jeudi 3 juin 2010 - par Bernard Dugué

La crise économique a commencé en 2002 et le monde va mal

Où sommes-nous ? Je parle d’une position dans le temps et non pas l’espace. Le monde matériel est millimétré. L’étendue est homogène, parsemée de segments juxtaposés. Les segments créent des parcelles. Les humains s’approprient ces parcelles. Ils inventent le droit et les armes pour défendre leur parcelle. On appelle cela la propriété. Les parcelles s’échangent contre de l’argent. On appelle cela le marché. Certaines parcelles ont des prix démesurés. On appelle cela la bulle spéculative. Quand on ne peut plus acheter les parcelles, on appelle cela la crise. L’espace est soumis à la tectonique du marché. L’argent permet d’acheter de l’espace et de l’occuper. Il y a très longtemps, les continents étaient rattachés. Il y a eu la tectonique des plaques. Des espèces ont occupé tout l’espace possible. On appelle cela la sélection naturelle. C’était il y a longtemps. Maintenant, des humains sont chassés de chez eux. On appelle cela la loi du marché, ou si on veut, la tectonique financière. Par exemple, des parcelles africaines sont devenues la propriété des Chinois qui envoient des travailleurs et même des prostituées paraît-il. L’époque de la transformation des espèces et de l’hominisation nous semble lointaine. Etrange, on utilise une notion spatiale pour exprimer une distance temporelle. C’est quand on s’en rapproche qu’on comprend à quel point l’éternité c’est loin, dirait le moine zen.

Et tant que la crise n’éclate pas, nous nous sentons loin de l’échéance. Il se dit dans les médias qu’une crise a commencé un jour d’automne 2008, non pas quand la bourse a décroché mais lorsqu’une banque prestigieuse, fondée en 1850, a déposé le bilan. A ce moment précis, quand la nouvelle de l’issue fatale de Lehman Brother s’est répandue, les analystes et autres commentateurs on dit que la crise avait commencé et que nous étions dans une autre temporalité. Avant, il n’y avait pas la crise. En vérité, cette crise avait commencé quelque part en l’an 2000. Notez une fois de plus l’usage d’un vocable spatial pour désigner le temps. Ce quelque part, ce n’est pas un lieu défini mais une fourchette de temps. La crise a peut être commencé fin 1999, ou bien début 2002, avec entre-temps cet événement qui lui aussi, sépare deux époques selon les historiens pas toujours d’accord. Avant il y avait deux grandes tours à New York, après, elles n’étaient plus là. Nul ne peut dire si cet événement a focalisé les intellectuels au point qu’on en oublie la crise. En 2003, les Etats-Unis ont envahi l’Irak. De quoi oublier la crise et qui sait, d’y apporter une solution parmi tant d’autres. Il se dit que les gouvernants se servent des conflits pour faire passer les crises auprès des populations, ou alors que quand une crise se dessine, elle est propice au déclenchement des guerres. La crise de 1929 a-t-elle joué un rôle (1, accessoire, 2, notable, 3, important, 4, déterminant, rayer les mentions inutiles) dans le déclenchement de la guerre en 1939 ?

En 2002, en 2004, en 2006, nous étions sans doute en crise sans le savoir. Les intellos du comptoir se plaisent à raconter cette histoire de la grenouille placée dans une marmite chauffée à petit feu. La température s’élève lentement. La grenouille s’y habitue et fait comme si elle pouvait rester dans la marmite ad eternam. Sauf qu’à un moment, le seuil est tel que la grenouille se sent cuite. C’est trop tard. Elle n’a plus la force de sortir. Les pessimistes servent cette fable pour expliquer la situation climatique, écologique, voire sociale. A un moment disent-ils, c’est comme dans l’histoire de la grenouille, on ne peut plus rien faire. Méfions-nous de ces fables. Le réel est bien plus complexe et inattendu mais dans certains secteurs, on peut penser que les signes d’un malaise ou d’une crise sont présents mais que, le système continuant à fonctionner, on peut faire comme s’il n’y avait pas de crise en escomptant un rétablissement et le retour des indicateurs dans le vert. Nous étions peut-être en crise en 2000 et depuis, les politiques, monétaires, bancaires, associées aux bulles immobilières et autres, on aggravé la situation en voulant la solutionner. C’est un peu l’histoire d’un alcoolique prétendant pouvoir se sevrer sereinement mais qui demande qu’on augmente la livraison de bouteilles afin qu’il puisse se donner du cœur à l’ouvrage en ingurgitant de plus en plus de liquide.

Les économistes disent que les liquidités ont disparu. Qui les a bues ? Les économistes épris de vertu ne traquent pas les alcooliques. Ils préfèrent parler de la cupidité du monde de la finance. Cette formule est facile. C’est qui le monde de la finance ? C’est un peu comme les marchés. On ne sait pas qui c’est, mais ce sont des choses qui sont plus puissantes que les gouvernement selon un bon mot de Ron Paul, membre du parti républicain américain et ancien candidat aux primaires.

Les marchés, imaginons-les comme un grand fleuve que les gouvernants voudraient détourner pour qu’il puisse irriguer l’économie au service des gens. Attention à l’image trompeuse, car ce fleuve est insaisissable, noyé dans les tuyauteries numériques et les faisceaux hertziens. C’est juste l’image de la force qu’il faut utiliser. Que faire alors ? C’est assez simple dans le principe. Créer un système d’arrosage et faire pleuvoir un peu d’argent là où l’économie est aride. Cela s’appelle la monéthique, ou la planche à billet, et donner de l’argent à tous les citoyens. C’est sale de donner de l’argent ? Pourtant, Mauss a dit que le don crée du lien social, mais lit-on encore Mauss ? Les banques centrales se sont trompées en alimentant le grand fleuve des marchés pour éviter les dépôts de bilan. C’est une manière de stabiliser la crise. Les gens vont s’y habituer, sauf les plus précaires. En 2001 j’avais déjà suggéré cette idée de monéthique. Peut-être que pour les puissants et les riches, la situation de crise est plus intéressante. Les difficultés des populations n’empêchent nullement les pays de s’entendre pour créer des marchés parallèles permettant de faire des affaires plus efficacement qu’en passant par la Bourse. On appelle ces plates-formes les « dark pool ». Qui portent du restent bien leur nom puisque les médias de masse n’en parlent pas. 

La civilisation ne s’effondre pas mais elle s’effrite. Les ennemis de la civilisation sont désignés dans les médias. Ils sont barbus, lisent un seul livre, obligent leurs femmes à porter une burqa, interdisent la musique occidentale et dynamitent des statues de Bouddha vieilles de millénaires et classées au patrimoine de l’Unesco. En Occident, on se défend d’attaquer la civilisation mais comme un héritage culturel demande des moyens et que les caisses sont vides, on prend un canif et on taille quelques petits morceaux de notre statue séculière qu’est l’éducation nationale. On met un élève de plus par classe. On tente l’expérience d’alléger les cours en proposant aux élèves du sport l’après-midi. Des petits coups portés à la politique de civilisation. Des accrocs aux aides sociales, à la recherche, à la formation, à tout ce qui est culturel et qui selon les comptables du gouvernement coûte trop cher. Cela avait commencé bien avant 2008. Rappelons-nous la fronde des chercheurs, sous le gouvernement Raffarin, l’affaire du CPE, sous le gouvernement de Villepin. Et puis tout ces petits arrangements. Le RSA plus difficile à obtenir que le RMI et auquel on retranche un montant en fonction de l’épargne du bénéficiaire. Un pauvre, ça doit pas avoir de l’épargne, même pas un livret A. Le minimum vieillesse qu’on récupère sur l’héritage. Un vieux pauvre, ça ne soit pas transmettre le peu dont il dispose à ses enfants, même pas un petit deux-pièces en banlieue. Les intermittents du spectacle se plaignent depuis des années, alors que beaucoup de médicaments sont déremboursés, que le forfait hospitalier augmente, que la santé devient de plus en plus onéreuse pour les plus pauvres. Tous ces petits signes n’ont pas commencé en 2008. La crise était déjà présente, dès 2002.

Où sommes-nous ? En 2010 ou en 1940 ? Beaucoup de nuages s’abattent sur l’Occident. En 2002, nous étions en 1932. L’Occident a évité la grande dépression en usant de facilités monétaires, de crédits, de dettes souveraines, mais aussi du dynamisme des pays émergents qui sont devenus des NPI et ont largement atténué l’impasse économique dans laquelle se sont trouvées les pays avancés depuis 2002. Au Japon, la crise dure depuis 1992. Là-bas, le pays est en permanence en crise politique, comme le montre la récente démission du premier ministre. Mais chez nous, qui peut dire qu’il n’y a pas de crise politique quand on sait les résultats de l’élection de 2002 en France mais aussi la situation politique en Italie, Allemagne, Grande-Bretagne, Belgique, Etats-Unis, Espagne. Les gouvernants auraient-ils perdu le gouvernail, ou alors la vigie ? Un navire de civils se fait sauvagement attaquer par des terroristes d’Etat en Méditerranée alors qu’en Corée, une frégate a été torpillée et qu’en Thaïlande, près de cent morts ont marqué une guerre civile toute récente.

Un mot d’ordre. Changement de régime ! A méditer sur le plan de la philosophie politique. Le régime tel qu’il est porté par une génération de politiciens, voire un parti, mais aussi dans des rouages institutionnels et quelques lois organiques. Un second mot d’ordre, amplification des valeurs ! Le financiarisme est une forme de nihilisme. Au début du siècle précédent, l’Allemagne a été traversée par le nihilisme dirigé contre les valeurs matérialistes et bourgeoises. Selon Léo Strauss, c’est l’explication fondamentale du nazisme. Alors attention au nihilisme financier dirigé contre les valeurs humanistes. Le culte de l’argent peut se faire au mépris du souci des civilisations, des cultures et des gens.

(Une suggestion. Un revenu pour tous ! A bas l’écologisme ! A bas le principe de précaution ! A bas le développement durable et la voiture électrique ! A bas les riches parvenus ! Vive l’apprentissage des arts, des techniques et de la culture pour toute la jeunesse et pour toute une vie ! Non au dressage industriel des étudiants par le protocole de Bologne. Place aux arts libéraux ! Merde au protocole de Lisbonne ! Et toi, André Breton, reviens parmi nous, prend un pistolet et tire en l’air pour réveiller tous ces gens qui dorment ! )



14 réactions


  • Alpo47 Alpo47 3 juin 2010 10:07

    Je dois faire partie des « intellos de comptoir » qui pensent ... à leur manière ?
    Je n’ai pas votre CV, mais je fais de mon mieux. Modestement. L’important n’est il pas de penser par soi même et d’éviter ceux qui prétendent donner des leçons ?
    Ah, ces intellectuels ... seuls au monde .

    Pour ce qui est de notre société, demain sera pire qu’aujourd’hui.


  • BABAYAYA BABAYAYA 3 juin 2010 10:10

    bonjour bernard, 


    je partage certaines de vos valeurs, c’est un fait, pas toutes mais finallement je m’y retrouve assez........
    c’est un vrai déçu de droite qui vous dis ça...(mais j’avais quand même pas poussé au point de voter pour niko en 2007, j’avais voté blanc)

  • Thierry LEITZ 3 juin 2010 10:39

    Bernard,

    Quelle que soit la bonne idée, il faudra mobiliser des moyens, expression de la volonté publique pour y parvenir.

    Or, nous dépensons dans notre beau pays, en 2008,  80 milliards d’€ pour la défense (34mds, pour quelle « guerre ») et la dette (46mds ses seuls intérêts afin d’enrichir de gros possédants aux 2/3 étrangers). smiley Remontons 10 ans en arrière pour savoir où disparaît la richesse publique : vers les trafiquants d’armes et les gros financiers. smiley

    Personne pour s’en émouvoir ni ébaucher un début de sortie de cet enfer financier...

    Quant à taxer les plus-values, l’épargne de façon progressive, rétablir la progressivité partout, tant dans l’impôt que le bénéfice de la solidarité, rendre à l’Etat son autonomie monétaire... Silence radios et tv (encore plus)

    « Ce qui est tortueux ne saurait être redressé », s’applique parfaitement à notre époque.


  • pmxr pmxr 3 juin 2010 11:07

    Avant on avait besoin de sous pour produire ... maintenant on cherche à faire des sous avec des sous ! (le serpent à déjà commencé à se mordre la queue)


  • paul mohad dhib 3 juin 2010 12:10

    Salut Bernard dugue,

    je pense , mais c’est vraiment par soucis de contradiction pure, que la crise a commencé il y a des milliers d’années, la crise c’est un etat permanent du cerveau humain, qui se complaît uniquement en mode binaire o/1, oui ou non...toutes nos actions découlent de ce 0/1 ce oui ou non, ca s’appelle une conclusion binaire ,une opinion, basée sur l’expérience et les goûts personnels....il y a le camp des o et le camps des 1, totalement antagonistes, un + ou - qui court circuite, c’est notre fameux ego, ou cerveau analytique/ordinateur ou le nom que vous voulez....
    chaque humain passe sa vie dans des choix multiples , ca c’est une extension du programme de l’analyse qui a cette extension automatique qui déclenche une opinion, cette opinion est antagoniste de tout ce qui n’est pas elle, la est l’origine de la violence, la est l’origine de la guerre, la est l’origine de la démence humaine, dans ce divorce opéré par une partie du cerveau...
    Il n’est d’ailleurs même pas besoin d’ennemi pour être dans la violence et l’antagonisme, même par rapport a soi même ca marche aussi...a vous devoir ce que j’entends par la...
    bon une piste, j’ai tel caractère ,je peux nier ce fait et « imaginer » que je suis diffèrent, le mensonge a soi même, les exemples sont légions
    La démence humaines, que quasiment tout le monde ,sauf exceptions ,refuse de voir, car c’est trop perturbant pour une vie bourgeoise passée a éviter les contrariétés , dur de voir qu’il y a un lien direct entre une vie bourgeoise et la guerre, ca ferait tache dans un CV, non ?ce qui dit comme cela est valable quelque soit la taille du porte feuille...bien sur
    Je remonte dans le temps et la mythologie Adam et Ève, ils ont goûté aux fruits de l’arbre de la connaissance, et quittes le paradis, ..l’arbre de la connaissance, et si c’était notre petit cerveau anlytique /ego, les fruits de la connaissance sont issus de cet ego ( mémoire personnelles+ analyse= opinions= capacités techniques = connaissance mémorisée etc ...etc.... )
    je fais court ,pas le temps ce matin, alors notre ego que je dis être un ordi qui fonctionne tout seul est le problème, il est un moyen pour survivre, il doit se trouver sous le contrôle d’autre chose pour rester dans sa compétence qui va de comment rentrer chez soi a Hiroshima, en passant par la greffe du coeur, les avions, le frigo et......la guerre....
    le problème c’est que l’ego origine des problèmes ignore totalement qu’il est le problème, et il veut résoudre les problèmes que lui même a crée, sans avoir l’intelligence de le voir, car en vivant sous la terreur de ce cerveau analytique nous avons des capacités exprimées en général par le Q.I, est de l’intelligence ? regardons l’histoire des humains, la réponse est cinglante, nous ne sommes pas intelligents....
    en revenant au mythe de Adam et Ève, et peu importe d’où il vient, pour écrire cela, c’est soit une intuition géniale qui pour moi sont toujours issues de L’UNIVERS qui nous « parle », ou un hasard...ou alors...l’expérience de quelqu’un qui connaissait cet autre partie du cerveau, celle qui nous manque a tous, et je prétends qu’elle est en nous, elle doit s’éveiller......
    mais a passer sa vie a fuir l’idée de sa mort donc en quête de sécurité illusoire, nous sommes tout simplement totalement a cote de la plaque.....
    cette autre capacité, sait qu’un humain n’a rien a achever, l’ego est notre outil pour la vie pratique, mais il prends le contrôle total avec son oui/non si lassant, on a une opinion sur tout et tout le temps, ca vous dirait de sortir de la ?????
    c’est mon chemin, il permet de poser son fardeau, petit a petit, de poser tout le fardeau , et un jours de solutionner tout problème quand il se crée ,ne lui laissant pas prendre corps...c’est le chemin de la connaissance de soi.....des mecs cool genre buddha en avait parle je crois...
    je dois partir...
    salut


  • iris 3 juin 2010 14:34

    2002 ou 1972 ??


  • ZEN ZEN 3 juin 2010 14:41

    Faites des économies
    Roulez à vélo !
    L’exemple vient d’en haut... smiley


  • BA 3 juin 2010 15:14

    Le soi-disant «  plan de stabilisation  » de 750 milliards d’euros n’a rassuré les investisseurs internationaux que pendant deux jours : le 10 mai et le 11 mai.

     

    Depuis le 12 mai, les taux d’intérêt des obligations de l’Etat espagnol sont repartis à la hausse.

    Le 12 mai, si l’Espagne avait dû lancer un emprunt à 10 ans, elle aurait dû payer un taux d’intérêt de 3,914 %.

    Le 2 juin, le taux d’intérêt était monté à 4,422 %.

    Le graphique montre bien cette hausse très inquiétante :

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GSPG10YR%3AIND

    Depuis le 12 mai, les taux d’intérêt des obligations de l’Etat portugais sont repartis à la hausse.

    Le 12 mai, si le Portugal avait dû lancer un emprunt à 10 ans, il aurait dû payer un taux d’intérêt de 4,582 %.

    Le 2 juin, le taux d’intérêt était monté à 4,907 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GSPT10YR%3AIND

    Depuis le 12 mai, les taux d’intérêt des obligations de l’Etat irlandais sont repartis à la hausse.

    Le 12 mai, si l’Irlande avait dû lancer un emprunt à 10 ans, elle aurait dû payer un taux d’intérêt de 4,573 %.

    Le 2 juin, le taux d’intérêt était monté à 4,947 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GIGB10YR%3AIND

    Depuis le 12 mai, les taux d’intérêt des obligations de l’Etat grec sont repartis à la hausse.

    Le 12 mai, si la Grèce avait dû lancer un emprunt à 10 ans, elle aurait dû payer un taux d’intérêt de 7,243 %.

    Le 2 juin, le taux d’intérêt était monté à 8,024 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GGGB10YR%3AIND

    Ces quatre graphiques montrent une chose : le Portugal, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne n’inspirent plus aucune confiance aux investisseurs internationaux.

    Ces quatre pays vont devoir emprunter à des taux d’intérêt de plus en plus élevés.

    Ces quatre pays vont se surendetter de plus en plus.

    Ces quatre pays foncent vers le défaut de paiement.


  • heliogabale boug14 3 juin 2010 19:01

    Vous me rappelez la torpeur dans laquelle la France était plongée à partir du référendum du 29 mai 2005 et ce, jusqu’à la coupe du monde 2006. La France déprimait sec :
    le non qui nous mettait au ban de l’Europe (et pourtant, on avait raison de voter non)
    la perte des JO de 2012
    déjà la dette (qui n’était en fin de compte pas si élevée que ça à l’époque)
    Chirac malade
    les émeutes en banlieue
    le CPE
    Clearstream
    et j’en passe notamment que la France n’était plus que 17ème dans le classement de l’idh...
    et le clou du spectacle était de nous montrer ô combien Tony Blair était génial, lui qui avait modernisé le royaume-uni et ô combien la France était un pays de ringard...
    à cette époque, j’avais pris goût à regarder les séances de l’assemblée nationale avec Villepin qui faisait son show à deux balles mais qui me faisait tant rire.
    Le seul aspect positif de cette crise a été de montrer comment Tony Blair n’était qu’une grosse arnaque et c’est déjà pas mal.

    Et puis une équipe de France qui nous ressemblait tant (équipe du passé, trop colorée au goût des autres, trop vieille et bien usée) avait réussi à arriver en finale on ne sait pas comment et je crois qu’en France après cette finale, on avait retrouvé un peu d’estime (effet placebo) et après l’élection de Sarkozy...le truc c’est qu’en France à son élection plein de gens rayonnaient et se disaient ça y est on est de retour, d’autant plus que l’élection de 2007 avait montré que notre démocratie était en bonne santé avec un très fort taux de participation. Honnêtement, ce jour m’a bien déprimé...


  • fifilafiloche fifilafiloche 3 juin 2010 21:07
     Non au dressage industriel des étudiants par le protocole de Bologne.

    Priver les étudiants de bolognaise, vous exagérez là Monsieur Dugué ! ;o)



  • Marc Bruxman 3 juin 2010 22:48

    L’article n’est pas sot. Il est clair que souvent on a tendence à désigner une crise par sa phase d’impact alors que les raisons de la crise sont plus profonde et plus anciennes.

    Croire que la crise de l’ancien régime a débuté le 14 Juillet 1789 est par exemple fallacieux ;)

    Mais pour revenir au sujet je pense que 2000 est déja une date trop tardive.

    Et je situerai plutot la date de la crise à la fin des années 60 et début des années 70. Cette crise c’est la fin de la société industrielle. Or la société industrielle est l’organisation dominante du monde depuis le XIXème siécle.

    La société industrielle était basée sur des promesses simples :

    • De l’industrie pour produire des richesses.
    • Des états-nations pour conduire les infrastructures dont l’industrie à besoin et faire reigner l’ordre. Pour que cela marche, ils doivent être puissants. 
    • Des syndicats pour encadrer les travailleurs. (Auxilliaire de maintient de l’ordre remplacant la religion).
    • Des hommes, également travailleurs pour consommer ce que l’industrie produit.
    Pour que cela fonctionne, il faut que le pouvoir soit à l’industriel c’est à dire que la demande soit toujours supérieure à l’offre. Cela maintient ainsi la pyramide du pouvoir dans le sens de l’industrie et ses alliés.

    Dans une telle société, les marchands sont en position de faiblesses car l’offre étant insuffisante, il dépendent du bon vouloir des industriels pour leur approvisionnement. Un marchand mal approvisionné perdra sa clientèle.

    De même l’innovation compte moins que la capacité à produire en grande quantité.

    La construction de la société industrielle a mis du temps mais dans les 30 glorieuses celle ci était devenue une construction stable.

    Mais drame, on a atteint un point de non retour dans les années 60. Un point qui casse tout :

    • La surproduction devient patente une fois la reconstruction achevée. La pyramide du pouvoir s’inverse lentement mais surement.
    • Mai 68 (et ses équivalents ailleurs) crée la société de consommation, et un désir d’émancipation des structures collectives. (états, religion). Certains syndicats souffriront d’ailleurs grandement, accusés d’avoir négociés la fin de la grêve sans consulter leur base.
    La pyramide s’inversant se sont les consommateurs qui prennent le pouvoir. L’industriel lui surproduit. Le marchand, seul a même d’écouler la quantité de marchandise produite devient un élément central du système. L’innovation devient également un bon moyen de s’en sortir, un produit innovant n’atteignant pas tout de suite le stade de surproduction. Cela se met en place dans les années 70.

    L’industrie déclinant tout au long des années 70, le soutient à un état « fort » fait de même. L’état « fort » était au service de l’industrie, si celle-ci voit son importance sociale décliner, l’état fait de même. Les syndicats de la même façon vont petit à petit souffrir de n’être plus indispensable. Le libéralisme qui arrive dans les années 80 est une conséquence de cette fin de l’ére industrielle. Il va diminuer le poids des états et des syndicats, et accélérer les restructurations dans l’industrie. En conséquence la productivité augmente encore... D’autant que les innovations des années 70 commencent à pénétrer la société. La société qui a définitivement perdu ses valeurs religieuses dans les années 70 va perdre ses anciennes valeurs « morales » dans les années 80 : Les syndicats se désintégrent rapidement. Les années 80 seront ainsi vues comme la décénie de l’argent.

    Jeu de domino, l’union soviétique et ses satellites entre en crise profonde. Plus que les pays occidentaux, ils étaient structurellement liés à la société industrielle. Ils n’y survivront pas et auront droit à une thérapie de choc pour rejoindre le nouveau régime mondial. La société post-industrielle pouvait alors se construire.

    Cette construction se fera dans les années 90. Libéré de contraintes géographiques, et réglementaire, la valse des capitaux devient mondiale. La Chine devient l’atelier du monde, réduisant encore d’avantage le role de l’industrie en occident. Les nouvelles technologies développées quelques années plus tot permettent d’accélérer le mouvement.

    Avec l’accés à une main d’oeuvre gigantesque et peu chère, le mouvement de surproduction s’emballe. Et l’innovation devient le seul moyen pour une entreprise de prospérer. Il n’est ainsi pas étonnant que la deuxième moitié des années 90 connaisse une « bulle » technologique. Et technologie et finance ne font qu’un. La technologie demande des investissements très elevés et promet en retour d’énormes gains. La bulle internet va changer le monde en quelques années. Ses apports technologiques à l’humanité seront énormes.

    Dans le même temps une nouvelle organisation voit le jour, on parle chez Alcatel « d’entreprise sans usines ». Ce qui veut dire tout simplement que l’on sépare la technologie d’un coté et la production de l’autre. En clair dans 90% des cas la « marque » ne posséde même plus ses usines. C’est devenu une occupation subalterne. A la fin des années 90, la société post-industrielle était construite mais beaucoup voulaient encore l’ignorer. (Ils veulent d’ailleurs toujours croire que l’industrie va redevenir une grande source d’emplois).

    En 2000 on découvre que si l’innovation peut changer le monde, cela nécéssite du temps. La bulle explose. Mais malgrés tout, toutes les promesses technologiques de la bulle se réaliseront dans le courant des années 2000. La crise qui s’ensuit met une fois de plus l’industrie sous pression et elle licencie en bloc. La donne étant maintenant clair, la société se restructure à pleine vitesse. La finance elle dispose de capitaux gigantesques dont elle ne sait que faire. Si l’industrie n’est plus un investissement, si l’innovation a réussi à se casser la geule alors que c’est la drogue du capitalisme ou placer son argent ? La pierre est la dernière réponse d’une société attachée aux biens « physiques ». Elle permet de se rapprocher d’un monde rassurant ou agriculture, pierre et industrie formaient le socle de la société. Mais les temps ont changés. La aussi, on sait surproduire des logements. Et les vendeurs vont devoir les écouler à des gens non solvables. Crise des subprimes, boom ! L’industrie en reprend un coup extrémement violent. La surproduction atteint pourtant encore des niveaux jamais vus.

    En 2010, la crise se déplace vers les états, derniers pilliers de la société « industrielle ». Personne ne veut plus en payer le prix, leur dette est devenue démente. Il seront le sujet du prochain épisode de la crise qui ne manquera pas de survenir. Et une chose est sure, cela risque de faire très mal.

    Une fois que la crise aura touchée les états, il conviendra à la société post-industrielle de se reconstruire des structures adaptées à sa gouvernance. On aura alors une certaine période de stabilité.


  • ddacoudre ddacoudre 3 juin 2010 22:53

    bonjour dugué

    va pour la conclusion, mais il n’y a pas de crise où alors il faut dire que la vie est une crise.

    l’on comprend bien le sens et l’utilisation de ce terme sauf que quand il est un élément constant d’un processus linéaire qui se réajuste il appartient au tout,car tout modèle déterministe est insuffisant pour réguler l’existence et nos activités, et se réajuste aux événements aléatoires. nous savons que l’analyse de gauss est fausse elle échoue toujours.
    au moyen âge la science a du s’émanciper de la théologie qui l’emprisonnait, cela a demander du temps et des vies.
    nous nous allons devoir nous émanciper des mathématiques
    aujourd’hui nous savons que notre existence n’est pas déterministe,mais aléatoire. cela rend la réflexion un peu plus compliqué pour comprendre nos évolutions.
    la science qui rend le mieux cette complexité est la mécanique quantique. mais nos esprits ne sont pas prêt à cela, pourtant elle n’en est que le produit, pour la démocratiser il nous faudra créer de nouveaux mots dont je n’ai aucune idée car ceux qui servaient a décrire le monde de hier et d’aujourd’hui sont insuffisants. nous le voyons bien quand tu essaies de définir nos difficultés avec le mots crise, où en situer le début. juste un exemple en mécanique quantique, une particule peut être à plusieurs endroit, en économie le même homme est en plusieurs endroit, il est celui qui produit, qui consomme et épargne, il est en toute ignorance celui qui construit en amont les conditions qu’il subira. il est le spéculateur qui crée la dette dont il se plaind car en amont il a créé les conditions de cela (1973).
    alors qu’il n’y a pas de début de crise elle est parie intégrante du modèle, c’est comme si tu faisais une compétition et que tu considères le dernier comme une crise.

    aujourd’hui il nous faut nous émanciper le l’abus d’autorité des modèles mathématiques en matière économique qui emprisonnent toutes innovations.
    ils sont devenus les paramètres « théologiques » d’une religions faussement libérale qui a constitué son clergé.

    il est amusant de constater que l’homme à inventé un dieu inaccessible, comme source de stabilité socio-économique, et ceux mêmes qui ont voulu s’en émanciper ont fini par construire un autre « dieu » tout aussi inaccessible puisqu’il se trouve dans l’irréfutabilité des mathématiques.
    il est devenu impossible de les réfuter car elle construisent aussi la pensé logique et rationnelle.
    leur utilité n’est pas contestable dans les réalisations technologiques, pour fournir des repères, des mesures fiables qui servent de guide à nos décisions, mais delà à leur aliéner notre existence il y a un pas que nous avons franchi en pensant comme pour un dieu y trouver notre salut.
     la conséquence même de la financiarisation de la société a produit ses effets, nous ne sommes pas face à une crise mais dans la logique d’un processus de circulation de monnaie qui n’est pas adapté aux besoins de nos existences mais à un modèle comptable, ce que souvent j’appelle le dominant systémique, car c’est lui qui rationalise nos actions et y justifient nos comportements, comme tu le soulignes très justement.

    la situation ne peut pas aller en s’améliorant, beaucoup d’hommes politiques et autres le savent, or ils ont l’esprit tellement bloqué par la pensé unique, qu’il leur est impossible d’entrevoir que l’on puisse développer une autre richesse que celle issus de la compétition des produits manufacturés.
    leur raréfaction va certainement nous entrainer dans des conflits ; et nous sommes incapables de voir que la seule richesse perpétuelle sur laquelle nous pouvons compter est notre cerveau, nous passons notre temps a l’atrophier pour le maintenir dans le cadre consensuel financier, alors qu’il faudrait l’ouvrir a la créativité comme tu l’écris. quand j’ai pour la première fois émis l’idée de réclamer la cinquième semaine de congé,(1974) même dans mon organisation ils me prenaient pour un fou.
    et bien aujord’hui il faudrait créer des universités pour adulte, nous avons la place pour cela et non comptent de relancer une activité économique plus sérieusement que des stades de foot, il faudrait que ces périodes soient rémunérés et la monéthique en seraient le financement.

    j’abrège cordialement.
    .


  • BA 4 juin 2010 08:37

    Jeudi 3 juin :

    - Si l’Espagne avait dû lancer un emprunt à 10 ans, elle aurait dû payer un taux d’intérêt de 4,518 %.

    Le graphique des taux d’intérêt des obligations espagnoles est incroyable : les taux d’intérêt espagnols sont en train d’exploser.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GSPG10YR%3AIND

     

    - Si l’Irlande avait dû lancer un emprunt à 10 ans, elle aurait dû payer un taux d’intérêt de 5,007 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GIGB10YR%3AIND

    - Si le Portugal avait dû lancer un emprunt à 10 ans, il aurait dû payer un taux d’intérêt de 5,032 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GSPT10YR%3AIND

     

    - Si la Grèce avait dû lancer un emprunt à 10 ans, elle aurait dû payer un taux d’intérêt de 8,08 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GGGB10YR%3AIND

     

    Ces taux d’intérêt hallucinants montrent que le Portugal, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne vont devoir emprunter à des taux d’intérêt de plus en plus exorbitants.

    Le Portugal, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne foncent vers le défaut de paiement.


  • FYI FYI 8 juin 2010 10:09

    Je ne pense pas que la crise à débuté en 2002 mais plutôt en 1929.
    Depuis cette date nous ne subissons que les avatars de cette période.


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