samedi 4 juin 2011 - par Michel Santi

Faire faillite pour briser le cercle vicieux de la finance !

Non comme aboutissement logique de son extrême faiblesse économique mais plutôt comme preuve de sa vitalité démocratique : la Grèce doit faire défaut ! Cette nation, qui avait appris en son temps à l’humanité l’essence des principes démocratiques, doit aujourd’hui renouveler cette leçon et l’adapter en déclarant forfait car il est insupportable qu’elle soit la victime expiatoire des errements du monde de la finance et de la banque. Il convient de perdre ses illusions car le plan de sauvetage de ce pays concocté au plus haut niveau le fut principalement afin de limiter la casse à une finance insatiable qui avait misé (bien) plus que de raison sur une Europe périphérique et centrale ayant – un temps – rapporté (très) gros.

Le branle bas de combat ayant résulté en de nouveaux crédits en faveur de la Grèce ne reposant sur aucune intention de raffermir son économie ou d’assurer l’avenir financier de ses citoyens. Ces financements supplémentaires furent en effet consentis afin d’accorder un sursis aux banques créancières et tant pis si le prix à payer par les grecs serait de subir des réductions salariales et un chômage massifs tout en les enchaînant à des prêts que même les générations futures auraient du mal à payer. Et tant pour le pays et pour ses richesses (y compris archéologiques) qui serait vendu à l’encan…

Ainsi, n’était-il pas plus sensé de lui prêter quelque 100 milliards d’Euros assortis de conditions d’austérité draconiennes que d’exiger de la part des créanciers qu’ils prennent leurs pertes ? Impensable en effet de forcer ces établissements financiers et leurs investisseurs ayant consciemment parié en jouant de l’effet de levier sur une Europe émergente alors qu’il est si simple de réduire les retraites, plans sociaux et revenus aux citoyens de ces mêmes pays. Au demeurant, l’orgie n’est pas finie puisque l’opportunité se présente aujourd’hui de produire encore des marges bénéficiaires sur les ventes des infrastructures grecques…

Il est vrai que, loin de se rebeller contre des vautours tentés par des restes encore alléchants tout en préservant un minimum ses concitoyens, le Gouvernement grec abonde dans le sens des sacrifices à imposer à son peuple puisqu’il s’active à finaliser un plan prévoyant toujours plus de rigueur. Plus d’impôts donc mais également plus de privatisations, le but étant évidemment d’être en mesure de satisfaire et de rembourser en intégralité des spéculateurs et des investisseurs pertinemment au fait des risques contractés.

Cette mentalité du gain à tout prix, du risque qui doit être en toute circonstance rémunéré et de l’appât du gain érigé en divinité féconde doit être brisée tout net ! Cette spirale d’incompétence de la part de nos dirigeants économiques et financiers – spirale dont les citoyens sont toujours les seuls à payer un lourd tribut – doit être interrompue !



8 réactions


  • Alpo47 Alpo47 4 juin 2011 11:30

    Lorsqu’il y a JP.Morgan et Goldman Sachs ... parmi les débiteurs, il y a vraiment très, très peu de chances que l’on mette les banques à contribution.
    Simple, ce sont eux qui constituent le sommet de la pyramide de l’oligarchie mondiale et ... qui décident de tout.


  • Antoine Diederick 4 juin 2011 13:22

    il aurait été plus sain que la Grèce fasse défaut....oui mais elle ne peut pas faire défaut , il faut sauver les créanciers.... smiley


  • PhilVite PhilVite 4 juin 2011 14:36

    Quand on parle de trahison des élites, j’en connais encore qui lèvent les yeux au ciel. Pourtant il suffit de se pencher 3 minutes sur le cas grec pour se faire une idée.

    Papandréou et sa clique préfère saigner à blanc le peuple grec plutôt que dire ’stop, ça suffit !’ et de renvoyer la finance mondialisée dans ses buts. Ils ruinent leur pays et leur peuple pour enrichir leurs maîtres. Ces types vont se retrouver tôt ou tard au bout de la corde que leur prépare l’exaspération populaire et ce ne sera que justice.

    Et c’est d’autant plus incompréhensible qu’en vertu du célèbre adage qu’on doit, je crois, à un certain Rockefeller, ’Si tu dois 200$ à ta banque, c’est ton problème, si tu lui dois 200 millions $, c’est son problème à elle !’, la Grèce tient la finance par les couilles et pourrait dire "Soit vous me DONNEZ tant de milliards $, soit je fais défaut et je dynamite votre système !’

    Il est clair qu’après un défaut franc et massif, les Grecs seraient dans une grosse galère , mais au moins, ils apercevraient la lumière au bout du tunnel. Contrairement à leur situation actuelle dans laquelle absolument aucun espoir ne leur est permis.


  • alberto alberto 4 juin 2011 15:54

    Oui, Mr. Santi,

    Ce qui se passe en Grèce est une expérience à l’échelle d’un pays de se qui se passait antan pour les familles de métayer vis à vis de leurs créanciers : abandon de tout partage des gains et retours au servage après qu’ils eurent découvert ce que leur bail avait de léonin...

    En fait la Grèce est à vendre : ça a commencé avec le port du Pirée, ça continue avec la distribution d’eau et d’électricité qui sont vendues aux compagnies privées et étrangères les plus offrantes, et tout va y passer, les musées, les iles, les plages, l’éducation nationale, l’armée, le Mont Parnasse, etc... !

    Le seul espoir est que le peuple grec soit assez fort pour gripper ce mécanisme infernal.

    Après tout, ils ont bien réussi à retrouver leur identité après 400 ans d’occupation turque, alors il y a de l’espoir, non ?

    Et pour peu qu’on les y aide un peu...

    Bien à vous.


  • nyandjock 4 juin 2011 18:30

    Ce qui va arriver à la Grèce, puis à nous, c’est à peu près ce que nous avons imposé en toute bonne conscience à l’Afrique, le sort de l’Europe semble basculer et maintenant, l’avenir qu’on nous dessine ressemble au présent du Sud du Sahara ! Allez voir, c’est édifiant.


  • Jean-Paul Foscarvel Jean-Paul Foscarvel 5 juin 2011 12:07

    L’échec du libéralisme, dû en partie au remplacement des salaires par les emprunts, suite à une productivité trop élevée et à une sur-accumulation financière, au lieu de l’affaiblir, le renforce.

    En effet, les exigences pour les prêts sont du pur libéralisme.

    Plus les conséquences du libéralisme sont catastrophiques, plus l’Europe et le FMI exigent du libéralisme. plus la catastrophe devient certaine et dramatique.

    C’est une tragédie grecque. Nous en savons la fin, mais chaque action, au lieu de nous en détourner, nous y rapproche. Tout cela pour ne pas changer de paradigme.

    Barroso se prend-il pour Créon ? Et Merkel pour Médée ?

    C’est aussi une tragédie shakespearienne dans laquelle le pouvoir rend fou. Tous ces grands dirigeants ont du Macbeth en eux.


  • BA 5 juin 2011 23:15

    Deuxième renflouement  : l’aide à la Grèce pourrait dépasser 100 milliards d’euros.

     

    Le premier renflouement organisé voici un an par l’UE et le FMI représentait 110 milliards d’euros, dont 24,4 milliards apportés par l’Allemagne. Un deuxième renflouement est évalué à 65 milliards d’euros, mais il pourrait dépasser 100 milliards d’euros parce qu’il faudra aux emprunts d’Etat grec un suivi financier en 2014, explique Der Spiegel dans son édition du lundi 6 juin 2011.

     

    /fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE75408A20110605">http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE75408A20110605

     

    110 + 100 = 210 milliards d’euros foutus en l’air (la Grèce ne remboursera jamais ses dettes).


    La photo de l’année 2011.

    Le 30 mai 2011, des dizaines de milliers de Grecs sont dans la rue.

    A Athènes, les manifestants grecs comparent l’Union Européenne à l’Allemagne nazie :

     

    http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/0,1518,766645,00.html

     

    Cette photo des manifestants grecs est très révélatrice.

    Cette photo montre que l’idée européenne est morte.

    En Europe, les années qui viennent seront explosives.


  • iris 6 juin 2011 15:38

    il ya + de 10ans que le capitalisme est devenu fou avec cette hausse infondée des salaires mirobolants des traders et autres dirigeants du cac 40 -qui pressurent tous les soustraitans et petites entreprises- et tous les salariés-je lis en ce moment « une crise de trop » de frédéric lordon-il en parle-c’est une livre avec un style un peu ardu mais criant de vérité-


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