jeudi 23 juin 2011 - par
De la valeur d’une monnaie !
La monnaie est l'expression de la qualité de l'économie qu'elle irrigue et de la confiance qu'elle inspire à celles et ceux qui l'ont dans leur poche et sur leur compte bancaire, c'est-à-dire tout le monde : les pauvres comme les riches, les résidents comme les non-résidents.
Cela s'entend − à quelques exceptions près − dans un système de taux de change libres, flottants, c'est-à-dire non fixés par les pouvoirs politiques comme c'était le cas avant les accords de Kingston, qui le 8 janvier 1976 mirent fin définitivement au système monétaire international dit de Bretton Woods, basé sur l'or et le dollar (ici).
De fait, la confiance qu'inspire la monnaie réside très factuellement dans la stabilité de son pouvoir d'achat, c'est-à-dire dans un signe monétaire qui conserve sa valeur intrinsèque dans le temps et dans l'espace, quelles que soient les perturbations nationales ou internationales qui l'environnent. En fait, c'est une monnaie qui n'est pas rongée par l'inflation. Car l'inflation est un mal ou un bien qui, notamment :
- pour le mal, appauvrit les pauvres, c'est-à-dire ceux qui n'ayant que leur salaire, souvent petit pour vivre, voient chaque semaine ou chaque mois − et pour certains pays, chaque jour − le prix des produits qu'ils consomment augmenter plus ou moins vite,
- pour le bien, enrichit les riches, voire aussi ceux sortis de la pauvreté, qui ont emprunté à taux fixe ou emprunteront demain de la même manière, et pourront alors rembourser leur(s) crédit(s) avec de la "monnaie de singe".
La confiance est quelque chose qui ne se décrète pas du haut d'une tribune, devant un micro ou une télévision comme certaines personnes − plus politiciennes que politiques − essaient de le faire croire. La confiance est effectivement quelque chose qui se mérite…
Dans un concert international largement perturbé par les crises : économique, sociale, financière, énergétique, alimentaire… ou guerrière, les monnaies de qualité sont toujours âprement recherchées.
Une monnaie recherchée symbolise une unité monétaire qui est conservée ou achetée sur les marchés internationaux plutôt que vendue. C'est la loi de l'offre et de la demande ! Une monnaie recherchée l'est, car l'agent économique qui la désire sait que l'ensemble des activités qu'elle sous-tend est non inflationniste et donc qu'elle conservera son pouvoir d'achat, voire même l'améliorera par rapport aux autres devises… plus faibles.
Il en est ainsi − dans les grandes lignes − des principaux déterminants de toute monnaie.
Alors, quand certains individus, qui parlant d'un pays dont la monnaie est encore recherchée sur les marchés, prétendent que les malheurs de ce pays sont dus précisément à sa monnaie, voire même à ceux qui la lui ont prêtée… ils insultent l'intelligence des personnes qui les écoutent.
Quand un pays, disposant d'une monnaie de qualité − à tord ou à raison, là n'est pas le sujet −, est plongé dans une crise, quelle qu'en soit l'origine, il doit, s'il est dirigé par des personnes responsables, chercher chez lui les causes structurelles de sa crise. Ces causes sont souvent d'ailleurs toujours les mêmes, notamment :
- la corruption. Ce fait est généralement d'autant plus fort que le pays aurait longtemps vécu sous une dictature, à moins qu'il ne le soit encore ;
- la falsification par le pouvoir politique de sa propre comptabilité nationale, souvent conjuguée à une mal-gouvernance endémique ;
- une économie souterraine importante et par construction non accessible aux prélèvements obligatoires ;
- des fraudes en tous genres et notamment celles qui empêchent les caisses de l'Etat de se remplir afin qu'il puisse assurer le minimum requis de l'Etat "encore" providence. Fraudes telles que : non déclaration de revenus, délocalisation fiscale, etc. ;
- le manque de compétitivité des industries du pays par rapport à celles des pays avec lequel il commerce ;
- une balance commerciale et une balance des paiements structurellement déficitaires,
- etc., etc.
Chaque de ces causes, quand elle est à grande échelle, peut à elle seule être à l'origine de la crise que traverse à un moment donné un pays. Alors, quand plusieurs d'entre elles coexistent en même temps, on image les dégâts ! Et dans ce cas, le pays doit se dire qu'heureusement, sa monnaie tient encore le coup !
La monnaie, quand elle est de qualité, n'a donc rien à voir avec les difficultés qu'un pays peut accumuler de toutes parts. Prétendre le contraire est une insulte au corps électoral, donc de la pure démagogie…