samedi 21 mai 2011 - par Michel Santi

Europe : plus dure sera la chute !

La schizophrénie européenne va en s’amplifiant ! Voici l’Allemagne (qui compte pour 27% dans le P.I.B. de l’Union) qui croît de 1.5% au premier trimestre de cette année, voilà la France (21% du P.I.B. de l’Union) qui croît de 1% pour la même période alors qu’au même moment les économies de l’Europe du Sud stagnent, voire se contractent. Si l’Espagne et l’Italie s’en tirent en effet de justesse avec des P.I.B. respectifs de 0.3 et de 0.1% en ce premier trimestre 2011, le Portugal, lui, replonge dans la récession en affichant un chiffre de – 0.7%. Par ailleurs, dans un tel contexte déprimé – voire dépressif -, loin de s’améliorer, la situation de la Grèce se dégrade pratiquement à vue d’œil. Ce petit pays, qui ne sortira de la récession probablement pas avant quatre ou cinq ans, subit – tétanisé et impuissant – une détérioration de ses comptes publics, un endettement extérieur en constante aggravation et bien-sûr des taux d’intérêts rédhibitoires sur ses financements…

Pour autant, les autorités européennes n’avouent toujours pas leur échec et ce en dépit d’une évidence limpide, à savoir que le pourrissement de cette situation ne profitera à personne. En fait, nos technocrates et gouvernements européens semblent prendre plaisir à manipuler une grenade qu’ils croient sécurisée alors que celle-ci est dégoupillée et qu’elle finira immanquablement par leur exploser en pleine figure ! Pire encore car cette conflagration à venir sera d’autant plus ravageuse qu’ils auront retardé son échéance… A leur décharge, n’a-t- il pas fallu 6 ans (de 1994 à 2000) aux autorités argentines pour se rendre compte que l’indexation de leur monnaie au dollar américain était une erreur monumentale ? En fait, ce fut la dévaluation massive et la volte face de ce pays contre le F.M.I. (ayant imposé une austérité à la source de l’implosion économique) qui devait contribuer à y rétablir une croissance vigoureuse autorisant du même coup à engranger les excédents.

Une restructuration au moins partielle de la dette grecque est ainsi inévitable afin de libérer des ressources qui bénéficieront aux améliorations et aux programmes structurels qui relanceront la compétitivité du pays. Certes, la Grèce pourrait se passer des marchés si l’Union Européenne continue à la financer et à la renflouer mais voilà : les populations européennes ne pourront pas et ne voudrons pas continuer à entretenir la Grèce (et le Portugal et l’Irlande…) dans les conjonctures de rigueur généralisées régnant dans la quasi-totalité des nations européennes. Alors, comment – dans un contexte où bien des pays et des politiques en place devront affronter des élections en 2011 et en 2012 – la Grèce serait-elle en mesure de pourvoir à ses dépenses alors que les marchés lui imposent de payer 15% d’intérêts sur ses crédits à 10 ans ? Non : ce pays meurtri aux dettes de 145% de son P.I.B. en 2010 ne saurait miser éternellement sur une générosité européenne qui ne se consent que moyennant une rigueur inhumaine.

Ce statut quo européen doit donc cesser d’urgence et, à cet égard, il est préférable que les responsables de l’Union décident eux-mêmes de mesures, certes douloureuses dans un premier temps mais indispensables, plutôt que de se laisser forcer par les marchés à des mesures catastrophiques parce que non préparées. Certains pays européens devront obligatoirement sortir de l’Euro afin de faire défaut sur leurs engagements libellés en Euros tout en tout en finançant leurs comptes publics en imprimant leur propre devise ! Après avoir subi une des récessions les plus impitoyables du XX ème siècle, l’Argentine n’a-t-elle pas finalement fait défaut pour renouer avec la croissance … à peine un trimestre après cette annonce ? N’a-t-elle pas bénéficié d’une accélération globale de plus de 60% sur les six années ayant suivi ce défaut ? La seule porte de sortie décente qui s’offre aujourd’hui à la Grèce est de restructurer sa dette car un pourrissement et une inaction supplémentaires contamineront irrémédiablement l’ensemble des nations européennes et, par delà, les économies occidentales intégrées.

Mais pour y parvenir, l’Union Européenne devra au préalable sortir de son déni.



18 réactions


  • Paolini Paolini 21 mai 2011 10:27

    Mercil à Michel pour l’article

    «  Certains pays européens devront obligatoirement sortir de l’Euro afin de faire défaut sur leurs engagements libellés en Euros tout en finançant leurs comptes publics en imprimant leur propre devise »

    Absolument.

    Tout les pays de l’UE devraient faire cela. Sortir de ce m......dier.

    On doit re-mettre la création monétaire entre les mains de l’état et avec cette monnaie nationale restructurer les dettes (sur 100 ans..... !) .

    La valeur et la crédibilité de ces monnaies nationales sont adossées aux capacités de production des pays (des nations, surtout), à leur ressources, à leurs crédibilité, leur « sérieux ».

    C’est pas des « clowns » les européens (je n’ai rien contre les clowns). Nos grand-parents et leur grand-parents ont fait des choses remarquables.

    Il y a beaucoup de ressources dans ces pays d’ Europe : les talents, expériences, compétences et bonnes volontés de ses citoyens en plus des ressources naturelles, culturelles, agricoles....

    Si j’étais un riche investisseur étranger voyant les pays d’Europe se liberer du carcan des dettes et entreprendre un réel renouveau culturel, économique, indutriel et financier, je n’hésierais pas longtemps avant d’y investir mes fonds.

    Le seul point « délicat » serait l’énergie ; mais cela peut très bien être réglé de gré à gré entre pays producteurs et nations souveraines.

    François Asselineau parle très bien de tout cela ; en plus il semble avoir les compétences et le coeur « à la bonne place ». 

    Ses conférences sont trés trés intéressantes et instructives (sur Dailymontion et youtube).


    • manusan 21 mai 2011 12:55

      "Si j’étais un riche investisseur étranger voyant les pays d’Europe se liberer du carcan des dettes et entreprendre un réel renouveau culturel, économique, industriel et financier, je n’hésiterais pas longtemps avant d’y investir mes fonds."

      C’est clair, mais les riches rentiers européens ne sont pas d’accord, pire il considére l’europe comme leur territoire. Il va être temps d’affuter la guillotine.


  • avocatdudiable avocatdudiable 21 mai 2011 11:32

    Pff ça dépend juste du taux de l’EUR/USD. Quand l’Euro devient haut paf Ben Laden ressort l’USD devient valeur de refuge, on parle de nouveau des dettes de l’Europe.


    Surveillez l’EUR/USD quand il sera à nouveau très bas z’allez voir comme par hasard ca y est la dette européenne est résolue mais alors la dette oh là là mais c’est la cata ...

    alors que rien n’a changé fondamentalement :D

  • Pyrathome Pyrathome 21 mai 2011 12:28

    Prendre connaissance du dernier bulletin LEAP...

    http://www.leap2020.eu/GEAB-N-55-est-disponible—Crise-systemique-globale-Confirmation-Alerte-Majeure-pour-le-second-semestre-2011-Fusion_a6506.html

    Attention au méga tsunami qui arrive à grand pas !....
    Prenez vos précautions, un homme averti en vaut deux.....
    Mais outre le fait que cette « pseudo économie de marchands de dupe » va s’écrouler, les mensonges accumulés depuis bien trop longtemps vont s’étaler au grand jour !!
    Avis de très grosse tempête !! ...


    • colza 22 mai 2011 16:38

      Peut-être pas sans rapport avec le fait que les USA viennent de déclarer que l’Iran serait derrière les attentats du 11/9.
      L’Iran, pays majeur en ce qui concerne les réserves de pétrole et de gaz !


  • efarista efarista 21 mai 2011 13:36

    L’europe est une vaste arnaque. Les français ont été consulté par référendum ; ils ont voté non ; mais a Lisbonne on s’est carrément et ouvertement rient d’eux et des autres pays qui ont voté non. Le bon gros foutage de gueule orchestré

    http://www.dailymotion.com/video/xieks6_etienne-chouard-sortir-de-l-ue-partie-2-3_news


    • avocatdudiable avocatdudiable 21 mai 2011 18:26

      Et pourquoi les gens continuent de croire que la démocratie c’est pour eux ? La démocratie c’est un baume psychologique créé par les élites. Si ça marche pas ils passent outre.


      La vraie révolution concerne l’éducation sur la création monétaire : qui crée la monnaie contrôle le monde. Tant que le peuple ne s’attaque pas à ça, rien ne changera.

    • Paolini Paolini 22 mai 2011 16:22

      @ efarista : bon gros foutage de gueule orchestré ; 

      je trouve qu’il sagit là un bon choix des mots.

      @avocatdudiable : 

      La vraie révolution concerne l’éducation sur la création monétaire.......... BIen vu.

      François Asselineau s’attaque précisément à cela.

       J’ai trouvé ses conférences autant passionantes qu’instructives (sur youtube et daily motion il y a du choix).

      Nous nous devons de le faire connaitre pour que cette éducation dont parle avocatdudiable puisse se faire (et enfin déboucher sur des résultats concrets tels que la sortie de l’UE et de l’€).


  • alberto alberto 21 mai 2011 14:26

    Ben oui, M. Santi,

    Vous avez bien raison, mais quel dirigeant européen prendra le risque de virer la Grèce, sans risquer de passer pour un sans-cœur !

    Quoi, la mère de la Démocratie traitée comme une vulgaire clocharde ?

    Ha ! que la vie est compliquée et le monde cruel...

    Bien à vous.


    • Catherine Segurane Catherine Segurane 21 mai 2011 19:37

      Il n’est pas question de « virer la Grèce comme une clocharde », mais de lui permettre une sortie ordonnée afin de pouvoir retrouver son pouvoir monétaire et dévaluer. Ce qu’ont fait tous les pays endettés qui ont retrouvé la croissance (Argentine, Islande), et ce que nous devrions faire nous aussi, non par « clochardise » mais parce qu’il n’y a aucune raison de déléguer à la BCE le pouvoir de battre monnaie, pouvoir régalien par excellence.



    • Paolini Paolini 22 mai 2011 17:06

      Plutot que « virer » la Grèce j’aurais dis « libérer ».

      @Catherine Segurane : en fait si, je comprend bien, l’article 123 du traité de Lisbonne (104 du traité de Maasticht) interdit aux administrations d’empruter aux banques centales les oblgeant ainsi à se tourner vers les banques privées.

      Ce sont alors ces banques privées qui créent la monnaie (scripturale) par les crédits mais les intérets n’étant pas créés elles obligent à des emprunts sans fin. 

      Dans un sens Il faut emprunter pour payer l’argent que l’on achète ! 

       Mais voyer plutot ce qu’en pense François Asselineau ou Etienne Chouard.


  • Montagnais .. FRIDA Montagnais 21 mai 2011 17:40

    « 

    Political siege on as US debt hits the ceiling‎ »

    Va falloir vous accrocher vous les Européens..

    NB : la bonne nouvelle, c’est que, comme il n’y a rien à faire, wait & see tranquille Bébert.

  • Montagnais .. FRIDA Montagnais 21 mai 2011 18:05

    Harold Camping aurait du commencer par la fin de l’économie aujourd’hui..


    « L’agence de notation Standard & Poor’s a fait passer de »stable« à »négative« sa perspective pour l’Italie »

  • papi 21 mai 2011 22:45

    @ l ’auteur

    Finalement, pendant que le couple UMPS continue à danser même les pieds dans l’eau,sur le pont d’un bateau qui coule, seule Marine Lepen nous propose des canots de sauvetage , et un cap vers la terre ferme.mais il commence à y avoir du monde pour quitter le navire même s’ils sont traités de gros cons..


    • Croa Croa 21 mai 2011 23:23

      « seule Marine Lepen nous propose... »

      Papi ne connait que l’UMPS et Marine !

      Papi ne connait que les partis médiatiques...

      Papi, on se renseigne avant d’écrire des conneries !


    • Paolini Paolini 22 mai 2011 16:31

      @ croa : c’est pas bien grave ; on est là justement pour échager des infos, idées et autres perspectives.


      @papi : en effet, il n’y a pas que Lepen. 
      Voyez le programme de François Asselineau.

      Puis faites circulez l’info ; c’est ainsi qu’on m’a fait découvrir cette personne dont le « programme » me semble proposer un réel espoir.

  • teviec teviec 23 mai 2011 21:53

    La Grèce est à vendre .... et bientôt l’Espagne ! Ça sent la révolution à plein nez  ! Pas besoin de sortir polytechnique pour le comprendre 


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