lundi 23 août 2010 - par romain blachier

L’auto-entreprise, une bonne idée malgré quelques ratés

Autoentreprise Un billet largement twitté ces jours-ci "Auto-entrepreneur, la fin des illusions" évoque la baisse des créations d’auto-entreprise ces trois derniers mois et le nombre de structures n’ayant fait aucun chiffre d’affaire.

Le gouvernement, pas très transparent comme toujours, refuse de communiquer sur les chiffres réels des entreprises de ce type qui gagnent de l’argent. Sans doute a-t-il trop vite communiqué sur un succès du dispositif, seulement fondée sur le nombre de création (ce qui est tout de même une réussite en soit) et non sur les revenus ou le chiffre d’affaire généré. Mais on ne peut pas non plus (encore) parler d’échec.

L’auto-entreprise est, je l’ai dit, une des rares bonnes idées du gouvernement. Certes à terme, certains à droite y voient le premier élément pour tomber dans une société dans lequel il n’y aurait plus de salariés mais juste des petits entrepreneurs individuels, sans droits à la retraite ou cotisations de toutes sortes à payer. Mais pour l’heure, malgré un encadrement très insuffisant, la mesure a du mérite.


Elle a permis à des projets, généralement de petite taille (le chiffre d’affaire est rappelons-le plafonné) de voir le jour, à des activités au noir d’être légalisées, à certains de compléter leurs revenus et à des personnes de se lancer plus facilement dans une première activité d’entreprise. J’ai moi-même lancé une structure de ce type il y a un an et demi et de nombreux porteurs de projet que je reçois en Mairie y souscrivent.

Il ne faut juste pas demander à l’auto-entreprise d’être une panacée. Pour prendre quelques cas :

1-L’auto-entreprise ne doit pas se substituer à une vraie politique des salaires. Nul ne devrait être obligé pour vivre décemment de cumuler ceci avec une autre activité. Bien sûr, si il s’agit de développer un talent, vivre à temps partiel l’aventure de l’entrepreunariat c’est autre chose.

2-L’auto-entreprise est un état transitoire si on souhaite en faire son activité principale. Les limites amènent souvent à une transformation en structure plus solide type EURL.

3-L’auto-entreprise n’a pas vocation (le droit est clair sur le sujet) à se substituer au salariat. Les dérives qui font que certains employeurs essaient de transformer leurs salariés en auto-entrepreneurs doivent être combattues fermement. Hélas on réduit de plus en plus le droit du travail et on embauche de moins en moins de contrôleurs et d’inspecteurs chargés de faire respecter la loi.

Les ratés qu’il peut y avoir sur l’auto-entreprise sont logiques : facile à monter, ses créateurs n’ont pas toujours de projet précis et/ou viable. Ce qui n’invalide pas l’ensemble de la démarche.



15 réactions


  • globulos nilasse 23 août 2010 12:47

    j’avais une micro-entreprise et on m’avait fortement conseillé de changer de statut et de passer auto-entrepreneur,car me disait on,je paierai moins de charge. je ne l’ai pas fait. normalement les auto-entrepreneur devraient payer plus de charge,pour les couillons comme moi qui ne faisait pas de black,cela m’aurait couté plus cher. ce conseille voulait tout simplement dire,vas y gars,tu pourra faire du black,car l’ AE ne sert en fait qu’a ça et tout le monde le sait. avec 5000 controleurs de l’urssaf pour des millions d’entreprises a verifier,faire des controles revient a pisser dans un violon. de plus l’AE sert aussi le grand patronnat qui ne se sent plus obligé d’embaucher des salariés,il suffit de trouver des AE qui feront le boulot au rabais avec des contrat kleenex. tout ceci n’est que fumisterie.


  • goc goc 23 août 2010 13:00

    le plus gros problème de l’auto-entreprise, c’est le plafonnement des revenus beaucoup trop bas, ce qui oblige les gens a faire du black des qu’ils approchent du chiffre fatidique
    l’autre problème c’est le cout du passage d’auto-entrepreneur a celui d’entrepreneur « classique » quel que soit la formule (sarl, eurl, etc..), justement a cause du plafond trop bas, car il ne faut pas se faire d’illusions, pour devenir un vrai entrepreneur, il faut dégager au minimum 100keuros/an de chiffre d’affaire pour une prestation de service, et 150keuros pour de l’achat/revente


  • M.Junior M.Junior 23 août 2010 13:36

    L’auto-entrepreneuriat est une excellente idée du gouvernement pour faire baisser les chiffres du chômage.

    L’auto-entrepreneur gagne en moyenne 500 euros par mois, c’est une excellente idée du gouvernement pour créer une armée de travailleurs pauvres

    Le statut de l’auto-entrepreneuriat ne permet pas un développement et une évolution vers une entreprise comme le confirme deux chercheurs du CNRS.

    En savoir réellement plus sur ce statut crée par un homme au passé et au présent si trouble :
    Auto-entrepreneur : Chronologie d’un mirage ou les joies de la petite mort


    • voxagora voxagora 23 août 2010 16:13

      l’appellation auto-entrepreneur est ambigüe,

      il y a une analogie avec « entreprise » qui évoque les grandes structures
      et les bénéfices ad-hoc,

      Le terme « travailleur isolé » est plus près de la réalité des faits.

  • ben_voyons_ ! ben_voyons_ ! 23 août 2010 17:01

    Depuis 15 ans,
    grâce d’abord aux vide-greniers,
    puis grâce à l’internet,
    le commerce au noir (ainsi que certaines catégories de travail)
    a littéralement explosé en France.

    Le gouvernement en a été très vite informé.
    Mais il a été décidé en haut lieu de déclarer le problème TABOU
    (et surtout de laisser faire).
    Pur laxisme ou peur de représailles ou d’éclaboussures ?
    Je ne sais.

    Quoi qu’il en soit, la situation n’a cessé de se dégrader.
    Il suffit de se pencher sur les données des 15 dernières
    années du commerce en France, données d’ailleurs très
    difficiles à obtenir, voire apparemment introuvables.
    (les statistiques en ligne des greffes des tribunaux de
    commerce ne proposent plus que les données des années 2009 & 2010 !).

    Qui est le commerçant au noir ?
    C’est généralement une personne (ou carrément la famille entière, couple
    et rejetons), issue des classes moyennes, et surtout issue de milieux aisés,
    propriétaire ou multi-propriétaire.
    Généralement fonctionnaire (éducation nationale), retraité ou salarié (à temps plein).

    Beaucoup utilisent l’alibi de la « collection » pour
    justifier leur bizness très souvent assez impressionnant (ventes se comptant par milliers,
    stocks se comptant en dizaines de milliers d’articles – oui, oui, cela se trouve sans
    problèmes en cherchant un peu sur internet).

    Ces personnes-là vont-elles devenir auto-entrepreneur ?
    Oh que non !!!

    Car on n’a pas pris en compte la détestable mentalité française :

    - l’entrepreneur, c’est un patron, et le patron, c’est un voyou, c’est un exploiteur ;
    on le hait ; comment pourrait-on devenir ce que l’on hait ?

    - l’entrepreneur, c’est l’artisan, le commerçant, dit le « pro » (professionnel) ;
    le « pro », il s’engraisse sur le dos des autres, il achète une misère pour revendre
    une fortune ; le « pro » travaille énormément au noir pour se constituer un magot ;
    on le hait ; comment pourrait-on devenir ce que l’on hait ?

    Je n’invente rien, tout ce qui est écrit ci-dessus se retrouve tous les jours, parfois
    mot pour mot, dans les commentaires de site d’informations, dans les forums (eBay.fr)…
    D’ailleurs, on y constate que pas mal d’internautes considèrent qu’un auto-entrepreneur
    n’est pas un professionnel (véridique !).

    Croire que l’auto-entreprise va régler le problème du commerce clandestin
    en France, même partiellement, est pure stupidité.

    Le statut de l’auto-entrepreneur n’a attiré à ce jour qu’une multitude de personnes
    bercées d’illusions et surtout une masse d’inscrits qui ne déclarent RIEN !

    Le statut de l’auto-entrepreneur est une vaste escroquerie, voire même un
    épouvantable système qui va plonger une bonne partie de la population dans
    une misère définitive et qui va coûter une fortune à la collectivité.
    Si on ne l’arrête pas à temps, les dégâts seront irrémédiables.


  • tchoo 23 août 2010 20:03

    On voit déjà fleurir des offres d’emploi déguisées où l’on vous demande un statut d’indépendant, de fournir des prestations tarifés par le demandeur sans aucune discussion.
    Bref vous faites le boulot, vous le facturez à 30 ou 60 jours au tarif que l’on vous dit et sans discussion.

    Un ami m’expliquait il y a quelques années cette pratique en Australie, où notamment beaucoup de métiers artisanaux fonctionnent comme cela (electricien, plombier......)et il me décrivait les difficultés pour ces personnes de vivre décemment de leur job, à la merci de leur donneur d’ordre, qui fait la pluie et le beau temps.
    On y vient................


  • pigripi pigripi 23 août 2010 20:22

    Yes, le statut d’AE est une entourloupe de plus au profit des patrons cyniques, une escroquerie et un leurre.

    Les AE reçoivent peu de demandes de clients directs mais d’indépendants ou d’entreprises qui ne veulent pas créer d’empli, pas payer de charges, pas d’engagement et bien spur par de problèmes avec les prud’hommes pour licenciment abusif puisque que l’AE est payé à la tâche.

    Pour ce qui est de l’allégement fiscal et social, le forfait représente environ 22% du CA,pas du bénef.
    Alors quand la moyenne de CA mensuel est de 500 €, il vous en reste environ 370 pour vivre mais aussi pour acheter du matériel, payer le gaz et l’électricité, frais de transport et expédition, etc.

    D’autre part, les prestations AE n’étant pas assujettis à la TVA, de nombreuses entreprises refusent les AE puisqu’elles ne peuvent pas déduire la TVA de leurs dépenses.

    Après ces considérations, quoi que prétende l’auteur de l’article, l’AE n’est même pas une bonne idée, c’est une magouille de plus pour tromper les pauvre et aider les riches.


  • Le chien qui danse 23 août 2010 20:33

    Bonjour l’auteur, merci de faire un point en demi teinte sur ce statut, car les commentaires commencent comme d’hab par descendre en flamme.
    Je connais des gens qui sont auto-entrepreneurs et qui ma foi pour le moment s’en sorte pas mal et ne sont plus du coup à pôle emploi, ne se font pas exploiter et savent imposer leur tarifs pour être payés correctement.
    Car quoi qu’il en soit du statut, c’est toujours la qualité de la prestation fournie qui prime.
    Les entreprises n’ont aucun intérêt à employer des auto-entrepreneur comme des kleenex, tout ça n’est que phantasme d’aigris, quand au frais, un salarié qui bosse à moins de 50 kms de chez lui n’a aucune indemnisation ni en énergie ni en repas dans bien des cas et c’est à déduire de la paye.
    C’est un bon statut qui ne convient pas à tous et à tous les cas mais maintenant qu’il à le mérite d’exister il finira par trouver sa place.


  • Croa Croa 23 août 2010 21:45

    « L’auto-entreprise est, je l’ai dit, une des rares bonnes idées du gouvernement. »

    Tout à fait ! Sauf ne nom qui est mal trouvé car ce statut ne convient pas pour une activité principale à plein temps. D’ailleurs beaucoup de critiques reposent sur ce malentendu.


  • Annie 23 août 2010 22:06

    J’ai plutôt une bonne expérience de l’auto-entreprise qui est souvent caricaturée et qui m’a assurée jusqu’ici un plein salaire, cela depuis 14 ans. Les circonstances sont un peu différentes en Angleterre, parce que les formalités sont minimales, et l’on ne paye pas d’impôts ou de cotisations sociales si l’on ne fait pas de bénéfices, qui me semble plutôt logique. Je n’essayerai pas de convaincre ceux et celles qui ne seront jamais convaincus, mais de créer sa petite entreprise, de gérer sa charge de travail et aussi, oui c’est vrai, d’assumer les creux pendant les périodes de récession, comme aujourd’hui n’est pas facile, mais pas plus que d’être menacé périodiquement par le chômage. J’apprécie avant tout ma liberté, même s’il y a un prix à payer. Mais jusqu’ici, la balance penche en faveur de l’auto-entreprise. je précise que j’ai fait dans une autre vie un travail assimilé au fonctionnariat .


  • Blé 24 août 2010 07:06

    Peut-on considérer l’auto entreprise de la même manière en période de plein emploi et de croissance qu’en période de chômage de masse et de récession ?

    Je pense que non. L’individualisme à tout crin c’est bien quand on en a les moyens pour élever ses enfants, se soigner, s’habiller etc....mais un auto entrepreneur qui tombe malade ou a un accident ne s’en sort pas et ceci définitivement. Il n’a plus droit au chômage, ni à la sécu ni à la retraite les trimestres étant considérés comme non travaillé manqueront au moment de la retraite.

    Un auto entrepreneur qui travaille pour son plaisir et qui a déjà un emploi salarié par contre est un vrai plus.


  • iris 24 août 2010 09:43

    et ils se plaindont à leurs retraite d’avoir tant travaillé et de ne riein touché comme retraite -ils n’auront pas cotisé et oublieront car ils n’ont vu dans le présent que le net gagné et l’exonération de charges - comme les commercants, et petits artisans-
    vue à court terme


  • envert94 envert94 24 août 2010 12:36

    http://anti.grande.surfaces.over-blog.com

    Ce système ravi le patronat et l’Etat...et ceux qui veulent travailler au noir.


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