Les Etats-Unis, plus grand pays émergent au monde ?
La crise des subprimes attire les investisseurs moyen-orientaux à la recherche d’opportunités aux Etats-Unis. Ainsi, dernier en date, le fonds souverain du Kuwait, riche de quelque 220 milliards de dollars, s’est-il mis en chasse et notamment sur les terres très convoitées des services financiers américains. Ce fonds est doté d’une structure - unique au Moyen-Orient - où ses investissements sont soumis à un contrôle parlementaire contrairement aux autres fonds souverains de la région qui ne rendent de comptes qu’aux familles régnantes. Néanmoins, cette structure lui confère une certaine inertie pouvant lui faire rater des opportunités dans un marché où les décisions doivent êtres prises rapidement. Ainsi, la prise de participations en novembre dernier à hauteur de 7,5 milliards de dollars dans Citibank par le fonds souverain d’Abu Dhabi avait-elle bouclée en moins de trois semaines... De fait, les banques aux Etats-Unis et en Europe intéressent au plus haut point ces investisseurs. Certes, ces fonds ont placé des sommes substantielles en Chine et en Asie du Sud-Est et y ont réalisé à ce jour des profits gigantesques. Citons par exemple les profits pharamineux réalisés par le fonds d’Abu Dhabi dans le cadre de son investissement de 700 millions de dollars dans la Commercial Bank of China. Cependant, avec des actions dont le prix se monte à 5 ou 6 fois leur valeur intrinsèque, la prise de participation dans les banques asiatiques se révèle tous comptes faits coûteuse - et donc risquée - quand l’action d’une banque européenne se négocie à une fois sa valeur intrinsèque du fait de son enlisement dans la crise des subprimes... Ces fonds souverains, qui tentent de se démarquer des fonds spéculatifs ou hedge funds - peut-être pour se donner bonne conscience - affirment vouloir tisser un partenariat stable et à long terme avec les établissements ciblés.
Toujours est-il que les banques américaines auront réellement besoin de ce type de partenariat au vu de leurs pertes se révélant nettement plus graves qu’annoncées précédemment. Ainsi, à eux seuls, les groupes Citi, JP Morgan Chase et Merrill Lynch devront subir une perte globale de près de 34 milliards de dollars au troisième trimestre 2007. Tous trois ont dû relever leurs prévisions de pertes, initialement estimées à respectivement 11 milliards, 6 milliards et 1,7 milliard, à respectivement 18,7, 11,5 et 3,4 ! Quant au groupe Morgan Stanley, dont les profits se sont effondrés de plus de 60 % en 2007, il semble être la victime la plus sinistrée par la crise des subprimes. Enfin, la Citibank, dont les dividendes pourraient être réduits de 30 à 40 %, pourrait bien avoir besoin d’une injection supplémentaire de liquidités comprise entre 5 et 10 milliards de dollars.