jeudi 20 octobre 2011 - par Bastien Valente

Le pouvoir d’achat : des mots qui trichent !

C'est un terme rabâché par les médias, par le pouvoir en place, par les syndicats et même par l'opposition au gouvernement actuel : le POUVOIR D'ACHAT est mis à toutes les sauces. Mais que reflète-t-il en réalité ?

"Il faut relancer le pouvoir d'achat pour avoir une meilleure croissance", "il faut plus de pouvoir d'achat au français pour résoudre la crise sociale", "il faut plus du pouvoir d'achat pour l'agriculture" ... combien de fois entendons-nous parler du pouvoir d'achat lorsque l'on allume nos télés ? Nous ne pouvons pas y échappé. Dés qu'un dit spécialiste s'exprime, ces mots sont utilisés à foison pour un coup soutenir les actions d'un gouvernement, un autre le décrédibiliser ou encore pour soutenir l'action du FMI. Mais il nous est bien gardé d'aborder se qui se cache derrière ces mots.

L’INSEE définit le pouvoir d’achat du salaire comme "la quantité de biens et de services que l’on peut acheter avec une unité de salaire", puis indique que : « la notion ici retenue est le salaire mais le raisonnement s'applique à l'ensemble des ressources  ». à priori il ne s'agit donc que d'un outils pour mesurer une richesse financière disponible par les foyers. Mais cet outil d'analyse ne peut être considéré à sa juste valeur que si l'on prend en compte le système dans lequel cette analyse est faite. Or nous sommes dans une société de consommation de masse, où les transactions boursières prennent plus d'importance que les conditions de vie, où les quantités d'achat faites par le peuple influencent et déterminent les méthodes d'enrichissements de quelques personnes. Dans un tel système les mots "pouvoirs d'achat" ne font que renforcer l'idée que seul le système capitaliste mondialisé est viable et qu'il n'existe aucun autre système économique efficace.

Sur le plan technique, il ne s'agit que d'un indicateur dit "social" mais là aussi nous restons enfermé dans un états d'esprit véhiculé par les défenseurs du capitalisme.

Le mot "Pouvoir" est ici un moyen de faire croire qu'il s'agit d'un droit inaliénable qui nous donne une liberté d'action dans notre acte d' "achat". Or les industries et firmes de tout poil savent créer un besoin sans qu'il n'y est à la base de demande. Combien de gadget ont été rendu incontournable à la vie de chacun ? Combien de téléphone hitech, de télévision 3D, de seconde voiture irréparable à la maison nous ont été vendu sans qu'il n'y est de véritable besoin à leur achat. Le clou de cette tragédie est qu'ils sont accompagnés de crédit, vendu sur la base de nouvelle envie de consommer, accordé sans prise en compte du niveau de vie et des réels besoins humains, pour nous faire croire que nous sommes toujours maître de nos actions lorsque nous consommons. Les publicités sont des attaques dont l'esprit humain n'est pas toujours apte à résister. Elles envahissent nos psychés et les corromps jusqu'à une surconsomation sinonyme de représentation sociale où la propriété à plus d'importance que la personne. Il y a t-il donc un réel pouvoir que celui d'être manipulé pour satisfaire un système qui en demande toujours plus ? Non, cette représentation n'est pas juste. Dans un tel système ce prétendu pouvoir n'est qu'illusoire et ne peut conduire qu'à la banque route.

Mais alors pourquoi l'entendons-nous dans certaines revendications syndicales ? Il s'agit la d'une bataille de fond que hélas nous avons perdu durant ces trente dernières années. Par l'utilisation de mots rabâchés, véhiculant une idéologie individualiste, les capitalistes ont gagné du terrain dans les esprits et ont réussi à inculqué ces notions y compris à ceux qui luttes. Quand à une époque nous demandions de pouvoir vivre de notre travail, aujourd'hui nous demandons plus de pouvoir d'achat. La différences est énorme. Vouloir vivre de son travail revient à remettre en cause l'accaparassions des richesses que l'on produit dans son travail par une poignée de personnes dirigeantes ou simple détentrices d'actions boursières. Vouloir plus de pouvoir d'achat revient à demander plus de possibilité de consommation. D'un coté c'est remettre en cause l'oligarchie financière qui force au consumérisme et au productivisme et de l'autre c'est le soutenir. Et voilà comment l'utilisation des mots devient une arme de manipulation massive. Cependant nous ne pouvons demander aux syndicats de faire le boulot des politiques. Si aucune organisation politique de gauche représentant un poid (à l'assemblée et dans les médias) ne combat le système capitaliste, pas étonnant que les syndicats ne peuvent porter autrement le débat. Le cadre dans lequel ils luttes ne leur donne aucune autre possibilités de revendications qui soit appuyé par une vision politique.

C'est sur le plan politique justement que nous pouvons constater le plus d'incohérence. Que la droite et le patronat défendent cette notions, cela coule de source. Elle est entièrement liée à l'idéologie capitaliste puisqu'elle en est un outil de propagande. Mais même dans la prétendu gauche, même chez certaines personnes qui se revendiquent pourtant socialiste ou écologiste, cette notion n'a pas l'air de déranger. Les courants dominant prétendument de gauche (médiatique) ont même relayé cette notion. Pourtant la différence de fond entre la droite et la gauche consiste justement à refuser la société capitaliste et à défendre l'idée d'une société basé sur la solidarité et la répartition des richesses. Mais ces même courant dominants demande aujourd'hui un aménagement du capitalisme et ne souhaite pas remettre en cause l'oligarchie financière. Ils ne remettent pas en cause le productivisme fondamental de la société de consommation. Ils participent ainsi au manque de repaire populaire entre la droite et la gauche (bien que leur actions gouvernementales est eu plus d'influence dans cette dépolitisation).Ils ne veulent surtout pas sortir des sentiers battus et se cantonnent au politiquement correct (dit autrement à la pensé unique).

C'est donc à l'autre gauche que j'en appelle. Si nous pouvons remettre en cause les jugements du FMI fait sur un pays, que par la lorgnette du PIB et de la dette publique de ce dernier pour en voir son niveau de progrès et de viabilité, nous pouvons également mettre en pièce les fondements de l'utilisation d'évaluation du Pouvoir d'achat et l'utilisation de cet indice en tant que tel. Nous pourrions envisager d'évaluer un pays sur son progrès social et écologique, sur un indice de bonheur et nous pourrions créer pour cela une évaluation de l'épanouissement, de la réalisation personnelle et collective ou tout simplement sur les possibilités de vie décentes. Pourquoi n'identifier les problèmes d'une personne qu'à sa possibilités de consommation ?

Pour terminer article par une citation de Paul Ariés, dans le numéro d'avril 2008 de la revue "Décroissance" affirmé :

"La question du pouvoir d'achat ne s'est pas imposée par hasard dans le débat public. Ce mot-poison empêche de remettre en cause la consommation et enferme les luttes sociales dans la revendication d'un toujours plus."



3 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 20 octobre 2011 09:01

    Quelques semaines avant son assassinat, Bob Kennedy prononçait, à l’Université du Kansas, le discours suivant : 

    “Notre PIB prend en compte, dans ses calculs, la pollution de l’air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de séquoias ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production du napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise la fabrication du fusil Whitman et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants.  

    En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue”. 


    Voir :

    http://2ccr.unblog.fr/2011/03/18/18-mars-1968/


  • foufouille foufouille 20 octobre 2011 12:02

    "Combien de téléphone hitech, de télévision 3D, de seconde voiture irréparable à la maison nous ont été vendu sans qu’il n’y est de véritable besoin à leur achat."
    le vendeur te braque pas pour acheter


  • Raymond SAMUEL paconform 20 octobre 2011 19:13

    Bien vu, l’auteur. Mais la réalité est bien pire !
    Le système économico-financier tel qu’il existe ne peut perdurer et prospérer que grâce à la surconsommation. Il doit trouver les moyens de maintenir la « croissance » ( notamment en fabriquant des produits peu durables) et d’élever constamment le coût de la vie (pour augmenter la masse des mouvements financiers).
    L’augmentation de la consommation ajoutée à l’augmentation des prix crée une demande permanente de « pouvoir d’achat » (tout le monde ou presque est à court d’argent).
    C’est ça le moteur du système économico-financier. Quels que soient les revenus, le coût de la vie se maintiendra toujours un peu au-dessus, et la course n’est pas prête à s’arrêter.

    Il faudrait comptabiliser les dégâts, qui ne sont pas minces parce cette course au fric détruit la société.


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