lundi 28 novembre 2011 - par Alain Roumestand

Le G20 : du positif pour la planète

Arrêtons de caricaturer le G20. Plusieurs semaines après la dernière réunion du G20 présidence française à Cannes, un bilan exhaustif et objectif doit être tiré.

La presse française, à quelques exceptions près, n'aime pas l'économie car elle n'y comprend rien. Les français, qui font peu d'économie à l'école, avec des enseignants formatés à la critique de l'entreprise et du « système » en général, ont du mal à se faire une idée précise des enjeux économiques.

C'est ainsi que le G20 de Cannes a été, une fois de plus, caricaturé, vidé de son sens, d'autant plus qu'il était sous présidence française...

Un monde nouveau

En fait un monde nouveau est en train d'éclore sous nos yeux ; comme dans les grands tournants historiques passés, une ère nouvelle pointe à l'horizon. Le G20 de Cannes sera une date historique à retenir car pour la première fois une approche mondiale de l'économie, une concertation mondiale ont vu le jour avec des décisions actées et qui vont être suivies dans leurs effets.

Même si l'on a retenu uniquement pour ce G20 la crise grecque et le référendum Papandreou.

La présidence mexicaine

La future présidence mexicaine est d'ores et déjà dans la suite de la présidence française. Elle souhaite une politique macroéconomique responsable pour les pays émergents, le non recours au protectionnisme, le renforcement du FMI, la lutte contre les famines, dans la corne de l'Afrique notamment, la création d'un « Green Found » pour développer et financer l'écologie.

Le G20, pourrait-on dire, a atteint un certain rythme de croisière, avec des objectifs déterminés. Créé en novembre 2008, face à une terrible crise mondiale, le G20 devient un véritable « comité de pilotage » de l'économie mondiale.

Le G20 pays riches, pays émergents, pays pauvres

Réunissant 19 états et l'Union européenne, le G20 est très divers et réunit l'essentiel du PIB mondial : avec des pays riches, des pays émergents (Brésil, Inde, Chine, Afrique du sud), l'Union africaine invitée à Cannes, ainsi que le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD).

N'oublions pas que 3 pays musulmans sont au G20 : Turquie, Indonésie, Arabie saoudite.

Le G20 traite des crises économiques, de la coordination des politiques économiques, de la régulation de l'économie mondiale. Il donne, avec les chefs d'Etat, une impulsion politique.

Le G20 et l'Europe

Certes, l'Europe, au G20 de Cannes, a eu les projecteurs braqués sur elle, avec la décision saugrenue du premier ministre grec, mais elle avait déjà acté l'essentiel de ses interventions, avec la recapitalisation des banques (9% contre 4% en 2007), le Fonds Européen de Solidarité Financière, la prise en charge de la dette grecque.

Le ralentissement de l'activité économique au deuxième trimestre a été pris en compte au G20.

La consolidation budgétaire reste la priorité (notamment pour la France et l'Italie) ; elle est accompagnée de la flexibilité des pays qui ont un excédent commercial (Canada, Australie, Allemagne, Chine) pour soutenir l'activité mondiale. La Chine, dont la balance commerciale est excédentaire, doit accepter la flexibilisation de son taux de change et mettre en place des mesures internes pour développer sa consommation. N'oublions que pour la Chine la convertibilité totale doit être obtenue en 2015.

Le G20 et la finance mondiale

La communauté internationale que représente le G20 a fait preuve d'unité pour réguler les marchés financiers, avec une coordination organisée par le conseil de stabilisation financière (déclaré personne morale).

Une liste de 29 banques systémiques, c'est-à-dire essentielles pour l'économie mondiale, a été publiée. Les superviseurs renforçent la surveillance de ces établissements qui s'engagent à accroître leur capital.

La lutte contre les paradis fiscaux s'est poursuivie. Onze états sont apparus sur une liste nouvelle. La Suisse et le Lichtenstein étant prêts à remplir leurs obligations. Neuf autres états devant prendre des mesures pour éviter de figurer sur la liste noire.

La réforme du Système Monétaire International s'est poursuivie avec le renforcement des ressources du FMI (une réunion finale des ministres des finances est prévue en février 2012).

L'élargissement à de nouvelles monnaies (le real brésilien, le yuan chinois) du système des DTS (droits de tirages spéciaux, avoir de réserves composées du dollar, du yen, de la livre sterling,de l’ euro) a été acté.

Des restrictions ont été créées pour lutter contre l'afflux des capitaux dans les économies émergentes.

Le G20 l'agriculture et les matières premières

Pour l'agriculture mondiale, un renforcement de la gouvernance internationale a été décidé, avec la mise en place d'un mécanisme de collecte d'informations, en lien avec la FAO, sur les données physiques agricoles, pour renforcer la transparence des marchés.

Pour le marché des matières premières et des énergies fossiles, un système a été élaboré, comme pour les actifs financiers, avec un pouvoir important des superviseurs.

Des projets pilotes ont été demandés aux banques de développement pour éviter la volatilité des marchés agricoles des pays les plus pauvres. Onze projets régionaux d'infrastructures vont voir le jour en Afrique en faisant également appel aux marchés.

Les financements innovants

Les financements innovants qui avaient été présentés par Bill Gates vont se concentrer sur une taxation des transactions financières soutenue par la France et l'Europe et de nombreux pays, notamment africains, des institutions internationales, même si cette taxe ne fait pas l'unanimité.

LE G20 social

Des avancées sociales incontestables sont également à noter (un groupe consultatif a été constitué, avec l'ex-présidente socialiste du Chili, Michelle Bachelet) :

ñ le socle de protection sociale minimale pour tous

ñ la préoccupation d'appuyer par des actes la croissance, pour favoriser l'emploi des jeunes notamment

ñ la coordination des institutions entre elles pour plus d'efficacité : OIT, OMC, Banque Mondiale, FMI, avec des observateurs croisés

ñ Le directeur général de l'OIT est intégré au G20.

Le G20 régulateur et solidaire

Ainsi, le G20 régule la mondialisation. Certes les délais entre les mesures prises et leur impact peuvent paraître longs. L'économie a ses rythmes.

Mais l'accord politique est là et bien là. Par consensus et non selon l'importance du PIB comme au FMI. Le G20 se bâtit, un esprit d'équipe existe entre chefs d'Etat, malgré les intérêts et les cultures divergentes. Le besoin de coordination et de solidarité apparaît pour tous au grand jour face à l'interdépendance des économies. L'intérêt mutuel de la coordination des économies est patent. Les engagements politiques sont vérifiés étape après étape. La surveillance du FMI est effective.

Le G20 permet aussi à chaque pays d'engager un réel débat national sur les enjeux de son économie.

Si le G8 (pays développés) dans un contexte plus facile que le G20 ,est intervenu sur l'internet et une législation mondiale, sur les révolutions arabes, le G20 se cantonne avec efficacité à l'économie et aux crises.

La présidence française conjointe du G20 et du G8 a permis de clarifier les choses.

B20 et L20

Le G20 a vu également se tenir un B20 (business) avec les 20 organisations patronales et le L20 (labour) pour les organisations syndicales, ce qui a permis rencontres et dialogues importants.

Une nouvelle gouvernance mondiale

Une troïka est en place maintenant pour la gestion des G20 à venir, avec 3 présidences qui travaillent ensemble : la descendante (France), l'actuelle (Mexique) et la montante (Russie).

Mais le secrétariat permanent, proposé dans un rapport du premier ministre anglais David Cameron n'a pas vu le jour.

Le G20 : du bon pour la planète. Pour faire que la mondialisation, si profitable aux pays émergents, qui, il y a peu, étaient des pays en voie de développement, à la population en grande difficulté sociale, soit aussi un rendez-vous positif pour les anciennes grandes puissances. Pour éviter des crispations nationalistes dangereuses...

Dans un monde où, à part la Corée du nord, les états admettent tous des règles communes.



8 réactions


  • Hermes Hermes 28 novembre 2011 11:22

    Joli rêve que voilà...


  • ottomatic 28 novembre 2011 11:28

    Votre article est des plus puant ! Pro nouvel ordre mondial sans aucun doute...

    Vous avez réussi une association de mot des plus orwelienne : FMI et social
    Superbe !!!


  • Satournenkare Satournenkare 28 novembre 2011 12:49

    Moutruche : mouton qui, lorsque la vérité lui arrive en face, se cache la tête dans le sable


  • deovox 28 novembre 2011 13:22

    @ l’auteur

    j’espère que quand vous parlez de « la décision saugrenue du premier ministre grec » ce n’est pas en référence au référendum avorté sous la pression des marchés avec ns dans le role de l’homme de main. rassurez moi


    • Peretz Peretz 28 novembre 2011 22:14

      Où l’on voit que le ridicule ne tue plus : aprouver un galimatias de bonnes intentions qui n’ a pour but que de continuer à faire passer la pensée unique comme le dernier bienfait de l’humanité, excusez du peu. L’auteur a attrapé le virus, et pis, ne le sais même pas ! Inguérissable.


  • PhilVite PhilVite 28 novembre 2011 13:25

    Ben mon canard ! Avec des citoyens comme ça, on va allez loin !


  • JC (Exether) 28 novembre 2011 18:53

    Vous êtes sans doute le dernier à prendre les déclarations d’intention du G20 pour argent comptant. Je vous conseille de faire un petit point sur le dossier des paradis fiscaux, ça devrait vous remettre les pieds sur terre.

    D’autre part, commencer un article en traitant ses futurs lecteurs d’incultes en économie n’est pas la meilleure façon d’emporter les suffrages. Heureusement que vous nous avez montré dans votre analyse que vous aviez un esprit critique extrêmement affuté !! smiley


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