Bonsoir à tous,
Merci à @Bernard Dugué de cette révision « déchirante » de ses jugements précédents
La peur de la contagion augmente aux Etats-Unis, des stress test sont
mis en place pour une trentaine de banques « too big fall » ou "too big
to be saved".
Je vous copie le billet de François Leclerc qui présente, bien mieux que je ne ferais, une très bonne analyse des contradictions, de la cacophonie européenne :
On n’aura jamais autant parlé de solutions à la crise de la dette
européenne et aussi peu agi simultanément. Les rumeurs se multiplient,
les démentis catégoriques de même : le FMI serait en train d’étudier un
prêt de plusieurs centaines de milliards de dollars à l’Italie, en
s’adossant à la BCE faute d’en avoir les moyens ; réunis autour de
l’Allemagne, le cœur de la zone euro dotée de la note AAA étudierait
l’émission d’obligations d’élite, afin de venir via le FESF au
secours des pays attaqués. De fortes attentes sont exprimées, mais rien
n’est pour l’instant sur le tapis.
En Belgique et en Italie, des
emprunts d’État destinés aux particuliers ont été symboliquement lancés.
Dérisoires cagnottes en dépit de leur succès, comparées aux besoins
financiers, ridicules remparts comme l’ont été la semaine dernière les
quelques 8 milliards d’euros d’achats obligataires de la BCE.
Venant
confirmer que l’achat de la dette européenne n’est pas leur priorité,
les dirigeants du fonds souverain chinois CIC ont précisé leur intention
d’investir dans les infrastructures américaines et européennes, y
compris pour en devenir les opérateurs, un secteur où les besoins sont
importants et les rentabilités à long terme prometteuses.
Les
modalités techniques de multiplication des moyens financiers du FESF
vont être demain mardi adoptées par les ministres des finances
européens, mais les déclarations imprécises se sont succédées à propos
de son fameux effet levier, si bien que l’on ne sait plus qui
il faut croire : le Klaus Regling (son directeur général) qui évoquait
il y a trois jours un coefficient 2, voir 3 dans le meilleur des cas, ou
celui qui parle aujourd’hui devant une autre tribune d’un coefficient
entre 3 et 4 !
Dans ces conditions, les pays les plus proches de
l’Allemagne flanchent, la Finlande à propos d’une intervention de la
BCE, désormais de circonstance, ou l’Autriche en ce qui concerne
l’émission d’euro-obligations. Les Polonais appellent les Allemands à
agir, devant « les conséquences apocalyptiques » de la fin de l’euro.
L’OCDE se met de la partie et craint « un événement négatif majeur »,
qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour l’économie
mondiale, et estime que « les décideurs doivent se préparer au pire ».
« Seul instrument efficace pour faire barrage à la récession », la BCE
doit « agir maintenant ».
Les marchés, eux, sont euphoriques comme
si de rien n’était, se raccrochant aux rumeurs et ne voulant pas croire
aux démentis, dopés par l’espoir d’un accord politique franco-allemand
en faveur d’un pacte de stabilité musclé. Celui-ci est pour l’instant à
géométrie variable, sa présentation adaptée aux circonstances et aux
aléas des débats politiques nationaux. Les pays qu’il pourrait concerner
sont tout aussi indéfinis que ses modalités, allant de l’ensemble de
l’Union européenne à un groupe restreint des membres de la zone euro, ce
qui désignerait aussitôt à la vindicte des marchés ceux qui ne l’auraient pas rejoint.
Pour sans nul doute tout clarifier, des discours de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel qualifiés d’importants
sont annoncés pour jeudi et vendredi prochains, avant la tenue d’un
sempiternel sommet européen, les 8 et 9 décembre ! Afin de poursuivre la
chronique des grands de ce monde, Barack Obama a rencontré à Washington
José Manuel Barroso et Herman van Rompuy, toujours dans l’attente d’un
plan européen crédible aux yeux des marchés, après que Moody’s a annoncé
dimanche qu’au rythme où vont les choses, la note de tous les pays
européens, même les plus solides, était menacée. La rencontre devait
être à l’origine consacrée à la situation dans le monde arabe, mais un
autre ordre du jour s’est imposé. Utilisant une formulation inédite,
Barack Obama a affirmé que les États-Unis étaient prêts « à faire leur
part » pour aider l’Union européenne, sans préciser en quoi cela
pourrait consister.
Les prévisions de l’OCDE font désormais dans
le genre apocalyptique, analysant différents scénarios intitulés « du
pire », et estimant les effets domino d’un défaut désordonné d’un État
sur sa dette, via le système bancaire et le marché obligataire. Il en
résulterait de nouvelles hausses sur ce dernier marché, qui
impliqueraient des mesures renouvelées de rigueur, inhibant la
croissance et créant un cercle vicieux. La diminution de l’offre de
crédit des banques y contribuerait, en raison de l’approfondissement de
leur propre crise. Il en découlerait une déstabilisation du système
bancaire et de nouveaux défauts d’États. Il a fallu de très nombreux
mois pour que ce schéma soit reconnu…
L’ampleur de ces phénomènes
en série dépendrait de la taille du ou des pays faisant défaut à
l’origine. Une sortie de la zone euro serait toute aussi dévastatrice,
induisant une profonde dépression atteignant l’économie mondiale dans
son ensemble. En attendant que de telles prédictions se réalisent,
l’OCDE estime que la contagion est « entrée dans une nouvelle phase »,
et que la zone euro, qui connait une « légère récession », est appelée à
stagner l’année prochaine. Toute la zone OCDE est dans le même cas
selon elle, du Japon à l’Europe et aux États-Unis, même les pays émergents
pouvant en subir le contre-coup. Si les États-Unis entraient à leur
tour en récession, l’organisation ne voit pas comment elle pourrait en
sortir, même avec les moyens monétaires de la Fed.
N’ayant pas
l’honneur de faire les manchettes de l’actualité, qu’elle ne revendique
surtout pas, la crise de l’endettement des banques européennes
s’accentue dans la discrétion, parallèlement à celle de la dette
publique. Celles-ci n’ont vendu cette année que pour 413 milliards de
dollars d’obligations, alors qu’elles doivent rembourser 654 milliards
de dollars, selon le Financial Times. Cette situation inédite laisse 241
milliards de dollars de trou. 720 milliards de dettes devront être
refinancées l’année prochaine, arrivant à maturité.
Les banques
doivent également augmenter leurs fonds propres, à un niveau inférieur
pour l’instant aux 200 milliards de dollars que le FMI avait estimé
nécessaire et, comme déjà évoqué, les investisseurs ne se pressent pas à
leurs portes. Ni pour acheter des actions, ni pour en faire autant des
obligations. Les banques s’engagent donc dans des opérations de
conversion d’obligations en actions, d’échanges d’actifs et dans une
réduction de leurs engagements en s’en délestant comme elles peuvent.
Tous les moyens sont bons, comme lorsque l’on doit alléger d’urgence la
charge d’un bateau qui menace de couler, y compris en réduisant leurs
opérations de crédit.
On a aussi vu comment pouvaient être opérés
des bidouillages sur les pondérations de risque des actifs. Mais la
grande inconnue est l’impact sur le crédit et ses répercussions sur
l’économie. Le rétablissement des banques a un coût, qu’elles vont faire
payer aux entreprises (les PME en priorité), aux collectivités et aux
particuliers.
La conjonction des deux crises de l’endettement
privé et public va lourdement peser sur l’économie et entraîner tous les
pays occidentaux dans une récession de longue durée, avec son cortège
de misères. Cependant, aucune réponse n’est à l’heure actuelle apportée à
cette tendance lourde, car cela impliquerait des reconsidérations peu
orthodoxes chez les bien-pensants.
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