lundi 26 septembre 2011 - par Nick

En Grèce, la vérité des chiffres serait-elle un mensonge perpétuel ?

Un scandale concernant de nouvelles manipulations statistiques du déficit public risque de mettre un coup à la déjà très faible légitimité du gouvernement grec, et cela peu avant l’annonce de grandes mesures d’austérité qui seront difficiles à faire accepter à la population.

 Décidément l’Etat grec et les statistiques ne font pas bon ménage. Après avoir cacher le véritable montant de sa dette publique pour respecter les critères de Maastricht et rentrer dans la zone euro, pratique qui perdura jusqu’en 2009 avec l’aide de la banque Goldman Sachs, un nouveau scandale impliquant l’Etat et des manipulations de statistiques vient d’éclater. Il risque de ne pas rester sans conséquences dans un pays où le climat social et politique est actuellement si tendu.

Il y a quelques jours, Zoi Georganta, ex-membre du conseil d’administration de l’Institut national de statistique duquel elle vient de démissionnée, a accusée l’allemand Walter Rademacher, directeur général de Eurostat, organisme chargé de l’information statistique à l’échelle communautaire, ainsi que Giorgos Papakonstantinou, ministre de l’Economie de l’époque, et Andrea Georgiou, président du conseil d’administration de l’Institut national de statistique, d’avoir déroger à certaines règles relatives au calcul du déficit public, et cela dans le but de le faire artificiellement augmenter. En effet, Andrea Georgiou a subitement décidé en 2009, sans demander l’accord, ni même informer son conseil d’administration, de comptabiliser dans le calcul du déficit public certains organismes et entreprises publiques qui ne l’avaient jamais été auparavant, et cela dans aucun autres pays européens, excepté la Norvège. D’après ces révélations, l’objectif était de faire passé le déficit de la Grèce au dessus de celui de l’Irlande, à savoir 14%, afin que ce soit elle qui joue le rôle du maillon faible de l’Europe. Ainsi le déficit grec est passé cette année là de 12% à 15,4%, et la Grèce est depuis dans une rude cure d’austérité.

Zoi Georganta considère que le gouvernement grec a agi ainsi car il s’est soumis à la volonté de l’Allemagne et de Eurostat, et qu’il a mis en scène une situation plus dramatique qu’elle ne l’est en réalité. Elle a tentées d’alerter le Premier ministre, Georgios Papandréou, et le Président de l’Assemblée nationale, Filippos Petsalnikos, mais ses appels sont évidemment restés sans réponses. Ses propos ont depuis été relayés par un autre membre du conseil d’administration de l’Institut national de statistique, M.Skondras, dans une lettre qu’il a écrit à la commission des finances de l’Assemblée. Tous les membres de ce conseil vont, suite à son président, être appelés à témoigner devant cette commission. Giorgos Papakonstantinou, ministre de l’Economie de l’époque, a également des chances d’être convoqués suite à la demande de trois partis politiques ; le KKE (parti communiste), le SYRIZA (extrême-gauche), et le LAOS (extrême-droite). Cette demande sera prochainement votées à l’Assemblée et requiert deux cinquièmes des voix pour être appliquées.

 Enfin, lundi a été publié un mail de Andrea Georgiou, président de l’Institut nationale de statistiques, a destination de Paul Thomsen, le chef de mission du Fonds Monétaire International pour la Grèce, dans lequel il lui décrit ses relations conflictuelles avec les autres membres du conseil d’administration, qui n’appréciaient pas d’avoir été mis à l’écart du traitement statistique de la dette. Suite à cette publication prouvant ses liens étroit avec celui qui est aussi le représentant permanent de Eurostat en Grèce, Andrea Georgiou n’a pas fait de déclaration, en revanche il a porter plainte contre X au Service des crimes éléctroniques. Cette affaire risque de nourrir la défiance de la population à l’égard de son gouvernement, ainsi que d’entretenir le sentiment très répandu chez les grecs selon lequel ils vivent sous la dictature des institutions européennes et du FMI.

 Après deux plans d’austérité, et peu avant un troisième, la situation sociale en Grèce s’est radicalement dégradée. Au delà des manifestations et des grèves récurrentes, l’expansion de la pauvreté engendre des phénomènes nouveaux pour le pays. Le nombre de SDF a augmenter de 30% en deux ans, le taux de suicide de 40%. On peut voir dans tout Athènes des personnes âgés de plus de 60 ans sortir le soir pour faire les poubelles, espérant que la nuit atténuera leurs sentiment de honte. Les héroïnomanes se sont multipliés, et le fait que la durée moyenne d’attente pour rentrer dans une cure de désintoxication soit de 7 ans parait irréelle au regard de l’étendue du problème. La dégradation de la situation n’est malheureusement toujours pas à son paroxysme, et pourtant la contestation sociale n’est pas loin d’atteindre le sien. C’est peut-être ce à quoi l’on aboutit quand on a la possibilité de faire dire tout et n’importe quoi aux chiffres, et que l’on choisi de leurs faire dire n’importe quoi.



6 réactions


  • lechoux 26 septembre 2011 16:16

    La banque Goldman Sach, que personne n’a encore inculpé, il faut le noter, a parié de grosses sommes sur la chute de l’économie grecque, en connaissance de cause. Ceci explique peut-être cela.


  • Scual 26 septembre 2011 16:56

    Si c’est vrai, il s’agit d’une raison suffisante pour la Grèce de demander des réparations équivalentes à la totalité de la dette supplémentaire engrangée depuis cette crise aux responsables de ces manipulations.


  • bigglop bigglop 26 septembre 2011 18:34

    Bonjour,
    La Grèce est le laboratoire de la déconstruction européenne et il patent qu’elle est sous tutelle du FMI, de la BCE, du FESF de la Banque-MESF et des marchés financiers spéculatifs. Papandréou, Président de l’Internationale Socialiste, n’est que le porteur de mauvaises nouvelles de ses tuteurs. Le courage politique aurait été de démissionner, de convoquer une nouvelle élection présidentielle et législative pour proposer des solutions alternatives d’organisation du système bancaire grec, refuser la partie indue de cette dette.
    Le pillage de la Grèce va se poursuivre jusqu’à ce qu’il ne reste que la carcasse et encore elle aura un prix.
    En dehors de la période « des Colonels », la Grèce a été dirigée par trois familles :
    - les Papandréou
    - les Caramenlis
    - les Mitsotakis
    qui se sont servies sur les fonds publics par la corruption, les passe-droits, rémunération des influences, marchés truqués, etc...
    Et maintenant, les médias, occultant ces informations, s’acharnent, hypocritement à accuser le petit peuple de corruption

    Ci-après, le témoignage d’une résidente en Grèce

    Bonjour a tous,

    ceci est mon premier message et je me décide a intervenir car "on dit" tellement de chose sur la Grèce qu`il est temps d`éclaircir pas mal de zone d`ombre sur ce pays, son histoire, sa culture, ses rapports avec l`argent, l`Europe etc... Je me permet de réagir notamment a l`article de chapoutier interrogeant une syndicaliste enseignante car je vis dans ce pays depuis de nombreuses années, non pas en tant qu`expatriée professionnelle mais par choix personnel. Ma vision n`est pas celle d`une personne gagnant des milliers d`Euro tous les mois mais vivant avec les Grecs, parlant grec bref totalement intégrée...

    Avez vous entendu parler de la Grèce avant la crise de 2008 ? Très certainement avec sa mer bleue, ses maisons blanches, sa joie de vivre et l`hospitalité grecque, cliché très vacances mais loin du quotidien même avant 2008 !
    La Grèce est aussi un pays ou l`État n`a aucun pouvoir sans le consentement de l`église car cette dernière possède 94% du foncier dans le pays, n`est pas soumis a un système fiscal mais par contre l`État paye les salaires des Pops et comme l`État n`a jamais pratiqué la fiscalité a la française bien au contraire, il ne rentre pas d`argent et cela depuis toujours.
    Les armateurs sont aussi exonérés comme certains le savent déjà mais ceci pour une raison... Ce sont ces derniers qui au cours du XX siècle ont tout développés dans la vie grecque.
    Les compagnies de Ferry, l`ancienne compagnie aérienne Olympic Airline etc... alors que l`État depuis la dictatures des colonels ne faisait absolument rien faute de moyen.
    Les armateurs tels que le célèbre Onassis mais pas seulement lui ont transmis ces pôles économiques a l`État pour que la Grèce continue de se développer en échange d`une exonération fiscale.
    Malheureusement ce fut pendant de nombreuses années le règne de deux dynasties (Papandreou/Caramalis) qui ont avec le temps, dilapidée l`héritage des généreux donateurs faute de rentrées fiscales aggravé de corruption a tous les niveaux (État, peuple, église). 
    Il faut savoir que le peuple grec n`aime pas payer quoi que ce soit, le Grec est râleur, capable de colère terrible et finir dans des embrassades chaleureuses deux minutes après.

    Les Grecs ne se sont jamais sentit redevable de quoi que ce soit vis a vis de l`État car ce dernier n`a jamais rien fait pour le peuple qui a appris a se « débrouiller ». Pourquoi aurait il payer alors que l`esprit de justice sociale est totalement absente, le pays vit sous la culture du bakchich depuis la nuit des temps. Il y a encore quelques mois il n`était pas rare de voir des Grecs sortir des liasses de billets pour payer qu`un paquets de cigarette, ça c`est le cote très oriental car le rapport a l`argent n`a rien de commun avec la France. Ici demander combien vous gagnez n`est pas tabou.

    Tout c`est développé dans cette esprit et cela depuis très longtemps d`ou la difficulté pour un Français, un Allemand de comprendre le fonctionnement du pays en rapport avec le leur ou tout est encadré, loi, medecine, scolarité et j`en passe.
    Il en est de même au niveau des banques, des ministères, des services publiques ou devant le manque de développement économique privé, l`État a embauché des milliers de personnes souvent peu qualifiées dans des emplois, ou il n`était pas rare de trouver cinq personnes armées chacun d`un stylo de différentes couleurs pour signer un document. Peu payé mais les Grecs n`ayant pas de gros besoins, étant propriétaire de leur bien (Raison culturelle, dote du mariage etc..) il ne se sont jamais transformé en « killer ».

    Est arrivé l`Europe avec sa société de consommation et ça bien avant l`adoption de l`Euro. Les Grecs ayant toujours vécu dans une vie simple sortant d`une dictature militaire ou s`exprimer pouvait entrainer d`être fusiller en place publique, tout cela a bouleversé leur comportement d`autant que la structure financière bancaire n`a jamais été encadrée, prêt a gogo, pas de limite d`emprunt eux mêmes travaillant et étant payés en espèces, pas de recouvrement qui n`existe toujours pas actuellement... Pas d`huissier parce que la société grecque fonctionne a la confiance. Ça paraitra fou a un européen du nord mais au sud de l`Europe c`est comme ça, d`ailleurs si je devais faire une comparaison la culture grecque se rapproche plus du Liban que de la France. 

    Les investisseurs se sont empressés de s`installer ici car il y avait aussi a gagner pour eux, Carrefour, Fnac, ciment Lafarge, Société Générale, BNP, Crédit Agricole, EDF, Vinci.... Et surtout les « bienfaiteur francais/Allemand de l`armement » qui ont vu ce pays au centre des Balkans avec son ennemi juré de toujours la Turquie.
    Les USA ont entretenu ce conflit pendant des années leur permettant de vendre du F16 des deux cotés, vous n`avez pas d`argent, pas de soucis on vous prête. La Grèce est devenu en quelques années le quatrième acheteur d`arme !
    Les Grecs se sont vite retrouver acculer au mur en dépensant a outrance pour se protéger de la Turquie, l`État ne faisant pas de recette fiscale la situation est vite devenu ingérable.
    L`Europe est arrivée en « renfort » surtout a coup de concurrence sur les armes d`autant que la Grèce s`est vu gratifiée de l`espace Schengen, sans compter aujourd`hui les flux migratoire d`Afrique, moyen et proche orient, Europe de l`Est.
    Les Européens ont « aider » la Grèce a coup de prêt représentant des millions voir des milliards d`Euro, en contre partie la Grèce doit acheter son quota d`arme chaque années ! Pas d`achat d`armement pas d`argent. Cet ainsi que la dette de la dette a explosée accentuée par un manque de développement économique qui a plongé le peuple grec dans cette situation.

    Entendre dire des Français que les Grecs sont des voleurs est intolérable pour moi qui vit ici ! D`autant que les gros trusts financiers ont grandement creusé le déficit de se pays. Ce n`est certainement pas le peuple grec qui a piller le pays.
    Aujourd`hui les hôpitaux ne font plus de chimio faute d`argent, les enfants ont fait leur rentrée scolaire sans livre, les écoles ne sont plus chauffées en hiver et il y aurait tant a dire.
    J`entends dire « Diminuez le budget de l`armement », comment lorsqu`il est le fruit d`un odieux chantage financier !
    Les Allemands qui ont construit l`aéroport El Venizelos mais qui en ont l`exploitation totale ou les taxes d`aéroports sont les plus chères en Europe.

    Voila la réalité d`une Grèce qui souffre, d`un peuple a qui aujourd`hui on demande l`impossible et que les médias font passés pour des voleurs auprès de Francais ou aux yeux de l`Europe.
    piotreck parlait des médias grecs mais qu`en est il des chaines tv européennes ou y compris sur France 2 on balance des reportages sur Athènes a feux et a sang en utilisant des images des événements de 2008 alors qu`on est en 2011 n`ayant même plus la déontologie de marquer « images d`archives ».

    Le peuple européen vivant dans son confort social qui attends que le peuple grec fasse la révolution pour tous car eux mêmes critiquent ce pays, alors qu`en France personne ne plus défendue les acquis sociaux comme la retraite.

    Le Grec est tout sauf un voleur, il a appris a compter sur personne, il se « débrouille » comme il peut pour survivre dans un monde.

    Maintenant le temps est a la solidarité y compris celle de garder cette Grèce dans la zone euro qui ne représente que - 2% du pays européen et surtout de l`aider, car si demain elle sort de cette union le peuple souffrira davantage.
    Ce n`est pas en revenant a des monnaies nationales qui ne vaudront plus rien devant ce qui sera demain la guerre de la dévaluation.
    Nous sommes dans une restructuration mondiale de l`économie a coup de guerre monétaire est/ouest, s`entraider est une valeur essentielle a la survit de chaque pays européens sinon personne ne relèvera la tête y compris chez vous en France en Allemagne.
    Laissez le temps a la Grèce de faire ses reformes mêmes si elles sont difficiles pour le peuple grec mais on ne passe pas de l`économie libanaise a l`économie suisse en un clin d`œil. 
    Les Grecs souffrent mais restent pragmatiques pour la plupart, beaucoup savent que l`origine du mal est aussi la corruption et que dans la situation dans laquelle ils étaient auparavant il n`y avait pas d`avenir.
    Engendrer une révolution actuellement plongera le pays dans le sang car ils sont aussi conscient de qui etait au pouvoir il y a a peine quarante ans.

    Merci de m`avoir lue pour ceux qui le feront.

    Bon week end
     


    http://www.slate.fr/story/11249/en-grece-le-pouvoir-politique-est-aux-mains-de-trois-familles

    http://mobile.agoravox.fr/actualite...


    • babadjinew babadjinew 27 septembre 2011 13:02

      Déjà merci pour ce regard loin de nos boites à conneries.


      Ce n’est pas à la Grèce de faire sa révolution, mais à l’ensemble des ptit Quidams d’Europe. 

      Malheureusement peine perdu ! Du haut de nos certitudes de bons « élèves », entretenuent par les bassesses les plus infâmes nous avons fait de la Grèce le bouc émissaire parfait !

      Si tout va mal en Europe c’est a cause de la Grèce. Youpiiiiii le peuple à sa ration de responsabilité, les extrême peuvent s’en donner à coeur à joie pour ameuter les esprits lobotomisés, et surtout après scaricity pour cause vilains barbus, on rajoute la couche scaricity pour cause de vilaines dettes souveraines....... 

      Malheureusement pour vous et pour l’ensemble de la population Grecque vous êtes devenu l’illustration en temps et en grandeur réelle de cette nouvelle forme de craintes ! Mieux vous que l’Irlande, votre situation géostratégique et géopolitique est bien plus interressante pour les popettes master ! 

      C’est les petits quidams de l’ensemble de l’Europe qui devraient à l’unissons ce levé et à votre secours venir. Malheureusement la machine à lobotomiser fonctionne à plein régime, et même les esprits des ptits quidams sont tournés vers le fameux triple A. Alors qu’au final tôt ou tard nous seront tous dans votre situation.

      Vous vous en sortirez même bien mieux que nous car comme vous l’écrivez vous êtes depuis longtemps en mode système D. De ce côté çi de l’Europe le carnage sera encore plus terrible car nous ne connaissons rien en système D !

      Courage à vous.  

    • bigglop bigglop 27 septembre 2011 19:44

      @babdjinews,
      Je ne sais si vous avez fait un copié-collé d’un de vos commentaires, mais je suis totalement détaché de « l’illusion démocratique » des partis politiques et de la prétendue construction européenne.
      Je souhaite l’apparition d’une communauté de citoyens européens, en dehors des partis politiques, des idéologies, des dogmes des « économistes » pour aller vers une économie durable respectueuse de l’environnement.


  • JOJO JOJO 26 septembre 2011 23:26

    vous etes un peu faché avez les accords du participe passé. 


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