mardi 19 juillet 2011 - par Michel Santi

L’Europe a-t-elle l’étoffe des héros ?

C’est la débâcle, c’est le commencement de la panique amplifiée par la torpeur estivale accompagnée de son inévitable baisse de liquidités. Oui, les marchés financiers vacillent et – oui – les stress tests des banques européennes se sont révélés un fiasco honteux pour avoir ignoré les conséquences sur les établissements de l’Union d’un défaut de paiement grec !

Après 18 mois de crise européenne, il est tellement lassant de tirer les mêmes constatations : nos dirigeants sont absolument incapables de réagir avec fermeté et compétence face à la menace – tous les jours un peu plus palpable – de la liquéfaction de l’Euro. Et, pendant ce temps, nul ne sait où est, ni ce que peux bien faire, la BCE… ni la raison de sa paralysie face à l’Italie contrainte de payer 6% pour ses emprunts à 10 ans. Car il va de soi que ce pays, qui souffre déjà d’une mièvre croissance endémique combinée à des déficits substantiels, ne saurait survivre longtemps en réglant de tels intérêts sur son financement.

Pourquoi la BCE n’émet-elle pas un signal sans équivoque en direction des marchés en achetant les Bons du Trésor italiens ? Pourquoi diable ne stoppe-t-elle pas l’hémorragie ? Est-ce trop exiger d’elle alors que c’est exactement ce qu’aurait fait la Réserve Fédérale ou – nous européens – est-on en droit de sempiternellement subir des dirigeants politiques et économiques velléitaires, tétanisés et uniquement capables d’accoucher de solutions qui ne fonctionnent que sur le court terme ? Les dirigeants de l’Union, comme pour ceux de la BCE, ont en effet érigé l’immobilisme et la confusion en art.

De réunions stériles en décisions caractérisées par les demi-mesures, voilà que l’on nous promet des miracles pour la prochaine échéance décisive de Jeudi prochain. Pourtant, en l’absence d’engagements irrévocables, ce sommet risque de se transformer en blanc seing aux spéculateurs qui, dès lors, ne se gêneront pas pour faire un massacre sur les marchés globaux. Madame Merkel, Monsieur Sarkozy : ayez l’autorité -et faites preuve de leadership- en prenant la décision historique que chacun des pays de l’Union garantisse irrévocablement les engagements financiers de tous les autres ! Passez outre aux réticences d’une partie de votre électorat et, ce faisant, donnez la priorité à la survie de l’Union et de ses peuples plutôt qu’à vos carrières respectives.

Car, sans décision de ce calibre à même de démontrer enfin de votre indéniable volonté de sortir de cette crise, cette fin de semaine et cet été se termineront en un bain de sang !



12 réactions


  • Montagnais .. FRIDA Montagnais 19 juillet 2011 11:23

    Bonjour, 


    Vous continuez à développer votre analyse de façon très-intéressante. Vous nous tenez en alène, piqué au vif, vous nous percez le cuir et nous plongez dans les tourments avec beaucoup de talent.

    Mais, c’est quoi la fermeté que vous appelez de vos voeux ? C’est quoi stopper l’hémorragie ?

    Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour aider ?

    Si l’éponge est (brutalement) passée, qui va se retrouver à poil ? 

    La dette ! La dette ! A longueur de papier, à longueur de spectron, à longueur de préoccupations.. On en est tout seringué.

    Mais les créanciers ? Où ce qu’on en parle de ces ceusses suceurs ? Qui c’est ? On les voit jamais ces gnaffons, personne sait où ils sont. Leurs noms ?

    On creuse des trous, des trous, des abîmes, des puits sans fonds, endettés par milliards de millions, des abysses, des montagnes à l’envers, des précipices.. Où elle va la terre enlevée ?

    Même les docteurs en haute-économiste-spécialisée savent pas dire. Comment voulez-vous.. Nous..

    Pourriez-vous nous dire avec précision ce qui va se passer maintenant ? Faut stocker des provisions ? Oui ou non ? Retirer les sous ? Oui ou non ? Quitter le pays ? Non ou oui ?

    Enfin, c’est tellement le bordel en ce moment qu’avec les voisins Mimile et Leguignon, on vient d’inaugurer notre nouveau mouvement du Tea Party à l’européenne : apéro-pinard.

    C’est sur que ça va faire tâche.

    • Piotrek Piotrek 19 juillet 2011 13:43

      Mais les créanciers ? Où ce qu’on en parle de ces ceusses suceurs ? Qui c’est ? On les voit jamais ces gnaffons, personne sait où ils sont. Leurs noms ?

      Il faut commencer par expliquer les mechanisme du crédit :
      Création monétaire
      Effet Multiplicateur du crédit
      Réserves obligatoires

      Enfin pour savoir si vous faites partie de ces méchants créanciers il faut vous addresser à votre officine banquaire pour vos plans d’épargne, votre organisme de retraitre complémentaire, au directeur financier de la boite ou vous travaillez, savoir si votre commune a fait quelques placements risqués etc etc...

      Pourriez-vous nous dire avec précision ce qui va se passer maintenant ? Faut stocker des provisions ? Oui ou non ? Retirer les sous ? Oui ou non ? Quitter le pays ? Non ou oui ?

      Dans le meilleur des cas, les financiers remettent à plat les dettes au niveau mondial, les pays epousent l’austérité et on continue comme avant
      Dans le pire, pire des cas, un potager et des poules vous assureront un rendement sans équivalent sur le marché... du coin.


    • Montagnais .. FRIDA Montagnais 19 juillet 2011 15:14

      Ah ! Merci, je vois, il se pourrait bien que je soye un peu créancier, mais chouya chouya.. Et vous ?


      J’ai vu dans vos sources que le RRR en Euroland c’est 2%. Pas étonnant que ce soit la déroute, la banqueroute. Et encore, le 2, il est respecté ? Et encore, comment comptent les’instruments du marché monétaire« , vous savez, ces fafiots qu’on fait circuler en doublant leur valeur à chaque passe.

      Quant au dernier conseil, on ne peut que le partager.. Mais faudra pu penser a acheter des yotes cigars de 100 m de long à Sintripoux, des tas de ferraille à 40 soupapes et dépenser des tonnes de Kérosène pour aller pisser contre le Tajmahal en »vacances", boire un verre en Thailande et aller taper sur la têtes aux Libyens..

      D’un côté, ça va en arranger des choses. 

    • lechoux 20 juillet 2011 15:41

      Bien dit !!!

      Apéro pinard pour moi aussi, surtout le 4 Août, pour fêter la mort effective du dollar US.

      PS : Je n’englobe plus les deux amériques dans les Etats-Unis, car l’amérique c’est grand !


  • Francis, agnotologue JL 19 juillet 2011 11:46

    « que chacun des pays de l’Union garantisse irrévocablement les engagements financiers de tous les autres ! »

     !!!

    Pas d’accord pour que l’on garantisse des dettes qu’il faudrait rembourser à des taux d’usure !

    Les marchés financiers comptent sur des Etats qu’ils n’ont eu de cesse de vouloir tuer pour garantir et augmenter leur trésors de guerre (des classes ?) !!!

     Y en a qui osent tout, décidément !

    La solution, la seule : en finir avec ce système maffieux qui oblige les Etats à emprunter auprès des banques, lesquelles font commerce de prêter à ces « émetteurs de dettes » comme elles les appellent, pour revendre avec profit cette dette à des gens qui ont trop déjà d’argent !


  • PhilVite PhilVite 19 juillet 2011 14:17

    « Passez outre aux réticences d’une partie de votre électorat et, ce faisant, donnez la priorité à la survie de l’Union »

    Si ma mémoire est bonne ils l’ont déjà fait, et on en voit le magnifique résultat aujourd’hui ! Et demain, le bain de sang que vous évoquez n’aura pas d’autre cause.
    Il vaudrait mieux prendre acte une bonne fois pour toutes que cette usine à gaz ne fonctionne pas et en tirer rapidement les conclusions qui s’imposent (et s’imposeront quoiqu’il arrive tôt ou tard avec plus ou moins de fracas).


    • Michel Santi Michel Santi 19 juillet 2011 17:13

      J’ai hâte que cette heure arrive...


    • Michel Santi Michel Santi 19 juillet 2011 17:24

      Calmez-vous mon cher et, surtout, donnez-vous la peine de me lire et de me comprendre ... car il semblerait que vous soyez bien le seul à croire que je prêche en faveur des financiers et de leurs abus.

      Un peu moins de colère ramènerait peut-être votre compréhension

    • Michel Santi Michel Santi 19 juillet 2011 18:47

      J’ai aussi voté non en 2005 car je suis entièrement contre l’Europe des technocrates et des oligarchies.

      Sachez cependant que seules deux - et deux seules ! - solutions permettront au peuple grec de souffler : 
      la sortie immédiate de l’Euro
      ou le cautionnement par tous les membres de l’Union de leur dette.

      Et je ne souhaite pas cette dernière éventualité pour sauver la mise aux investisseurs ou aux banquiers ... non : simplement pour soulager les grecs.

      Comme vous le constatez, celà mettra bien-sûr du beurre dans les épinards des investisseurs mais doit-on faire un suicide collectif sous le seul prétexte (certes légitime) de flinguer en même temps les banquiers... ?

  • Taverne Taverne 19 juillet 2011 16:40

    Ouah ah ah ah ! Mettre « Europe » et « héros » dans la même phrase, il fallait oser. Merci ! C’est bon de rire...


  • gonehilare gonehilare 19 juillet 2011 22:03
    « Passez outre aux réticences d’une partie de votre électorat... »

    Depuis Lisbonne, question de passer outre... s’en privent pas !

    Un poil provocant quand on pense qu’après avoir difficilement convaincu une courte majorité de français d’embarquer sur un rafiot sans capitaine, on nous explique aujourd’hui que l’incompétence de l’équipage n’est pas une raison suffisante pour vouloir débarquer avant le naufrage....

  • lechoux 20 juillet 2011 16:03

    D’un point de vue monétaire, la solidarité s’impose. Imaginez que nous lâchions les auvergnat sous le prétexte que les 1000 vaches consomment trop de foin. Quelle monnaie utiliseraient les « Arvènes »(un peu d’histoire) ?

    Comment peut-on considérer que nus utilision la même monnaie sans être solidaires lors des coups durs ? Nous avons bien utilisé la même monnaie sans avoir la même fiscalité, ça c’est une preuve de compétences de nos brillants ronds de cuir.

    L’Euro est l’arme secrète ultra-libérale qui a permis de siphonner les économie des pays les plus faibles, au profit des économies les plus fortes : Allemagne, France, Luxembourg, Pays-Bas.

    Visionnez le film sur la crise Argentine ; c’est ce mécanisme qui a causé la perte de ce pays, avec la complicité de leur président Carlos Menem.

    Le mécanisme :

    Phase 1 : 1 peso argentin= 1 dollar US.
    Les conséquences : les argentins deviennent plus riches, ils achètent des produits US au détriment de leur production locale de moindre qualité, destruction d’emplois, emprunt en dollars US.
    Phase 2 : décrochement du peso, chômage, endettement multiplié, intérêts astronomiques.


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