mardi 6 mai 2008 - par Jean Claude BENARD

Et vous ferez quoi monsieur Chérèque ?

Le ministre du Travail Xavier Bertrand a déclaré ce matin sur RTL qu’"il n’y a pas de décret nécessaire" pour prolonger de 40 à 41 ans la durée de cotisation pour les retraites à taux plein, la décision ayant "été prise en 2003".

L’ensemble des syndicats, y compris la CFDT, soutien de la réforme de 2003, appelle à une journée nationale de manifestation le 22 mai pour s’opposer à l’allongement progressif de la durée de cotisation à 41 ans d’ici 2012. Dans le même temps, François Fillon a réaffirmé lundi matin : il y a eu une réforme des retraites en 2003, on la met en oeuvre. Elle a d’ailleurs été à l’époque soutenue par des organisations syndicales importantes.

Alors que signifie, monsieur le Premier ministre, le texte trouvé dans les archives du site du "Premier ministre" et daté du 11/01/2007 et concernant le rapport HADAS-LEBEL : "(...) Ce rapport confirme que la réforme des retraites de 2003 a permis d’atteindre les objectifs fixés. Dans la perspective du rendez-vous de 2008, il fournit des éléments précis d’analyse sur les revenus des retraités et sur les minima de pensions. Il rappelle aussi l’importance d’une baisse durable du chômage. Il ne constate pas de dégradation du besoin de financement en 2020 par rapport aux prévisions faites en 2003." Qui a raison, un dénommé Dominique de VILLEPIN ou François FILLON qui était son ministre en 2003 ?

Du côté syndical, tout d’abord, bravo à la CFDT pour avoir signé cet accord avec la plus grande naïveté ou trop rapidement. Il est bien temps de venir la main sur le coeur pour nous expliquer que le gouvernement de 2003 avait promis... Péché d’orgueil ou envie irrépressible de devenir l’interlocuteur quasi unique du gouvernement ?

La CFDT revendique "un syndicalisme indépendant", on peut en lire la définition "maison" sur le site la CFDT, La CFDT de A à Z : "La CFDT estime nécessaire de distinguer ses responsabilités de celles des groupements politiques et son indépendance à l’égard de l’État, des partis, de l’Église. (...) Cette autonomie se manifeste encore aujourd’hui par la volonté d’indépendance face aux partis et aux pouvoirs publics et par la recherche de moyens pour impulser ou infléchir les décisions gouvernementales."

En ce qui concerne l’allongement de la durée de cotisation, le "syndicalisme indépendant" et "l’impulsion" de 2003 pour le résultat de 2008 en termes "d’infléchissement" des décisions gouvernementales est une formidable réussite !!!

Indépendance qui peut faire sourire lorsqu’on connaît l’actuel mode de financement des syndicats de salariés : "Parce qu’il y a peu de syndiqués en France (8 % des salariés), les cotisations des adhérents varient de 15 à 57 % du budget des syndicats français, contre 80 à 90 % chez nos voisins européens." Des chiffres issus d’un rapport réalisé par le conseiller d’État Raphaël Hadas-Lebel, en mai 2006.

D’où provient le reste ? Des "subventions publiques ou parapubliques", en provenance des collectivités territoriales ou de l’État : le projet de loi de finance 2008 prévoit ainsi 29,9 millions d’euros au titre du "dialogue social et de la démocratie sociale" (formations des responsables syndicaux…). Une somme à laquelle il faut ajouter des compensations pour la gestion des organismes paritaires (Sécurité sociale, Unedic) et un pourcentage pris sur les fonds récoltés pour la formation professionnelle (40 millions chaque année, répartis à parts égales entre patronat et syndicats).

Enfin, les syndicats bénéficient d’une mise à disposition de personnels par la fonction publique ou par des entreprises. Parfaitement réglementé dans le premier cas (environ 5 000 "équivalents temps plein" sont ainsi détachés de la fonction publique d’État pour un montant de 158 millions d’euros, d’après le rapport Hadas-Lebel de mai 2006 ) (source La Croix).

Même si on essaye à la CFDT de rattraper le "coup" en écrivant sur le site : "Le gouvernement confirme le passage à 41 annuités au 1er janvier 2012, sans tenir compte du taux d’emploi des seniors. Pour la CFDT, cette décision sera injuste vis-à-vis des salariés exclus de l’emploi précocement, et en même temps inefficace sur l’équilibre financier des régimes de retraite.

Le gouvernement ne propose rien pour revaloriser les retraites en faisant remonter leur niveau par rapport au salaire, afin de mettre un coup d’arrêt à une dégradation continue.

Des ’oublis’ regrettables… La CFDT déplore de nombreux ’oublis’ par un gouvernement qui fait totalement l’impasse sur :
la situation des polypensionnés pénalisés dans le calcul de leur retraite,
le sort des salariés aux carrières accidentées,
le financement nécessaire du Fonds de réserve des retraites,
l’amélioration du régime additionnel de la Fonction publique...
"

On reconnaît même s’être fait duper puisque la CFDT ajoute : "Tous ces enjeux, plus particulièrement ceux liés à l’emploi des seniors et aux pénibilités, font que nous devons marquer le coup et manifester nos désaccords à la fois auprès du gouvernement et du patronat. C’est pourquoi la CFDT tout en développant de manière indépendante sa propre analyse appelle à manifester le 22 mai avec toutes les organisations syndicales. ’RENDEZ-VOUS 2008. POUR LA DÉFENSE DE LA RETRAITE SOLIDAIRE ! Journée de mobilisation, le 22 mai 2008."

Mobilisation ? Alors que le ministre rappelle en parlant de la mesure : "Elle a d’ailleurs été à l’époque soutenue par des organisations syndicales importantes."

Ce nouveau mauvais coup porté aux salariés montre clairement la limite de l’actuelle représentativité syndicale. Ne représentant qu’environ 8% des salariés, il est clair qu’un accord signé par un seul syndicat "important" n’a qu’une valeur symbolique par rapport à la totalité des salariés.

Le fait que la CFDT décide de s’associer à la journée de mobilisation prouve s’il en était besoin que sa stratégie du tout négociable avec les gouvernements de droite est un échec cuisant... pour tous les salariés.

Ces mêmes salariés qui sont victimes depuis des années de la lutte féroce que se livrent les syndicats pour s’imposer comme l’interlocuteur unique ou privilégié des gouvernements. Mais aussi de la lutte pour la direction des organismes paritaires comme l’Unedic. Voir ci-dessous.

L’Unedic est un organisme paritaire (géré par les confédérations syndicales de salariés dites représentatives et les organisations patronales, à 50-50) créé en 1958 pour gérer l’assurance chômage (cotisations, règles d’indemnisation...). Depuis les années 1990, la présidence de l’Unedic alterne entre la CFDT et le Medef. C’est actuellement Annie Thomas, secrétaire nationale de la CFDT, qui préside l’Unedic depuis 2006, date à laquelle elle succède à Denis Gautier-Sauvagnac (Medef).

Mais aussi : les conseils d’administration des caisses et organismes de Sécurité sociale et régimes spéciaux que ce soit au niveau national ou régional.

Le syndicalisme de compromis prôné en grande partie par la CFDT est mis à mal par un gouvernement qui a choisit de les rendre "complices" d’une mesure qui va avoir un impact énorme sur les salariés. Car, l’objectif avoué du gouvernement n’est pas de simplement passer à 41 ans de cotisation mais progressivement à 42, puis 43 voire plus.

Nous laisserons le mot de la fin à la CFDT évoquant le "syndicalisme de transformation sociale" : "Il est donc constamment à la recherche de cohérence entre les revendications, les propositions de solutions et les objectifs de transformation que l’on s’est fixé. Ceci suppose aussi une nouvelle approche des relations professionnelles privilégiant la confrontation par la voie contractuelle et la négociation. La grève est considérée comme l’un des moyens du rapport de force pour faire avancer la négociation."

Et vous ferez quoi monsieur Chérèque si le gouvernement après vous avoir "récupéré" se moque de votre journée d’action ?



19 réactions


  • Peepo 6 mai 2008 11:27

    Excellent article.

    On peut compter sur la CFDT pour ne rien faire - d’efficace.


  • Christophe Christophe 6 mai 2008 12:25

    @L’auteur,

    La CFDT n’est pas représentative d’un syndicalisme indépendant des forces politiques ; même les spécialistes du domaine syndical s’accordent sur ce point. La plupart classent la CFDT comme un syndicat de gouvernement.

    Pour ce qui concerne la réforme de la Sécurité Sociale, l’engagement de la CFDT n’a strictement rien à voir avec l’intérêt des citoyens ; sa seule volonté étant d’obtenir une majorité dans les structures paritaires avec l’appui des gouvernants ; chassant FO qui ne voulait pas aller sur les chemins sinueux sur lesquels voulait s’engager les gouvernements ; nous en constatons les effets depuis quelques années et il faut signaler que jamais FO n’a voulu reprendre des responsabilités au sein de la Sécurité Sociale malgré les demandes faites par la CFDT.

    Pour la réforme des retraites, Chérèque lui-même avait déjà admis avoir fait une erreur ... deux jours après avoir signé. Le système bonus / malus, instauré dans cette réforme mettait en évidence que la préoccupation concernant ce que nommons les séniors ne pouvait passer que par un principe de malus appliqué sur les prestations retraites. Si la volonté affichée fût de mettre en place les outils nécessaire à l’accès à une retraite à taux plein, c’est-à-dire en améliorant l’employabilité des séniors, le système de malus n’eut nul besoin d’être mis en place. Le système de malus est un système compensatoire en relation avec une non volonté de s’attaquer réellement à l’emploi des séniors ; faire reposer le coût sur le futur retraité qui ne demande pas à être libéré plus tôt des contingences du travail.

    Par contre, il faut se replonger dans le texte pour vérifier si Xavier Darcos dit vrai ou non. Allonger la durée de cotisation est conditionné à différents paramètres dans la réforme de 2003. Par contre, il reste évident que si les paramètres tendent vers un prolongement de la durée de cotisation, la CFDT ne devrait que se plier à ses engagements. Il est assez incohérent de demander à étendre l’analyse sur d’autres paramètres comme le font les autres organisations syndicales ; c’est parce que le gouvernement ne voulait pas entendre parler de ces paramètres là, en 2003, que d’autres organisations syndicales n’ont pas signé. La CFDT a signé, enterrinant de fait que ces paramètres étendus, demandés à nouveau par les non signataires de 2003, n’avaient plus à interférer dans la réflexion sur les retraites.

    Cela met en évidence que la CFDT a encore du chemin à faire en ce qui concerne la politique contractuelle que défend d’autres organisations syndicales, depuis bien plus longtemps qu’eux. Lorsque la signature est engagée sur un accord, ce n’est pas pour revenir en arrière ... quelques temps après.


    • ZEN ZEN 6 mai 2008 12:35

      ", l’engagement de la CFDT n’a strictement rien à voir avec l’intérêt des citoyens..."

      Tout à fait ,Christophe,depuis le "recentrage" d’Edmond Maire, le cfdt suit la voie tracée par Delors, Rosanvallon...


    • Jean Claude BENARD Jean Claude BENARD 6 mai 2008 12:55

      @ Christophe,

      Nous sommes d’accord

       


    • Christophe Christophe 6 mai 2008 16:20

      @Jean-Claude,

      En fait, maintenant, pour ceux qui connaissent un peu les rouages politiques en matière de relation social, il faut souligner que notre Président, lors de son intervention du 24 avril, a fixé la tendance. Certes, il a parlé rapidement de l’emploi des séniors sans trop s’étendre puisqu’aucune solution plausible ne sera proposée.

      C’est surtout ses termes sur le déverrouillage du cumul emploi-retraite (pour ceux qui sont attentifs) qu’il a glissé une part de la stratégie gouvernementale.

      Puisque les séniors n’auront guère de solution pour atteindre une retraite sans malus, l’effet de ce dernier aboutira à un besoin croissant de travailler en cumulant son revenu du travail avec les prestations retraite. Il faut souligner, si ma mémoire est bonne, que les revenus actuels dus au cumul ne peuvent excéder le dernier revenu du salarié quand il était en activité ; cela pousse donc vers les petits boulots ou des travaux intéressant sous rémunérés.

      Mais ce n’est pas le seul avantage (pour certains). En effet, tout revenu du travail est soumis à cotisation retraite ; il est somme toute compréhensible que comme ces salariés toucheront aussi leur prestation retraite, ils cotiseront sans se constituer de droits ; une façon de réduire les déficits publics puisque ce sera tout bénéfice pour les caisses de retraite ; cela pourrait sans doute compenser les pertes endémiques dues aux créances étatiques dont l’origine sont les emplois subventionnés ! Pour l’instant, en matière de cumul emploi-retraite, aucun membre du gouvernement ne parle d’exonération de cotisation retraite !


  • Yohan Yohan 6 mai 2008 13:30

    La CFDT est assez courageuse, car tout ce petit monde sait bien qu’il y a un sérieux problème de financement des retaites et que les solutions passent forcément par un allongement de la durée du travail, (déjà acté dans la plupart des pays de l’Union).

    Le problème pour Chérèque est qu’il se fait mener en bateau par le GVT qui ne fait pour l’heure aucune concession importante d’une part et par les autres syndicats qui le laissent faire le sale boulot, d’autre part.

     


    • Peepo 6 mai 2008 14:14

      "les solutions passent forcément par un allongement de la durée du travail, (déjà acté dans la plupart des pays de l’Union)."

      Non ! C’est une solution parmi d’autres. Et c’est sans doute la plus mauvaise. Les emplois occupés par des seniors ne le seront pas par d’autres cotisants. Et pourquoi faire peser absolument le poids des retraites sur les seuls actifs ? 

      Il y a tout l’argent nécessaire dans les gains de productivité des entreprises, la société générale a pu perdre 5 milliards sans que son cours de bourse en soit autrement affecté. Et puis à quoi sert de faire ce que les autres font et qui le font parce que nous le faisons nous-mêmes, on a pas d’homme politique pour parler à l’Europe ?


    • Christophe Christophe 6 mai 2008 15:51

      @Yohan,

      La CFDT est assez courageuse, car tout ce petit monde sait bien qu’il y a un sérieux problème de financement des retaites et que les solutions passent forcément par un allongement de la durée du travail, (déjà acté dans la plupart des pays de l’Union).

      Le courage dans ce domaine est difficile à estimer. Il y a un problème de financement conjoncturel et non structurel. Le simplisme consistant à exprimer que, parce que la durée de la vie augmente, il faut augmenter la durée de cotisation est assez pitoyable et met en évidence une méconnaissance totale des modes de financement existant avant la réforme de 2003 qui les a remis en cause. L’allongement de la durée de cotisation à 40 ans était une bonne chose d’un point de vue égalitaire pour l’ensemble des salariés ; mais cela fût aussi compensé partiellement par une perte de recettes des caisses de retraite sur décision gouvernementale avec l’aval de la CFDT.

      Le problème pour Chérèque est qu’il se fait mener en bateau par le GVT qui ne fait pour l’heure aucune concession importante d’une part et par les autres syndicats qui le laissent faire le sale boulot, d’autre part.

      Comme en 2003, le gouvernement ne veux pas négocier, il a une solution clef en main ; vous la signez ou non ! Ce que vous appelez du courage, en tout cas pour 2003, fût uniquement de signer les mesures de fond voulues depuis le début par le gouvernement ; comme aujourd’hui d’ailleurs (je vous rappelle que le gouvernement ne parle jamais de négociation, mais de consultation : il existe une nuance forte entre ces deux terminologies). Par contre, vous affichez votre vision simpliste du problème, voir propagandiste, en laissant entendre que les autres organisations syndicales laissent à la CFDT le rôle du sale boulot ; que je sache, elle a signé en 2003, non ?! Alors qu’elle assume ses responsabilités et si le chemin est dans la continuité de ce qu’elle a signé, elle en porte seule, en tant qu’organisation syndicale, la responsabilité.

      Nous pourrions donc revenir sur le courage ! Si pour vous, le courage consiste à signer un accord pour ensuite contester son contenu avec les autres, je n’appelle pas cela du courage, mais de la bêtise tant l’incohérence est criante. Le courage, pour la CFDT, c’est avant tout de défendre ce qu’elle a signé en 2003, or elle prend le chemin inverse pour finalement, comme ne 2003, signer l’accord sur les propositions initiales du gouvernement. Ne vous inquiétez pas, la fin est déjà connue pour ceux qui savent un tant soit peu comment fonctionnent les organisations syndicales !

      Mais il est vrai que la stratégie du bouc émissaire (à la Caliméro) marche très bien dans l’opinion publique !


    • Yohan Yohan 6 mai 2008 23:18

      Je crois au contraire qu’en coulisse les syndicats sont globalement d’accord en eux, tant sur le constat que sur les remèdes, même s’ils en proposent d’autres dont le GVT ne veut pas comme taxer les profits financiers.

      Ensuite, c’est un jeu de stratégie et de pantomime qui consiste à promettre d’encadrer la grogne contre monnaie sonnante et trébuchante, tout en limitant les dégats. Tous en profitent. C’est pourquoi je continue de penser que la position de la CFDT est courageuse, dans la mesure où ils ont tout à perdre au niveau syndical à ne pas s’opposer avec plus de vigueur aux réformes


    • Christophe Christophe 7 mai 2008 12:21

      @Yohan,

      Je crois au contraire qu’en coulisse les syndicats sont globalement d’accord en eux, tant sur le constat que sur les remèdes, même s’ils en proposent d’autres dont le GVT ne veut pas comme taxer les profits financiers.

       Tout dépend à quel niveau de raisonnement nous nous situons ! Sur le constat, disons que touss’accordent sur le fait qu’il faut trouver un mode de financement pour équilibrer les comptes des caisses de retraite. La première divergence arrive donc à ce niveau là, sur la nature du problème à résoudre. Vu ce qui a été signé en 2003, nous pouvons dire que le gouvernement et la CFDT considèrent que c’est un problème structurel puisque 2003 modifie radicalement le mode structurel de financement des caisses de retraite. Je sais pertinemment que pour FO (la référence syndicale, avec la CFE-CGC, en matière de politique contractuelle) le problème est considéré comme conjoncturel ; les données démographiques le démontrent d’ailleurs. C’est le premier point d’achoppement qui a créé, entre le gouvernement et les partenaires sociaux généralement constructifs, un dialogue de sourds, chacun campant sur son approche. Par ailleurs, FO n’a pas demandé, comme la CGT, la taxation des profits financiers ; même entre les non signataires en 2003, il existait et il existe encore des divergences.

      Ensuite, c’est un jeu de stratégie et de pantomime qui consiste à promettre d’encadrer la grogne contre monnaie sonnante et trébuchante, tout en limitant les dégats. Tous en profitent. C’est pourquoi je continue de penser que la position de la CFDT est courageuse, dans la mesure où ils ont tout à perdre au niveau syndical à ne pas s’opposer avec plus de vigueur aux réformes

      Là vous faites erreur ! Tous ne profitent pas des deals qui sont proposés par le gouvernement pour restreindre la grogne. Si cela s’est vérifié pour la CGT en 2003, principalement par l’abandon du traitement des régimes spéciaux (ces régimes s’appliquant dans les grandes structures comme EDF, SNCF, ... où la CGT est largement majoritaire), les autres organisations syndicales non signataires n’avaient rien ni à perdre, ni à gagner. La CFDT avait une perte lourde en perpective, son statut de syndicat gouvernemental. La plus grosse lacune de FO, à cette époque, était son secrétaire général, M. Blondel. Ce dernier avait radicalisé ses positions et, lorsqu’il a demandé aux branches professionnelles de se joindre aux blocages des villes que menait la CGT, il a essuyé un refus des branches les plus importantes de sa confédération, à savoir la métallurgie, le bâtiment et la pharmacie. La démarche menée par ces trois fédérations FO a consisté à transmettre le dossier en leur possession aux parlementaires en les mettant face à leurs responsabilités, conformément aux fonctionnements de notre République (voir les manifestations entre les deux tours des présidentielles de l’année 2002).

      La CFDT n’a eu aucun courage, elle n’a fait que respecter sa parole, N. Notat s’était engagé avant de quitter la tête de la CFDT et cela correspondait totalement à sa stratégie axée principalement sur les préoccupations des cadres ; d’ailleurs, depuis lors, la CFDT est devenue premier syndicat des cadres, devant la CFE-CGC. Elle est aussi à l’origine de la création de SUD qui a vu le jour par des dissidents non cadres de la CFDT.

      Vous semblez émettre un avis très général en ayant une vision de surface. Pour votre information, la CFDT signe sous les feux de la rampe, c’est-à-dire dans les négociations nationales avec le gouvernement. Par contre, pour ce qui concerne les contrats avec le patronat, au niveau interprofessionnel ou dans les branches, elle est souvent aux abonnés absents (moins que la CGT, je vous l’accorde) ; mais il est vrai que les médias ne sont que très rarement présents.


  • Peepo 6 mai 2008 14:31

    "on a pas d’homme politique pour parler à l’Europe ? "

    Mmm... je retire ma question.


  • anny paule 6 mai 2008 16:26

    Il existe un tout petit livre dont j’ai oublié l’auteur et l’éditeur, qui date un peu, puisqu’il date de la période Sellières et Notat, et qui s’intitule : "La refondation sociale selon le MEDEF".

    Il est cependant fort intéressant car il montre bien comment la CFDT et le MEDEF ont marché "main dans la main" pour casser tous les acquis sociaux des cinquante dernières années, au nom de la "modernité". Qu’il s’agisse de Notat ou de Chérèque, de Sellières ou de Parisot, le problème reste entier ! Il suffit de savoir "de quel côté la tartine est beurrée" ! Certainement pas du côté de ceux que les représentants de la CFDT prétendent défendre, qu’ils soient jeunes ou seniors ! Il est des carrières et des sinécures dont nombre d’entre nous se passeraient bien... mais ce sont celles qui font la pluie et le beau temps...

    Si ce pauvre Chérèque a quelques remords, il est un peu tard... S’il n’avait pas, tout comme Notat, signé nombre d’accords défavorables au plus grand nombre, nous n’en serions sûrement pas là, aujourd’hui !


  • ZEN ZEN 6 mai 2008 18:35

    Nicole Notat est maintenant membre du Club Le Siècle , avec Bébéar, etc...

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Si%C3%A8cle


    • bobbygre bobbygre 6 mai 2008 20:30

      Et PDG de Vigeo (conseil aux entreprises)...

      Une responsable de syndicat qui devient patron... Ca reste plus crédible qu’un patron qui devient responsable de syndicat !


  • interscope 6 mai 2008 19:33

    C’est malheureusement le problème de la représentativité syndicale / politique & patronale :

    Pour les 2 premières catégories c’est la fonction publique (probablement à 80 % (dont pas mal de l’Education Nationale qui n’enseignent plus depuis pas mal de temps, ce qui a bien y réfléchir est un grand bien pour les élèves qui auraient la malchance de les "subir") et les professions libérales : d’un coté la garantie d’un emploi à vie et de l’autre des gens à revenus mensuels prochent des 5 chiffres.

    Pour la représentation patronale : uniquement des grands patrons qui ont au mieux été nommés ou le plus souvent qui hérite de leur entreprise (voir Sellière & Parisot).

    Bref pas grand chose à attendre de tout cela pour coller à la réalité quotidienne des 60 millions de français.

    De toute façon au vu de la réalité quotidienne pour les + de 55 ans ce sera 1 année de chomage ou d’arrêt maladie en plus avant de toucher la retraite.


    • bobbygre bobbygre 6 mai 2008 20:31

      Exact, concrétement, c’est ce qui va se passer pour la plupart.. ce qui rend cette mesure d’autant plus ridicule...


    • marc 10 mai 2008 16:15

      Interscope

      "dont pas mal de l’Education Nationale qui n’enseignent plus depuis pas mal de temps, ce qui a bien y réfléchir est un grand bien pour les élèves qui auraient la malchance de les "subir""

      A la fois diffamatoire, injurieux et faux , en tout cas en ce qui concerne la FSU dont pratiquement tous les dirigeants continuent à enseigner. Vous confondez avec l’ancienne FEN, devenue l’UNSA, peut-être ; Je soupçonne cependant un a priori idéologique regrettable vu la pitoyable dernière partie de la phrase, totalement ridicule.

       

       


  • Fergus fergus 10 mai 2008 16:34

    "Du côté syndical, tout d’abord, bravo à la CFDT pour avoir signé cet accord avec la plus grande naïveté ou trop rapidement. Il est bien temps de venir la main sur le coeur pour nous expliquer que le gouvernement de 2003 avait promis... Péché d’orgueil ou envie irrépressible de devenir l’interlocuteur quasi unique du gouvernement ?" demande l’auteur de cet intéressant article.

    Je penche pour le 2e explication. Le problème de Chérèque est en effet qu’il se situe dans les mêmes dispositions d’esprit que... Nicole Notat. Laquelle Notat, avide d’apparaître comme l’indiscutable chef de file de la négociation, s’était empressée d’approuver les grandes lignes du Plan Juppé en novembre 1995. Autrement dit un package comportant la réforme des régimes spéciaux, une réforme de la Sécu et des orientations de Contrat de plan SNCF aboutissant à la désertification de l’Auvergne et de la Lorraine ! Résultat : dès la première manif, Notat s’est fait jeter sans ménagement hors du cortège par ses propres troupes dont une part importante est ensuite allée fonder SUD. Quant à Notat, qui lorgnait à terme un maroquin ministériel, elle est carrément passée à la trappe.

    Echaudée par ce précédent fâcheux, la CFDT, est revenue à une approche plus prudente et moins isolée du syndicalisme. Plus question pour elle d’aller au devant d’un nouveau schisme. Mais les démons du leadership national et du partenaire incontournable de tout pouvoir en place sont toujours là. Ce sont eux qui ont conduit Chérèque à signer beaucoup trop rapidement l’accord de 2003 alors que le gouvernement, sans le ralliement de ce syndicat, aurait à l’évidence concédé plus aux salariés. D’où la gêne de Chérèque aujourd’hui et son rapprochement avec la CGT, FO et l’UNSA sur des positions défensives. Pas question, en l’état actuel des choses, de commettre une troisième fois de suite la même erreur de stratégie, les mandants du syndicat ne le permettraient pas. La tentation n’en est pas moins forte, mais elle encore contenue. Pour combien de temps ?


  • iris 15 mai 2008 19:05

    cotat patronne

    e.maire patron

    est ce de bons patrons ou étaix ce de mauvais syndicaliste ??en tout cas ça fout mal !!

    s’interessent t’ils cfdt-cgt -fo.etc..au pte et pme-c’est +fcile de s’accrocher aux grosses ent que de faire un travail de fond-et de besogneux-

    faire confiance peut etre à sud-

    en tout cas résister aux 41ans-on ne licencienra + de séniors ds les pteou pme -trop cher-

    et pour embaucher des séniors -il faut motiver le médef -peut etre de force-et ne pas obligé un sénior à faire un travail qui ne lui convient pas -car il ne sera pas motivé-comme tout le monde le serait-

    comme aller travailler avec 2h de trajet-au smic dans un métier que l’on n’aime pas et que l’on ne connait pas-

    si le carbur augmente j’èspère que les gens vont revoir leur mobilité et son cout-car il ya bcp de perte de carburant dans des postes occupés par des gens de mème formation-

    ex/ un cariste va travailler de villefranche à lyon et un autre mm emploi de lyon à villefranche-

    alors que les postes pourraient s’inverser-gain de carbur-de loisirs et d’argent et de temps

     

     

     


Réagir