lundi 9 mars 2015 - par
Inégalités, bénéfices, spéculation : alerte à la bulle !
Les bourses qui battent des records, les bénéfices du CAC 40 au plus haut, des riches toujours plus riches, la spéculation sur le marché de l’art : jour après jour, de plus en plus de symptômes classiques d’une bulle spéculative apparaissent. Combien de temps faudra-t-il pour qu’elle explose ?
Ces voyants qui passent au rouge
L’analyse de la crise de 1929 par John Galbraith est un exercice assez sidérant par l’immense proximité avec la séquence qui nous a mené au krach de 2008. Presque tous les mêmes symptômes s’y retrouvent : de la spéculation aux innovations financières, de l’explosion des inégalités à celle de l’endettement, le tout sur le fond d’un discours sur un nouveau monde, naturellement plus globalisé. Problème : depuis quelques mois, il semble que nombre de voyants qui avaient caractérisé l’avant krach de 1929 et 2008 passent à nouveau au rouge, dans une séquence qui semble rappeler étrangement à la période qui a précédé ces deux krachs majeurs de l’économie mondiale moderne.
En effet, les résultats du CAC40, dopés par la baisse de l’euro, se sont envolés de pas moins de 37% en 2014, à 64 milliards d’euros, illustrant la capacité des actionnaires à toujours obtenir plus, les assureurs consacrant 50% de leurs résultats au paiement de dividendes, et les entreprises consacrant des sommes indécentes aux rachats de leurs propres actions. Du coup, les bourses battent de nouveaux records aux Etats-Unis, et le CAC 40, approche aujourd’hui le cap des 5000 points. Parallèlement, les milliardaires n’ont jamais été aussi riches et nombreux (1827 personnes qui possèdent 7000 milliards), et les inégalités sont au plus haut. Conséquence, le marché de l’art bat tous ses records.
A quand le krach : demain ou après ?
De ces faits, on pourrait tirer la conclusion que le krach devrait vite venir. Mais plus probablement, on peut se dire que ces indicateurs ne sont que les prémices de signes qui vont s’amplifier. Après tout, nous sommes entrés en déflation en Europe, pas vraiment une situation commune habituelle avant un krach. On peut également penser que, si les marchés financiers se sont repris, nous ne sommes pas encore à un niveau totalement aberrant. En janvier 2009, dans un exercice de fiction, j’avais projeté un nouveau krach fin 2016, alors que le Dow Jones était à 25 000 points et le CAC 40 à 10 000, portés par une croissance devenue inflationniste, après une période de stagnation.
En fait, le calendrier que je projetais il y a plus de 6 ans semble aujourd’hui possible. Portés par une légère reprise en Europe, permise par la baisse du prix des matières premières et de l’euro, les marchés pourraient bien poursuivre leur hausse dans les prochaines années, les profits des entreprises continuer de progresser. Après des années difficiles, même une reprise très limitée et inégale pourrait alors créer un climat plus optimiste, un peu comme avant le krach de 2008. Dans une répétition du début des années 2000, une légère reprise pourrait alors provoquer une augmentation des prix des matières premières, et provoquer une hausse des taux annonciatrice d’un nouveau krach….
Tous ces signes annonciateurs d’une nouvelle bulle et d’un krach à venir ne sont probablement que des preuves de déséquilibres qui ne sont pas encore suffisants pour déclencher le prochain krach. Mais nul doute que tous ces déséquiilibres, non traités, en provoqueront un tôt ou tard.