lundi 15 février 2016 - par Stratediplo

Le capitalisme ne s’écroulera pas un vendredi

Le capitalisme ne s'écroulera pas un vendredi.
 
A ceux qui rétorquent que le capitalisme ne peut pas s'écrouler on répondra plus tard, et pour l'heure on affinera le propos : le monde capitaliste ne constatera pas sa ruine un vendredi.
 
Il y a certes de mauvais lundis, des mardis catastrophiques, des mercredis encore pire et des jeudis fatals. Mais le dernier vendredi noir ne sera pas permis.
 
Un lundi un nouveau pays, significatif au niveau des échanges économiques mondiaux, déclarera à son tour qu'il n'accepte plus de paiements en dollars de Monopoly. Un mardi d'autres pays suivront. Les marchés financiers sur lesquels des leveurs étatiques de capitaux et des revendeurs privés de titres obligataires vendent des dettes d'Etat, c'est-à-dire reçoivent des fonds actuels (dont la valeur est connue) en échange d'une promesse de versement d'intérêt annuel et de remboursement du principal à terme (à une valeur future incertaine) se rendront compte que les grands spéculateurs capitalistes ne veulent plus acheter d'obligations libellées en dollars, même émises par des gouvernements qui n'ont pas la possibilité d'imprimer des dollars à volonté et de dévaluer la devise dans laquelle ils devront rembourser plus tard, et qu'ils cherchent même à vendre les obligations qu'ils détiennent. Cela peut même se produire en une période d'intérêts négatifs comme en ce moment, où l'économie mondiale est tellement mal en point (sauf dans la presse économique qui semble célébrer quelque mystère positif chaque fois que le Baltic Dry Index casse un nouveau record d'immobilisation du fret maritime international) que les spéculateurs préfèrent payer pour prêter aux Etats plutôt qu'acheter des parts de produits financiers voire des actions d'entreprises véritables, ou simplement confier leurs capitaux à une banque, sachant que même si les banques continuent d'émettre des relevés de compte désormais mensongers, légalement on ne dépose plus d'argent sur un compte mais on prête de l'argent à la banque, qui entre donc dans son compte d'exploitation au même titre que les frais bancaires. Dès le mardi la haute finance apatride cherchera coûte que coûte à se débarrasser de tout ce qu'elle appelle "actifs" (souvent des titres de passif ou certificats de dette) libellés en dollars, dont la grande braderie précipitera la chute du cours. Parallèlement elle cherchera à replacer les fonds rescapés dans des titres libellés en d'autres devises, en premier lieu les quelques grandes monnaies acceptées dans le monde (euro, yuan, franc), puis celles de grandes puissances économiques aux monnaies plus instables (real, rouble, livre), enfin d'autres devises car les sommes dépasseront les capacités d'absorption des principaux marchés de devises. Or, si le lundi voire le mardi les indicateurs de change indiquent que le cours du dollar baisse par rapport aux autres monnaies (ou que le cours de celles-ci, exprimé en dollars, grimpe), dès le mercredi un rééquilibrage des monnaies du panier principal aura lieu puisque les économies de tous les grands pays, que leurs gouvernements émettent des obligations en dollars ou pas, sont liées à la plus grande économie débitrice de tous les temps. Même les pays qui n'exportent rien aux Etats-Unis, ce grand acheteur déficitaire mondial, leur ont fait crédit puisque les Etats-Unis absorbent 80% du produit de l'économie mondiale, ce qui signifie par exemple que les excédents financiers du commerce local entre la Malaisie et l'Indonésie sont placés aux Etats-Unis, convertis en dollars. Aussi même si les Etats-Unis ne décident pas à ce moment-là de miner toute alternative au dollar en déclenchant la révolution verte en Europe ou en vitrifiant Shangaï, les faillites bancaires et étatiques précipitées dans le monde entier par le renvoi du dollar à sa vrai valeur priveront les capitaux apatrides de tout refuge. Les opérateurs chargés de sauver ces grands capitaux tenteront de mettre la main sur des matières premières jusqu'alors dédaignées car n'apportant pas la rentabilité d'un produit financier (métaux) ou connaissant un fléchissement de leur demande en raison du ralentissement de toutes les économies (pétrole). Les grands courtiers, qui avaient encouragé leurs clients étatiques, institutionnels et privés à se défaire de leurs métaux précieux d'abord parce qu'ils ne rapportaient rien puis ces dernières années pour satisfaire la Chine et retarder d'autant l'écroulement du dollar et du capitalisme dollarisé, chercheront à la dernière minute quelque lingot. En dépit des accords de manipulation des cours, le cartel qui dicte le faux prix de l'or et de l'argent depuis le 6 septembre 2011 ne pourra empêcher une institution ou deux de dévoiler un soudain appétit pour le peu de métaux précieux qui reste sur les marchés occidentaux dont le volume d'échanges a été peu à peu réduit à peau de chagrin, l'essentiel des ventes entre les pays capitalistes et la Chine (via les fonderies suisses et pour un temps sudafricaines) passant désormais par des accords de gré à gré, hors marché visible de cotation officielle.
 
On a déjà évoqué l'encadrement du marché des métaux précieux aux Etats-Unis (http://stratediplo.blogspot.com/2014/12/les-etats-unis-preparent-la-fin-de-la_22.html), qui a cessé très officiellement d'être un libre marché de l'offre et de la demande le 22 décembre 2014, date depuis laquelle toute appréciation de l'or (il en est de même pour les autres métaux) supérieure à 200 dollars, soit 16% du cours actuel, entraînerait une suspension de séance suivie d'une réouverture au cours de la veille (acheteurs et vendeurs n'ont pas le droit de s'entendre sur un cours supérieur), puis fermeture si cela se produit quatre fois dans la même journée... et réouverture le lendemain au cours de l'avant-veille, ce qui interdit toute envolée subite de l'or (en fait tout écroulement subit du dollar) puisque selon ce système il faudrait au moins quatre jours pour retrouver simplement le cours du 6 septembre 2011.
 
Or, bien évidemment, après quatre jours consécutifs de baisse du dollar, il se relèvera le vendredi. On fera ce qu'il faudra pour ça, on garde toujours une dernière cartouche pour tirer dans la lampe du plafonnier et éteindre la lumière avant d'être totalement défait. Un pays au bord de la banqueroute (Vénézuela par exemple), ou très lié à l'économie étatsunienne (Canada par exemple), ou dont on arrivera à corrompre ou menacer le gouvernement, déclarera soudain qu'il vend ses réserves d'or, soulageant le marché (vu le volume qui reste au Comex pour justifier la fixation du cours, dix petites tonnes changeraient la donne), donnant prétexte à la presse économique d'expliquer que c'était une fausse alerte, qu'il y a eu une "bulle spéculative" injustifiée mais qu'il y aura toujours de quoi satisfaire la Chine, les prix repartiront à la baisse et des particuliers ou de petites banques se laisseront convaincre qu'ils vont encore baisser et vendront précipitamment ce qui leur reste. Ce vendredi-là le cours de l'or et des autres métaux précieux, après quatre jours d'une envolée toute relative (puisque toute hausse supérieure à 200 dollars entraînera suspension de marché et réouverture au prix antérieur) baissera, en dollars. Ce vendredi-là le dollar ne s'appréciera pas seulement face aux métaux précieux mais également à toutes les autres devises.
 
Puis quelque chose se passera dans le monde le samedi ou le dimanche, qui fera la première page des journaux du lundi matin dans le monde entier. Ce même lundi matin, le marché des matières premières ou Commodities Exchange new-yorkais n'ouvrira pas (il suffira de reconnaître qu'il n'y a rien à vendre ou que l'immeuble a brûlé), le marché londonien non plus, et les derniers acheteurs d'or et d'argent recevront une indemnisation en dollars au dernier cours du vendredi. Certes un nouveau défaut aura eu lieu, mais sur un marché très insignifiant en volume et relativement sage (puisque manipulé) les derniers jours. La Commission Européenne ou la Banque Centrale Européenne (sûrement pas les vingt-huit chefs d'Etat) se verra proposer d'accélérer le grand marché transatlantique justifiant la "fusion" des monnaies, celle des douze étoiles et celle du trou noir gigantesque, c'est-à-dire le camouflage (un sauvetage étant impossible) de la dette étatsunienne par l'économie européenne et la compensation des déficits étatsuniens par les excédents européens, les Etats-Unis étant totalement exemptés de toute obligation de conformité aux critères de convergence de l'euro. Si, au nom de ses peuples et citoyens non consultés, l'Union Européenne accepte, le dollar sera définitivement fixé à un euro et tirera la valeur de celui-ci vers le bas.
 
Si l'Europe refuse, le dollar restera définitivement fixé aux alentours d'un mille-cinq-centième ou d'un deux-millième d'once d'or, mais comme il ne sera rapidement plus accepté en paiement de quoi que ce soit dans le reste du monde, ses utilisateurs verront sa valeur fondre rapidement au rythme de l'hyperinflation aux Etats-Unis.
 
Dans les deux cas le dollar aura connu un artificiel soubresaut récupérateur le dernier jour d'existence des marchés occidentaux de métaux précieux. Le capitalisme ne s'écroulera pas un vendredi.


13 réactions


  • lsga lsga 15 février 2016 11:00

    Cette fixette sur la monnaie et sur les USA est affligeante. 

    Pour rappel, le Capitalisme est le système économique basé sur la propriété privée dès moyens de production. Les monnaies et les nations y jouent un rôle tout à fait secondaire.
    Le Capitalisme menace de s’effondrer quand la propriété privée est remise en question : comme dans la crise immobilière de 2008, ou dans l’actuelle crise du taux de profit. 
    Les variations des valeurs des monnaies, ou celles des puissances impérialistes dominantes ne remettent pas en cause le moins du monde la propriété privée, et encore moins le Capitalisme. 

    • Shawford 15 février 2016 12:44

      @lsga

      Salut le frigien.
      Tiens tu la connaissais celle là de Bernard Friot ?  : il y a urgence à sortir d’une critique du capitalisme aveugle sur les tremplins révolutionnaires construits dans la lutte de classes, une critique qui, par son aveuglement, participe, évidemment à son corps défendant, à la domination qu’elle combat.

      Qu’est ce que tu en penses ? (il ne t’est pas interdit d’aller lire l’ensemble de l’analyse proposée, afin de t’éviter une réponse à l’emporte pièce)
      Au surplus, toi qui a wawa colossal sur tout, qui nous assène une critique acerbe qui se veut englober tous les sujets possibles, j’aimerais bien savoir une fois pour toutes ce que tu proposes à la place et surtout comment il faudrait procéder, car, et c’est fort étrange, tu n’as pas sorti un seul article constructif de cet ordre, que des critiques omniscientes, encore et encore (j’accepterai toute référence utile pour me faire une idée, notamment dans tes commentaires, sachant que j’aimerai avoir ton aide pour éventuellement trier à cet effet dans tes 12168 posts).


    • lsga lsga 15 février 2016 22:48

      @Shawford
      Le socialisme : c’est à dire la gestion collective, ultra-démocratique, et mondiale de l’appareil de production. 


      Mais, la mise en place de ce système appartient aux générations futures, aux générations post-révolutionnaires. Nous, nous sommes des prolétaires, ou des petits bourgeois. Nous sommes le produit du capitalisme, et notre psychée est à peine capable de percevoir le monde futur sans sombrer immédiatement dans un idéalisme stérile et inutile.

      Notre rôle est de faire la révolution, et donc de la préparer. Nous devons détruire le monde tel qu’il existe, pour permettre l’émergence d’une génération capable de créer matériellement un monde nouveau. Le sang, la boue, la poudre : c’est moins réjouissant que d’écrire des utopies, mais voilà ce qui amène les mondes nouveaux.

    • Shawford 15 février 2016 23:06

      @lsga

      ben vu tout le sang, la boue et la poudre qui ont coulé lors de toutes les révolutions qui se sont suc cédées depuis plus de deux siècles, et vu comment tu vomis tous les mondes nouveaux qui en ont émergés, je crois que tu es un peu à côté de la plaque ou peut être que tu kiffes surtout les massacres et voudrais à ton tour faire partie de ce type de sauterie ?

      Très peu pour moi en tout cas, et puis des candidats dans les jeunes générations mac do et iphone, t’es quand même sacrément utopiste de prétendre pouvoir en trouver parmi eux qui seraient prêts à aller se trainer dans la boue avec toi.

      Alors comme t’es presque tout seul, passe plus de temps sur le terrain car vu ta production épistolaire ici même, on peut pas dire que tu puisses être utile pour la cause en l’état smiley

      PS : je te charrie mais je m’en voudrais de dénigrer ta volonté farouche de changement : take care and be good, buddy smiley


    • lsga lsga 16 février 2016 00:01

      @Shawford
      Le capitalisme est un bien meilleur système que le féodalisme, et le capitalisme d’État soviétique était un grand progrès par rapport au féodalisme russe.

      Mais en effet, contrairement à Marx, je ne crois pas que le socialisme sera la fin de l’Histoire, et il faudra certainement une révolution de plus pour mettre à bas la dictature de la majorité. 
      Ensuite : je suis loin d’être seul. Tous les partis politiques regorgent de militants qui veulent prendre les armes. Quand bien même : l’exploitation produit l’aliénation (pas besoin de Gramsci pour expliquer cela). Les travailleurs sont donc toujours majoritairement réactionnaires. C’est l’activité révolutionnaire qui produit la conscience de classe. Or, les révolutions se produisent régulièrement. Il s’agit donc de les préparer.

    • Shawford 16 février 2016 00:09

      @lsga

      Les travailleurs sont donc toujours majoritairement réactionnaires. C’est l’activité révolutionnaire qui produit la conscience de classe.

      Donc très distinctement (ou alors tu as une interprétation fantasmagorique du terme réactionnaire), tu me dis que c’est pas chez les travailleurs que tu trouveras des alliés pour se soulever avec toi. Tu comptes les trouver où ? Chez les attachés parlementaires, autour de la corbeille du Cac40 ou bien tu comptes recruter auprès de l’EI ?
      Je préfère encore quand tu parles IA, c’est beaucoup plus crédible, buddy smiley


  • zygzornifle zygzornifle 15 février 2016 13:11

    normal c’est le jour du poisson .....


  • Jason Jason 15 février 2016 14:03

    « Un lundi un nouveau pays, significatif au niveau des échanges économiques mondiaux, déclarera à son tour qu’il n’accepte plus de paiements en dollars de Monopoly. » Scénario peu probable pour la bonne raison que les pays ont tous d’énormes investissements en bons du trésor US. Ce serait vider leurs coffres-forts dans une action suicidaire.


  • Stratediplo 15 février 2016 16:34
    Shawford, je vous remercie pour cette mise au point.
    Isga, je vous remercie pour cette occasion d’explication... d’un sujet totalement différent.
    Autant qu’il est difficile d’évoquer l’Amérique au 16° siècle sans parler de l’Espagne ou la culture au 18° siècle sans parler de la France, il est impossible d’évoquer l’économie au 20° siècle (dont ce début de 21° n’est sur le plan économique qu’une extension) sans parler des Etats-Unis d’Amérique. Quant aux explications périphériques des régulières « crises » (qui n’en sont pas) mondiales, qu’elles concernent l’insolvabilité des starteupes internet étatsuniennes, l’insolvabilité des acheteurs immobiliers étatsuniens, l’insolvabilité des jeunes diplômés étatsuniens, l’insolvabilité du secteur pétrolier étatsunien ou l’insolvabilité des groupes financiers étatsuniens (j’en oublie certainement), elles ne sont que des manifestations du surendettement des Etats-Unis. Par ailleurs il ne faut surtout pas confondre capitalisme et entreprise privée. L’entreprise privée a toujours existé et elle est un gage d’efficacité car on cherche toujours à faire fructifier ce qu’on a construit ou qu’on possède, qu’il s’agisse d’une activité personnelle comme la plomberie ou l’odontologie qui s’arrêtera de produire quand on s’arrêtera d’y travailler, d’un petit atelier ou commerce qu’on pourra transmettre à ses enfants pour y travailler et en vivre à leur tour, ou d’une petite entreprise telle qu’il en existait en France avant le matérialisme intégral et le capitalisme (c’est-à-dire la Révolution), du temps où il n’existait que des sociétés de personnes où l’anonymat était interdit et la spéculation sur les titres de propriété impossible en raison du caractère incontournable de l’intuitu personae (cooptation des membres). La société à responsabilité limitée (aux apports) préfigurait peut-être déjà l’irresponsabilité. Mais le capitalisme est né avec les sociétés de capitaux (vous semblez porté sur l’idéologie mais il se trouve que le droit les appelle ainsi), déresponsabilisé avec la garantie de l’anonymat (sociétés anonymes) facilitant la spéculation par la possibilité de revendre ou regrouper des parts à l’insu des autres copropriétaires. Evidemment les dégâts se sont surtout manifestés avec le gigantisme qui a transformé d’anciennes entreprises (au sens étymologique et historique d’entreprendre, c’est-à-dire de lancer une inititative individuelle risquée et donc mesurée) en nouvelles institutions que vous appelez privées mais qui sont en fait collectives, avec le sentiment d’irresponsabilité personnelle que garantit justement la collectivité. Les gestionnaires n’en sont plus que des fonctionnaires, exerçant une fonction souvent calibrée par un volume horaire et des compétences, au lieu d’être investis par d’autres personnes (physiques, une « personne morale » n’étant en réalité qu’un sujet impersonnel de droit) d’une mission comme un véritable mandataire social au sens de la commandite, ou d’avoir pris eux-mêmes un engagement personnel (et économique) en vue d’une finalité plutôt que d’une fonction, où la motivation compte bien plus que la compétence et où les horaires ne sont évidemment pas comptés. Les hauts dirigeants, quant à eux, n’ont de mandataires sociaux que le nom puisqu’ils sont mandatés par un conseil d’administration constitué de représentants du capital, ce qui est très différent des représentants de la société qu’on trouve, par exemple, dans la commandite par actions. Les objectifs qui leur sont fixés sont donc des objectifs de rentabilité des capitaux investis, sans considération de la pérennité de la structure puisque ces capitaux ne sont pas liés à des personnes ou à une activité et peuvent aller ailleurs du jour au lendemain, ce qui priorise les résultats (strictement financiers) à court terme. Voilà le capitalisme dans son stade d’achèvement actuel. Le prétendu capitalisme social, où les parts de l’entreprise sont détenues par les employés (par exemple suite à un sauvetage par rachat), n’est pas réellement du capitalisme puisqu’un lien social est rétabli entre le travail et le capital et de ce fait entre les membres sociaux qui se connaissent et ont un projet commun, ce qui, nonobstant le statut juridique de l’institution, en fait une société de personnes.
    Sauf erreur on n’a jamais décidé formellement que le système économique serait celui-ci ou celui-là. La propriété privée, née de l’intiative individuelle, a toujours existé, mais de nouveaux statuts juridiques d’institutions, peut-être induits à un certain moment par le souci de faciliter l’émergence de plus grosses structures productives, ont permis la constitution d’institutions collectives opaques par anonymisation. Il ne faut surtout pas confondre capitalisme et propriété privée, puisqu’une structure capitaliste est par définition une propriété collective, de même qu’il ne faut pas le confondre avec économie de marché ou liberté d’entreprendre, qui sont encore des notions distinctes, dont certains idéologues induisent la confusion pour faire croire qu’on ne peut changer l’eau du bain sans jeter le bébé.
    Quant à déclarer que la monnaie n’a qu’un rôle tout à fait secondaire dans le capitalisme ce serait délicat à prouver. Autant dans une société de personnes on peut définir les parts entre les associés en valeur relative, par exemple un cinquième pour Pierre ou cinq dix-huitièmes pour Paul, autant dans une société de capitaux, où l’apport est effectué en valeur absolue (l’apport « en industrie » ou en travail n’y étant pas prévu), où la libre entrée et sortie de capitaux à tout moment nécessite une évaluation permanente, et où parfois l’appel aux capitaux se fait en bourse, il est difficile d’imaginer qu’on pourrait ne pas évaluer la valeur des parts de capitaux en numéraire, c’est-à-dire en monnaie, cette unité de compte nationale ou internationale.
    Reformulant donc mon introduction, je concède que le capitalisme ne s’écroulera peut-être pas mais je réitère que le monde capitaliste devra bien à un certain moment constater sa ruine, ce qui était mon propos principal.

    • Hervé Hum Hervé Hum 16 février 2016 00:42

      @Stratediplo

      Sauf erreur on n’a jamais décidé formellement que le système économique serait celui-ci ou celui-là. La propriété privée, née de l’intiative individuelle, a toujours existé, mais de nouveaux statuts juridiques d’institutions, peut-être induits à un certain moment par le souci de faciliter l’émergence de plus grosses structures productives, ont permis la constitution d’institutions collectives opaques par anonymisation. Il ne faut surtout pas confondre capitalisme et propriété privée, puisqu’une structure capitaliste est par définition une propriété collective, de même qu’il ne faut pas le confondre avec économie de marché ou liberté d’entreprendre, qui sont encore des notions distinctes, dont certains idéologues induisent la confusion pour faire croire qu’on ne peut changer l’eau du bain sans jeter le bébé."

      Vous êtes dans l’erreur, le système économique est décidé par la propriété économique (ou privé, mais c’est un pléonasme !).

      La propriété économique (ne pas confondre avec l’usage qui n’est pas une propriété au sens économique) est née de la volonté d’exploitation du faible par le fort. Physique, mais surtout intellectuel. La propriété privé est l’appropriation de l’environnement économique par la minorité la plus agressive et entreprenante, les autres se plaçant sous leur commandement.

      Pour ce qui est de ne pas confondre le capitalisme avec la propriété économique, s’il ne faut pas le confondre, c’est qu’il faut le mettre en relation de causalité. Le capitalisme est le système économique exclusivement fait pour permettre la propriété économique.

      Le capitalisme n’est pas par définition une propriété collective, c’est une collectivité d’intérêts autour de la défense de sa propriété économique. Une fois cela posé, le jeu consiste à accroitre autant que faire se peut, son profit tiré de l’exploitation de sa propriété économique. D’augmenter son taux de profit. Les capitalistes auront donc intérêt à s’associer, donc, créer une propriété collective, mais avec une division en % de parts individualisés.

      La propriété économique n’a de raison d’être que si son propriétaire peut en tirer un profit suffisant à son propre entretien et permettre la croissance de son niveau matériel, sans devoir s’employer lui même.

      La noblesse était des proto capitalistes ou bourgeois, ceux ci incarnant le capitalisme moderne.

      Donc, oui, vous êtes dans la grosse erreur !

      La propriété économique ne peut pas survivre à la chute du capitalisme dans son sens actuel, puisque les deux sont consubstantiels.


  • Jason Jason 15 février 2016 18:27

    Le scénario d’un écroulement total du capitalisme financier et de la quasi disparition du Dollar me paraît relever de la science fiction.

    Toutefois, au cas (improbable) où ça se produirait, il est possible de penser à la disparition en Allemagne du Reichsmark en 1945. A ce moment-là, l’état a distribué gratuitement des liquidités à la population et créé le Deutschmark. L’économie a redémarré immédiatement, il est vrai dans un pays à fortes demandes, puisqu’en ruines. Et le capitalisme, nouveau Phénix est reparti de plus belle.

    Maintenant, reste à savoir si le collapse du Dollar aura lieu avant ou après une guerre mondiale.


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