lundi 27 octobre 2008 - par Lucien Vuillet

Les trésors cachés de Fortis

Analystes financiers et contempteurs de la vie financière s’accordent à reconnaître que l’opération de BNP Paribas sur Fortis est une opportunité comme rarement il s’en présente et qui devrait s’avérer juteuse une fois la crise passée.
Et peut-être encore plus juteuse que prévu. Revue de détails de quelques discrètes pépites.

	Inutile de revenir sur le descriptif de l’opération ou encore sur l’opportunisme de la rue d’Antin, coutumière des Blitzkriegs réussies. Ni même sur ses bienfaits sur le bilan et le volume sous gestion de la BNP nouvelle mouture. Le rachat de Fortis pourrait d’ailleurs s’avérer encore plus rentable que prévu.

	 Passé sous silence, et c’est regrettable, la BNP devient par la même occasion banque postale en Belgique (50/50 avec la Poste belge), mais aussi en Irlande, à parité avec An Post, profitant ainsi de ce qui est le premier réseau de distribution du pays. Soit les plus importants réseaux dans chaque pays et une couverture géographique inégalée, ainsi que des compétences nouvelles qui seront les bienvenues pour lutter plus efficacement contre la Banque postale en France ou pour se développer sur ce créneau à l’étranger.

	Dans les activités belges d’assurance de Fortis, BNP Paribas trouvera la discrète filiale immobilière qui viendra harmonieusement compléter ses propres activités. Outre un replet portefeuille de biens disséminés dans toute la Belgique, Fortis Real Estate est actionnaire à 16,24 % de la SICAFI Befimmo, société d’investissement immobilier de droit belge et cotée en bourse.
	Surtout, BNP Paribas met la main sur 90 % d’Interparking, vrai grenier à blé et bien que numéro trois européen du stationnement, le plus rentable. Promis en début d’année 2008 à Vinci contre une part minoritaire dans ses parkings, la BNP pourrait revenir sur la décision des dirigeants de feu Fortis et les raisons ne manqueraient pas : une activité de diversification juteuse dans sept pays, une marge d’EBITDA de plus de 37,1 % et des synergies plus qu’évidentes avec ses propres activités, voilà qui fera phosphorer la rue d’Antin sur la pertinence de ne pas vendre les parkings de Fortis.

	Enfin, plus subjectif, le pied dans la porte sur le devenir des autres actifs de Fortis. L’agitation autour de la partie batave nationalisée par le gouvernement de M. Balkenende en atteste.
	Il en va de même pour ce qu’il reste de Fortis. Actionnaire à hauteur de 10 % du portefeuille de junk bonds du groupe, BNP Paribas pourrait utiliser ce strapontin pour chercher à s’offrir quelques morceaux de choix dans l’assurance dont il devient de plus en plus un acteur puissant.
	Lors de son entrée sur le marché de l’assurance-vie au Vietnam, le groupe a renouvelé ses marques d’intérêt pour l’Indonésie et la Malaisie, deux poids lourds de la finance islamique. Or, Fortis est associé à 30 % aux côtés de la banque Mayban dans le troisième assureur du pays. Les 24,9 % dans Taiping, numéro six chinois, seraient un joli lot de consolation pour des négociations avec Shanghai Pudong qui n’en finissent pas de s’éterniser. Le rentable Fortis Hong Kong viendrait enfin compléter le dispositif en plus d’être une plate-forme de distribution stratégique pour d’autres produits du groupe.

	Seuls les Belges pourraient trouver à y redire. Leurs plus beaux groupes nationaux se font croquer les uns après les autres et un peu trop souvent à leur goût, par des Français qui prennent décidément la Belgique pour leur base arrière.



23 réactions


  • L'enfoiré L’enfoiré 27 octobre 2008 17:02
    @L’auteur,
     
     L’opération de BNP Paribas sur Fortis est une opportunité ? Oui, mais pour qui ?
     Pas pour les actionnaires belges de Fortis, ça c’est sûr. Certainement pas pour le personnel de l’ancienne Fortis, non plus. Il faudrait s’intéresser un peu mieux à tous les acteurs d’une opération avant d’annoncer les choses « à la française » en terrain conquis et nationaliste. L’affaire est entre les mains de la justice actuellement en Belgique. Donc…

    • Antoine Diederick 27 octobre 2008 19:39

      certains affirment que pour BNP, c’est cadeau ....un cadeau de l’urgence...

      Les actionnaires sont en colère, comme écrit l’Enfoiré, des procès vont être tentés au moins par trois groupements de défense des actionnaires petits et grands. Des actionnaires us sont pas trop contents non plus. De plus, il n’est pas impossible aussi que certains attaquent l’Etat fédéral belge en justice....

      BNP avait émis aussi un certificat jouant la baisse sur Fortis, il y aurait possible enquête à l’initiative des actionnaires.....bref cela tire dans tous les sens, c’est compréhensif.

      C’est le fiaso.

      L’affaire Fortis suscite de très nombreuses questions, sur le management, sur l’attitude des politiques, etc.....

      Beaucoup de belges ont du mal à comprendre pourquoi des entreprises qui fonctionnaient très bien se retrouvent dans des situations intenables, pourquoi la Belgique permet ces braderies .....

      Mais la question est plus vaste, beaucoup d’entreprises européennes sont des cibles potentielles, au nom de la concurence, au nom de la libre entreprise, au nom de la "mondialisation"....

      La Belgique est un pays riche d’initiatives et de très bonnes compagnies mais il semble que nous soyons incapables de nous défendre.....et je le crains beaucoup d’autres entreprises européennes pourraient se retrouver mises sous pression par des prédateurs.

      Les consolidation des activités de certains secteurs économiques européens sont aussi une des raisons de ces changements rapides.

      Personnellement, si je ne suis pas un fana du patriotisme économique, je pense pourtant, que de temps en temps, il serait bien de se souvenir qu’il n’est pas de notre intérêt d’européen ni de l’interêt de chaque pays composant cet ensemble de se voir attaquer de la sorte. Cela pose donc des questions sur nos capacités .....industrielles et de capital entrepreneurial .

      Le projet européen est monté à la tête des managers lorsqu’ils pensent grand marché.....

      Nous pouvons aussi nous demander si cette mode ultralibérale, venue des States, n’aurait pas "teintés "les initiatives des entreprises d’une arrogance particulière.

      Ces dernières années, nous avons vu la volonté des Etats à encourager des changements pour rendre l’initiative aux hommes d’affaires, était-ce une si bonne idée ? Etait-ce une bonne idée que les Etats se fassent plus discrets et laisse le "business" se faire....sans doute que oui. Et aujourd’hui, que faut-il en penser, dans la tourmente.

      Les Etats ont fabriqué des parachute pour les banques, tandis que les dirigeants en veulent aussi....


    • Lucien Vuillet 28 octobre 2008 08:12

      Certes, une opportunité pour la BNP et ses actionnaires, à tout le moins à moyen ou long terme.
      Ceux de Fortis, ex-première entreprise belge, sortent râpés de cette aventure. Le contribuable belge aussi, et soumis à la double peine si en outre il avait eu le mauvais goût d’être actionnaire de Fortis.

      En se positionnant uniquement du point de vue des dirigeants de la BNP Paribas (et c’était l’idée), ce fut une opportunité, d’autant que cela faisait quelques années qu’ils rodaient autour du belge.
      Recréer une Mare Nostrum privative (et c’est presque le cas) doublée d’une position de roi dans l’Europe francophone, le tandem Prot-Pebereau y est quasiment parvenu.

      Sur les actionnaires enfin, ceux de feu-Fortis ou d’ailleurs. La bourse n’a jamais éte une garantie de revenus gravée dans le granit, avec des variations ne pouvant aller qu’á la hausse. La place d’échange et d’investissements de long terme, en faisant appel à la Raison (et à une honneteté qui bien trop souvent a fait défaut, comme dans le cas présent) et aussi à une dose de prospective, a été pervertie par les aigrefins du courtermisme et les joueurs de tout crin. La corbeille est devenue un bonnetot, aujourd’hui sans martingale.


    • Antoine Diederick 28 octobre 2008 11:00

      Fortis était l’héritière de l’ancienne Générale de banque, lié à un holding très ancien qui avait accompagné toute l’histoire industrielle belge, une institution en Belgique.

      La chute est d’autant plus rude.



    • cathy30 cathy30 28 octobre 2008 13:48

      à Antoine
      vous dites
      Beaucoup de belges ont du mal à comprendre pourquoi des entreprises qui fonctionnaient très bien se retrouvent dans des situations intenables, pourquoi la Belgique permet ces braderies .....

      Il ne faudrait pas trop plaindre les moyennes et grosses entreprises. Qu’ont elles fait de leur capital. Ont elles investi dans l’emploi, les salaires, la recherche... non, elles ont mis leur capital en bourse. Et elles vivent à crédit. Cela s’appelle vouloir le beurre et l’argent du beurre.

      Je me demande d’ailleurs si les petits actionnaires sont conscients de ce qu’ils font comme mal à la société ?


  • fhefhe fhefhe 28 octobre 2008 05:16

    Le CAC 40 a perdu 42% de sa valeur sur 1 an...
    Mais :
    Accor 64€ en Octobre 2007 pour 26 € en Octobre 2008 -250%
    Alcatel 6,5€ """"""""""""""""""""" pour 2€ """""""""""""""""""""" - 325%
    Addeco 42€ """""""""""""""""""" pour 25€ """""""""""""""""""""" - 168%
    Beneteau 20€ """"""""""""""""" pour 7€ """""""""""""""""""""" - 285%
    Cette liste est Alphabétique et Non exhaustive !!!!
    Et surtout elle n’est pas constituée de "Banques"....... !!!
    Qui a permis ce " SubCrime "  ? ( Néologisme signifiant "Crime par en Dessous" )
    Et surtout qui va en profiter ? 
    La Chute est Vertigineuse pour certaines Entreprises et pour d’autres Abyssale.
    Mais la Majorité de ses Entreprises ne sont pas dans le cas de la "Camif "
    Depuis le début , je dis et répéte que cette Crise Systémique de la Finance est une Belle Arnaque.

    Nb : La Valeur ,actuelle ," Boursière" d’Air France ne lui permettrait pas d’Acheter ses propres Avions !!!!!


    • fhefhe fhefhe 28 octobre 2008 05:20

      Pour rendre mon message plus lisIble
      Accor a vu son action perdre 247% sur 1 an
      Alcatel a perdu 325 %
      Addeco a perdu 168 %
      Arcelor a perdu 380%
      Beneteau a perdu 286%


    • xa 28 octobre 2008 14:55

      L’action accor a perdu 247% ???

      Elle est passée en négatif ??????

      Plus sérieusement. Accor a perdu 60% de sa valeur (64 - 60/100x64 = 64 - 38 = 26)


    • fhefhe fhefhe 28 octobre 2008 15:33

      OK Grosse erreur de ma part....( Mal réveillé ? ou Calculatrice de Trader ?)
      Mais les Baisses sont réelles.... !!!!
       


    • xa 28 octobre 2008 16:32

      Certes les baisses des cours sont parfaitement réelles. Les pertes ... c’est beaucoup plus compliqué.



  • Booz Booz 28 octobre 2008 06:19

    Un bel exemple de "journalisme citoyen" !

    Journaliste c’est un métier c’est pas un passe temps. Quand on écrit un article sur un tel sujet on ne peut pas présenter que la face reluisante de l’opération (un peu comme à l’école . thés, antithèse, synthèse)

    Si Forits avait vraiment les "Les trésors cachés" comme tu le dis :

    1/ Tu ne pourrait pas en parler puisqu’ils sont par définition cachés

    2/ L’état belge n’aurait pas organisé la vente de Fortis à BNP, il l’aurait nationalisé puis revendu le jour où le marché aurait découvert ces "
    Les trésors cachés"

    3/ BNP-Paribas aurait rencontré d’autres concurrents pour reprendre la banque belge

    Dernière remarque, le cherche toujours les synergies qui peuvent exister entre la finance et "
    Interparking" le numéro 3 du stationnement. C’est vrai que c’est difficile de trouver une place pour garer sa voiture Boulevard des italiens (siège du groupe BNP-Paribas).


    • fhefhe fhefhe 28 octobre 2008 07:44

      Caché est dans Ta "logique" scolaire comme mettre ses mains derriére le dos....
      Toto les met sur son ventre quand on lui dit cela
      Bien que Cancre , il fait la différence entre mettre les mains derriére son ventre et derriere son dos !
      Quant au Secret Caché .....
      C’est un Secret de Polichinelle ....pour TOTO
      Un secret caché est un PLEONASME pour TOTO qui , comme moi, n’a que son Certificat d’Etudes, va encore plus loin....est allé voir son Pôte " Petit Robert "
      Secret du lat secretus "séparé , secret" de secenere " écarter " Qui n’est connu que d’un nombre limité de personnes ; qui est ou doit être caché des autres , du public....
      Cacher ; Soustraire , dérober à la vue ; mettre dans un lieu ou on ne peut trouver.
      Donc Toto est sa logique dit
      Sur la route de mes investigations et en m’écartant des "sentiers battus" j’ai trouvé ce qui avait été dérobé à la Vue du plus Grand Nombre.


  • fhefhe fhefhe 28 octobre 2008 08:00

    J’ai mis " Secret Caché " et non pas Trésor Caché car ToTo m’a dit....
     " Un Trésor Caché .....n’est pas caché.......puisque celui qui te le Dit : as Vu....le Trésor .... !!!! "
    Et en plus il te précise le Nom !!!!
    Et en guise de conclusion il m’a dit
    " A toi d’y croire ou pas "


  • Romain Desbois 28 octobre 2008 08:32

    le canard enchainé a révélé que le PDG de BNP faisait partie du petit groupe réuni par Bercy pour statuer sur le sauvetage de Fortis.
    Il a donc eu le loisir de plaider pour le renflouement de cette banque avant de la racheter.
    Si ce n’est pas un délit d’initié, je ne comprend plus rien.


    • Booz Booz 28 octobre 2008 10:04

      Bercy, soit le ministère français de l’économie qui statue sur le sort d’une banque belge ! bien sure.


    • Antoine Diederick 28 octobre 2008 10:52

      mais oui, Booz,

      BNP-PARIBAS connait bien la Belgique, si je ne fais pas d’erreur, la Cobepa, holding disparu investissait en Belgique jadis et était côté à Bxls, avait un pdg belge etc.....


    • Antoine Diederick 28 octobre 2008 10:56

      malgré tous les questionnements que suscite cette affaire, les ex-clients de Fortis peuvent respirer.....et dormir tranquilles, ceci pour un constatation triviale et immédiate de ma part...il y a surement d’autres enjeux.


    • Antoine Diederick 28 octobre 2008 11:02

      nous pourrions appeler cela : "Paribas, le retour".


    • Antoine Diederick 28 octobre 2008 11:06

      La saga dramatique de Fortis est l’épilogue d’un grand raté belge qui s’est étalé sur 20 ans.

      Il y a déjà presque 30 ans —à l’aube des consolidations nécessaires— que des responsables politiques n’ont pas su encourager la création d’une grande banque belge et des pays-bas par le fusion de BBL-Générale de Banque-Abn Amro.

      sortez vos mouchoirs.....Belgique terre de convoitises pas trop bien servie par ses dirigeants....


  • L'enfoiré L’enfoiré 28 octobre 2008 08:41
    @L’auteur,

     Je crois que l’article a un profond défaut : celui de ne voir que ramasser les alluvions à l’estuaire sans remonter au sources et méandres pris pour l’atteindre. 
     Il faut penser Europe, absolument et pas réfléchir en seul « bleu blanc rouge ».
     Imaginons qu Fortis avait été français et que la Belgique l’aurait racheté, qu’aurait été le titre ?

     Nous avons connu en Belgique tous les moyens de « remise à niveau » des banques dont celui de la nationalisation. Quatre occasions de faire autrement.
     Nous apprenons aujourd’hui qu’il y a probablement des magouilles. La preuve :
     Le trésor pourrait avoir un goût amer pour certains. 

  • L'enfoiré L’enfoiré 28 octobre 2008 09:04

    Je n’avais pas ma calculette, quelqu’un la fait.
    Toutes les "opérations" pour garder les banques à flot à couter 20 milliards à l’Etat belge. C’est à dire pour 10 millions de personnes.
    Il fallait le faire en cas de crise. Je ne conteste pas. Cela va faire peut-être créer des plus values à long terme. Fortis a été la plus mal traitée. Ca c’est la vérité.


  • L'enfoiré L’enfoiré 28 octobre 2008 20:15

    Suite et pas fin : Après le civil, voilà le pénal Comment Fortis à menti déjà en 2007


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