lundi 11 juillet 2011 - par Michel Santi

Le capitalisme défiguré !

Il est aujourd’hui évident que la reprise des années 2009-2011 aura été aussi fallacieuse et artificielle que l’expansion florissante des années 2003 à 2007. Cette dernière ayant été du reste – quel hasard ? – alimentée et propulsée par l’ingénierie financière comme par l’ingéniosité des financiers… De nos jours, le mièvre reprise – si tant est que l’on puisse utiliser ce terme – inaugurée au printemps 2009 aura été accompagnée et quasi entièrement redevable à l’interventionnisme massif – n’hésitons pas à dire par l’intrusion massive – de l’Etat dans le système financier. Voilà donc nos Gouvernements qui, dans un souci de remettre de l’huile dans les rouages, se sont carrément substitués à la finance en y instaurant leur propre marché du crédit.

En fait, l’Etat fédéral américain a aujourd’hui remplacé le secteur privé comme plus important pourvoyeur de prêts immobiliers et autres crédits à la consommation et, ce faisant, une révolution idéologique s’est de facto opérée. Ainsi, non contents de se mettre sur les traces du Japon à bien des égards (baisses de taux quantitatives, taux zéros, marché immobilier sinistré…), les Etats-Unis d’Amérique peuvent également s’enorgueillir d’imiter la Chine où c’est l’Etat qui est la source et qui canalise les financements privés ! On pressentait certes que les crises des subprimes et du crédit avaient ébranlé le capitalisme. Pour autant, qui aurait osé imaginer qu’il se transformerait en capitalisme étatique… ? 

Car la masse des prêts accordés à l’économie de leur pays par le secteur privé US a en effet chuté de près de 2'000 milliards de dollars ces cinq dernières années au bénéfice bien-sûr de financements accordés avec les deniers publics ayant pris le relais avec des montants équivalents. C’est ainsi que 90% des hypothèques américaines sont adossées à la garantie de l’Etat (via des établissements comme Fannie Mae et Freddie Mac) dans un contexte de crédit devenu donc quasiment complètement socialisé ! La consommation dans ce pays – naguère clé de la prospérité – n’a survécu que par la grâce de l’activisme étatique ayant arrosé de liquidités l’ensemble des intervenants, activisme ayant tout au plus évité l’implosion pure et simple sans pour autant parvenir à rétablir ce qui était autrefois considéré comme la locomotive de l’économie.

De fait, le consommateur dit « de base », au revenu de l’ordre de 50'000 dollars par an, a été totalement sinistré par la combinaison perdante d’un secteur immobilier agonisant et d’un marché de l’emploi anémique avec un coup de grâce constitué par la flambée des tarifs énergétiques et des matières premières. Les deux rounds successifs des baisses de taux quantitatives auront donc laissé sur le carreau ce citoyen de base tout en profitant au spéculateur boursier… Pire encore puisque les consommateurs américains affichent 30% de crédits à la consommation supplémentaires par rapport à il y a dix ans. Aujourd’hui, leur Etat – n’étant plus en mesure de les aider – est tout au plus capable de freiner ce processus vicieux de « deleveraging » consistant à purifier progressivement toute la chaîne des intervenants de leurs endettements massifs et pas du tout constructifs puisqu’ils n’auront en rien bénéficié à des investissements structurels.

Après une orgie de crédits ayant perduré pendant des décennies, attendons-nous à une décennie de contraction – ou à tout le moins de stagnation - économique indispensable pour digérer ces déficits. Ne nous y trompons pas : ce grand nettoyage ne pourra s’opérer qu’à la faveur de taux d’intérêts américains qui devront se maintenir à des niveaux très bas, proches du zéro, et ce pendant encore plusieurs années.



13 réactions


  • Piotrek Piotrek 11 juillet 2011 11:34

    Le capitalisme n’a pas été défiguré, on le voit juste sous sa véritable nature :

    Par définition, L’excédent mondial de liquidité qui s’est produit au début du siècle aurait du être une nouvelle source d’innovations et de richesses, cependant, au lieu de cela, les banques ont obéi a un réflexe de marché totalement capitalistique : elles ont réduit leur exigences quant a la fiabilité des emprunteurs pour écouler l’argent (pour continuer à faire leur beurre avec les intérêts) La concurrence aidant c’est devenu une surenchère de risques. Le reste n’est qu’une suite logique de consequences.

    C’est la voie de la moindre résistance, la sacro-sainte voie du profit qui a fait que la main invisible vole dans ses propres poches. Si vous voulez la régulez : vous n’êtes donc plus vraiment capitaliste.

    Faites comme moi monsieur Santi et devenez anarchiste, vous n’aurez plus a défendre des idéologies qui déforment votre vision de la réalite.


    • gaijin gaijin 11 juillet 2011 11:38

      vous m’avez devancé
      idem
      +++++++++++++++


    • Cug Cug 11 juillet 2011 14:09

       Arf la finance étant devenu l’art d’arnaquer les gogos, je plains tous ceux qui ont investit leurs économies dans des produits financiers.
      Les banques sont insolvables, il n’y a pas assez de liquide par rapport aux sommes jouées et promises ...
      Seul certains experts de la finance s’en sortiront, tous les autres y perdront des plumes si ils ne se font pas totalement plumer.


    • plancherDesVaches 11 juillet 2011 16:41

      Cug, je te rassure, même les meilleurs « experts » ne s’en sortiront pas.

      L’or ne se mange pas.
      Il est même dangereux d’en manger, une reine égyptienne en est morte.

      Ce qui m’éclate, et tant qu’à faire, j’espère que vous aussi... J’explique.

      A force d’essayer de faire durer leur système, les puissants, soit les plus gros possédants (3 en France), semble ignorer que le peuple d’en bas est de plus en plus au courant qu’il est condamné à manger des pierres.
      Hors, ça nourrit pas trop, sachant que les valets de ces puissants reçoivent des méga-cadeaux en salaire. Et maintenant, ça se sait .... aussi.

      Soit, en voulant faire durer un système pourri, le peuple comprend de plus en plus... qu’il est le dindon de la farce.

      Si Soros a dit, fin 2008 : « il aurait mieux valu un effondrement violent mais court... », ce n’est pas pour rien.
      Ainsi, les plus riches auraient perdu la moitié, mais les peuples n’auraient pas eu le temps de comprendre qu’ils s’étaient fait avoir.

      Alors que maintenant...

      N.B. : au fait, Santi. L’article aurait dû s’intituler : le VRAI visage de ton capitalisme...


    • Peachy Carnehan Peachy Carnehan 17 juillet 2011 02:46

      Il est tout tourneboulé le Santi. Son monde s’écroule. Adieu, veaux, vaches, cochons, et dividendes.

       smiley


  • BA 11 juillet 2011 11:45
    Obligations d’Etat : records sur les taux longs italiens et espagnols.

    Les taux longs espagnols et italiens ont atteint lundi matin leurs plus hauts historiques depuis la création de la zone euro, les investisseurs restant très méfiants sur ces deux pays et craignant une contagion de la crise de la dette.



  • Francis, agnotologue JL 11 juillet 2011 11:57

    Michel Santi,

    que pensez-vous de l’expression : « mondialisation financière » ?

    Cette expression a été utilisée à maintes reprises par Caroline Fourest ce matin sur France Culture, où je n’ai pas entendu prononcer une seule fois : « industrie financière » pas plus que « mondialisation libérale ».

    Que pensez-vous de cette double équivalence qui me paraît aller de soi :

    - Mondialisation financière = mondialisation des patrimoines
    - Mondialisation des patrimoines = somalisation du monde

     ?


  • Robert GIL ROBERT GIL 11 juillet 2011 11:57

    Comment appeler des gens qui pour gagner de l’argent et permettre à certains
    d’avoir des rendements à 15 ou 20 % font perdre leur emploi à des milliers de
    personnes. Préférer faire travailler de l’argent plutôt que faire travailler des
    individus n’a aucun sens. Accepter de faire des profits en misant sur la misère du
    plus grand nombre ou spéculer sur les denrées alimentaires pour affamer les plus
    pauvres devrait être considéré comme un délit.Lire :

    http://2ccr.unblog.fr/2011/04/18/la-fin-des-bourses/


  • BA 11 juillet 2011 13:57
    François Leclerc écrit :

    « Coups de théâtre en vue !

    Selon Die Welt, la BCE veut que la dotation du FESF soit doublée, passant de 750 à 1.500 milliards d’euros.

    Les rumeurs et la publication dans la presse de fuites vont bon train, invérifiables. Selon Handelsblatt, cité par le bulletin Eurointelligence, la BCE aurait constitué un groupe de travail avec des banquiers et des consultants afin de définir une stratégie permettant de contrôler les conséquences d’un défaut grec. Notamment la poursuite du bank run (retraits massifs précipités) qui les affectent déjà.

    Ce lundi matin, les taux à 10 ans de l’Italie et de l’Espagne continuaient à grimper, atteignant des niveaux insoutenables. Plus particulièrement dans le collimateur, l’Italie pèse plus de deux fois le poids de la Grèce, l’Irlande et le Portugal. La zone euro est en péril.

    Les coups de théâtre ne vont pas manquer. »



  • slipenL’air 11 juillet 2011 14:41

    Vidéo : Claude Reichman reçoit Pierre Jovanovic sur la révolte ou l’esclavage mondial

    Le sujet abordé est la crise économique mondiale et le devenir de la force de travail…

    http://911nwo.info/


  • BA 11 juillet 2011 15:14
    Crise de la dette : les marchés financiers dans la tourmente.

    Les Bourses européennes dégringolaient lundi à la mi-journée sur fond de tensions sur le marché obligataire, un mouvement de défiance généré par la peur d’une contagion de la crise grecque et des doutes sur la croissance mondiale.

    « Nous nous trouvons à un des pires moments de la crise monétaire européenne. L’idée de la contagion de la crise grecque à d’autres pays de la zone euro comme l’Italie et l’Espagne prend de l’ampleur », souligne Jean-François Robin, analyste du marché obligataire chez Natixis.



  • BA 11 juillet 2011 23:31

    Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne : les investisseurs internationaux n’ont plus aucune confiance dans la capacité de ces cinq Etats à rembourser leurs dettes.

    Toutes les courbes augmentent de façon exponentielle.

    Ces cinq Etats ont des courbes qui annoncent un cataclysme.


    Italie : taux des obligations à 2 ans : 4,203 %.

    Italie : taux des obligations à 3 ans : 4,700 %.

    Italie : taux des obligations à 10 ans : 5,683 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND

    Espagne : taux des obligations à 2 ans : 4,237 %.

    Espagne : taux des obligations à 3 ans : 4,878 %.

    Espagne : taux des obligations à 10 ans : 6,030 %.

    Irlande : taux des obligations à 2 ans : 17,767 %. Record historique battu.

    Irlande : taux des obligations à 3 ans : 17,242 %. Record historique battu.

    Irlande : taux des obligations à 10 ans : 13,201 %. Record historique battu.

    Portugal : taux des obligations à 2 ans : 18,250 %. Record historique battu.

    Portugal : taux des obligations à 3 ans : 19,882 %. Record historique battu.

    Portugal : taux des obligations à 10 ans : 13,382 %. Record historique battu.

    Grèce : taux des obligations à 2 ans : 31,111 %. Record historique battu.

    Grèce : taux des obligations à 3 ans : 29,725 %. Record historique battu.

    Grèce : taux des obligations à 10 ans : 17,017 %.


  • Rosalu Rosalu 12 juillet 2011 08:46

    Mais qui a autorisé des TAUX PAREILS ?????


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