mardi 29 mai 2007 - par Voltaire

Dette publique : promesse non tenue ?

Près de 1 200 milliards d’euros de dette... Voilà le poids qui pèse sur les actuels et futurs contribuables. Alors que la réduction de cette dette avait, pour la première fois, fait l’objet d’un vrai débat lors de la campagne présidentielle, et que Nicolas Sarkozy avait annoncé son intention de la combattre, son ministre du Budget vient de repousser toute idée de réduction aux calendes grecques... Coïncidence, l’OCDE annonçait au même moment la légèreté de certains gouvernements en matière de politique budgétaire...

Lancé par François Bayrou lors de la campagne présidentielle, le débat sur la dette publique (et le poids qu’elle fait peser sur les futures générations) avait connu un retentissement inhabituel. Dans ce domaine, la situation de la France est préoccupante : en atteignant 63,7 % du PIB (c’est-à-dire de la richesse intérieure du pays), après un point culminant à 66,2% l’année précédente, la France est sortie des critères de stabilité fixés par l’Union européenne. Et encore, la récente décrue est due à des remboursements ponctuels (de la part de divers organismes publics) et non d’une amélioration structurelle de nos comptes publics. En gros, nous (l’État, notre système de santé etc.) continuons à dépenser beaucoup plus que nous ne gagnons.

Est-ce un problème ? Pour certains, non. Cette dette permet d’investir dans différents domaines pour le long terme, et les taux d’intérêts bas actuellement permettent de le faire. Sauf que, en France, nous n’empruntons pas uniquement pour de l’investissement, mais bien pour payer nos dépenses courantes, comme les salaires des fonctionnaires... D’aucuns rétorqueront que des pays comme les Etats-Unis ou le Japon se portent bien avec des déficits abyssaux, bien supérieurs à celui de la France. Cependant, c’est ne pas tenir compte des spécificités économiques de ces deux pays : un taux d’imposition global beaucoup plus faible au Japon (qui laisse des marges importantes), et des cycles de croissances bénéficiaires aux US (qui devraient être excédentaires vers 2012...). La France en revanche pâtit de cycles de croissance molle, et d’un taux déjà très élevé de prélèvements obligatoires... C’est la raison pour laquelle un consensus s’était établi au sein des principaux économistes, relayée par le rapport Pébereau, pour une réduction des dépenses publiques et une pause des baisses d’impôts, tant que la situation ne se serait pas stabilisée.

Politiquement, François Bayrou avait ainsi proposé l’interdiction de présenter un budget de fonctionnement en déficit (permettant cependant d’emprunter pour des dépenses d’investissement), tandis que Nicolas Sarkozy avait affiché sa volonté de faire repasser le déficit de la France sous les 60% du PIB à l’échéance de 2012. Le Parti socialiste en revanche s’était refusé à prendre des engagements sur ce thème.

Comme les différentes analyses des promesses du candidat Sarkozy le laissaient entendre, le gouvernement se retrouvait donc contraint de choisir entre tenir les promesses de cadeaux fiscaux faites par le candidat de l’UMP, et s’engager vers un budget plus vertueux. A trois semaines des élections législatives, la décision n’a sans doute pas pris plus d’une demi-seconde : le ministre du Budget M. Eric Woerth nous annonçait le 24 mai une « pause » dans la réduction des déficits...

Pour justifier cette décision, M. Woerth souligne que le nouveau gouvernement s’engage dans une série de baisses de prélèvements (bouclier fiscal, crédit d’impôt sur les emprunts immobiliers, réforme des droits de succession...) destinées à une « relance fiscale » et qui constituent un investissement pour la croissance. Contrairement à un accroissement du budget de la recherche et de l’enseignement supérieur, qui ont les faveurs de l’ensemble des économistes, force est de constater que cette interprétation du rôle de ces cadeaux fiscaux est sérieusement contestée. Ainsi, lors de "France-Europe Express" dimanche soir, Patrick Devedjian botta rapidement en touche quand le journaliste Jean-Michel Blier lui fit part des doutes quant aux retombées économiques de ces mesures.

Ironiquement, ce même 24 mai, l’OCDE, en la personne de son économiste en chef Jean-Philippe Cotis, mettait sérieusement en garde certaines économies occidentales, et en particulier la France, contre la tentation de baisses fiscales non financées par des réductions de dépenses équivalentes. Pour celui-ci :

« La réduction des déficits publics enfin observée depuis deux ou trois ans s’est cependant trop appuyée sur l’embellie cyclique des recettes et bien peu sur des économies durables de dépenses. Pour l’avenir, une réduction énergique des déficits structurels apparaît à la fois hautement souhaitable et assez improbable. Étant donnée, cependant, l’ampleur des enjeux, il est à tout le moins nécessaire de ne pas « détricoter » les progrès accomplis dans le passé en matière de consolidation budgétaire.

Dans ce contexte très exigeant, les décideurs publics ont le devoir de sanctuariser les plus-values fiscales qui s’accumulent actuellement. On évitera ainsi d’exacerber la reprise économique en cours tout en prévenant à plus long terme le retour aux tristes crises budgétaires d’après-boom qui ont été si fréquentes dans le passé. Mais les pressions à la dépense seront extrêmement fortes, étant donnée l’ampleur considérable et inattendue des rentrées fiscales en matière d’impôts sur les sociétés et le capital. Tenir ferme sur ses objectifs de dépense et prendre tout son temps avant d’envisager de nouvelles baisses d’impôt, tel devrait être l’« impératif catégorique » de décideurs publics orientés vers l’avenir. »

On le voit, le risque est bien que cette « pause » dans la lutte contre le déficit public, alors que les circonstances économiques sont favorables, ne se prolonge indéfiniment dès que les premières difficultés apparaîtront. Et que, comme d’habitude, les gouvernements et générations suivants paient les pots cassés.



27 réactions


  • Nicolas Nicolas 29 mai 2007 10:59

    « et qui constituent un investissement pour la croissance. Contrairement à un accroissement du budget de la recherche et de l’enseignement supérieur, qui ont les faveurs de l’ensemble des économistes, »

    Oui, mais 20 ans plus tard.... et encore, ce n’est pas sur, car les entreprises français font leur recherche aux USA. Donc la recherche en France.. Pourquoi faire ?

    Bref, il faut diminuer le nombre de fonctionnaire de un million, pour rejoindre le nombre du début des années 90. Le reste n’est que parlottes.


    • Docteur_Fox 29 mai 2007 23:04

      Comment ça, les entreprises françaises font leur recherche aux USA ? Pas toutes quand même !

      C’est vrai qu’on a du mal à faire de la recherche en France quand on nous fout dehors du labo au bout de 35 heures, et qu’on est obligé de bosser en cachette. Mais on en fait quand même de la recherche, et de la bonne.

      Un chercheur du privé, et fier de l’être.


    • Gilles Gilles 30 mai 2007 10:14

      Un chercheur que l’on force à travailler uniquement 35 heures, je n’ai jamais vu ça !! Où travaillez vous, ça m’interesse ?

      Même à l’université, aucun chercheur qui se respecte et veut publier ne limite ses heures .... que l’on peut en outre difficilement compter, sans compter que l’on donne toujours plus de boulots pour palier aux postes manquants.


    • CMB 30 décembre 2009 17:31

      Les mesures de défiscalisation sont quand même extrêmement intéressante en France. A se demander s’il existent des entreprises qui paient plein pot leurs taxes.

      Ah suis-je bête les petites entreprises qui ne peuvent pas se payer un expert fiscale...


  • toto1701 29 mai 2007 12:31

    ajoutez y 5 milliards de financement public pour la defiscalisation des heures supplementaires ! la tout de suite...


  • Francis, agnotologue JL 29 mai 2007 12:33

    Pendant qu’on parle de la dette, l’on ne parle pas des rentes en train de se constituer via le processus en cours, appelé pudiquement mondialisaion libérale, processus de tranferts des rémunérations des revenus du travail vers les revenus du capital : Sous couvert de créer des richesses, les multinationales ne créent plus que des profits et de la misère.

    A l’instar des fermages sur l’agriculture sous l’ancien régime, il s’agit ici d’un véritable racket sur l’industrie des temps modernes en train de s’enkyster, et cela au travers des institutions comme le FMI, la banque mondiale, l’UE, les instituts de propriété indistrielle et intellectuelle ... (j’en passe et des meilleures, un travail est à faire qui dépasse les prétentions de ce modeste post).


  • La Taverne des Poètes 29 mai 2007 12:45

    Excellent article. Bayrou avait raison. Aujourd’hui la pause dans la lutte contre la dette doit être comprise de la même façon que les franchises pour les soins de santé. Ces dernières, une fois admises dans leur principe, iront en s’élevant : 4 franchises à 10 euros au début, puis ce sera 15 euros, puis 20, 30...(même principe que la CSG sauf qu’ici ce sont les pauvres qui vont trinquer le plus). Pour la lutte contre les déficits, c’est la même chose : multiplication de cadeaux fiscaux et peut-être, qui sait, des dépenses de guerres importantes pour suivre les Etats-Unis dans leurs croisades.


  • Stephane Klein Stephane Klein 29 mai 2007 14:54

    Je suis en accord avec l’auteur, la legerete affiche par eric Woerth demontre que cet homme n’est pas un homme d’etat et n’a rien compris a l’urgence de la situation ni a son role. Osons esperer que Sarko a ete trop pris ces derniers temps pour recadrer son ministre et que cela viendra en temps et en heure.

    Il est desolant en plus de voire qu’une fois de plus, le gouvernement prefere doper la consommation que la production (politique de la demande contre politique de l’offre). Du coup avec l’Allemagne qui baisse l’impot sur le benefices, les Francais vont consommer encore plus les produits fabriques en Allemagne...

    Quoi qu’il en soit, il convient de rester vigilant.


  • Rabelais Rabelais 29 mai 2007 15:24

    Excellent article.

    De mémoire l’an dernier nous avons frôlé la dégradation de la note de notre dette. C’est un peu technique mais en gros si notre note est dégradée, alors nous allons voir augmenter considérablement les intérêts à payer. Déjà qu’ils représentent l’équivalent de notre impôt sur le revenu !!

    Or cette note dépend en partie de la politique budgétaire du pays... Avec la « pause de la restriction », une hypothèse de 3% qui sera nécessaire pour tenir le futur budget que l’on nous prépare (http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?news=4224647) nous allons droit à la révision, et dans le mur qui va avec, le tout en klaxonnant. Nous n’avons pas le poids des US quant à notre capacité de négociation de la dette !

    Favoriser ainsi la dette sans investir dans notre futur est totalement irresponsable ! Et ce quelque soit le gouvernement qui agit ainsi. Comme le souligne Voltaire (et le bon sens) la dette ne se justifie que pour des investissements nationaux, par définiton générateur de richesses, qui amélioreront la situation de l’ensembble du pays.

    Accroitre la dette pour diminuer les charges d’une catégorie minime de la population est non seulement irresponsable mais également inadmissible. C’est faire payer à toutes les générations présentes et futures les avantages massifs concentis au profit de quelques uns.

    Et ce d’autant qu’il y a fort à parier qu’une telle politique va s’accompagner d’une période de restricion massive (imposée par le FMI ?) à l’échelle du pays et qui sera justifiée par...l’accroissement de la dette.

    Aussitôt élu et voilà les promesses non tenues qui déboulent. Sauf que celle-là c’est une bombe atomique dégoupillée !


  • LE CHAT LE CHAT 29 mai 2007 15:49

    bonjour voltaire ,

    ils en causaient ce matin dans C dans l’air sur france 5 , la dette c’est plus la priorité du moment , on focalise sur l’emploi et la croissance ... et on fait des cadeaux fiscaux à ceux qui en ont le moins besoin , comme toujours ....

    Bien à toi


  • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 29 mai 2007 16:00

    Quelle différence y a-t-il entre une dépense de fonctionnement et une dépense d’investissement quand il s’agit, pour préparer l’avenir, d’embaucher des infirmières, des chercheurs, des profs, des juges, des policiers etc.. et donc de leurs payer leur salaire ?

    Vous confondez l’économie d’une entreprise dont le but est de faire du profit avec celle de l’état dont la mission n’est pas de faire du profit mais de faire bon usage des deniers publics, y compris de la dette, quand cela est nécessaire afin de développer la société pour lui donner un avenir socialement (et non pas seulement économiquement) meilleur .

    Ce qui est en cause dans la politique de NS c’est, non pas la dette en soi, laquelle ne veut pas dire grand chose sans que l’on dise à quoi elle sert et en quoi elle est utile, mais c’est que son programme fiscal est profondément injuste en cela qu’il consiste à creuser le déficit public au profit des plus riches (réduction des droits de succession et des impôts qui les concernent exclusivement) aux dépend des services publics (santé et éducation) indispensables à la promotion de tous et à a réduction des inégalités. La politique ce n’est pas de l’économie privée et encore moins de la gestion boutiquière !

    Même, du point de vue d’une entreprise, votre argument revient à fétichiser la réduction de la dette comme un but en soi. Vous êtes en deçà même de l’économie capitaliste. Il faut toujours se demander non seulement combien la dette coûte, mais combien elle rapporte ou est susceptible de rapporter.


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 29 mai 2007 16:03

      J’ajoute que je suis pour payer plus d’impôts progressifs (y compris l’ISF) et de droits de succession si cela doit servir la justice. Le déficit public est aussi créé par l’idéologie démagogique de droite anti-impôt.


    • Voltaire Voltaire 29 mai 2007 16:46

      @Sylvain Reboul

      Vous n’avez pas tout à fait tort dans votre commentaire. On peut en effet considérer certaines dépenses salariales comme de l’investissement, par exemple dans les transports, l’éducation, la recherche etc... Il peut en être de même pour une réduction d’impôt, si elle permet une relance de l’économie, et donc des rentrée fiscales supérieures à terme.

      En dehors de l’aspect « moral » des cadeaux fiscaux proposés, mon article avait surtout pour objectif d’indiquer que ces baisses d’impôts ne sont pas actuellement considérées comme de l’investissement, car elles n’auront que peu d’effet positif, et que surtout elles ne sont pas indiquées dans l’etat actuel de notre budget qui ne s’est pas stabilisé. Les rentrées fiscales assez importantes actuellement, provenant des entreprises, sont conjoncturelles, tandis que nos dépenses sont structurelles. Et là, je diverge avec votre analyse. Je considère que nous sommes obligés de réduire certaines dépenses structurelles, et/ou d’accroitre certaines recettes, pour avoir un budget en équilibre sur le long terme.


    • microsam microsam 29 mai 2007 19:14

      Effectivement sur le principe votre remarque est juste : l’Etat n’a aucune obligation d’affecter ses recettes et ses dépenses. Il est donc très difficile, ligne à ligne, de déterminer si les déficits financent de l’investissemnt ou du fonctionnement. Au niveau global cependant certains chiffres ne trompent guère : dans le budget 2005, l’investissement représentait 17 milliards quand parallèlement la dette se creusait de 59 milliards. Nous attendrons les chiffres pour juger des déclaration de M. Fillon, mais prétendre que « les budgets déficitaires d’aujourd’hui sont des investissemnts pour la croissance et l’emploi de demain » est pour le moins discutable, certainement non gestionnaire et pourrait s’avérer irresponsable.

      On rapellera d’une part que depuis 1975, la France n’a pas connu un seul budget de l’Etat équilibré, et d’autre part le constat accablant du rapport Pébereau (fort peu encourageant pour la démarche de notre gouvernement) : « en 10 ans la dette a doublé, non pas par un effort spécifique d’investissement pour la croissance, mais bien par une gestion peu rigoureuse. »

      L’idée a été évoquée un peu plus haut : en 2005 et en 2006, le déficit budgétaire a dépassé 45 milliards d’Euros, soit presque la totalité de l’impôt sur le revenu payé par les Français.

      Avec 1200 milliards d’Euros de dettes, le seul paiement des intérêts représente plus de 48 milliards d’Euros par an, auxquels il faut ajouter le remboursement des échéances de l’emprunt (plus de 100 milliards par an).

      Aujourd’hui, la France est obligée d’emprunter pour payer les intérêts de sa dette, et elle est tout juste capable de subvenir au remboursement de ses échéances. Il ne faut pas oublier que c’est parce que l’Etat Français n’a jamais fait défaut à ses créanciers depuis 1789 que les marchés financiers estiment le risque de non remboursement très faible (justifiant des taux d’intérêt très bas). Mais cette situation n’est pas gravée dans le marbre :

      D’abord parce que les taux d’intérêts sont historiquement bas (aux alentours de 4%), mais rapelons qu’ils étaient plutôt de l’ordre de 10% au début des années 90 et de 6% au début des années 2000. Chaque tranche de taux supplémentaire de 1% nous coûte 10 milliards de dettes de plus par ans (portant elle-même intérêt à 5, 6, 7 ou 8%).

      Ensuite parce qu’une dérive des ratios d’endettement dégrade l’appréciation du risque souverain français, renchérit considérablement le coût de la dette et réduit la liquidité. A terme, l’Etat pourrait avoir de graves difficultés à se financer par manque de solvabilité. En d’autres mots : nous serions au bord de la faillite.

      Il ne s’agit pas de jouer les Cassandre, il suffit de se souvenir de la situation du Canada dans les années 80 alors que le Wall-Street Journal qualifiait le pays de « candidat honoraire au tiers-monde » et que les Québécois voulait « quitter ce pays en faillite ». A cette époque la dette canadienne représentait un peu plus de 68% du PIB. Pour mémoire la dette française est toujours au dessus des 66% du PIB (quand Maastricht et le pacte de stabilité en imposent 60%). La dette de l’Etat représente ainsi presque les deux tiers de la valeur créée par l’ensemble de l’économie nationale sur une année. L’exemple canadien est cependant la preuve que la situation n’est pas irrémédiable. En prenant la véritable mesure du problème, en entamant des réformes profondes et en acceptant de mener une politique courageuse pendant 20 ans, les canadiens ont obtenu des résultats probants. C’est un pays qui peut presque prétendre au plein emploi et dont la dette n’excède pas aujourd’hui un tiers du PIB.

      On est très loin des déclarations inquiétantes du gouvernement, qui a effectivement oublié en quelques jours le combat pour l’équilibre des finances publiques dont François Bayrou avait fait un enjeu primordial de la campagne. Et au delà un devoir social vis à vis des générations à venir.

      Sans vouloir forcément grossir le trait à l’outrance sur les salaires des fonctionnaires qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg, une telle gestion de la dette, aussi rigoureuse et volontaire soit-elle, n’aurait pas de sens à long terme sans une véritable réflexion sur le rôle de l’Etat à tous les niveaux de son intervention. Il doit savoir déléguer pour optimiser la gestion de ses ressources (sans forcéent sacrifier le service au profit). Il devrait systématiquement mesurer l’impact de ses actions et évaluer leurs coûts. Les privatisations par exemple ne devraient se faire que dans une logique d’amélioration de la qualité du service publique et non pas pour financer à court terme un déficit budgétaire récurent.

      En tous les cas merci Voltaire pour cet article. Il faut ramener les finances publiques au coeur du débat car la France au FMI ce n’est malheureusement pas de la science-fiction...


    • Bulgroz 29 mai 2007 19:35

      Aujourd’hui, la France est obligée d’emprunter pour payer les intérêts de sa dette, et elle est tout juste capable de subvenir au remboursement de ses échéances. Il ne faut pas oublier que c’est parce que l’Etat Français n’a jamais fait défaut à ses créanciers depuis 1789 que les marchés financiers estiment le risque de non remboursement très faible (justifiant des taux d’intérêt très bas). Mais cette situation n’est pas gravée dans le marbre dit avec raison Microsam.

      D’autant que le rapport d’audit 2006 de la cour des comptes sur les comptes de l’état fait état de « treize réserves substantielle » dont une sur « Les contrats d’échanges de taux pour la gestion de la dette ».

      http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20070529/916460_rapport-certification-comptes.pdf

      Transparence, transparence !!!


  • chmoll chmoll 29 mai 2007 16:16

    m’enfin, y a personne qui c’est aperçu qu’la dette grimpait ? pour arriver a 1200 milliard

    ou alors à l’insu de leur plein gré

    tint ça m’fait penser à quelqu’un


  • Alexis Monville Alexis Monville 29 mai 2007 16:37

    Quelles sont les stratégies des pays par rapport à leur dette publique ?

    C’est la question que l’on pourrait se poser en voyant cette liste :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_pays_par_dette_publique

    Avant de regarder cette liste, sauriez-vous dire dans quel sens doit être le signe d’inégalité (< ou >) pour chacun des couples de pays ci-dessous :

    Singapour Allemagne

    Japon Jamaïque

    Bangladesh Etats-Unis

    Suisse Pérou

    Quelle est le rôle de la dette des pays dans l’économie ?


  • Philippe D Philippe D 29 mai 2007 17:31

    D’une façon générale on ne parle pas assez d’économie lors des campagnes électorales en France. Dans de nombreux pays c’est pourtant le critère principal de décision pour le vote des citoyens, pas encore en France malheureusement.

    Au crédit de Bayrou d’avoir commencé à en parler et d’avoir un peu plus sensibilisé l’opinion sur ce sujet.

    Cependant il ne faut pas trop se faire d’illusions, ni lui François Bayrou, sans vouloir lui faire de procès d’intention, ni à fortiori Ségolène Royal n’auraient pris des mesures de restriction drastique de la dette. Tout simplement parceque ce n’est pas encore assez payant électoralement parlant.

    C’est donc 1 sujet crucial dont il ne faut pas arrêter de parler de façon claire et pédagogique, pour arriver à faire admettre à chacun que la réduction s’impose, et avec elle des mesures forcément impopulaires et assez douloureuses.


  • Bulgroz 29 mai 2007 17:50

    Extrait du rapport Pebereau : Evolution des effectifs de l’Etat entre 1982 et 2003 : +955 000 fonctionnaires (+23.7%) alors que la population a augmenté sur cette même période de 9%.

    1982 Etat:2 233 838 Territoriale:1 073 533 Fonction Publique Hospitalière :717 739 Total:4 025 110

    2003 Etat:2 543 351 Territoriale:1 522 143 Fonction Publique Hospitalière:915 162 Total:4 980 656

    Variation 2003/1982 Etat : + 13,9% Territoriale : + 41,8% Fonction Publique Hospitalière :+ 27,5% Total : + 23,7%

    Variation 2003 / 1982 Etat : +309 513 Territoriale : +448 610 Fonction Publique Hospitalière : +197 423 Total : +955 546

    http://www.finances.gouv.fr/notes_bleues/nbb/nbb301/pebereau.pdf


  • cyrkar 29 mai 2007 17:56

    Et si l’état battait à nouveau monnaie ? la dette si diabolique s’effacerait d’un coup. Tout cet argent est virtuel, n’existe pas, n’est que jeu d’ecriture et n’a pour but que de créer des rentes.


  • Foudebassan Foudebassan 29 mai 2007 20:53

    @ auteur,

    Nicolas Sarkozy n’a pas tenu ses promesses ? Ah par ce qu’il avait une semaine pour les mettre en application ? Nicolas SARKOZY est terriblement efficace, mais tout de même !


  • Gilles Gilles 30 mai 2007 10:02

    Fillon a déjà annonce que la dette pourrait se creuser ces prochaines années. Pour lui, c’est normal car la politique de réforme qu’il instituera sous les ordres de son président coutera cher au début, mais est censée rapporter à terme.

    Les gains d’alors serviront à réduire d’autant plus vite la dette par la suite. En somme c’est une politique d’investissement qu’on nous fait avaler.

    On a plus qu’à croire bien volontier que dans quelques années il y aura des gains évidents. Qui peut en jurer, alors que les économistes sont trés dubitatifs sur les résultats de ces réformes sur l’emploi et les comptes sociaux.

    Ces gains éventuels serviront à juguler les déficits ; là aussi c’est un voeux pieu et cela dépendra du gouvernement d’alors. Quel sera t-il, quelles seront ces priorités, comment sera la conjoncture ? Qui le sait ? personne.

    D’aprés moi, dans quelques années on nous ressortira la trou de la dette en nous expliquant qu’il faut encore plus réduire les prélèvements pour les plus fortunés, retarder l’âge de la retraite, augmenter les franchises pour la sécu.. ;etc etc etc


    • Voltaire Voltaire 30 mai 2007 12:19

      Cela me parait en effet la conséquence la plus probable de la politique initiée. Des dépenses d’investissement peuvent se justifier, mais je ne connais pas d’analyse économique sérieuse qui suggère que ces cadeaux fiscaux auront un effet positif sur notre économie et sur le budget. D’autant que le président de la république vient d’annoncer que finalement, la déduction d’impôts sur les intérêts des emprunts immobiliers concernera toutes les acquisitions, ce qui signifie un coût de plus de 3Mds d’euros en plus au budget...


  • gouaille 2 juin 2007 15:22

    Le gvt de Sarkozy va manger son chapeau. Ils sont inconséquents et incompétents, c’est vrai.

    Ceci dit, la présentation de l’auteur sur la dette publique est encore une fois, comme bcp d’articles sur la dette publique, bourrée d’erreurs et de préjugés. Au hasard, je cite : « Nicolas Sarkozy avait affiché sa volonté de faire repasser le déficit de la France sous les 60% du PIB à l’échéance de 2012 »... !!!... ce n’est pas le « déficit » qu’il veut faire passer sous la barre des 60 %, c’est la dette (le déficit s’applique à l’exercice budgétaire annuel : les critères de Maastricht le fixent à 3 %). Par ailleurs, ce n’est pas « la dette de la France », c’est la dette des administrations publiques. Si l’on veut parler de dette de la France, il faut alors inclure la dette privée intérieure et extérieure.

    Enfin, et je m’arrêterai là, il faut bien savoir ce que l’on entend par « prélèvements obligatoires » quand on choisit d’en parler. J’ai l’impression que l’auteur assimile prélèvements fiscaux et prélèvements obligatoires. Assimiler les deux, c’est un remarquable tour de force des libéraux qui feignent de confondre les comptes sociaux (en gros la Secu) et les comptes de l’Etat. Pour être clair : les prélèvements fiscaux (les recettes de l’Etat) ne représentent qu’une partie des prélèvements obligatoires : grosso modo, les prélèvements fiscaux, c’est à peu près 20 % du PIB ; les prélèvements de la Sécu environ 25 % du PIB. Quand on additionne les deux, on obtient des prélèvements obliogatoires de 45 %. Ceci vous aidera à comprendre pourquoi votre passage sur les prélèvements obligatoires aux USA est assez malheureux : si ces derniers sont très bas aux USA, c’est simplement que leurs comptes sociaux sont quasiment inexistants : le système de sécurité sociale y est réduit à la portion congrue car la majorité des dépenses assurantielles sont assurées par des acteurs privés... Au final, le prélèvement fiscal de l’Etat US est à peu près équivalent à celui de l’Etat français. Les USA n’ont aucune marge particulière de ce côté là !


  • Nicolas Foutrier 3 juin 2007 00:08

    Au moins, Voltaire (le vrai) avait de l’esprit... Sérieusement, quel est l’amateur qui a écrit cet article ? Comment son auteur peut-il prétendre tenir un discours sur la dette publique alors qu’il ne semble pas faire la différence entre dette et déficit ?? Je cite l’auteur : « Nicolas Sarkozy avait affiché sa volonté de faire repasser le déficit de la France sous les 60% du PIB à l’échéance de 2012 » Je ne pensais pas que la situation de la France était aussi désespérée...


  • Dedalus Dedalus 8 juin 2007 10:54

    A propos des annonces fiscales du couple Fillon-Sarkozy, il faut que je vous parle de Jean :

    Jean est un ami qui a voté Sarkozy. Je l’aime bien, j’essaie de le comprendre. Après les présisions de ce jour, concernant les mesures fiscales qui seront mises en oeuvre par le petit père des people - notamment le crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt immobilier et la suppression des droits de succession -, je lui ai écrit une lettre afin qu’il puisse estimer précisément ce que vont lui apporter ces mesures, savoir qui en profitera et qui n’en profitera pas. Une lettre ouverte parce qu’elle peut peut-être renseigner du monde...

    Agoravox ayant bien voulu publier cette lettre, je vous en livre l’adresse :

    http://www.agoravox.fr/article.php3 ?id_article=25502


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