il faut dire ce qui est vrai, le plus et le moins.

      donc la colonisation a été positive et négative. elle a apporté des infrsatructures, une éducation, des échanges mais elle a emporté des hommes dans une cruauté sans nom. Qd on parle, il faut savoir qu’il y a tjs un coté pile ET un coté face.

      Africains, réveillez vous !


    • BB (---.---.137.72) 17 janvier 2006 19:49

      « les africains sont incapables de gérer leurs richesses »

      Et si nous étions dans l’erreur, sophie. quelle est la véritable richesse ?

      Proposer un bonheur « tout matériel » à la culture Africaine est un déni culturel.

      Connaissons-nous d’abord avant de vouloir s’apporter mutuellement.

      La prétention de l’occident est sans borne, c’est ce qui à conduit à la colonisation et à l’esclavage.

      Avec nos portables nos appreils numériques nos millions de pauvres et notre individualisme forcené, humainement, nous sommes nuls...

      Un peu de modestie, l’Afrique est grande, et vieille, si elle est douce et supporte les coups c’est peut-être parce-qu’elle est plus sage, et patiente et pas concernée par cette accélération matérialiste que les pays occidentaux subissent pour le bénéfice de quelques un...


    • (---.---.188.5) 20 janvier 2006 20:29

      Réponse de CaDerange :

      L’Africain est très loin d’être insensible comme vous semblez le dire au progrés matériel et technique.Il suffit d’y voir le succès des téléphones portable et des 4X4 luxueux. Auraient ils plus de moyens que je suis persuadé qu’ils n’hésiteraient pas à s’équiper dans tout le matériel moderne.

      On peut être digne dans un environnement dégradé. On peut très bien vivre en ignorant les trous et les immondices.Mais ne me dites pas qu’ils n’existent pas ?


  • (---.---.102.65) 17 janvier 2006 16:10

    « Ce constat n’enlève rien, néanmoins, à la responsabilité que nous avons pu avoir à l’époque de la colonisation. »

    Et oui ! Cherchez donc « Crevettes Bigeard », ou « algérie »+gégène sur Google ...

    Ca suffit pour dire que cette loi est ridicule.

    Bien d’accord que nos successeurs genre FLN et autres Roi du Maroc, etc... n’ont sans doute pas été beaucoup mieux que les colons français... Enfin c’est pas une raison pour oublier que c’est des soldats français de l’algérie (Aussaresses, etc ...) qui ont formé les milices sud-américaines de Pinochet à la TORTURE MODERNE.

    Voilà un bon point a se rappeler : Notre beau pays, la France a inventé la TORTURE MODERNE, et l’a enseigné aux US et aux dictatures sud-américaines.

    Cocoriccoo !!!

    Il y a un train bon reportage ARTE là-dessus : « Les Escadrons de la mort, l’ecole francaise ». Disponible sur emule.

    Sinon : pinochet+aussaresses ou bigeard doit donner de bons résultats dans Google.


  • un ex-colonisé (---.---.20.123) 17 janvier 2006 16:21

    Eh puis quoi encore ? Il faut coloniser pour ammener du bien et lancer l’économie de ces pays « arriérés » ? Envahir l’Irak pour lui apprendre la démocratie ? Prendre la Palestine comme pays pour montrer qu’on peut cultiver le désert ? Pourquoi ne pas violer la femme de son voisin pour lui apprendre ce qu’est l’amour ? ... La dignité humaine a encore du chemin pour être établie sur cette planète.

    En 1989 en Algérie le « semblant » de démocratisation avait été lancé avec l’aval de la France (entretiens Mitterand-Bendjedid en 1986)...l’arrêt du processus ...avec le même aval ...

    Ne pas essayer de trouver des bienfaits à la colonisation c’est accepter de construire un avenir commun avec l’ex-colonisé. Car lui cela fait longtemps qu’il a tourné cette page en accédant à l’indépendance sans demander dommages et intérêts.


  • Scaton l’africain (---.---.1.1) 17 janvier 2006 17:13

    Qui aujourd’hui peut prétendre que l’occupation allemande a eu des côtés positifs en France sans soulever un maximum de réactions. Si on se met du point de vue de l’occupant on peut arguer le plein travail, les usines qui tournent à fond, les expèriences scientifiques sur les humains (qui ont « paradoxalement » fait avancer la science), le droit de vie ou de mort des occupants sur les occupés,...du point de vue de l’occupé on ne trouve « aucune » référence positive à l’occupation dans les livres d’histoire (tout en occultant que contrairement à la colonisation l’« Etat » était signataire du traité de Vichy et même collabo.). D’ailleurs nous Francais n’imaginons même pas faire l’apologie de l’occupation allemande car trop liée aux souffrances et exactions (et ce en « seulement » 4 ans d’occupation) alors quelle crédibilité pouvons nous avoir face à la colonisation ? surtout que celle-ci s’est étendue sur des siècles et qu’elle a énormément contribué à l’essor de la France (seul côté positif à mon sens). Je pense d’ailleurs que seul le colonisé peut parler de côtés positifs, reste à en trouver.


    • druide (---.---.102.222) 17 janvier 2006 18:10

      colonisation et occupation, c’est pas tout à fait la même chose.


    • (---.---.50.235) 18 janvier 2006 22:20

      Mais si l’Allemagne avait gagné ?

      L’histoire est donc souvent écrite (ou réécrite) en fonction des rapports de forces


    • Scaton l’africain (---.---.1.1) 19 janvier 2006 14:40

      Quelle différence entre colonisation et occupation ? La colonisation est une occupation ou plutot est pire que l’occupation. Qui dit colonisation dit acculturation, souffrance, exploitation, destruction identitaire (les représentations géographiques n’ont aucun rapport avec les populations). Quand aux côtés positifs : lesquels ? a ce que je sache seul le colon est glorifié dans les livres d’histoire : c’est lui qui apporte la « civilisation » (mot qui pour moi n’a aucun sens pcq eurocentriste, tout comme la démocratie) aux « sauvages » à croire que ceux ci n’avaient pas de société préétablie. D’ailleurs je vous conseille de taper sur vos moteurs de recherches « la charte du Mandé » éditée bien longtemps avant la charte des droits de l’homme et vous réaliserez peut-être l’étendue de l’aliénation dont le monde est victime.


  • (---.---.101.8) 18 janvier 2006 12:24

    Occupation et colonisation, la nuance n’est pas évidente, à vrai dire. Mais dans un cas comme dans l’autre, c’est l’histoire qui juge celles qui ont été désastreuses et celles qui ont été globalement bénéfiques. Cela va du génocide pur et simple (conquistadores, turcs) à l’intégration harmonieuse des civilisations. Et puisqu’on parle de l’occupation de la France, il est évident que celle des nazis a été calamiteuse, mais si l’on remonte beaucoup plus loin, celle des Romains a été suivie d’une période de prospérité de plus d’un siècle. Les Romains ont apporté l’ordre et la structure, et les Gaulois, en contrepartie, ont fait bénéficier leurs envahisseurs de leur technologie -qui était bien loin d’être rudimentaire, mais ça, il y a sûrement des historiens ici pour en parler mieux que moi.

    Bref, dans le cas des colonies modernes, les choses se sont plus ou moins bien passées selon les colonies. Vouloir noircir complètement le tableau et résumer la colonisation à ses excès et dérapages est exagéré. En ce qui concerne la France, son plus gros tort, notamment dans le cas de l’Algérie, c’est d’avoir raté sa décolonisation. Elle aurait mieux fait de sentir les choses venir pour une transition harmonieuse.


  • Proof OK (---.---.28.210) 19 janvier 2006 18:41

    En Afrique du Nord :

    Avons nous colonisé les Colons Arabes qui avaient colonisé les Berbères et autres Autochtones ???

    Qui peut me répondre ?


  • Sylvain Reboul (---.---.151.110) 22 janvier 2006 14:27

    « Au-delà de cinquante ans, peut-être pourrait-on considérer que la responsabilité des »colonisateurs" dans l’état de l’ex-colonie n’est plus totalement engagée, d’autant plus que, dans l’intervalle de temps, nous n’avons cessé de subventionner lourdement lesdits pays ?

    Ce constat n’enlève rien, néanmoins, à la responsabilité que nous avons pu avoir à l’époque de la colonisation."

    Soit, mais je vous rappelle que le flux global des capitaux et du commerce entre l’Afrique et nous est à notre avantage..

    L’économie du travail forcé (=colonisation), n’a été en rien à l’avantage de ceux que l’on a soumis et la situation que vous décrivez en est aussi la conséquence...L’économie n’est avantageuse que si elle au service de la liberté des acteurs, c’est à dire du développement de leurs capabilités et de leut initiative (lire à ce sujet A. Sen).

    Il faut probablement plus de 50 ans pour sortir une population des effets culturels et psychologiques négatifs d’une colonisation qui a aussi visé à les convaincre qu’ils étaient culturellement inférieurs à nous et qu’il avaient besoin qu’on les contraigne à se soumettre à nos valeurs et à notre modèle économique décentré pour exister ; avec, et là vous avez raison, la complicité de dirigeants corrompus. Pouvez-vous me dire par qui ? Demandez à certaines grandes sociétés qui travaillent en Afrique ? Corruption, comme vous le savez, dont notre pays n’est pas exempt.

    Il ne faut pas inverser les moyens économiques et les fins de l’économie libérale que doivent contribuer en dernier ressort au développement des capacités humaines indissociable de la recherche de bonheur personnel. Cette relations a toujours été affimée par les fondateurs de la pensée libérale, contrairement à ceux , particulièrement incultes, qui, aujourd’hui, se réclament d’eux, pour en trahir radicalement le message ; je veux dire les soi-disant neo-libéraux


  • Philippe (---.---.93.175) 22 janvier 2006 15:55

    Aujourd’hui les français ne se sentent pas responsables des actes de la France d’il y a 50 ou 100 ans. A juste raison d’ailleurs : personne ne peut être accusé d’actes commis par d’autres.

    sans doute eut-il mieux valu ne pas maintenir de relations avec les anciennes colonies. Ainsi tout ce fatras de fausse culpabilité et de jérémiades serait oublié depuis longtemps.


  • (---.---.162.39) 26 janvier 2006 09:32

    La déconfiture économique des anciennes colonies (qui n’est ignorée par personne) peut très bien être analysée comme l’échec de la colonisation, et de « l’éducation des peuplades primitives » (dans le sens européen colonialiste du terme) Mais ceci n’est plus de l’histoire, mais de l’idéologie


  • T.B. 17 mars 2007 15:13

    ............................


  • wisdom (---.---.160.93) 29 mars 2007 13:28

    J’aimerais bien faire des commentaires et présenter mon point de vue à la lumière de tout ce que vous voulez nous faire croire en Afrique soit disant que nous ne pouvons pas gérer nos ressources, nos routes sont délabrées, parsemées de grands trous faute de soin,etc. Mais à quoi cela servira-t-il si vous ne savez pas que la langue est un élément très mobilisateur dans la marche d’un pays vers sa« modernisation à l’européenne ». La France fait plusieurs fois le Togo, mais combien de langues y sont parlées ? Le Togo fait 56 600 km² (600 km sur 50) et sur cette petite bande, il est parlé plus d’une cinquantaine de dialectes. Alors sachez que si le colon a apporté le modernisme, la civilisation il a également apporté dans ses bagages autant de maux qui ont apporté tout le désordre qui a suivi son semblant de départ puisqu’il y est revenu avec beaucoup plus de malignité. IL a soutenu et soutien tous les systèmes politiques qui lui permet d’avoir la main mise sur nos richesses à nous et à nos enfants. Notre culture, il l’a effiloché avant de partir à tel enseigne que le message, la communication entre nos parents et nous-mêmes sont devenus chose impossible. Sur quoi allons nous alors bâtir notre développement s’il n’y a pas de courant conducteur entre les générations ? S’il a apporté l’école, il fait tt actuellement pr que seuls ceux-là qui satisfont à son désir de domination soient au pouvoir et ns dirigent avec aveuglement et un esprit plus borné que nos pères qui n’ont jamais mis pied à l’école. En ce qui concerne l’électricité, je vous prierais de toujours nuancé les déclarations. Je vs accorde volontiers, la mauvauise gestion, le manque de prévision dont font preuve les responsables. Mais avant la privatisation de nos sociétés d’électricité et d’eau, on ne souffrait pas de coupure d’électricité comme aujourd’hui après ces foutues privatisations qui ne nous servent à rien du tt sinon à payer plus cher le kwh qu’on arrive même plus consommer. Voici un extrait que j’aimerais bien vous faire lire afin que vous sachiez qu’en voulant parler de certaines choses, il ne faut pas seulement s’accrocher aux livres d’histoire, mais plutôt à aller sur le terrain pour vivre certaines réalités d’abord : A la lumière du livre « A la rencontre du Togo » de Jean de Menthon, (éditions l’Harmattan), Le Togo n’a pas échappé à une recolonisation rampante, sous forme d’un retour à un encadrement européen là où des nationaux s’étaient installés aux commandes. Le favoritisme et l’absence de contrôle entraînant la gabegie, pour y mettre fin on fait venir des blancs qui coûteront parfois infiniment plus cher que tous les salariés togolais de l’organisme réunis. Et bien sûr l’encadrement colonial entraîne toujours l’inertie et l’irresponsabilité qui paraissent le justifier et le prolongeront.

    Depuis 1987, par exemple, l’aéroport de Lomé-Tokoin est géré par une société mixte réunissant le Togo et la chambre de commerce de Bordeaux qui envoie du personnel pour diriger l’affaire. Il ne s’agit pas du tout de la navigation aérienne gérée à part, mais d’activités au sol très simples que des Togolais auraient pu évidemment assurer seuls. Tout au plus aurait-on demandé l’envoi pour quelques mois d’un spécialiste chargé d’une remise en ordre. Fallait-il ajouter cette dépendance à celles déjà sensibles dans le grand commerce, la banque, l’industrie, l’hôtellerie ?

    Faute de renouvellement des hommes au pouvoir, de bonne gestion, d’honnêteté, d’utilisation correcte de l’aide étrangère, de mobilisation de la population pour son avenir, l’économie togolaise n’a pas progressé par tête depuis l’indépendance, hors le phosphate et l’activité portuaire. Elle avait déjà patiné, on l’a vu, de 1929 à1960. Après les musions de la période Sarakawa, le Togo, endetté, s’est retrouvé dans le groupe des pays les moins développés. La situation est beaucoup plus angoissante qu’un tiers de siècle plus tôt parce que les déracinés dans les villes se sont multipliés et qu’il naît presque quatre fois plus d’enfants.


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