jeudi 9 novembre 2006 - par ZEN

La culture : une marchandise comme une autre ?

Le nouvelles menaces sur la diversité culturelle.

Pour chaque culture, chaque pays, préserver son identité (sa langue, ses traditions, ses modes de vie et de pensée, ses formes d’expression artistique, etc.) est devenu problématique, à l’heure où la globalisation des échanges tend à les niveler, à les standardiser, à les référencer selon le modèle le plus puissant économiquement, le modèle nord-américain. Des langues rares disparaissent définitivement, les moeurs s’uniformisent, les musiques s’homogénéisent, un seul type de modèle cinématographique tend à s’imposer...

Certes, si la vassalisation des cultures, leur colonisation, n’est pas totale ni générale, c’est bien un processus en cours, dont on peut s’alarmer. Non pas que les échanges culturels soient négatifs en soi. Ils ont toujours existé, au gré des conquêtes, des échanges, des rencontres et les cultures se sont souvent fécondées avec bonheur pour produire des synthèses étonnantes et riches. Mais ces phénomènes restaient le plus souvent locaux et lents.

Ce qui se produit aujourd’hui est un phénomène rapide, réducteur, profond, plus insidieux, mais efficace. Les USA considèrent explicitement la culture comme un enjeu géopolitique, accompagnant et favorisant la pénétration de leurs intérêts dans le monde, et comme un fructueux business. Les " industries culturelles" sont devenues un des premiers postes dans les exportations US, qu’elles sont chargées aussi de stimuler. La culture s’inscrit dans une logique purement marchande.

Cependant, des réactions se manifestent, des résistances s’organisent, sous l’égide de l’ Unesco qui, malgré son budget scandaleusement faible, abandonnée par les Américains en 1984, essaie de fédérer les pays les plus menacés pour tenter d’élaborer des règles. En décembre 2004, 24 délégations ont préparé un projet de convention qui devrait être bientôt voté pour bâtir un instrument juridique contraignant afin de protéger la diversité culturelle. L’esprit de ce projet est de ne pas considérer la culture comme une marchandise comme les autres, et d’affirmer que les politiques de soutien public peuvent seules permettre la diversité. Un axe France-Union européenne, Inde-Chine-Brésil a réussi à se constituer et à contrer les Américains (qui ont, entre-temps, rejoint l’Unesco, pour y défendre leurs intérêts).

Pourtant, la logique de l’OMC, qui prétend avoir des compétences dans le domaine de la culture, risque de prévaloir sur celle de l’Unesco. Le projet de libéralisation des services, comprenant aussi le secteur de l’éducation (e-learning), risque toujours de prendre le pas sur la protection des biens culturels spécifiques.Les Américains considèrent que" l’Unesco ne devrait pas s’occuper de politique commerciale, ce qui est du ressort de l’OMC". Ils ne veulent surtout pas d’un instrument juridique contraignant. Ils ont introduit des amendements pour diluer le texte et le vider de sa substance.

Les premières formes de résistance, spectaculaires, se manifestent d’abord au Maroc, où le cinéaste Nabil Ayouch organise en 2003 une manifestation à Rabat pour éviter que les Américains ne fassent main basse sur l’ensemble du paysage audiovisuel marocain. Les Américains avaient proposé d’ouvrir leur marché aux produits agricoles marocains à condition que le Maroc s’engage à renoncer à sa souveraineté sur ses industries culturelles. Les subventions publiques ont pu être maintenues, mais la demande d’imposer des quotas de cinéma national à la télévision n’a pas abouti. .Le Chili a accepté de ne pas modifier sa législation. Le Cambodge a cédé. Les pressions sont fortes. Les USA s’arrangent pour baisser les droits de douane sur certains produits que les pays souhaitent exporter. Au Burkina Faso ou au Bénin, les diplomates américains font du lobbying. Dans certains pays de l’Est, au Vietnam, ils ont équipé le territoire en salles de cinéma. La Motion Picture Association of America, regroupant les principaux studios hollywoodiens, est partout très active.

Ces problèmes touchent tous les pays, même si les plus faibles économiquement ont le plus de difficultés à résister. La culture est un tout. Sacrifier celle-ci aux intérêts purement marchands nous prépare un avenir sombre et encore plus uniformisé. Il importe que l’Unesco retrouve la capacité d’agir efficacement contre toutes les pressions et tous les intérêts. Pour cela, il faudrait revoir son mode de fonctionnement et de financement. Rendez-vous en 2007 où une charte devrait être votée...

http://portal.unesco.org/fr/ev.php-URL_ID=29009&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html

http://www.monde-diplomatique.fr/2005/10/MATTELART/12802?var_recherche=usa%20et%20culture

http://www.monde-diplomatique.fr/2005/12/VIALE/13032?var_recherche=usa%20et%20culture

http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/FEIGENBAUM/12406?var_recherche=usa%20et%20culture

http://www.monde-diplomatique.fr/2006/07/WINCKLER/13618?var_recherche=usa%20et%20culture

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=11839



35 réactions


  • (---.---.93.189) 9 novembre 2006 10:06

    @ Zen

    Bon article. Mais de grâce, n’utilises plus le mot « Américains » pour désigner les habitants du pays situé entre le Canada et le Mexique, c’est une insulte pour les autres peuples d’Amérique du Nord et du Sud qui essaient de résister au rouleau compresseur de la pseudo-culture de masse des USA. Appelle-les plutôt les étasuniens...


    • fredal (---.---.81.23) 9 novembre 2006 18:29

      Ca se dit comment « étatsunien » en anglais ?

      Ca ne vas pas froisser les Mexicains ? ( Estados Unidos Mexicanos )

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Mexique


    • Marsupilami (---.---.93.189) 9 novembre 2006 18:35

      Ce qui est intéressant, c’est que les USA sont un pays qui n’a pas vraiment de nom, ou bien dont le nom est un hold-up sur les diverses identités américaines du nord ou du sud.

      En américain, je propose ProudtobebetweenCanada&Mexico.

      Tu remarqueras que dans la dénomination officielle du Mexique, il y a justement « Mexique »...


    • Antoine Diederick (---.---.26.47) 9 novembre 2006 20:05

      « ProudtobebetweenCanada&Mexico. »

       smiley smiley


    • Antoine Diederick (---.---.26.47) 9 novembre 2006 20:08

      @ZEN

      Super sujet de réflexion....je propose le terme de « dual culture » ou de culture duale.

      Pas le temps ce soir de suivre ce fil , dommage.

      Une réflexion aussi sur la « culture importée » qui n’est pas sans influencer profondement aussi les comportements sociaux dont la violence ....


  • ZEN etienne celmar dit zen 9 novembre 2006 10:16

    @IP:xxx.x04.93.189

    Promis, juré ! Je vais changer mon appellation.Amerigo Vespucci va me taper sur les doigts.De vieilles habitudes d’enfant ignorant qui s’extasiait en 1945 devant l’arrivée des « Américains »... smiley


    • Marsupilami (---.---.93.189) 9 novembre 2006 10:23

      @ Zen

      Le post auquel tu réponds est de Marsupilami. S’cuse, j’avais oublié de signer...


  • (---.---.162.15) 9 novembre 2006 11:16

    Je pense que déjà, et davantage à moyen et long terme, Internet et particulièrement le p2p sont un moyen populaire de s’intéresser à des cultures autres qu’étatsuniennes. Cela permet d’explorer des patrimoines et de les faire connaître.

    Certes, ca permet aussi de diffuser la culture US, mais ça laisse le choix, un choix qui n’est pas orienté par des contraintes économiques.

    Combattre DADVSI, DRM et droits d’auteurs numériques, prôner une libre circulation culturelle sur Internet, vouloir ainsi une véritable culture populaire libre, c’est aussi combattre l’impérialisme culturel yankee.

    La culture : une marchandise comme une autre ? Faisons plutôt en sorte que ce ne soit pas seulement une marchandise. Que ce soit une marchandise seulement quand il y a gain d’argent.

    Am.


  • panama (---.---.198.59) 9 novembre 2006 12:28

    J’ai le droit de dire que les USA ont été le berceau d’une culture extraordinairement diversifiée et innovante au XXème siècle ?

    Pêle-mêle, et j’en oublie forcément :

    - en littérature : Pynchon, Breat Easton Ellis, Sallinger, Capote...
    - peinture : Hopper, keyth Harring, Wharol
    - cinéma : là, le champs est trop large
    - en musique : même remarque !

    Certes, il y a eu beaucoup de déchets. Mais dans une production de masse, forcément...

    Pour moi la culture n’a pas de frontière. La position de la France de l’exception culturelle consiste à favoriser l’expression de la culture française, pas à l’imposer au monde entier.


  • ZEN etienne celmar dit zen 9 novembre 2006 12:41

    @Panama

    « J’ai le droit de dire que les USA ont été le berceau d’une culture extraordinairement diversifiée et innovante au XXème siècle »

    Tout à fait.L’influence de Dos Passos a été grande sur Sartre et bien d’autres...Moi-même, je suis en train de lire Styron et P.Roth..la liste est longue des écrivains et des cinéastes US de premier plan...Le problème que j’évoque dans mon article vise surtout les sous-produits standardisés de l’american way of live qui prétendent inonder la planète à des fins de « colonisation des esprits »(selon l’expression de Eude) et de conquête des marchés.


    • Panama (---.---.198.59) 9 novembre 2006 14:02

      Alors au consommateur de ne pas se laisser tenter par ce qu’on lui propose.

      C’est vrai qu’il y en a de la m*** in america.

      Mais nous ne sommes pas en reste, parfois. Ce que nous avons de moins que les US, c’est la capacité à séduire tout le monde et à produire en masse.

      L’Inde produit plus de films que les USA. Si les « made in bollywwod » n’ont pas envahi la planète, c’est qu’ils plaisent moins que les films US.


    • (---.---.162.15) 9 novembre 2006 14:32

      Comment ça « Au consommateur de ne pas se laisser tenter » ? Encore faudrait-il qu’il ait un véritable choix et ne soit pas intoxiqué par ceux orientés des grands médias...

      Am.


  • gem gem 9 novembre 2006 14:27

    L’UNESCO... son fameux « courrier », à l’abonnement obligatoire, dégoulinant de tiers-mondisme marxisant... tout mon enfance goguenarde, déjà, du décalage entre les beaux et grands discours généreux et la triviale réalité...

    Ce qui m’amuse le plus, c’est tout ces efforts ridiculement vains pour affirmer une chose aussi parfaitement fausse que le caractère non marchand de la culture ! Mais il n’y a rien de plus marchand que la culture, puisqu’elle l’activité la plus spéculative et la plus trivialement mimétique de toutes, la seule qu’il est impossible de pratiquer seul !


    • (---.---.162.15) 9 novembre 2006 14:35

      C’est complètement faux. La culture peut-être non marchande et le p2p sous Internet en est une bonne illustration. Sans compter toutes les associations de bénévoles qui appuient certaines formes de culture...

      Am.


    • gem gem 9 novembre 2006 16:21

      Ben voyons... et d’ailleurs la nourriture, l’alcool et le tabac, ne sont pas des marchandises non plus, la preuve c’est qu’on s’en offre facilement les uns les autres, même entre inconnus ...

      Arf.


    • (---.---.74.206) 9 novembre 2006 20:38

      rajuste les coussins Gem tu viens de sortir une idee originale !!! et remet le turban tu vas t’enrhuumer


    • ZEN etienne celmar dit zen 25 novembre 2006 17:56

      @ Gem

      J’ai bien dit qu’il fallait revoir le mode de fonctionnement de l’Unesco, comme celui de toutes les instances internationales.En tous cas , les initiatives prises ,auxquelles je fais allusion, ne vont-elles pas dans le bon sens ?


  • (---.---.37.70) 9 novembre 2006 15:54

    C’est bien triste d’être contre le Métissage, comme tous les autres racistes du FN. Au reste, je n’ai pas l’impression que les pays Islamiste souffre de la culture US, pas du tout, et au contraire ils exportent la leur massivements jusque dans nos banlieues.

    En fait, tu dois confondre culture et moeurs. Bouffer un couscous ou un hotdog ne fait pas de toi un arabe ou un yankee. La culture, c’est la facon de sentir et de percevoir le monde. Ce ne sont pas des chose qui change comme cela, bien au contraire ; Et par exemple on sait que le niveau d’étude du grand pére à une influence surles résultat scolaire du petit fils. Pourquoi ? La culture..


  • loga (---.---.6.147) 9 novembre 2006 17:05

    La culture est utile par exemple à de grands groupes pharmaceutique qui pillent le savoir culturel des plantes des aborigénes mais pour le reste ...

    un monde sans culture et les voyages touristiques alors ?

    Je suis ok pour ce cris d alarme. Arriver à une culture unique : danger et triste .


  • ZEN etienne celmar dit zen 9 novembre 2006 18:05

    Je ne suis pas sûr que l’article ait été compris ou même lu, à part Marsu et Panama...


    • Marsupilami (---.---.93.189) 9 novembre 2006 18:12

      @ Zen

      A mon avis il n’a pas été lu. Tant pis, on continuera à lire les bons bouquins et les bonnes musiques des étasuniens intelligents et cultivés.


    • Antoine Diederick (---.---.26.47) 9 novembre 2006 20:10

      a mon avis mal lu et mal compris.... smiley l’article...

      Attendez la suite...


  • ZEN etienne celmar dit zen 10 novembre 2006 08:18

    Intéressant et inquiétant de voir comment la production hollywoodienne se situe dans une logique de mondialisation et donc de standardisation :

    http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/FEIGENBAUM/12406?var_recherche=usa%20et%20culture


  • ZEN etienne celmar dit zen 10 novembre 2006 11:43

    La logique commerciale dans le monde de l’édition aboutit ,comme dans d’autres domaines, à un formatage de la production littéraire, malgré les nombreuses exceptions heureusement.

    http://www.monde-diplomatique.fr/2006/05/SCHWARTZ/13448


  • soja (---.---.90.220) 10 novembre 2006 16:59

    Le supposé imperialisme culturel américain me laisse perplexe, vu qu’aux Etats Unis D’Ameriques il n’existe ni ministre de la culture ni ministere du même nom,ce qui sommes toute donne une trés grande liberté d’expressions.Le RAP,(et bien avant le blues et le jazz )sont la preuve que le dynamisme culturel des USA tient avant tout a l’entiere liberté d’expression artistique qu’ont les minorites culturelles plus qu’a une quelconque politique d ’hegemonisation. Bien sur ! que l’imperialisme culturel existe,vieille tradition française qui de l’afrique a l’indochine en passant par madagascar apprenait par la force a bons nombres d’enfants de ces anciennes colonnies,que leurs ancetres etaient gaulois,tradition qui continu encore aujourd’hui dans des classes où 95 % des eleves sont d’origines etrangeres.....culture française oblige.


    • Antoine Diederick (---.---.110.5) 11 novembre 2006 21:21

      @SOJA

      Il existe aux US une institution gouvernementale qui s’occupe de la culture (j’ai découvert cela il y a peu). Leur rôle est une petit peu comme celui d’un ministère de la culture. Malheureusement, je n’ai pas retenu les coordonnées de l’info qui est passée sous mon nez à la vitesse de l’éclair.

      Il faudrait faire une recherche, cela vaut la peine...car cet organisme qui regroupe des intellectuels et de personnes de culture donnent et rendent des recommandations et des constats.

      L’une de leur dernière communication est —je crois— récente, elle porte sur l’etat de la culture aux usa et déplore la perte de qualité du savoir culturel et des pratiques culturelles aux EU.

      Ce qui va ds le sens mme ds ce pays d’un constat qui peut être lié à la marchandisation de la culture mais plus encore surtout à la manière de l’éducation.


    • ZEN etienne celmar dit zen 18 novembre 2006 09:08

      @Antoine Diederick (IP:xxx.x5.110.5) le 11 novembre 2006 à 21H21

      J’ai trouvé ce que tu cherchais...en lisant le « Monde des livres » du 17 nov.Un livre de Frédéric Martel vient de sortir :« De la culture en Amérique »(Gallimard) et fait le bilan détaillé de la politique culturelle aux USA.

      S’il n’existe pas d’équivalent de notre ministère de la culture, on trouve le NEA (National Endowment for the Arts), organisme fédéral créé par L. Johnson en 1965, au bubget assez faible et à la structure assez souple, qui est plutôt une agence.Mais l’essentiel est ailleurs:près de 200 organismes financent la culture au niveau fédéral, des Etats, des comtés, des quartiers, grâce aux aides directes ou indirectes (diverses taxes:par ex. vignette auto dans le Tennesee). Plus un système fiscal permettant aux entreprises et aux individus de retrancher de leurs impôts leurs dons au développement culturel. L’argent public investi dans la culture tournerait autour de 50 milliards de dollars, proportionnellement autant , voire plus qu’en France.Plus l’argent accordé par les innombrables fondations privées et les universités, finançant des musées, des bibliothèques, des artistes.

      La situation est donc plus complexe que ce que nous pensons.Ce qui n’exclut pas la marchandisation des oeuvres(musées, opéras...) et un net clivage entre culture de masse et culture élitiste et une « industrie » d’exportation trés agressive...

      Cordialement


    • Antoine Diederick (---.---.232.47) 27 novembre 2006 00:16

      Bonsoir Zen, je repasse ici demain, car ce soi il est tard pour moi aussi.

      Bonne soirée.


  • ZEN etienne celmar dit zen 10 novembre 2006 17:08

    La logique marchande , dans le cadre de la libéralisation des services, risque de s’imposer dans les domaines qui lui échappent pour l’instant,surtout culturels, aux dépens des pays les moins capables de résister :

    « si l’AGCS vise essentiellement les marchés du Sud, son approfondissement ne serait pas sans incidence en Europe, où il aggraverait les effets de dumping déjà facilités par les grandes disparités au sein du marché intérieur européen (4). Des services encore formellement exclus du mandat de négociation de la Commission de Bruxelles à l’OMC - éducation, santé, culture, audiovisuel, services sociaux (5) - pourraient bien y entrer par la bande, par exemple l’enseignement supérieur à distance (e-learning), qui intéresse au plus haut point les Etats-Unis. Le commissaire européen Peter Mandelson ne peut en effet qu’être très tenté de les incorporer, fût-ce de manière indirecte, comme lorsqu’il propose que les offres de libéralisation des pays développés (donc celles de l’Union) comportent de « nouvelles et sérieuses ouvertures » dans au moins 139 sous-secteurs (soit 85 % des 163 sous-secteurs de services), en échange d’offres substantielles de libéralisation des pays en développement dans au moins 93 sous-secteurs (soit deux tiers des 139) » (Viale)


  • soja (---.---.87.226) 10 novembre 2006 20:26

    Personnellement,ce qui me gêne dans « exception culturelle française »,c’est le non sens du concept. N’oublions pas que la culture française s’est construite sur la destruction massive des entites culturelles provinciales metropolitaines et que la francophonie s’est batie sur les fondations de la colonisation,dans les deux cas culture subie par la force plus que choisie en toute liberté. L’Uniformisation culturelle,quelle soit sous sa forme politique (le communisme)ou sous sa forme economique (« mondialisation »)ce ne sont ni les bolcheviks,ni les americains qui l’ont inventé,mais bien nous les français,nous avons étè le premier etat totalitaire de l’epoque moderne. La france etat centralisé a outrance,dont certains disent même qu’il en est colberto stalinien voudrait se faire la championne de la diversité culturelle ! ,de qui se moque t-on !? Le rayonnement de la france,ses « lumieres » il faut aller en afrique pour en voir les degats,dans ces 14 pays africains parmis les plus pauvres du monde : Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal,Togo,Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad,dans ces pays là,c’est pas le roi dollar qui fait la misere des gens,mais le franc CFA entierement géré par le tresor public français. Les USA n’obligent personne a aller voir les films hollywoodiens ou a aller manger dans des mac do,mais la france elle,elle oblige des millions d’africains a se servir d’une monnaie dont elle fait la pluie et le beau temps.


  • ZEN zen 11 novembre 2006 08:05

    @Soja

    « La france etat centralisé a outrance,dont certains disent même qu’il en est colberto stalinien voudrait se faire la championne de la diversité culturelle ! ,de qui se moque t-on »

    Relisez l’article et les documents joins. De toute évidence, le problème de fond n’a pas été compris.Vous en faites une caricature.Il n’était pas question de faire l’apologie de la France ou de faire une critique simpliste des USA. Le problème est ailleurs. Pour ne pas me répéter, relisez attentivement.


  • ZEN etienne celmar dit zen 24 novembre 2006 14:58

    Pour compléter ma réponse à Antoine, je fais part du billet de P.Assouline, trouvé aujourd’hui sur son blog :

    http://passouline.blog.lemonde.fr/livres


  • ZEN etienne celmar dit zen 25 novembre 2006 15:24

    Trouvé hier dans le Monde un article intéressant sur le sujet. Désolé de le reproduire, mais il n’est plus en accès libre :

    Culture (budgets et pratiques) : le match France Etats-Unis LE MONDE | 23.11.06 | 16h14 • Mis à jour le 23.11.06 | 20h13

    « La cause est entendue. Sur le terrain culturel, il n’y a pas plus opposés que les modèles américain et français. D’un côté, le plus grand pays du monde fait de la culture un des produits privés à exporter partout sur la planète. De l’autre, la France mène une politique publique et affirme que »la culture n’est pas une marchandise" face à l’envahisseur américain.

    De la culture en Amérique (Gallimard), relance ce débat. Son auteur, Frédéric Martel, livre une enquête sur le système culturel américain, sa philosophie, ses mécanismes, son mode de financement (« Le Monde des livres » du 17 novembre). Il s’interdit toute comparaison frontale entre les deux pays. Mais le lecteur ne peut s’empêcher de mesurer ce qui sépare les Etats-Unis de la France, de jauger les points forts et les points faibles. Les données statistiques publiées nous ont incités à les mettre en regard des chiffres français, même si l’exercice de comparaison n’est pas simple - il y a cinq fois plus d’Américains (300 millions) que de Français (63 millions). Question : qui l’emporte ? Réponse : match nul.

    Prenons l’un des baromètres de la vitalité culturelle d’un pays : le nombre de personnes exerçant une « profession artistique ». A Washington, le ministère du travail en comptabilise 2,1 millions, alors qu’en France le ministère de la culture, en utilisant des critères globalement équivalents, fait état de 440 000 personnes. Cela donne un « artiste » pour 142,8 Américains contre un « artiste » pour 143,1 Français. La différence est mince.

    Allons à la source des systèmes. La France est le pays des jardins symétriques, avec ses perspectives droites et ses buis bien taillés. C’est la patrie de Colbert, de Robespierre et de Bonaparte. Bref, la centralisation y est forte. La fascination pour le « despote éclairé » n’est pas éteinte, y compris chez les intellectuels. Nous possédons un ministère de la culture logé au coeur de Paris, au Palais-Royal, une administration riche de 25 000 agents et un ministre qui prêche la bonne parole. Ainsi, la nomination des responsables de dizaines d’institutions - Louvre, Opéra de Paris, Centre Pompidou, Bibliothèque nationale, Comédie-Française, etc. - se joue entre le président de la République, le premier ministre et le ministre de la culture.

    Parce que celui qui décide est celui qui paie. Or, en France, l’argent culturel est surtout public. Le système est simple : trois contributeurs apportent chacun une part des 11,6 milliards d’euros de budget : le ministère de la culture, d’autres ministères (affaires étrangères, éducation nationale, défense, etc.) et les collectivités locales (d’abord les villes, puis les régions et les départements). En France, il n’est guère de musées, de théâtres, de festivals, de spectacles de danse sans manne publique. Et celui qui paie aime le faire savoir.

    Prenons la dernière Foire d’art contemporain de Paris (FIAC), qui a eu lieu en octobre. Dans ce temple français des transactions privées d’oeuvres d’art, l’Etat a collé sur les stands des galeries concernées des bristols informant le visiteur de ce qu’il avait acheté avec l’argent de la collectivité, et en son nom. Quant à l’artiste, il est fier que ses oeuvres soient payées avec de l’argent public : l’Etat est un collectionneur prestigieux, et l’argent de la République est préféré à celui, toujours suspect, du particulier ou de l’entreprise.

    Racontez cela à un Américain, il sera éberlué. Sinon effrayé. Pour éviter ce cauchemar, il n’existe pas de ministère de la culture aux Etats-Unis. Et encore moins de politique fédérale. Pas question d’imposer un « art officiel » aux citoyens. Les artistes eux-mêmes n’en veulent pas. Pour la plupart des Américains, c’est à la société civile et au marché de façonner une politique culturelle.

    Aussi ce sont des centaines d’agences publiques américaines qui financent la culture à tous niveaux - fédéral, Etats, villes, comtés. Au point qu’il est difficile de s’y retrouver dans le maquis des subventions, auxquelles s’ajoutent une ribambelle de taxes reversées à la culture, d’exonérations fiscales pour les dons, d’aides diverses.

    Du coup, l’addition qui a pour but de totaliser l’argent public investi dans la culture aux Etats-Unis est impossible à finaliser avec certitude. Le système est si opaque qu’on aboutit à une simple fourchette, de 20 milliards à 39 milliards d’euros ! Chaque Américain se verrait allouer 67 euros à 129 euros d’argent public culturel, contre 184 euros pour chaque Français. Avantage à la France, dira-t-on. Mais à corriger. D’abord, l’argent public américain est énorme, ce qui fait dire à Guy Saez, chercheur à l’Institut d’études politiques de Grenoble, que « les deux systèmes ont des approches opposées mais un résultat proche ». Surtout, une comparaison juste doit aussi tenir compte de l’argent privé. Ici, le fossé est vertigineux entre les deux pays. En France, des lois récentes ont dopé le mécénat, mais il reste très faible, de l’ordre de 0,2 milliard d’euros. Aux Etats-Unis, générosité individuelle, fondations et mécénat représentent 12 milliards d’euros - une somme, là encore, incertaine et, dit-on, sous-estimée. « Le choix de chaque Américain de donner à la culture, pour défiscaliser ses revenus, est la grande différence avec le système français », note Guy Saez.

    LATINOS ET BANLIEUSARDS

    Pourtant, dans la culture, l’argent public aux Etats-Unis reste plus abondant que l’argent privé. Additionnons maintenant fonds publics et privés : chaque Américain bénéficie de 108 euros (hypothèse basse) ou de 170 euros (hypothèse haute). Dans le premier cas, le Français est plus richement doté ; dans le second, c’est l’Américain... Ainsi, les engagements financiers des deux pays dans la culture sont similaires. Sauf que l’Université tient une place centrale dans le système culturel américain, alors qu’elle est quasi absente du paysage français.

    Mais les systèmes culturels ne se réduisent pas à des chiffres. Les limites du modèle américain sont aussi les points forts de son homologue français. Et vice versa. Aux Etats-Unis, on pointe une culture appauvrie par le marché, un maillage culturel inégal du territoire, un manque d’argent pour les créations difficiles ou subversives, des risques de censure ou des coupes brutales de crédits de la part d’un conseil d’administration, d’une ville, d’un mécène. En France, l’Etat culturel est de plus en plus vécu comme arrogant, pesant, asphyxié dans ses missions, « fonctionnarisé » dans ses décisions. « Les prérogatives de l’Etat, notamment dans les nominations, sont de plus en plus mal acceptées par les collectivités locales, qui investissent de plus en plus d’argent dans la culture », juge Guy Saez. Emmanuel Négrier, du CNRS, confirme : « Le modèle français tiendra à condition que l’Etat abandonne quelques-unes de ses prérogatives à des corps intermédiaires. »

    Autre limite : la République française garantit l’accès de tous à la même culture. Mais, devant son relatif échec, les critiques pleuvent. « Finalement, juge Frédéric Martel, l’argent de l’Etat satisfait essentiellement la demande des plus riches. Ce système d’autodéfense d’une élite contre le peuple ne pourra pas durer longtemps. » Les Etats-Unis, au contraire, auraient réussi à multiplier les passerelles entre « culture haut de gamme » et culture de masse. Avec des efforts considérables - trop, disent certains - à destination des communautés noires, latinos, indiennes, etc.

    « Il est crucial de continuer à défendre le cinéma français, les quotas de chansons françaises à la radio, le prix unique du livre et la diversité culturelle à l’Unesco, conclut Frédéric Martel. Mais on ne peut pas, dans le même temps, laisser hors du champ culturel les populations des banlieues. »

    Michel Guerrin et Emmanuel de Roux


    • ZEN zen 4 janvier 2007 09:25

      Cher Talleyrand

      Je vois que vous vous intéressez à mes modestes productions.Je vous en remercie.

      Mais vous n’avez fait qu’une lecture partielle ou sélective. Par ex.j’ai dit ma passion pour beaucoup d’aspects de ce qu’il y a de meilleur dans la culture US .Je suis toujours dans la nuance et la distinction. Relisez !

      J’ai la dent moins dure que votre compatriote de Louvain, Bricquemont, cette bonne université où, avant l’absurde scission, j’ai fait deux bonnes années d’études. ...ça ne me rajeunit pas...

      J’ai gardé un amour des villes flamandes et des somptueuses bières de votre pays.

      Bien à vous


    • ZEN zen 4 janvier 2007 09:27

      Les « poutres » dans mon pays je ne les vois que trop ! J’aurais honte de les évoquer...


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