Les frais bancaires trop élevés !
Le pouvoir d’achat est la préoccupation majeure des Français. Les hausses importantes des produits alimentaires (pain, fruits et légumes, viande), l’essence, les loyers, mais aussi les services comme les frais bancaires étranglent toujours plus le pouvoir d’achat des Français dont les revenus (salaires, retraites) n’augmentent pas à la même vitesse.
Ce que l’on appelle les « frais bancaires » sont en fait diverses perceptions sur les comptes des clients :
- frais d’opérations (virement permanent entre banque, transfert étranger),
- frais de rejet et d’incidents (refus de chèques, de prélèvements),
- prix des produits achetés (carte bleue).
Il faut savoir que le Produit net bancaire des banques de réseau (PNB, soit pour vraiment simplifier, le chiffre d’affaires) principalement se compose de 3 parties :
- marge sur crédits,
- marge sur ressources,
- commissions (les fameux « frais bancaires ») (Yahoo).
Au cours des vingt dernières années, les marges sur crédits et ressources se sont resserrées. Les fonds disponibles sur les comptes dépôts ont fondu comme neige au soleil (vigilance des clients à placer les fonds inutilisés) et les marges sur crédit (concurrence plus forte) se sont laminées, le coût du risque n’étant même plus intégré à son juste niveau. De plus, bien souvent, les banques utilisent le crédit comme produit d’appel avec des marges négatives pour conquérir de nouveaux clients.
Les banques ont donc tout naturellement amplifié leurs perceptions de commissions, d’une part pour récupérer du chiffre d’affaires perdu, mais aussi pour faire plus de PNB, donc plus de bénéfices pour le bonheur des actionnaires. Les commissions ont par ailleurs une grande qualité, c’est d’être récurrentes.
Le poids des commissions progresse dans la composition du PNB sous le double effet de la désintermédiation et d’une recherche de revenus stables et sans coût du risque.
En fait, il ne faut pas confondre la tarification positive (services, conseils, frais de dossier...) et la facturation négative (frais sur débits, incidents...). Les clients dits modestes (clients à petits revenus/patrimoine, peu habitués à la négociation, voire intimidés par le monde bancaire) sont une cible facile pour la facturation négative, voire une surfacturation.
Le fruit du passé (relations Etat/banques) peut expliquer des reportages comme celui de dimanche : par le passé, les banques étaient nationalisées et moins tournées vers le profit, chaque établissement trouvait facilement sa place dans un contexte de fort développement des réseaux. Il est donc difficile de faire évoluer les mentalités de clients qui ont connu l’ère du tout gratuit.
Payer pour un service, quoi de plus normal. Payer des frais de tenue de compte, étant donné la gratuité du chéquier et de l’envoi des extraits de compte me paraît normal. Là où le bât blesse, c’est l’absence de transparence.
Ce ne sont pas les frais bancaires qui sont à remettre en cause, mais leur transparence, leur juste niveau (surtarification des frais de rejet par exemple). Lors de l’émission de dimanche soir, le journaliste semblait surpris qu’un commercial bancaire soit rémunéré sur ses ventes. C’est un commercial, en quoi cela est-il anomal qu’il le soit ? La pression est très forte sur les commerciaux des réseaux bancaires pour justement augmenter les 3 sources de PNB et, notamment, celle des commissions.
En conclusion, il faut souligner que le système bancaire français est réputé pour sa fiabilité (technologie carte à puce, par exemple) et est l’un des moins coûteux d’Europe.
La surfacturation de commissions pourrait se retourner contre les banques du fait de la judiciarisation de la société : les clients sont de plus en plus procéduriers, réclament plus souvent et ont facilement recours à une association de consommateurs/avocat.
La loi du 3 janvier 2008 prévoit d’obliger les banques à envoyer à chaque client un récapitulatif annuel des frais qu’ils paient au titre de la gestion de leur compte. Il impose également une procédure de médiation dans le cas de contentieux portant sur des placements et des crédits.
Il n’est pas interdit au consommateur d’être vigilant, pourquoi signer un « package » comprenant des services qui ne lui sont pas utiles quand il a seulement besoin d’une carte bleue ? Et un client averti est un client qui négocie, qui ose demander.