samedi 28 mars 2009 - par Jean-Paul Foscarvel

De crises en crises, vers le capitalisme de la destruction

La crise actuelle n’est pas une crise du capitalisme au sens originel du mot. Ce n’est pas une crise de surproduction, de stocks invendables, mais au contraire c’est une crise du système qui s’est mis en place après la crise de 2001, le système capitaliste de la destruction, ou plutôt le capitalisme de la destruction.

Les crises précédentes

La crise que nous connaissons n’est pas la première que le système affronte. Nous pouvons dire que trois grandes crises ont eu lieu depuis les années soixante-dix :

- La crise du capitalisme dans le milieu des années soixante-dix,

- La crise du néocapitalisme dans les années deux mille,

- La crise du capitalisme de la destruction que nous connaissons actuellement.

Reprenons les choses dans l’ordre.

Dans les années soixante-dix, une crise structurelle grave a été catalysée (mais pas déclenchée) par la première crise du pétrole. A l’époque, nous sommes au cœur de ce que nous appelons aujourd’hui « les trente glorieuses ». Production massive de biens de consommation dans des unités fordiennes de grande concentration ouvrière, développement de la consommation à des catégories alors relativement pauvres, explosion de l’automobile. En terme de structure, ce sont des grandes entités qui dominent, le capitalisme industriel est florissant, les grandes entreprises créent du taux de profit à travers la production, et la vente, de biens matériels à grande échelle.

Survient alors la crise du pétrole, avec de fait augmentation des stocks, diminution des profits, création d’un niveau de chômage jamais envisagé auparavant. C’est de fait la crise du capitalisme classique qui ouvre une ère jamais refermée depuis.

La réponse à cette crise a été le développement, à partir des années quatre-vingt, d’un nouveau capitalisme, que l’on peut appeler « néocapitalisme », ou « turbocapitalisme », qui consistait à modifier structurellement le type de production en remplaçant la plus-value créée à partir des biens matériels par une plus-value créée à partir de la conception, ou de la qualité d’information transmise dans le bien (exemple un logiciel vendu par Bill Gates). Le produit vendu pouvait être virtuel, reproductible à l’infini, ou un ben matériel réel contenant des produits sophistiqués. Parallèlement, la structure même des entreprises éclatait en organismes plus petits établissant un réseau contracto-industriel complexe.

La crise de la bulle Internet de 2001 correspond à une crise de ce néo-capitalisme, dans la mesure où la création de plus-value sur des produits virtuels pouvait être problématique (comment créer de la valeur à partir d’un service gratuit, par exemple). Des mécanismes, soit par système payant, soit par la publicité, ont été mis en place, mais l’espoir de gains considérables s’est éloigné malgré tout.

Une modification insidieuse

La solution trouvée a été la financiarisation capitaliste destructive. Il ne s’agit bien évidemment pas de révolutionnaires che guevaristes, ou besancenotiens, à Wall Street, mais de financiers qui font de la plus-value par la destruction du système industriel. C’est du capitalisme où la plus-value est créée par la décroissance industrielle.

A partir des années 2000, les taux de profits des industries capitalistes, et même néocapitalistes, étaient devenus insuffisants. Un nouveau mécanisme a été mis en place qui consistait, tant que cela fonctionnait, à de créer de l’argent à partir de démantèlement des industries traditionnelles ou non. Un fonds d’investissement trouve une cible, une entreprise en difficulté, fait un emprunt, achète l’entreprise, restructure la dite entreprise en « rationalisant », c’est-à-dire en virant une part du personnel et la revend avec une plus-value confortable. C’est du capitalisme de la destruction dans la mesure où le profit industriel ou néo-industriel se fait avec du personnel réel, et celui-ci diminue par la restructuration. La prise de valeur de l’entreprise n’est due qu’à un effet de diminution des déficits immédiats, en surexploitant le personnel restant, en réduisant les coûts jusqu’à la limite où la productivité s’effondre. Il s’agit bien entendu de vendre avant cet effondrement. C’est le dernier acheteur qui paye les pots cassés, en général en fermant l’entreprise en question.

La crise actuelle

La crise des « subprimes » joue dans la même sphère, celle au final des constructions destructives, où il s’agit de ne pas être le dernier. Et en l’occurrence, le dernier c’est l’état, donc l’ensemble des citoyens bernés !

La crise des subprimes n’est donc en réalité qu’une conséquence d’un mouvement bien plus ancien. La croissance des taux de profits via la part des profits dus à la sphère de la conception, a augmenté à partir des années quatre-vingt. Les taux de profits générés étant bien plus importants, l’attraction due aux nouvelles technologie qui intègrent ce genre de mécanisme a cru de façon très forte. Il s’en est suivi, afin de survivre à la concurrence, une quête aux taux de profit pour les industries plus classiques, ou moins technologique. D’où le recours à la Chine et aux délocalisations. La conséquence de ce mouvement a été la perte d’emplois, et la stagnation du pourvoir d’achat des salariés. Ceci conduit à la diminution de la demande, compensée, et là interviennent les subprimes, par le crédit.

Dans le même temps, on détruisait les emplois, on augmentait la plus-value, on accumulait les richesse d’un côté et la pauvreté de l’autre, en accentuant le phénomène par le recours au crédit pour faire financer par les pauvres la croissance des riches. Il est évident que cela ne pouvait pas durer longtemps (malgré la croyance au « développement durable »)

Pour compenser cet effet, il faut en contrer non les symptômes, mais la cause. Et celle-ci est l’excès de taux de profits générés.

Il est donc impératif, si la société ne veut pas être détruite, de limiter ces taux, donc de diminuer la productivité du travail en augmentant la quantité monétaire liée aux salaires, et diminuer la part liée aux profits, qu’ils soient distribués sous forme d’action, de produits financier ou d’argent destinés aux haut management et aux grands actionnaires.

La part du politique est prépondérante pour remettre un équilibre que les acteurs ne peuvent d’eux-mêmes établir, tant une sorte de concurrence aux hauts revenus existe dans les hautes directions.

L’augmentation de la part du salariat ne signifie pas forcément l’augmentation des salaires quantitatifs. Les politiques sociales, de santé, de scolarisation, de transports publics, de loisirs publics, participent aussi de cette redistribution.

L’étape que nous vivons actuellement doit nous préparer à des modifications importantes. Les décideurs sont dans une situation où ils devraient renoncer à leurs anciens privilèges pour que le système perdure. Mais ils ne le font pas car comme individus, leur idéologie les pousse vers une accumulation constante et croissance, et c’est cette accumulation qui mène où nous en sommes.

La lucidité de la population sur les capacités des dirigeants, et une ténacité à vouloir survivre peuvent être des ferments d’un changement radical. Le capitalisme du profit sans limite est arrivé en fin de courses, même si des branches sont encore vivantes.

Solutions et impasses

Les réponses actuelles, de la relance de la consommation au rachat des actifs pourris des banques par les États ne sont que des palliatifs sur le symptôme, qui en réalité enfoncent les États dans des dettes sans fin, sans rien changer au problème.

S’il faut nationaliser les banques, cela n’est pas pour refaire les mêmes erreurs. Les entreprises doivent cesser de devoir produire du profit pour des actionnaires qui n’investissent pas, ou dans la destruction. Pour cela, il faudrait cesser les liens existants entre les bourses et les entreprises, et le remplacer par des investissements par prêts bancaires garantis. Ce qui évite les dettes infinies des dividendes. Au fond, ce serait une économie de marché sans capitalistes, sans des sortes de parasites financiers qui font trimer la planète pour leur bien personnel.

La réponse est dans la limite, l’équilibre. Le développement durable est un oxymore. Seul l’équilibre est durable. Il signifie, ou peut signifier rééquilibre, notamment entre les pays pauvres et riches, ou à l’intérieur des pays, entre les ruinés et les bénéficiaires.

Remettre en cause le capitalisme signifie aussi cela, c’est-à-dire se poser la question de sa légitimité, de sa dangerosité, de la façon des gérer, pour qui, par qui, de la relation capital-travail, de la liberté d’œuvrer en-dehors du système des entreprises, de déconnecter celles-ci de la bourse, du retour du droit au service public, de la juste répartition, et de la limitation, de la plus-value créée, de la structure fondamentalement non démocratique, archao-hiérarchique, voire totalitaire, des entreprises, de la nécessité de croissance dans un univers aux ressources limitées. Si les mots ont un sens, ce serait, notamment, cela. S’ils n’en ont pas, ce peut être n’importe quoi.



14 réactions


  • François M. 28 mars 2009 15:46

    Pendant ce temps, perdu dans ce brouillard sémantique, les médias et les politiciens refusent de vous parler de l’élément le plus important de la prochaine phase de la crise financière. Les contrats du marché des produits dérivés totalisent environ 700 000 milliards de dollars (700 000 000 000 000$) selon la Banque des règlements internationaux (BRI) ou Bank for International Settlements (BIS) en anglais).

    Pour vous donner une idée de grandeur et vous mettre ce chiffre en perspective, la crise du marché de l’hypothèque résidentiel (subprime) était au plus de 23 000$ milliards aux États-Unis. Nous nous échinons avec ces plans de sauvetage pour sauver les marchés boursiers, mais il n’est évalué qu’à un peu moins de 15 000$ milliards au total, aux États-Unis encore. Le PIB de ce dernier est de 14 200$ milliards. La valeur totale de tous les marchés boursiers du monde ne dépassent pas les 50 000$ milliards, selon la World Federation of Exchanges.

    La bulle des produits dérivés qui est en train d’éclater et qui va prendre toute son ampleur cette année et en 2010, celle du papier commercial bancaire, des fonds de couvertures, est de l’ordre de 700 000 milliards de dollars. (Source)


    Pour plus détails :

    http://les7duquebec.wordpress.com/2009/03/17/l%E2%80%99assouplissement-quantitatif/


    • plancherDesVaches 28 mars 2009 19:52

      Un cabinet privé a calculé, il y a peu, que si l’on cumule ce montant avec la descente que vont se prendre les biens "mobiliers" surestimés (maisons, entreprises, et leur retour sur investissement déjà placés)(1), on arrive à un montant total de 1 400 000 milliards de dollars.
      Je pense pouvoir retrouver la source dans mes infos stockées.

      Bref, on va rire.

      (1) surestimés par rapport à une croissance "normale" de long terme qui se situe à moins de 2% par an, guerres comprises.


    • taktak 30 mars 2009 13:05

      façon de parler, on va rire !

      En tout cas c’est sur que le capitalisme est un système exterministe : plutot mourir que de ceder un centime de ce que j’ai volé !


    • François M. 31 mars 2009 13:29

      Vous avez raison. J’y susi allé avec des chiffres conservateurs pour être certain de ne pas faire erreur et d’exaggérations, mais le montant monte jusqu’à 1 500 000$ selon la Banque des règlements internationaux (BRI) ou Bank for International Settlements (BIS) en anglais).

      Oui, ça va être la fête lorsque cette bulle éclatera dans toute son ampleur, ce qui devrait se passer d’ici 2010.

      http://les7duquebec.wordpress.com/2009/03/17/l%E2%80%99assouplissement-quantitatif/


  • aetius320 28 mars 2009 16:23

    "La conséquence de ce mouvement a été la perte d’emplois, et la stagnation du pourvoir d’achat des salariés. Ceci conduit à la diminution de la demande, compensée, et là interviennent les subprimes, par le crédit.

    Dans le même temps, on détruisait les emplois, on augmentait la plus-value, on accumulait les richesse d’un côté et la pauvreté de l’autre, en accentuant le phénomène par le recours au crédit pour faire financer par les pauvres la croissance des riches. Il est évident que cela ne pouvait pas durer longtemps (malgré la croyance au « développement durable »)

    Pour compenser cet effet, il faut en contrer non les symptômes, mais la cause. Et celle-ci est l’excès de taux de profits générés.

    Il est donc impératif, si la société ne veut pas être détruite, de limiter ces taux, donc de diminuer la productivité du travail en augmentant la quantité monétaire liée aux salaires, et diminuer la part liée aux profits, qu’ils soient distribués sous forme d’action, de produits financier ou d’argent destinés aux haut management et aux grands actionnaires."

    C’est bizarre, dans votre article vous pensez que la crise actuelle n’est pas une crise de surproduction mais pourtant les phénomènes et les solutions que vous expliquez dans cette situtation sont exactement les phénomènes classiques qui aboutissent à une non moins classique crise de surproduction (ou de sous-consommation ou d’insolvabilité globale, tout ça c’est la même chose) à la Marx ou à la Keynes avec la classique trop grande captation de la plus-value par une minorité qui n’investit plus son argent dans la sphère réelle mais dans le virtuel. Argent qui finit toujours par s’autodétruire dans la déflation puis dans l’inflation qui est encore la classique euthanasie des rentiers.

    La seule innovation dans cette crise est, comme je l’ai expliqué ici, qu’elle aurait du commencé il y a 20 ans (quand les très intelligentes politiques ploutocratiques ont été mises en place à grande échelle. Je préfère parler de ploutocratie que de néo-libéralisme par ce que contrairement à ce que l’on croit cette idéologie n’a jamais été aplliquée comme le libéralisme ou le communisme d’ailleurs. C’est juste le processus classique de mise en coupe réglée d’une société par une infime minorité qui a toujours été aplliquée comme depuis des milliers d’années) mais qu’elle a été retardée par l’endettement.



  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 28 mars 2009 18:04

    " Pour compenser cet effet, il faut en contrer non les symptômes, mais la cause. Et celle-ci est l’excès de taux de profits générés " dites vous, Jean Paul,

    Par extrapolation, prenons l’exemple de la pharmacopée. Une molécule découverte il y a cent ans, est aujourd’hui complètement amortie, et devrait être gratuite et dans le domaine public. Et pourtant, non seulement elle reste brévetée dans le domaine privé, mais en plus, si vous admettez que le millième de gramme de celle-ci puisse être vendu un euro le cachet dans un emballage de quinze, vous réalisez que là, la plus-value est absolument gigantesque : Un million d’euro le kilo  !

    C’est ce système qui permet à cette industrie d’être indécemment bénéficiaire, à des milliers de laborantins pharmaceutiques de vivre grassement sur cette molécule, alors que c’est une simple machine qui la produit et l’emballe sans plus la moindre intervention humaine autre qu’un ouvrier de maintenance.

    Je me permet cette extrapolation parce qu’elle reflète exactement le procédé. Au lieu de rechercher la cause des maladies et d’effectuer une sévère prévention, l’industrie chimique laisse se démultiplier ces causes avec un effort soutenu sur l’étude des symptomes et usant de formidables profits pour rechercher les nouveaux remèdes générateurs de profits encore plus florissants. Sans aucun doute, ce procédé est appliqué par les industriels qui peuvent vendre vingt euros ce qui en a coûté O,1 en Chine et nos politiques qui légalisent ces pratiques en les taxant.

    André Prévot disait : "la politique, c’est l’art d’ajourner les difficultés" et donc de laisser disséminer la contamination. Cela a été vrai jusqu’à l’avènement de notre petit-monier. Désormais, c’est devenu l’art d’écoper l’argent par les fenètres.



  • herve33 28 mars 2009 19:38

    Au dela du G20 , c’est aussi à l’ONU que les choses bougent , 20 Pays qui décident du sort des autres , évidemment cela ne va pas resoudre le problème dans son ensemble , et d’ores et déjà comme le souligne leap2020 , si le dollar reste l’unique monnaie de réserve , on pourra dire que le G20 sera un échec . D’après Paul Jorion , Le monde uni, promettant la création d’un G-192 (le nombre de nations sur la planète), déclare la guerre aux États–Unis, et personne n’y prête attention .

    Le prix Nobel de l’économie Stiglitz, Président de la Commission des experts pour l’ONU , a déclaré que « si l’on ne prend pas les mesures qui s’imposent, il n’est pas certain que l’on sorte de la crise climatique qui gronde à l’horizon ». François Houtart, représentant du Président de l’Assemblée générale au sein de la Commission d’experts, a lui précisé que « nous nous trouvons face à l’effondrement de tout un système économique et pas seulement d’un système financier. Pourquoi simplement réformer ou réparer un système qui a détruit des millions d’emplois et des millions de personnes et continue de détruire la planète, alors qu’il faudrait reconstruire le système financier mondial ?

    Evidemment aucun article de ces propos dans les médias français .

    Triste presse .


    Avertissement des syndicats au G20 : Les demi-mesures ne suffiront pas à colmater la brèche de l’économie globale

    Bruxelles, le 23 mars 2009 (CSI En Ligne) : Dans le cadre d’une campagne mondiale appelant les gouvernements du G20 à agir pour sortir l’économie mondiale de la récession et mettre au point un nouveau plan d’action pour la création d’emploi, la réglementation financière et la gouvernance mondiale, les syndicats aux quatre coins du monde présentent, aujourd’hui, un ensemble commun de demandes à leurs gouvernements nationaux. Le plan d’action syndical en cinq points, qui inclut des propositions politiques détaillées, décrit les mesures requises pour s’attaquer à la crise et construire une économie mondiale plus équitable et plus durable pour l’avenir. Le plan préconise :

    Un programme international coordonné de relance et de croissance durable contribuant à la génération d’emplois et aux investissements publics ;

    La nationalisation des banques insolvables et l’adoption de nouvelles règles financières ;

    Des mesures pour combattre le risque de déflation salariale et renverser des décennies d’inégalités croissantes ;

    Des mesures porteuses concernant le changement climatique ;

    Un nouveau cadre juridique international, pour la réglementation de l’économie globale et la réforme des institutions financières et économiques internationales (FMI, Banque mondiale, OCDE, OMC).

    La « Déclaration du groupement Global Unions au G20 » , élaborée conjointement par la CSI et la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE (CSC-OCDE), expose les mesures qui doivent être adoptées par le G20, en collaboration avec les autres gouvernements. Les centrales syndicales nationales présenteront ce document à leurs gouvernements respectifs aujourd’hui, en attendant sa présentation officielle au Sommet des dirigeants du G20, le 2 avril prochain, à Londres. Des syndicats venus des quatre coins du monde se joindront à leurs collègues de la centrale britannique TUC lors d’une mobilisation massive de la société civile prévue le 28 mars, à Londres, où l’accent sera mis sur l’importance d’une action mondiale coordonnée des gouvernements.

    « Si les gouvernements du G20, réunis à Londres, ne parviennent à tomber d’accord que sur des demi-mesures, ils auront failli à leurs responsabilités. En tant que principales puissances économiques mondiales, ils ont la responsabilité et la possibilité de tourner la page du néolibéralisme défaillant du passé et de conduire la globalisation vers une toute nouvelle direction », a dit Guy Ryder, secrétaire général de la CSI.

    D’après la Déclaration, la relance et la croissance durable sont des objectifs réalisables, à condition, toutefois, que la priorité soit accordée à la création d’emploi et aux investissements publics, à des politiques actives au plan du marché d’emploi, ainsi qu’à l’expansion des filets de sauvetage sociaux et des mesures spéciales pour les économies en développement et en émergence. Les syndicats ont également présenté un plan d’action spécifique en huit points concernant la réglementation financière globale, qui prévoit des dispositions immédiates en vue de la nationalisation des banques insolvables.

    « La réglementation inconsistante, voire inexistante, de l’activité bancaire et financière a converti l’économie mondiale en un casino où tous les coups sont permis, plongeant le monde dans une profonde récession et entraînant la perte de dizaines de millions d’emplois. Des solutions doivent être trouvées d’urgence. Un autre pilier fondamental de la relance et de la réforme, à savoir la création d’emplois décents et durables et l’augmentation du pouvoir d’achat, mérite qu’on lui accorde une attention toute particulière à l’occasion au G20 », a dit John Evans, secrétaire général de la CSC-OCDE.

    La Déclaration de Londres attire l’attention sur le risque bien réel d’une déflation des salaires et souligne le fait que l’inégalité croissante des revenus de par le monde figure parmi les principaux facteurs de la récession actuelle, dès lors que le pouvoir d’achat des travailleurs ne suffit pas à maintenir la demande pour les marchandises et les services. La garantie du droit de négociation collective pour tous les travailleurs et le renforcement des institutions chargées de la fixation des salaires contribueront à l’établissement d’un plancher décent au niveau des marchés du travail et à la relance économique, à travers une augmentation du pouvoir d’achat des ménages. Ceci est étroitement lié à la nécessité plus générale d’une réforme du FMI, de la Banque mondiale, de l’OMC et de l’OCDE, et de l’inclusion de l’Organisation internationale du travail au centre d’un système de gouvernance mondiale efficace et responsable.

    « La réglementation financière est essentielle mais n’est pas suffisante en soi. La nouvelle gouvernance mondiale doit être fondée sur une base solide de droits sociaux et, singulièrement, les normes fondamentales du travail de l’OIT. L’économie réelle, le travail décent et la réduction de la pauvreté ne peuvent plus être laissés en marge de la politique globale. Le G20 doit éviter de limiter ses horizons en se contentant d’apporter des changements insignifiants à un système noyé dans le discrédit. Il lui revient de présider à une révision complète de la manière dont l’économie mondiale est gérée. Ceux qui pensent qu’ils pourront retourner aux vielles habitudes se trompent sérieusement », a dit Ryder.

    Les propositions syndicales insistent, d’autre part, sur la nécessité d’une action urgente sur le changement climatique, à la lumière du coût environnemental, social et économique monumental de l’inaction. Les gouvernements devraient, dès à présent, mettre en œuvre une réponse fiscale mondiale coordonnée à la crise économique pour aiguiller le monde sur la voie d’une « économie verte ». La création d’emplois verts et les mesures visant à garantir une « transition juste » au sein des communautés et des secteurs affectés par la conversion vers une production respectueuse de l’environnement sont essentielles pour atteindre les niveaux requis d’émissions de gaz à effet de serre et contribueront à sortir le monde de la récession.

    « Les gouvernements disposent, dès à présent, des leviers leur permettant d’aiguiller le monde vers une croissante verte. Manquer une telle opportunité serait une tragédie pour l’humanité tout entière, ainsi que pour l’avenir de la planète », a conclu Evans.


    • plancherDesVaches 28 mars 2009 20:08

      http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/03/27/les-riches-doivent-ecouter-le-g172-par-kamalesh-sharma-et-abdou-diouf_1173333_0.html
      "Les riches doivent écouter le 172"

      Et je me permet dire que dans tout ensemble homogène et naturel déjà démontré par Pareto, il y a un déséquilibre FLAGRANT lorsque l’on sait que 20 pays possède PLUS de 90% des richesses.
      La proportion se doit d’être 20/80. (ainsi que sa réciproque)
      Et aussi dans chaque pays :
      20% de la population doit avoir 80% des richesses et 80%, 20% des richesses.
      Que vous pensiez être riche, ou que vous pensiez que 20% des richesses est trop peu, renseignez-vous avant de me critiquer.
      20% de richesse pour 80% de possédants de notre pays nous ferait millionnaires.
      Mais bon, vu que l’argent virtuel ne vaut plus rien, ça nous ferait une belle jambe aussi.


  • plancherDesVaches 28 mars 2009 19:45

    En complément de cet excellent article :
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/03/28/kant-et-les-parachutes-dores_1173803_3234.html
    "Kant et les parachutes dorés"
    "A ce titre - mais là ce n’est plus le philosophe qui parle -, les vacances luxueuses d’un chef d’Etat peuvent apparaître tout aussi "moralement" choquantes que les stock-options des patrons et ne mettent guère le premier en position de donner des leçons de morale aux seconds."....

    Jusqu’où peut-on pousser l’injustice sans craindre que le peuple réclame justice.


  • taktak 30 mars 2009 13:27

    Effectivement, l’auteur de l’article nous décrit une très classique crise économique au sens marxiste du terme.
    J’avais fais remarquer à l’été 2007 que seule l’analyse marxiste permettait de comprendre l’ampleur et la nature de la crise à venir. A l’époque alors, l’idéologie capitaliste tenait encore fermemant l’opinion (Sarko venait d’être élu d’ailleurs sur un programme qui n’envisageait pas une seule seconde la crise, et proposant d’acroitre encore les bulles spéculative de tout poil (mesure sur les taux d’interet des crédits immobiliers, subprimes à la française mais aussi bouclier fiscal etc.)

    Aujourd’hui il est interessant de voir que chaque jour, l’analyse marxiste prend de plus en plus de poids. il faut dire qu’elle a pour elle d’expliquer la réalité et non de décrire seulement des contingences ou de servir d’écrans de fumée à des idéologies.

    Avec cette réémergence d’une conscience des mécanisme profond de nos sociétés capitalistes (exploitation d’une classe sociale par une autre pour accumuler de plus en plus de capitaux, comportements exterministes des capitalistes, cohésion et conscience des classes dominantes, inconscience et division de la classe exploitée...). La situation est sombre, mais elle n’est pas désespérée.
    La prise de conscience peut être salutaire et permettre de refonder le monde (on ne peut pas refonder le capitalisme comme l’explique très bien une autre tribune sur agvox) sur des bases saines : c’est dire où c’est le peuple à travers sa souveraineté qui exercerait une pleine possession des capitaux et un plein pouvoir démocratique sur la manière de l’utiliser.

    C’est la seule solution à mon sens pour permettre de sortir de la crise par le haut, et atteindre un équilibre permettant un progrès nécessaires pour la satisfaction des besoins humains, notamment à travers une vraie prise en compte de notre environnement


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 30 mars 2009 14:28

    à l’auteur

    "Remettre en cause le capitalisme signifie aussi cela, c’est-à-dire se poser la question de sa légitimité, de sa dangerosité, de la façon des gérer, pour qui, par qui, de la relation capital-travail [...]",

    Voici une manière de remettre en cause le Capitalisme :
    Le Parti Capitaliste Français (PCF) et l’Allocation Universelle !

    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=51707


  • Louis Peretz 30 mars 2009 16:10

    @taktak tout-àfait pertinent ce commentaire. Il faudra bien entendu que le peuple lui-même prenne les choses en main. Seul recours que j’ai par ailleurs concocté sur mon site.


  • lavalle lavalle 1er avril 2009 22:40

    « La fin d’une humanité »

    Officiellement, l’aciérie de Gandrange ferme définitivement ses portes aujourd’hui. Mais depuis le 20 mars, l’usine n’est plus qu’un monolithe quasi désert.

    METZ._ « Ce qu’on ressent ? Tout. A la fois du dégoût et de la tristesse. Oui, on est attristés mais pas abattus ». Pontier à l’aciérie de Gandrange,...

    ***************************************
    Le chef de l ’ état lors de sa dernière conférence de presse avait dit ceci .....

    NON ! GONDRANGE NE FERMERA PAS ...........
    C ’ est seulement un four qui ferme ........

    En tant que " four " c ’ est lui qui le fait .

    Il a une fois de plus réussi à convaincre dans le mensonge , les acteurs de cette aciérie .
    Pas mal joué la partie de " MENTEUR "
    A vous de juger !
    Mais personne ne dit rien , que le bal Masqué continue !


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