lundi 26 novembre 2007 - par Marc Vullierme

Le débat du pouvoir d’achat en France

Et si plutôt que de parler de pouvoir d’achat on parlait de niveau de vie  ?

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La notion de pouvoir d’achat est très en vogue ces derniers temps. Tout au long de la campagne présidentielle les différents candidats s’en sont fait les défenseurs. Il n’y a pas de mois qui passe sans que ne paraisse dans la presse un article sur la baisse du pouvoir d’achat des Francais. Différents sondages indiquent que le pouvoir d’achat est la principale préoccupation des Francais. Un article du 19 novembre 2007 paru dans le quotidien La croix, indique que le pouvoir d’achat est au cœur des conflits sociaux que nous connaissons actuellement (http://www.la-croix.com/article/index.jsp  ?docId=2320919&rubId=1096 , dont est tirée l’illustration ci dessous). L’article cite Robert Rochefort, directeur du Crédoc, «  ce sujet économique est devenu éminemment politique et appelle quelques réponses urgentes avant Noël  ».

Le pouvoir d’achat beaucoup en parlent, mais peu le définissent.

Au sens strict, le pouvoir d’achat est la quantité de biens et services qu’une somme d’argent permet d’acquérir. Par exemple, le prix moyen en france d’une bouteille d’un littre de lait Candia UHT demi-écrémé calcium plus vitamine D étant d’1 euro (http://www.quiestlemoinscher.com/produits.asp  ?gencode=3533631674007&coderayon=7&codefamille=733 ), on peut dire qu’1 euro vaut une bouteille de lait. Et ce pour tous les Francais. Tous les Francais subissant la même évolution du pouvoir d’achat.

La notion de pouvoir d’achat qui est reprise dans la presse, n’est pas la même. On nous présente des foyers qui ont perdu du pouvoir d’achat, d’autres qui en ont gagné  ; et on fait rentrer en jeu les salaires, alors qu’ils n’interviennent pas dans la définition du pouvoir d’achat. Voici quelques exemples de gain ou perte de pouvoir d’achats en 2006 qui défilent sur le site de comparaison des prix des magasins Leclerc  ; qui se présentent en grands défenseurs du pouvoir d’achat http://www.mon-pouvoir-dachat.com/home.aspx

  • un retraité locataire  : -0,3 points

  • inactif locataire  : -0,4 points

  • couple avec enfant(s) accédant à la propriété avec deux personnes actives propriétaires  : + 1,1 points

  • actif vivant seul locataire  : +1 point en 2006

On le voit, cette notion est beaucoup plus individuelle. La notion calculée par Leclerc, le pouvoir d’achat effectif, se définit comme le pouvoir d’achat dont disposent les ménages aprés s’être acquitté des dépenses contraintes.

Ainsi défini, le site montre l’évolution du pouvoir d’achat effectif en France  : «  en 6 ans (de 2000 à 2006), le pouvoir d’achat effectif a augmenté de 6,1 %. Après une forte croissance entre 2000 et 2002 (5,9 % en deux ans), le pouvoir d’achat effectif des consommateurs a peu progressé. Le pouvoir d’achat effectif a augmenté de moins d’1 % par an en 2004 et 2006, et a même diminué en 2003 et 2005 en raison de la forte hausse des dépenses contraintes - et notamment des loyers et des remboursements de crédits. Une croissance du pouvoir d’achat effectif d’1,4 % est attendue pour 2007.  »

On retrouve ici les thèmes abordés par l’ensemble des intervenants sur le thème du pouvoir d’achat.

Mais alors plutôt que de parler de pouvoir d’achat, il conviendrait mieux de parler de niveau de vie. Le niveau de vie fait référence à la qualité et quantité des biens et services qu’un individu ou une population peut s’acheter. http://fr.wikipedia.org/wiki/Niveau_de_vie. Cette notion, fait intervenir la notion de quantité de biens et services consommés, mais aussi la notion de qualité, donc la structure de la consommation des ménages. Ce qu’un individu ou une population peut s’offrir est fonction des revenus, mais aussi des dépenses incompressibles. Il semble bien que c’est de cela dont l’on parle depuis plusieurs mois.

L’Insee permet d’avoir une idée de l’évolution du niveau de vie moyen en France  :

Variation du niveau de vie moyen

(croissance moyenne annuelle, en %)

1970-1978  : 3,2

1978-2003  : 1,1

1978-1985  : 0,2

1985-1993  : 1,5

1993-1997  : 0,5

1997-2002  : 2,3

2002-2003  : -0,1

L’évolution du niveau de vie moyen des Francais est très inégale selon les périodes. Sur la période 2002-2003 le niveau de vie moyen des Francais apparaît bien en baisse.

Dans un premier temps, nous allons nous intéresser à l’analyse de l’évolution dans le temps du revenu disponible des Francais. Cette première étape réalisée en neutralisant l’inflation (raisonnement à euros constant) nous permettra d’avoir une idée de l’évolution de la richesse des Francais. Par la suite, nous étudierons l’évolution de la structure de consommation des Francais.

Le revenu disponible d’un ménage comprend les revenus d’activité, les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d’autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs. Quatre impôts directs sont généralement pris en compte  : l’impôt sur le revenu, la taxe d’habitation et les contributions sociales généralisées (CSG) et contribution à la réduction de la dette sociale (CRDS).

Les chiffres ci-dessous, présentent la médiane (niveau tel que 50 % de la population a moins que ce montant, et 50 % de la population a plus), en euros 2005, du revenu disponible brut en France.


1975  : 20 370

2000  : 23 917

2002  : 25 397

2005  : 25 205

Le niveau médian du revenu disponible brut en France, a augmenté de 4 835 euros en 35 ans (en euros constants), soit un taux de croissance annuel moyen de 0,71 %. Entre 2002 et 2005, le revenu médian du niveau de vie a baissé de 0,76 %

Le tableau ci-dessous permet de saisir l’évolution de la composition de ce revenu  :

Structure du revenu disponible des ménages (en %)

1978 1982 1988 1993 1997 2003

Revenus nets d’activité 67,0 63,3 58,5 53,6 51,8 52,7

dont salaires nets 50,7 49,3 46,6 43,6 42,7 43,6

Prestations sociales en espèces 22,1 24,7 27,5 28,7 29,0 28,2

Revenus de la propriété 10,9 12,0 14,0 17,7 19,2 19,1

Revenu disponible

avant impôts 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Impôts sur le revenu 6,9 7,8 7,9 7,9 7,4 6,9

Revenu disponible après impôts 93,1 92,2 92,1 92,1 92,6 93,1

La baisse des revenus nets d’activité, notamment les salaires nets, dans le revenu disponible brut des ménages est en baisse sur l’ensemble de la période. Au début des années 80, les salaires représentaient environ 50 % du revenu disponible des ménages. En 2003, ils n’en représentent plus que 44 %. Les prestations sociales et les revenus de la propriété ont vu augmenter leur importance dans le revenu disponible des ménages pour compenser cette baisse de l’importance des salaires nets. Entre 1982 et 1988, ce sont les prestations sociales qui ont le plus vu augmenter leur importance. Mais depuis, ce sont les revenus de la propriété qui ont le plus vu croître leur importance.

Comme tout indicateur économique, le niveau de vie a des limites, et, au sein d’une population, ne permet pas de rendre compte des inégalités de revenu entre individus.

Pour compléter l’analyse du revenu disponible brut, il paraît opportun de nous intéresser à la notion de pauvreté monétaire. Un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. L’Insee, comme Eurostat et les autres pays européens, mesure la pauvreté monétaire de manière relative alors que d’autres pays (comme les États-Unis ou le Canada) ont une approche absolue. Dans l’approche en termes relatifs, le seuil est déterminé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l’ensemble de la population. Eurostat et les pays européens utilisent en général un seuil à 60 % de la médiane des niveaux de vie.

En euros 2005  :

1970 1979 1990 2000 2002 2005

439 636 705 764 805 817

Le seuil de pauvreté monétaire a augmenté de 86% entre 1970 et 2005.

Le seuil de pauvreté monétaire a augmenté de 6,9 % entre 2000 et 2005 (sur la même période, la médiane du niveau de vie francais n’a augmenté que de 5,4 %).
Le seuil de pauvreté augmente plus vite que le niveau de vie, ce qui permet de mieux comprendre la sensation d’appauvrissement ressentie par une majorité de Francais.

Aujourd’hui, près de 40 % des salariés gagnent moins de 1,3 smic.

La compréhension de l’évolution du revenu disponible des Francais n’est qu’une étape vers la compréhension de l’évolution du pouvoir d’achat en France. Pour bien en saisir tous les aspects, il est indispensable de s’intéresser à l’évolution de la structure de la consommation des Francais. En effet, pour reprendre la liaison avec l’article du quotidien «  La croix  » évoqué en début d’article  : «  Les Français se sentent coincés, explique Philippe Lemoine, PDG de Laser*, plus de la moitié de leurs dépenses devient incompressible. Ce sont les loyers, les prêts immobiliers, les impôts, les assurances... À l’inverse, les sommes disponibles pour mettre de l’essence dans la voiture, pour l’achat de nourriture ou de vêtements sont en train de fondre.  »

En 2005, la dépense de consommation des ménages augmente de 2,1 % en volume. La hausse des prix est stable depuis trois ans en moyenne annuelle (+ 2,0 % en 2005). Malgré une progression modérée du pouvoir d’achat (+ 1,1 %), la dépense des ménages reste solide et constitue le socle de la croissance du PIB en 2005 (+ 1,2 %). Depuis 2001 la dépense de consommation des ménages en volume croit à un rythme compris entre 2 et 2,5 %


Tendances longues de la consommation des ménages  :



Structure en %

valeurs en 2000
millions d’Euros

Taux de variation annuel
moyen en %, 1960-2000*


1960

1980

2000

alimentation

28,6

17,3

14,1

110,1

2,3

habillement

9,7

6,1

4,0

39,0

1,8

Logement

10,7

16,8

19,1

184,6

4,0

Equipement

8,4

6,8

5,1

49,0

3,0

Santé

1,5

2,0

2,9

28,0

6,4

Transports, communications

9,8

13,4

13,9

134,5

4,7

Loisirs et culture

6,2

7,1

7,1

68,9

4,5

Autres

12,7

12,1

12,5

120,3

.

Dépense de consommation socialisée

12,4

18,5

21,3

205,8

4,4

TOTAL  : consommation effective des ménages

100

100

100

966,5

3,4

* taux de variation des quantités consommées


En 2000 sur 100 euros dépensés  ; 14,1 étaient consacrés à des dépenses de consommation.

En volume (donc en retirant la hausse des prix) la consommation des ménages a augmenté en moyenne de 3,4 % par an.


La baisse de l’alimentation dans le budget ne signifie pas que les Francais dépensent moins pour l’alimentation (les dépenses alimentaires ont augmenté de 2,3 % en moyenne entre 1950 et 2000) mais que les dépenses alimentaires ont augmenté moins vite que le total.

Le logement est devenu le premier poste de dépense des ménages. La part du logement a doublé dans la consommation effective en 40 ans, et présente le plus fort taux de croissance annuel moyen.

Les ménages consacrent une part de plus en plus importante de leur budget au logement et aux transports  : ces deux postes cumulés atteignent 39,6 % de leurs dépenses en 2005.



Les biens et services des technologies de l’information et de la communication séduisent toujours les consommateurs. C’est l’effet d’un renouvellement rapide de l’offre, dont l’attractivité est renforcée par les baisses de prix.

Taux d’équipement des ménages en multimédia par CSP en 2004

en %

Ordinateur

Internet

Téléphone portable

Téléphone fixe

Magnétoscope

Téléviseur couleur

Agriculteurs

.59,7

47,8

73,1

97,5

75,4

96,0

Artisans, commerçants et chefs d’entreprise

58,2

37,7

80,8

90,0

77,1

94,5

Cadres, prof. sup.

80,4

66,9

86,3

94,4

79,3

92,1

Prof.intermédiaires

68,9

50,5

86,3

87,5

78,1

91,4

Employés

49,8

31,1

81,8

77,5

74,1

93,7

Ouvriers

41,4

21,6

78,2

75,9

78,2

96,6

Retraités

18,4

11,4

42,6

95,8

59,1

97,6

Autres inactifs

52,1

26,7

86,4

38,1

38,1

79,5

Ensemble

45

30,3

69,6

86,5

70,6

94,8


La croissance en volume des biens et services de l’information et de la communication dépasse 10 % par an depuis 1997. La vigueur de la consommation de ces biens est soutenue par la baisse ininterrompue de leu rprix (-6 % en 2005 aprés -5,5 % en 2004).


Montants de la consommation effective par fonction en 2005, millions d’euros courants

1- Produits alimentaires et boissons non alcoolisées

132 784 ..

10- Education

6 672

11- Hôtels, cafés et restaurants

58 865 ..

2- Boissons alcoolisées et tabac

29 603

12- Autres biens et services

106 843..

3- Habillement et chaussures

46 348

15 - solde territorial

- 8 910

4- Logement, eau, gaz, électricité

235 468 ..

Total des fonctions 1 à 12 & solde territorial
(dépense de consommation)  :

953 273.. ..

5- Equipement de la maison

55 380

6- Santé

33 599

7- Transport

141 806 ..

13-14 Consommation individualisable des ISBLSM et des administrations publiques
(ou consommation socialisée)

287 353 .. ..

8- Communications

26 649.

9- Loisirs et culture

88 265 ..

Les dépenses de santé à la charge des ménages en forte progression

Le volume des biens et services de santé restant à la charge des ménages a poursuivi sa forte progression (+6,6 % en 2005 après +7,1% en 2004). La mise en place de la participation forfaitaire d’un euro par consultation chez le médecin et par analyse médicale en laboratoire, ainsi que le moindre remboursement de certains médicaments expliquent des évolutions  :

Que peut-on dire de tout ceci  ?

1/ Les Francais consomment plus (au détriment de l’épargne).

2/ Les Francais doivent faire face à de nouveaux frais (santé) et pâtissent de la hausse de l’immobilier et des prix des transports.

3/ Les Francais ont de nouveaux besoins (ex. des technologies d’information).

Le tout dans un contexte avec un niveau de vie qui baisse  ; et une part moins importante des revenus d’activité dans le revenu disponible brut.

Tout ceci permet de mieux comprendre le débat actuel sur le pouvoir d’achat.


Pour plus de renseignements  :

http://www.mon-pouvoir-dachat.com/pouvoir-achat-effectif-en-France.aspx

http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/revenus_pauvrete.htm#definition

http://www.insee.fr/fr/ppp/ir/accueil.asp  ?page=conso2005/synt/synthese.htm#a05



11 réactions


  • tvargentine.com lerma 26 novembre 2007 13:25

    Il est tant que le pouvoir d’achat soit au centre de la vie politique car tant que des réformes n’auront pas été faitent nous continurons à payer des impôts locaux,régionaux et nationaux.

    Une réforme des régions est à faire en urgence.

    Ensuite il faut casser les monopoles entre grand groupes sur des secteurs concurentielles afin de réduire les marges des distributeurs


    • Yvance77 26 novembre 2007 18:17

      Il vire au rouge le lerna, et il s’est équipé des outils de travail marteau et faucille ce week end.

      La concentration dans les mains de peu de gens, vous êtes sûr que votre maitre Sarko n’en est pas un des chantres.

      Faites un tour dans ses relations : Pinault, Bolloré, Bouygues, Minc etc... et vous verrez tous ce qu’ils controlent. Tu parles d’une concurrence.

      Ce système qu’il nomme libéral, n’est jamais qu’une forme de communisme, la différence c’est que celui ci est privatisé.

      A peluche.

      Bravo à l’auteur pour cet excellent post.


  • Vincent 26 novembre 2007 16:17

    Récemment une commission présidée par Jacques Atalli, je crois, préconisais, afin d’augmenter à long terme le pouvoir d’achat des français d’augmenter les prix.

    Remarque paradoxale à priori, mais ne y regardant de plus près, pas si bête que ça.

    En effet, actuellement, notre pouvoir d’achat est en parti déterminé pas nos salaires, et nos salaires sont le reflet des ventes de nos sociétés.

    Actuellement nos société de production, celles qui créées de la valeur ajouté ne sont plus à la limite du seuil de rentabilité.

    Augmenter les prix reviendrait à augmente les marges des sociétés créatrice de valeur ajoutée, donc de garantir la stabilité économique de celles-ci.

    A cela il faudrait ajouter de grosses taxes sur les importations, ainsi la production locale serait favorisée.

    Cela s’appelle il me semble du protectionnisme, ce que font très bien les américains par exemple pour les automobiles, en imposant les règles Californiennes aux véhicules importés, (norme plus drastique que la norme EuroV) alors que ceux fabriqués en dehors de la Californie n’ont pas à respecter ces règles, et c’est le cas pour tous les véhicules fabriqués aux Etats-Unis.

    Alors oui, c’est certain, nous n’aurons plus notre écran plat LCD à moins de 1000€, notre ordinateur portable à moins de 500€, mais finalement nous n’en avons pas réellement besoin pour manger.

    Et si nos entreprises bien franchouillardes refont des bénéfices, elles embaucheront de nouveau, enfin la spirale infernale de la décroissance changera de sens et devrait se transformer en cercle vertueux.

    Alors dans les prochains jours, notre cher (très cher +140%) prédisent va ; il l’a dit : annoncer des mesures en faveur du pouvoir d’achat, Donc autorisera probablement, comme il l’avait fait lors de son bref passage au ministère de l’économie, le retrait sans fiscalité de la participation d’entreprise, en principe bloquée pour 5 ans.

    Ce qui aura pour effet immédiat de relancer l’économie au moment de Noël et des soldes, mais qui au final appauvrira les français et les rendra encore plus dépendant des crédits et des banques, mais peut-être est-ce le but recherché pas notre président, supprimer l’autonomie financière des français afin de se garantir leur contrôle.

    Enfin ces mesures, seront comme beaucoup déjà prises, uniquement guidées par des sondage d’opinion, et en terme de manipulation d’opinion notre président sait très bien s’y prendre et a les amis soutiens et amis pour le faire.

    Allez c’est bientôt Noël, vous prendrez bien un p’tit crédit, c’est vrai quoi, vos enfants ne comprendraient pas pourquoi le père Noël a été radin cette année alors qu’ils ont étés super sages.


  • faxtronic faxtronic 26 novembre 2007 17:48

    excellent article qui meriterait de faire partie des references d’AV


  • Roland Verhille Roland Verhille 26 novembre 2007 19:00

    Il y a beaucoup de confusion dans ces discussions sur le pouvoir d’achat, et l’auteur est bien venu de s’efforcer d’éclairer les gens là-dessus. Le pouvoir d’achat, c’est le pouvoir pour un individu d’acquérir ou non, librement, un objet ou un service. Il s’agit donc de la gestion par lui de son porte monnaie. Du côté de ses moyens matériels d’acheter, il s’agit de ce qui est effectivement rentré dans son porte monnaie sans être obligé de l’en ressortir pour payer des cotisations, impôts et taxes. Du côté de ce qui est acheté, là aussi il faut prendre en compte le prix payé pour le bien ou le service lui-même, en traitant les impôts et taxes qui y sont travestis comme paiement de prélèvements obligatoires. Ce faisant, l’utilisation des données fournies par l’INSEE dans sa comptabilité nationale, celle d’où est extrait le fameux PIB, nécessite de les retraiter pour comprendre le fonctionnement réel de l’économie. Ces retraitements consistent à éliminer les trois erreurs irréfutables de calcul du produit intérieur, trois doubles emplois. Ils consistent aussi à mettre les impôts et taxes travestis dans les prix à leur place, dans le compte des prélèvements obligatoires. Ils consistent enfin à prendre en compte les revenus réels, ceux qui entrent effectivement dans le porte monnaie sans avoir été encaissés par d’autres au titres de cotisations patronales ou salariales, et sans être obligé de les en ressortir pour payer des impôts et taxes. Tout cela fait, nous voici prêt à examiner des chiffres non truqués relatifs au pouvoir d’achat. La source naturelle de monnaie constitutive du pouvoir d’achat, et d’ailleurs la seule, c’est le produit du travail que d’autres achètent en dépensant leur propre monnaie. En moyenne nationale, la part du produit intérieur réel effectivement reçue en contrepartie du travail, privé et public compris, était de 62,4%%, contre 53,4% en 2006. Le pouvoir d’achat du travailleur a donc été amputé de près de 15% La part reçue par les sociétés sous forme de bénéfice net, dividendes versés aux ménages déduits, était de 5,5% en 1973, devenue 1,7% en 2006. La part des revenus de la propriété, dividendes compris, était en 1973 de 5,1% devenue 7,9% en 2006. Le plus important changement concerne les revenus issus de la redistribution étatique des revenus du travail (prestations sociales dont les retraites) : de 25,4%, elle est passée à 40,1%. Cela, au moyen des prélèvements obligatoires finançant tant les coûts de fonctionnement des administrations publiques que les redistributions de revenus. Le taux réel de ces prélèvements est passé de 54,6% en 1973 à l’incroyable 75,7 % de 2006. Le total des prélèvements obligatoires sur le coût du travail, qui fait la compétitivité des produits, est passé de 40,9% en 1973 à 51,9% en 2006. Ces derniers chiffre annoncent une amputation du pouvoir d’achat des travailleurs de 11%, non compris le prélèvement pas l’État déficitaire d’une partie de leur épargne. En 2006, les travailleurs ont touché réellement à eux tous 573 milliards d’euros, les bénéficiaires de transferts sociaux de 430 milliards. Tous ces chiffres parlent d’eux-mêmes, ils ne nécessitent pas d’être commentés.


  • Asp Explorer Asp Explorer 27 novembre 2007 07:28

    Cet article est sûrement très pertinent du point de vue économique, mais il occulte totalement la dimension politique du sujet. Souvenons-nous qu’après les précédentes émeutes en banlieue, le gouvernement avait juré que « la priorité, c’est l’emploi ». Tout le monde avait trouvé ça très bien. Sauf que ce « tout pour l’emploi » avait été le prétexte à la casse du code du travail, avec le CNE (finalement disparu) et le CPE (qui avait coûté ses ambitions présidentielles à Villepin).

    Aujourd’hui, on nous parle beaucoup de défendre le pouvoir d’achat. Qu’est-ce que ça cache ? Est-ce qu’on va faire oeuvre utile, à savoir baisser les prix, augmenter les salaires, ou crever cette bulle immobilière qui absorbe les énergies du pays au profit des inactifs ?

    Non, on va casser aller vers « plus de flexibilité », vers « des dispotitions pour les heures supplémentaires », vers ci, vers ça... bref, vers des dispositions qui vont vers plus de concurrence entre les salariés, et comme le marché du travail est un marché, c’est à dire soumis à la loi de l’offre et de la demande, ça va se traduire par une baisse des revenus. Et accessoirement, une précarisation des situations personnelles.

    Comment voulez-vous consommer dans ces conditions ?


  • Lucrezia 27 novembre 2007 09:16

    Les Français ont fait le choix du Temps LIBRE avec les 35H !

    Ils ne peuvent pas avoir le Temps Libre, le Pouvoir d’Achat et la retraite au bout de 37 ans ...

    Les Français de Gauche ne savent pas ce qu’ils veulent ...


  • velocopeau 29 novembre 2007 13:49

    Arrêtons de parler de pouvoir d’achat et de niveau de vie !

    Est-on des êtres humains ou de simples travailleurs-consommateurs ?

    La qualité de vie, c’est aussi du temps libre, l’accès à la culture, à l’éducation, du lien social, l’équité sociale, la justice entre les hommes...

    Toutes ces choses ne sont pas comprises dans le pouvoir d’achat...

    On n’achète pas ses amis, on les garde en leur consacrant du temps et de l’intérêt.


  • AVEVA 1er décembre 2007 22:03

    Pouvoir d’achat, niveau de vie appeler le comme vous voudrez. La question est comment joindre les deux bouts ?

    Apprenons aux français à gérer leur budget !

    Il y a en France 35 millions de voitures automobiles combien y en avait-il au début du siècle dernier ? 15000 ?

    Une auto coûte en moyenne 500€/mois (c’est souvent la moitié d’une paye)et tout le monde croit qu’elle est indispensable cette auto.

    Organisons la vie de telle sorte que la voiture redevienne un « signe extérieur de richesse » et pour beaucoup de citoyens leur niveau de vie sera doublé, que ça !

    Et attention actuellement le pétrole est très bon marché, il augmente de 30%/an depuis 7 ans et va continuer sur le même rythme dans les prochaines années.

    Les logements sont beaucoup trop grands ; luxueux ; énergivore, il faut changer la législation en matière d’urbanisme. Construire des appartements plus petits, sur des espaces plus concentrés pour réduire les déplacements.

    Vous avez envie de contester !! Dites-vous bien que c’est inéluctable et consultez http://aveva78.free.fr


  • thomthom 3 décembre 2007 12:01

    Ne devrait-on pas plutot définir le pouvoir d’achat comme « ce que l’on peut obtenir (acheter...) pour une quantité de travail donnée » ?

    En tout cas, moi, c’est plutot comme ca que je le définit. Donc, dans ma logique, le « travailler plus pour gagner plus » de sarko, c’est de la foutaise. Pour une quantité de travail donnée, je gagnerai toujours autant. Aucun progrès. de plus, mmee si mon salaire augmente, rien ne dit que ma qualité de vie augmentera : si c’est pour devoir payer plus de nounous ou autres services divers pour faire faire à d’autres tout ce que je n’ai plus le temps de faire moi meme, ou est le bénéfice ?

    Rever de faire travailler plus tous ceux qui travaillent déjà et ont souvent du mal à boucler le planning hebdomadaire (pro+perso) , alors que des millions de personnes n’ont pas de travail (chomeurs et pré-retraités), c’est vraiment n’importe quoi... c’est pas comme ca qu’on arrangera les choses.


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