lundi 4 mai 2015 - par Robert GIL

L’utopie, c’est la réalité de demain !

Fin 2010 j’écrivais cela : « Devant l’apathie de nos concitoyens, les patrons pourraient proposer de revenir à 10 H par jour, 2 semaines de congés par an et diminuer les salaires de 30% ; ils n’auraient qu’à dire qu’avec la mondialisation on ne peut pas faire autrement : « la conjoncture économique nous oblige à prendre des mesures radicales » ! Ils pourraient aussi repousser l’âge de la retraite à 75 ans, supprimer la sécurité sociale, et nous obliger à faire 8 jours de travail de solidarité ! » … je suis sur qu’à l’époque, nombreux se sont dit : « n’importe quoi, ça n’arrivera jamais ! » … alors faites une liste de ce qui ne devait jamais arriver, vous allez être surpris ! Le Medef, les banquiers, les rentiers, bref, toute la grande bourgeoisie qui dirige la société et qui n’a jamais accepté la plus petite avancée sociale a compris qu’elle peut porter un coup décisif pour liquider l’héritage de décennies de luttes ouvrières.

L’utopie du patronat n’est pas la même que la notre, c’est sûr, mais la leur gagne du terrain. Une entreprise qui licencie et qui distribue des supers bonus à ses cadres, c’est la réalité. Une banque au bord de la faillite, soutenue par de l’argent public et qui donne des primes exorbitantes à ses tradeurs, ça existe. Des biens publics qui sont bradés à des copains, c’est vrai. Un président de la république arrivant au pouvoir en annonçant que les caisses sont vides et qui en même temps se double son salaire : c’était du domaine de l’impensable, et pourtant … et le suivant qui se prétends socialiste et qui fait cadeaux sur cadeaux au patronat, c’est ce qui se passe en ce moment !

Il y a 20 ans dans un conseil d’administration, un actionnaire a dit : il nous faut une rentabilité à deux chiffres. Tous ceux qui étaient présent ont dit, ce n’est pas possible, c’est de l’utopie ! Eh bien, les utopistes du capital ont prouvé à leurs semblables que l’utopie n’était qu’une question de volonté : recul de l’âge de la retraite pour les salariés, privatisation des entreprises publiques, démantèlement de l’école et de la santé, gel des salaires pour les pauvres et allégements fiscaux pour les plus riches, …

Plus leur utopie avance, et plus nos libertés reculent. Nous sommes capables d’être violent envers quelqu’un qui nous vole notre voiture, mais nous acceptons que des gens pleins aux as, qui nous méprisent et nous exploitent précarisent notre avenir et celui de nos enfants ! Beaucoup acceptent sans bouger que l’on nous prive de nos droits, de notre système de santé simplement parce que certain l’ont décidé. Leur explication est simple : on ne peut pas faire autrement !
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Rappelons à ceux qui nous rebattent les oreilles que la financiarisation est source de progrès favorisant l’investissement, l’emploi et l’innovation, rappelons leur qu’avant la dérèglementation financière, sans les tradeurs, les fonds d’investissement et les rendements à 20%, la croissance était de 5%, le chômage et la dette nulle ou presque. Rappelez-vous, ce n’est pas si vieux !!!
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Ce qui était impossible pour eux il y a 30 ans est super facile aujourd’hui. Grâce aux luttes et aux legs de nos anciens, notre génération a été pour beaucoup à l’abri du besoin, le monde du travail était soumis à des règles, la protection sociale développée, les prix encadrés et l’avenir ouvert. Nous nous sommes donc laissé endormir. Pendant ce temps le capital et le grand patronat n’a jamais cessé de lutter contre cet état de fait. Nous, nous avons baissé les bras ....
 

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6 réactions


  • Diogène diogène 4 mai 2015 17:02

    On ne peut pas comprendre ce qui se passe si on limite l’analyse à notre hexagone. Les modalités de la mondialisation impériale actuelle ne sont pas seulement dictées par les logiques économiques et sociales. Elles répondent à la nouvelle donne politique consécutive à la chute du Mur de Berlin, à la réunification allemande, à la désintégration de l’Union Soviétique et de son glacis. L’équilibre mondial bipolaire négocié à Yalta et à Postdam a été maintenu pendant un demi-siècle. Sa rupture met à l’ordre du jour un nouveau partage du monde, tel qu’il s’en est produit au XIXe siècle avec le traité de Vienne de 1815 et la conférence de Berlin de 1885 et, au XXe siècle, avec les grands traités consécutifs aux deux guerres mondiales. La partie ne se joue pas pacifiquement dans les assmblées de chaque nation. Les positions s’établissent et se distribuent par les armes. Le militarisme va de pair avec l’impérialisme. La mondialisation libérale est aussi une mondialisation armée.

    Les résistants de la seconde guerre mondiale n’avaient pas déposé leurs armes quand ils on mis en place les lois sociales de la libération. Le rapport de forces était en leur faveur. Il aura fallu trois générations et des bouleversements géopolitiques planétaires pour que ce rapport s’inverse à nouveau. Aujourd’hui, c’est la puissance d’un empire qui impose sa loi. Pour l’affronter, une union internationale et une volonté de combattre sont nécessaires. Ces deux réalités ne sont pas là !


  • colere48 colere48 4 mai 2015 18:13

    « la lutte des classes existe, nous l’avons gagnée » (Warren Buffett, milliardaire)

    « Il n’y en a qu’une qui gagne depuis que le capitalisme existe, la classe des capitalistes. En face, des milliers de classes, sous-classes, sous-catégories, sous-espèces, du prolo au boucher, en passant par le prof, le plombier et d’autres. Ces milliers de cocus ne savent-ils pas qu’ils se font cocufier à longueur de journée par les banquiers ? Ne savent-ils pas qu’ils ont voté pour des gens qui leur ont promis de faire la peau aux banquiers et ne feront rien ? Si. Alors, s’ils sont cocus et qu’en plus ils payent la chambre, qu’ils ne viennent pas pleurer que les cornes sont trop lourdes. « Le problème du prolétariat, c’est qu’il aime se faire enc... ». (Wilhelm Reich). »


    • Michel Donceel Michel Donceel 6 mai 2015 09:43

      @colere48

      La citation de Wilhelm Reich n’est pas rigoureusement exacte, ( de toutes façons on s’en fout, on n’est pas universitaires ), mais, en gros, c’est à peu près ce qu’il explique dans la plupart de ses livres d’avant 1940.


  • Samson Samson 4 mai 2015 19:37

    Au train où c’est parti, les privilèges de l’aristocratie ne représentent déjà plus que de la roupie de sansonnet au regard du pouvoir accumulé par les nouveaux maîtres de la planète.

    Après les rebuffades successives du Millenium Round, de la Constitution €uropéenne, de l’AMI, c’est encore une fois la même soupe qu’on veut nous resservir avec les accords TTIP/TAFTA : le plus étonnant n’est-il pas qu’ils s’échinent encore - de moins en moins, à vrai dire ! - à maintenir un vernis « démocratique » à ce « There Is No Alternative » dont ils nous rebattent inlassablement les oreilles pour mieux nous spolier ?

    Pourvu que nos idiots utiles - $ociali$tes ou non et qu’ils soient polémistes, experts à la botte, politiciens ou journaleux - persistent à nous bercer au même sirop, qu’ils se dépêchent pour gratification de leur flagornerie de vite encore grappiller quelques miettes du gâteau, bientôt il n’en restera plus rien et leurs maîtres sauront après la nôtre faire l’économie de cette bien peu reluisante valetaille qui leur cire les pompes.

    « Delenda Carthago ! »  smiley


  • sls0 sls0 4 mai 2015 22:19

    Par définition l’utopie est utopique, à la lecture de cet excellent article je ne pose des questions.

    Si je remplace le mot utopie par le mot but, je sauve la définition.

    A part un épisode d’une centaine d’années* dont les trente glorieuses ont été le summum, le 1% le plus riche a toujours atteint son but, la croissance des trente glorieuses et deux guerres mondiales qui ont échappées à leur contrôle les ont perturbé. Allez maintenant on rentre le troupeau à la bergerie.
    Expérience intéressante la classe moyenne mais pas franchement rentable et en plus elle fait des études qui pour certains permet de voir le monde tel qu’il est, mauvaise pioche. Un retour à la précarité et le libre arbitre saute.
    * Essentiellement dû à l’accès à une énergie disponible à l’infini, le charbon mais surtout le pétrole. On s’aperçoit que l’infini est fini, un changement s’impose.

    Je réside dans un pays pauvre, pour le riche, comme c’est cool le pauvre, il obéit sans discuter, il est très disponible limite obséquieux, un peu de charité et c’est le pied.

    Il y a pas photo pour le riche s’il faut mondialiser quelque chose c’est la pauvreté.
    Plus besoin d’excuse de marchés, de croissances, le pauvre n’en a pas besoin il est intellectuellement dans sa castre de pauvre.

    La castre de pauvre, venez donc dans un pays pauvre et invitez un pauvre à votre table, vous verrez s’il est à l’aise. Vous donnez une somme d’argent pour améliorer les conditions de vie, ce sera des dépenses de pauvres très entropiques qui ne le feront pas sortir de sa condition de pauvre la plupart du temps. On comprendra que je ne sponsorise que des études et du bien publique.

    Autre chose que j’ai vu en vivant dans un pays pauvre c’est que le pauvre qui est exploité exploite plus pauvre que lui, bonjour la solidarité.
    Parler de réforme ou de révolution ne marche que s’il y a une majorité qui crève de faim et que dans le lot il y en a qui ont fait des études.
    C’est plutôt de révolte qu’on parle, la révolution il faut parfois si ce n’est pas toujours du 1% pour que ça fonctionne.

    Oui c’est dégueulasse mais tellement humain, il suffit de regarder en arrière.


  • ZenZoe ZenZoe 6 mai 2015 09:24

    Parlant d’utopie, la plus grande arnaque des élites a été de faire croire aux gens que la lutte des classes était devenue inutile, que l’origine sociale n’avait plus d’importance, que chacun avait sa chance et pouvait rêver de faire partie des élites, manger du caviar et boire du champagne dans des flûtes en crystal.
    Plus besoin de se battre collectivement donc, il s’agissait juste de travailler dur en baissant la tête. Et maintenant que le travail manque, que l’écart entre riches et pauvres s’agrandit de manière hallucinante, que les rêves des plus modestes s’effondrent, la supercherie devient évidente, eh oui...


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